Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-05-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mai 1940 01 mai 1940
Description : 1940/05/01 (A18,N204)-1940/05/31. 1940/05/01 (A18,N204)-1940/05/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9759222z
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/12/2016
- Aller à la page de la table des matièresII
- SOMMAIRE
- .......... Page(s) .......... 2
- Vues sur l'Empire.
- .......... Page(s) .......... 2
- .......... Page(s) .......... 8
- .......... Page(s) .......... 11
- .......... Page(s) .......... 14
- .......... Page(s) .......... 9
- .......... Page(s) .......... 16
- La France et l'Union française.
- .......... Page(s) .......... 6
- .......... Page(s) .......... 23
- .......... Page(s) .......... 10
- .......... Page(s) .......... 16
- .......... Page(s) .......... 24
- OU EN EST L’AVIATION IMPÉRIALE?
- La Vie internationale.
- .......... Page(s) .......... 7
- .......... Page(s) .......... 12
- .......... Page(s) .......... 17
- .......... Page(s) .......... 17
- .......... Page(s) .......... IV
- Variétés.
- .......... Page(s) .......... 18
- .......... Page(s) .......... 22
- .......... Page(s) .......... IV
- .......... Page(s) .......... III
- .......... Page(s) .......... 20
- .......... Page(s) .......... III
- .......... Page(s) .......... 24
- LES SPORTS: CHAMPIONS D'OUTRE-MER. M. V.
122
LES deux pays ont lutté l'un contre l'autre, passionnément, plus de
quatre siècles. Il n'existe pas au monde une côte marine, un recoin
de continent où ils ne se soient affrontés.
La fraternité sanglante de 1914 elle-même n'a pu effacer tout à fait un
tel passé.
Aujourd'hui encore, se trouvent, en Angleterre, des hommes de bonne
foi, moins nombreux chaque jour, pour nous dire : « Nous, Anglais, nous,
sommes intellectuellement et moralement beaucoup plus proches des
Allemands que des Français. »
Il n'est pas plus rare d'entendre des Français nous affirmer gravement :
« Nous pouvons arriver à nous comprendre avec des Allemands ; avec les
Anglais, c'est impossible. »
Les deux affirmations se valent ; cependant leur coexistence prouverait
déjà leur double fausseté.
La vérité profonde est que, même quand les apparences ou le mimé.
tisme instinctif des Germains nous abusent, nos natures profondes se
repoussent irrésistiblement : nous plaçons toutes nos valeurs humaines
dans le respect de la personne et dans sa liberté essentielle et responsable.
L'Allemand met sa confiance et son ivresse dans l'irresponsabilité collec-
tice et la violence impunie contre la personne.
Le même fossé sépare les Anglais et les Germains.
Tout au contraire, les mêmes convictions profondes, la même sincérité
dans la foi en la mission de 1 homme, de chaque
homme, la même certitude dans l'efficacité supé-
rieure de l'action individuelle guidée par un idéal
commun pour accomplir ce que la nature humaine
peut concevoir de plus grand, créent, entre les
Anglais et les Français, une base inébranlable sur
laquelle il est possible d'édifier la plus magnifique
construction.
Il est vrai que, partant des mêmes principes, nous
différons profondément par les méthodes, par
les habitudes d'esprit auxquelles nous sommes plies, par les
démarches de notre pensée, comme par le génie de nos deux
langues merveilleusement sœurs et dissemblables. Une longue pratique
des deux pays, un patient et sincère effort de compréhension, montrent
jusqu'à l'évidence combien chaque peuple peut encore gagner et s'en-
richir à prendre chez son voisin quelque chose de son esprit, à bénéficier,
par là, du fruit d'une expérience séculaire presque sans limites, sanction
d'efforts et de sacrifices indéfinis.
Il faut nous rappeler sans cesse très modestement qu il serait ridicule
et vain de vouloir être en toutes circonstances trop « cartésien ».
Nos voisins aussi doivent comprendre qu'il ne serait ni moins ridicule
ni moins dangereux, de persister superbement à ne vouloir l'être jamais.
L'Anglais et le Français sont logiques, chacun à sa manière ; ce sont des
observateurs également avisés. Les sacrifices résultant de deux guerres
mondiales les ont arrachés aux illusions du passé.
