Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1940 01 janvier 1940
Description : 1940/01/01 (A18,N199)-1940/01/31. 1940/01/01 (A18,N199)-1940/01/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97592271
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/12/2016
O L O N 1 A L
D U
'OURING - CLUB
DE FRANCE
30439.
Cette vieille femme qui réprime avec peine une grande envie de rire
est une « muong » de la province de Hoà Binh, au Tonkin. Elle a passé
toute sa journée dans la forêt, et revient avec sa charge de bois qu elle
vendra un franc si l'acheteur est généreux !
*---
3041\ Photo Pierre Verger.
Les semailles sont faites en commun par les jeunes gens du village ;
ils attaquent le sol à la houe. Les femmes déposeront ensuite les
grains dans les trous ainsi creusés.
à torse humain et jambes humaines, avec une nageoire dorsale et une face de
requin, en allusion aux paroles de défi du roi : « Les Français veulent débarquer
au Dahomey ; mais qu'ils prennent garde au requin qui trouble les eaux du
rivage ». Aux côtés de Béhanzin, son père Glélé, monstre au corps humain, à la
tête et à la queue de lion, bizarrement vêtu d'un caleçon en peinture verte. Glélé
régna de 1858 à 1889 ; il reçut plus d'une ambassade européenne, qu'il convia au
spectacle sauvage des « coutumes » célébrées en l honneur de ses ancêtres aux-
quels, descendant respectueux, il offrait en sacrifice chaque année de nombreux
esclaves. En dépit de ces scènes d'horreur, le royaume du Dahomey avait atteint
un degré de réelle civilisation avant la venue des Européens et un livre récem-
ment paru, nous renseigne sur les mœurs de cette cour d'Abomey (1).
De l'Afrique occidentale, nous sommes transportés au Cameroun. Les Ba-
nen, qu'étudia longuement Mme Dugast et auxquels le musée de l'Homme
consacre une vitrine, forment une population de forêt qui ne connaît qu'une vie
matérielle rudimentaire. Le mobilier de la case en torchis est très pauvre : la
lampe est une vieille calebasse imprégnée d'huile de palme et dont l'indigène
enflamme les bords, sans mettre de mèche ; les grains sont conservés dans des
vanneries suspendues au toit, à l'abri des rats et des souris, pour être, le moment
venu, écrasés par la ménagère sur une meule en pierre, ou dans un mortier
en bois.
Voisins des Banen, nous trouvons les Bamiléké, beaucoup plus raffinés. Le pro-
fesseur Labouret a ramené de cette région d'imposantes pièces, tel ce trône
(1) « Doguicimi », par Paul Hazoumé. Paris, E. Larose, 1939.
circulaire, surmonté par trois personnages ; ou ces chambranles sculptés, placés
à l'entrée des habitations des chefs ou des maisons de sociétés secrètes et sur
les montants desquels peuvent figurer les suivants du chef, portant ses armes, son
éventail, la corne de buffle sculptée dont il se sert pour boire, etc.
C'est encore du Cameroun que viennent les poteries sao recueillies par Marcel
Griaule et J.-P. Lebeuf au cours de fouilles effectuées au sud du lac Tchad. Les Sao,
dont la légende a fait des géants, ont aujourd'hui disparu. Installés dans l'extrême
Nord du Cameroun actuel, ils en furent chassés, au XVe siècle, par des Musulmans
venus de l'Est, qui virent les vaincus s'enfuir vers la Bénoué, affluent du Niger.
Les fouilles ont mis à jour un important matériel, comportant des représentations
humaines et animales en terre cuite, de délicats objets en bronze et des poteries
funéraires hautes parfois de 1 m,50.
Ce tronc d'arbre creusé dont la forme évoque celle, stylisée, d'une vache, fut
rapporté par Savorgnan de Brazza. C'est l'un de ces fameux tambours à signaux,
grâce auxquels les habitants de la forêt équatoriale savent se transmettre les
nouvelles de village en village avec une rapidité que le télégraphe ne dépassera
pas..
Il voisine avec de terrifiantes statuettes en bois colorié aux couleurs violentes,
le bras droit levé dans un geste de menace. Talismans venus du Congo, ces sta-
tuettes doivent protéger leur possesseur contre les embûches ou les maléfices ;
parfois aussi, serviteur docile, la figurine permettra l'accomplissement des vœux
secrets de son maître : un clou enfoncé dans le bois, en demandant la mort d 'un
ennemi, sera fatal à l'homme ainsi visé. De combien de crimes ce paisible chien
à la langue pendante peut-il être complice, dont le corps disparaît, hérissé de
pointes et de piques ? ..
Les Banda de l'Oubangui possèdent un matériel domestique fort simple : un lit
fait d'une planche incurvée, des vêtements d'écorce battue à l'aide d'un marteau
en ivoire (les habitants de cette région ignoraient le tissage jusqu'à la venue des
Européens). Us chassent les petits mammifères à l'aide d'un arc et de flèches,
cultivent un peu de manioc, fument le chanvre. De fines aiguilles en fer, à la tête
élargie en feuille de laurier, leur servent à écraser les poux de leur chevelure ,
la vermine est ensuite goûtée comme une friandise recherchée.
De Madagascar, le musée de l'Homme offre à notre curiosité un ins-
trument de musique, don de M. R. Decary. Cette « poutre frappée» est exposée
pour la première fois dans un musée d'Europe. Deux piquets fichés en terre sou-
tiennent dans un plan horizontal la poutre, que viennent frapper plusieurs paires
de baguettes. Cet instrument serait peut-être, au dire des spécialistes, à l'origine
d'une des familles les plus primitives d'instruments à cordes. Hors Madagascar,
nous retrouvons la poutre frappée en pleine forêt équatoriale, puis chez les
Négrilles des Philippines, chez les Aino de Sakhaline, dans certaines tribus amé-
ricaines, enfin en Océanie.
La visite de la salle et, avec elle, notre voyage africain touchent a leur fin : nous
arrivons à la Côte française des Somalis, d'où M. Aubert de la Rüe rapporta récem-
ment les vanneries et les plats en bois qui forment l'essentiel du mobilier des Issa
et des Danakil, pasteurs nomades aux goûts belliqueux. M. Aubert de la Rüe
rapporta également ces magnifiques photographies : paysages désertiques où la
pauvreté de la végétation prend une beauté désolée, seule digne de ces êtres
sauvages et fiers.
Denise SCJLŒFFNER.m
Attachée au Musée de l'Homme.
AVIS IMPORTANT AUX MEMBRES DU GROUPE COLONIAL
DU TOURING-CLUB DE FRANCE
Paiement de la cotisation pour 1940.
Nous rappelons aux membres du Groupe colonial du Touring-Club de
France que la cotisation spéciale de membre du Groupe pour l'année 1940
(qui est de 25 francs) doit être versée dès à présent.
Le service de la revue Le Monde Colonial Illustré sera suspendu à
partir du 1er février pour ceux qui ne se seront pas mis en règle.
Les envois par chèque postal devront être faits au compte du Touring-
Club de France, Paris 32-58.
Pour l