L'Angleterre et la France, presque en même temps, ont cessé d être
impérialistes pour devenir impériales : elles ont cessé de rechercher la
gloire des conquêtes guerrières, mais elles se sont attelées à la conquête
pacifique des âmes de leurs peuples. Chacune s 'y est appliquée à sa manière,
avec un ascendant plus aristocratique en Grande-Bretagne, avec une senti-
mentalité humaine plus vive en France. L'une et 1 autre y ont réussi,
parce que l'une et l'autre ont ouvert à ces populations les voies du progrès
vers une dignité plus éminente des personnes. Ici encore chacune a quel-
que chose à prendre aux méthodes de sa voisine ; peut-être nous surtout.
Ce changement profond d'orientation, les espérances qu'il ouvre vers
un avenir d'autonomie et de liberté croissantes ont été d'un tel bienfait
pour le monde, que l'immense empire britannique, et, dans une mesure
appréciable, l'empire plus jeune encore de la France, ont cessé de repré-
senter des valeurs uniquement nationales, pour devenir des éléments essen-
tiels de l'équilibre moral du monde. Ces Empires constituent dès lors un
facteur unique de stabilité, et non pas statique, mais essentiellement dyna-
mique, car jamais agents plus puissants de transformation morale et de
progrès matériel n ont agi sur une pareille échelle.
Cette immense puissance, génératrice incomparable d'action, est essen-
tiellement ordonnée ; c'est un facteur d'équilibre, précisément parce
qu'elle est animée par une force spirituelle unique, de valeur universelle.
Toute jeune encore, elle a déjà prouvé ce qu'elle peut faire ; elle n'a besoin
d'aucun service de propagande pour que d'innombrables humanités aient
foi en elle, au point de la considérer comme leur propre chose, et non
comme une puissance étrangère qui les maintenait captives.
Pendant que se poursuit cette œuvre colossale, sur une échelle encore
jamais atteinte, une coalition d'appétits effrénés se dresse pour l'arrêter,
en annuler les effets et y substituer une entreprise anachronique et cyni-
que de conquête brutale pour le profit matériel de quelques nations pri-
vilégiées, ou plus exactement au profit exclusif d'une seule nation de proie
qui n'utilise temporairement ses deux complices que pour les subjuguer
à leur tour quand leur heure aura sonné.
Les deux conceptions s'excluent sans compromis possible. L'une et
l'autre sont à l'échelle du monde, et c'est bien le monde entier qu'il s'agit
de sauver, jusques et y compris les nations présentement affolées par leur
ivresse de force matérielle.
Les données du problème suffisent, à elles seules, à faire comprendre
que, dans un tel péril, la communauté totale, définitive, franco-britan-
nique n'est pas seulement un expédient commode, mais une nécessité
absolue et, d'ailleurs, la conclusion logique et irrésistible de toute l'his-
toire de l'Angleterre et de toute l'histoire de France.
Une telle cause ne se plaide pas. Il faut seulement souligner quelques-uns
des traits essentiels du formidable avenir qu elle recèle.
Il est inutile de rappeler que, pour la guerre, seule la communauté
franco-britannique totale est à la mesure de la puissance des dictatures.
Ces dernières possèdent le jeu des lignes intérieures, l'entraînement à
une discipline plus que Spartiate, inhumaine, l'accumulation démesurée
des moyens matériels, les effectifs militaires innombrables, 1 absence de
tout scrupule et de tout frein, la liberté absolue d'entreprendre
FRANCE-GRANDE-BRETAGNE
UNE COMMUNAUTÉ
par
Ernest Mercier
Contre tant d'atouts, il faut additionner la puissance numérique,
l'énergie active et potentielle des populations anglaise et française, la
puissance des peuples innombrables qu elles encadrent, et toutes les
ressources financières, matérielles, économiques de leurs empires.
Mais cela ne suffirait certainement pas encore, si, en face de la discipline
brutale de l'adversaire, la Grande-Bretagne et la France ne pouvaient
pas compter en outre sur une décisive supériorité morale. Cette supé-
riorité morale, seule, leur communauté réelle peut la leur conférer.
Du même coup, cette communauté leur concilie l'alliance spirituelle
des Etats-Unis avec tous les développements infinis qui en découlent.
Car les neutres pourraient individuellement hésiter devant la puis-
sance de l'une ou l'autre des deux nations — leurs préventions s'effaçent
devant une communauté qui a déjà répudié l'égoïsme national de chacune
de ses parties, garantie essentielle pour qu'elles réservent un traitement
hautement équitable à toutes les puissances indépendantes sans aucun
égard pour leur force numérique individuelle.
L'union des Puissances totalitaires commande l'union totale des Puis-
sances de liberté.
La Communauté franco-britannique ne permettra pas, sans doute,
d'éviter tous les échecs partiels que les totalitaires seront, par leur
position même, en état de nous infliger, mais, en définitive, elle
nous assurera la victoire.
Elle nous permettra, cette fois-ci, de gagner aussi
la paix !
Elle nous permettra de jeter les bases d'une orga-
nisation internationale nouvelle, et, comme la
Communauté en sera la pierre angulaire et la gar.
dienne, et qu'à elle seule, elle aura déjà plus qu'à
moitié réalisé l'ordre nouveau, elle disposera du
temps et des moyens nécessaires pour en parcourir
sagement toutes les étapes, pas à pas, en laissant
aux autres le temps de comprendre, de regretter,
de s'assagir et de se rallier, — sans omettre les garanties nécessaires.
Seule la Communauté franco-britannique permettra de résoudre les
énormes problèmes que poseront successivement, à 1 Europe, le devenir
de l'immense Russie, la force d'expansion du Japon, le réveil de la Chine,
Seule la Communauté franco-britannique pourra donner son orienta-
tion au développement de la race noire.
Seule, elle pourra résoudre le problème de 1 Islam, en réintégrant cette
force autrefois hostile dans le concert des nations occidentales en jetant
le pont nécessaire entre islamisme et chrétienté.
La Communauté franco-britannique peut considérer avec sérénité le
problème financier que lui posera la liquidation de la guerre : 1 énorme
étendue des pays qui la composent, et des pays extérieurs solidaires de son
activité, lui permettra d'aménager les moyens de paiement nécessaires
à son économie interne, et d'attendre que s effectue normalement, et au
minimum de frais, la reconstitution inévitable des moyens de crédit
internationaux et la rentrée. en jeu de 1 étalon monétaire international.
Les énormes besoins des pays encore peu développés de l'Empire franco-
britannique offriront un moyen puissant pour passer de 1 économie de
guerre à l'économie de paix et donneront le temps nécessaire pour remet-
tre en train progressivement les productions pacifiques des autres belli-
gérants. Ne peut-on citer, parmi les magnifiques entreprises qui s impose-
ront, la réalisation du chemin de fer transafricain et celle du tunnel sous
la Manche — entre beaucoup d autres.
Dès aujourd'hui, l'étude en commun des débouchés que chaque empire
peut offrir aux productions de l'autre, la recherche de toutes les collabo-
rations possibles, dans le domaine de la production, des échanges, des
transports, des crédits, de la vie sociale, vont nous ouvrir des possibilités
dont on a peine à mesurer toute 1 étendue, ...
Automatiquement, en quelque manière, les hommes qui dirigent c , a-
cun de nos départements ministériels prennent l'habitude, non seule-
ment de correspondre, de se voir, de se consulter, mais, pour bien dire,
de vivre en contact permanent et d'échanger chaque jour par téléphone
leurs idées, leurs préoccupations, leurs suggestions.
Un immense mouvement rapproche en ce moment les deux nations .
une vague irrésistible, qui n'entraîne pas seulement les chefs suprêmes
des deux peuples, mais individuellement chaque être, des deux côtés e
la Manche. Une force naît et grandit, toute gonflée de la volonté de vivre
dans la liberté, l'honneur, dans le respect des traditions sacrées.
Inégales sont leurs richesses, diverses sont leurs expériences, très d
férentes leurs sagesses, et surtout leurs sagesses politiques ; mais égales,
elles apparaissent au monde, comme puissances spirituelles, égales e lles
apparaissent aussi comme créatrices dans les sciences, dans les arts et
dans les lettres.
A l'heure où les destinées du monde tout entier dépendent avant tout
des vertus guerrières de l'Angleterre et de la France, il est exaltant e se
dire que jamais, à aucune époque de son histoire, la marine britannique
n'a manifesté une plus absolue fidélité à ses plus magnifiques traditions.
L'équipage, les cadres, les officiers, le commandement de 1 « Exeter »
de l'« Ajax », du « Warspite » et de tant d autres cuirassés, croiseurs,
sous-marins, se sont inscrits à la tête des premiers de tous les temps,
Leurs camarades de la Royal Air Force et de 1 Armée ne leur sont pas
inférieurs par la valeur ni le courage. . .
A quoi nous pouvons fièrement ajouter qu , aujourd , hui encore, Qj18® ,1
on veut donner l'exemple d'une troupe ne faisant qu un tout indissolu ble
du commandant au dernier homme, d'une troupe symbolisant ce qui existe
de plus haut comme esprit de sacrifice, comme entraînement, comme
valeur guerrière inégalée, il faut citer les bataillons de chasseurs alpins
français, modèle de l'armée tout entière. Leurs frères de 1 aviation et e
la marine sont dignes d'eux. a .
Merveilleux exemples de ce qu'en toutes choses les génies anglais e
français s'achèvent, se complètent et se magnifient 1 un 1 autre. Mervei -
leuse promesse pour la liberté du monde et son équilibre au sein d une
paix juste.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 204 ......... 20 MAI 1940
LES deux pays ont lutté l'un contre l'autre, passionnément, plus de
quatre siècles. Il n'existe pas au monde une côte marine, un recoin
de continent où ils ne se soient affrontés.
La fraternité sanglante de 1914 elle-même n'a pu effacer tout à fait un
tel passé.
Aujourd'hui encore, se trouvent, en Angleterre, des hommes de bonne
foi, moins nombreux chaque jour, pour nous dire : « Nous, Anglais, nous,
sommes intellectuellement et moralement beaucoup plus proches des
Allemands que des Français. »
Il n'est pas plus rare d'entendre des Français nous affirmer gravement :
« Nous pouvons arriver à nous comprendre avec des Allemands ; avec les
Anglais, c'est impossible. »
Les deux affirmations se valent ; cependant leur coexistence prouverait
déjà leur double fausseté.
La vérité profonde est que, même quand les apparences ou le mimé.
tisme instinctif des Germains nous abusent, nos natures profondes se
repoussent irrésistiblement : nous plaçons toutes nos valeurs humaines
dans le respect de la personne et dans sa liberté essentielle et responsable.
L'Allemand met sa confiance et son ivresse dans l'irresponsabilité collec-
tice et la violence impunie contre la personne.
Le même fossé sépare les Anglais et les Germains.
Tout au contraire, les mêmes convictions profondes, la même sincérité
dans la foi en la mission de 1 homme, de chaque
homme, la même certitude dans l'efficacité supé-
rieure de l'action individuelle guidée par un idéal
commun pour accomplir ce que la nature humaine
peut concevoir de plus grand, créent, entre les
Anglais et les Français, une base inébranlable sur
laquelle il est possible d'édifier la plus magnifique
construction.
Il est vrai que, partant des mêmes principes, nous
différons profondément par les méthodes, par
les habitudes d'esprit auxquelles nous sommes plies, par les
démarches de notre pensée, comme par le génie de nos deux
langues merveilleusement sœurs et dissemblables. Une longue pratique
des deux pays, un patient et sincère effort de compréhension, montrent
jusqu'à l'évidence combien chaque peuple peut encore gagner et s'en-
richir à prendre chez son voisin quelque chose de son esprit, à bénéficier,
par là, du fruit d'une expérience séculaire presque sans limites, sanction
d'efforts et de sacrifices indéfinis.
Il faut nous rappeler sans cesse très modestement qu il serait ridicule
et vain de vouloir être en toutes circonstances trop « cartésien ».
Nos voisins aussi doivent comprendre qu'il ne serait ni moins ridicule
ni moins dangereux, de persister superbement à ne vouloir l'être jamais.
L'Anglais et le Français sont logiques, chacun à sa manière ; ce sont des
observateurs également avisés. Les sacrifices résultant de deux guerres
mondiales les ont arrachés aux illusions du passé.
L'Angleterre et la France, presque en même temps, ont cessé d être
impérialistes pour devenir impériales : elles ont cessé de rechercher la
gloire des conquêtes guerrières, mais elles se sont attelées à la conquête
pacifique des âmes de leurs peuples. Chacune s 'y est appliquée à sa manière,
avec un ascendant plus aristocratique en Grande-Bretagne, avec une senti-
mentalité humaine plus vive en France. L'une et 1 autre y ont réussi,
parce que l'une et l'autre ont ouvert à ces populations les voies du progrès
vers une dignité plus éminente des personnes. Ici encore chacune a quel-
que chose à prendre aux méthodes de sa voisine ; peut-être nous surtout.
Ce changement profond d'orientation, les espérances qu'il ouvre vers
un avenir d'autonomie et de liberté croissantes ont été d'un tel bienfait
pour le monde, que l'immense empire britannique, et, dans une mesure
appréciable, l'empire plus jeune encore de la France, ont cessé de repré-
senter des valeurs uniquement nationales, pour devenir des éléments essen-
tiels de l'équilibre moral du monde. Ces Empires constituent dès lors un
facteur unique de stabilité, et non pas statique, mais essentiellement dyna-
mique, car jamais agents plus puissants de transformation morale et de
progrès matériel n ont agi sur une pareille échelle.
Cette immense puissance, génératrice incomparable d'action, est essen-
tiellement ordonnée ; c'est un facteur d'équilibre, précisément parce
qu'elle est animée par une force spirituelle unique, de valeur universelle.
Toute jeune encore, elle a déjà prouvé ce qu'elle peut faire ; elle n'a besoin
d'aucun service de propagande pour que d'innombrables humanités aient
foi en elle, au point de la considérer comme leur propre chose, et non
comme une puissance étrangère qui les maintenait captives.
Pendant que se poursuit cette œuvre colossale, sur une échelle encore
jamais atteinte, une coalition d'appétits effrénés se dresse pour l'arrêter,
en annuler les effets et y substituer une entreprise anachronique et cyni-
que de conquête brutale pour le profit matériel de quelques nations pri-
vilégiées, ou plus exactement au profit exclusif d'une seule nation de proie
qui n'utilise temporairement ses deux complices que pour les subjuguer
à leur tour quand leur heure aura sonné.
Les deux conceptions s'excluent sans compromis possible. L'une et
l'autre sont à l'échelle du monde, et c'est bien le monde entier qu'il s'agit
de sauver, jusques et y compris les nations présentement affolées par leur
ivresse de force matérielle.
Les données du problème suffisent, à elles seules, à faire comprendre
que, dans un tel péril, la communauté totale, définitive, franco-britan-
nique n'est pas seulement un expédient commode, mais une nécessité
absolue et, d'ailleurs, la conclusion logique et irrésistible de toute l'his-
toire de l'Angleterre et de toute l'histoire de France.
Une telle cause ne se plaide pas. Il faut seulement souligner quelques-uns
des traits essentiels du formidable avenir qu elle recèle.
Il est inutile de rappeler que, pour la guerre, seule la communauté
franco-britannique totale est à la mesure de la puissance des dictatures.
Ces dernières possèdent le jeu des lignes intérieures, l'entraînement à
une discipline plus que Spartiate, inhumaine, l'accumulation démesurée
des moyens matériels, les effectifs militaires innombrables, 1 absence de
tout scrupule et de tout frein, la liberté absolue d'entreprendre
FRANCE-GRANDE-BRETAGNE
UNE COMMUNAUTÉ
par
Ernest Mercier
Contre tant d'atouts, il faut additionner la puissance numérique,
l'énergie active et potentielle des populations anglaise et française, la
puissance des peuples innombrables qu elles encadrent, et toutes les
ressources financières, matérielles, économiques de leurs empires.
Mais cela ne suffirait certainement pas encore, si, en face de la discipline
brutale de l'adversaire, la Grande-Bretagne et la France ne pouvaient
pas compter en outre sur une décisive supériorité morale. Cette supé-
riorité morale, seule, leur communauté réelle peut la leur conférer.
Du même coup, cette communauté leur concilie l'alliance spirituelle
des Etats-Unis avec tous les développements infinis qui en découlent.
Car les neutres pourraient individuellement hésiter devant la puis-
sance de l'une ou l'autre des deux nations — leurs préventions s'effaçent
devant une communauté qui a déjà répudié l'égoïsme national de chacune
de ses parties, garantie essentielle pour qu'elles réservent un traitement
hautement équitable à toutes les puissances indépendantes sans aucun
égard pour leur force numérique individuelle.
L'union des Puissances totalitaires commande l'union totale des Puis-
sances de liberté.
La Communauté franco-britannique ne permettra pas, sans doute,
d'éviter tous les échecs partiels que les totalitaires seront, par leur
position même, en état de nous infliger, mais, en définitive, elle
nous assurera la victoire.
Elle nous permettra, cette fois-ci, de gagner aussi
la paix !
Elle nous permettra de jeter les bases d'une orga-
nisation internationale nouvelle, et, comme la
Communauté en sera la pierre angulaire et la gar.
dienne, et qu'à elle seule, elle aura déjà plus qu'à
moitié réalisé l'ordre nouveau, elle disposera du
temps et des moyens nécessaires pour en parcourir
sagement toutes les étapes, pas à pas, en laissant
aux autres le temps de comprendre, de regretter,
de s'assagir et de se rallier, — sans omettre les garanties nécessaires.
Seule la Communauté franco-britannique permettra de résoudre les
énormes problèmes que poseront successivement, à 1 Europe, le devenir
de l'immense Russie, la force d'expansion du Japon, le réveil de la Chine,
Seule la Communauté franco-britannique pourra donner son orienta-
tion au développement de la race noire.
Seule, elle pourra résoudre le problème de 1 Islam, en réintégrant cette
force autrefois hostile dans le concert des nations occidentales en jetant
le pont nécessaire entre islamisme et chrétienté.
La Communauté franco-britannique peut considérer avec sérénité le
problème financier que lui posera la liquidation de la guerre : 1 énorme
étendue des pays qui la composent, et des pays extérieurs solidaires de son
activité, lui permettra d'aménager les moyens de paiement nécessaires
à son économie interne, et d'attendre que s effectue normalement, et au
minimum de frais, la reconstitution inévitable des moyens de crédit
internationaux et la rentrée. en jeu de 1 étalon monétaire international.
Les énormes besoins des pays encore peu développés de l'Empire franco-
britannique offriront un moyen puissant pour passer de 1 économie de
guerre à l'économie de paix et donneront le temps nécessaire pour remet-
tre en train progressivement les productions pacifiques des autres belli-
gérants. Ne peut-on citer, parmi les magnifiques entreprises qui s impose-
ront, la réalisation du chemin de fer transafricain et celle du tunnel sous
la Manche — entre beaucoup d autres.
Dès aujourd'hui, l'étude en commun des débouchés que chaque empire
peut offrir aux productions de l'autre, la recherche de toutes les collabo-
rations possibles, dans le domaine de la production, des échanges, des
transports, des crédits, de la vie sociale, vont nous ouvrir des possibilités
dont on a peine à mesurer toute 1 étendue, ...
Automatiquement, en quelque manière, les hommes qui dirigent c , a-
cun de nos départements ministériels prennent l'habitude, non seule-
ment de correspondre, de se voir, de se consulter, mais, pour bien dire,
de vivre en contact permanent et d'échanger chaque jour par téléphone
leurs idées, leurs préoccupations, leurs suggestions.
Un immense mouvement rapproche en ce moment les deux nations .
une vague irrésistible, qui n'entraîne pas seulement les chefs suprêmes
des deux peuples, mais individuellement chaque être, des deux côtés e
la Manche. Une force naît et grandit, toute gonflée de la volonté de vivre
dans la liberté, l'honneur, dans le respect des traditions sacrées.
Inégales sont leurs richesses, diverses sont leurs expériences, très d
férentes leurs sagesses, et surtout leurs sagesses politiques ; mais égales,
elles apparaissent au monde, comme puissances spirituelles, égales e lles
apparaissent aussi comme créatrices dans les sciences, dans les arts et
dans les lettres.
A l'heure où les destinées du monde tout entier dépendent avant tout
des vertus guerrières de l'Angleterre et de la France, il est exaltant e se
dire que jamais, à aucune époque de son histoire, la marine britannique
n'a manifesté une plus absolue fidélité à ses plus magnifiques traditions.
L'équipage, les cadres, les officiers, le commandement de 1 « Exeter »
de l'« Ajax », du « Warspite » et de tant d autres cuirassés, croiseurs,
sous-marins, se sont inscrits à la tête des premiers de tous les temps,
Leurs camarades de la Royal Air Force et de 1 Armée ne leur sont pas
inférieurs par la valeur ni le courage. . .
A quoi nous pouvons fièrement ajouter qu , aujourd , hui encore, Qj18® ,1
on veut donner l'exemple d'une troupe ne faisant qu un tout indissolu ble
du commandant au dernier homme, d'une troupe symbolisant ce qui existe
de plus haut comme esprit de sacrifice, comme entraînement, comme
valeur guerrière inégalée, il faut citer les bataillons de chasseurs alpins
français, modèle de l'armée tout entière. Leurs frères de 1 aviation et e
la marine sont dignes d'eux. a .
Merveilleux exemples de ce qu'en toutes choses les génies anglais e
français s'achèvent, se complètent et se magnifient 1 un 1 autre. Mervei -
leuse promesse pour la liberté du monde et son équilibre au sein d une
paix juste.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 204 ......... 20 MAI 1940
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.22%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.22%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 8/102
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k9759222z/f8.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k9759222z/f8.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k9759222z/f8.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k9759222z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k9759222z
Facebook
Twitter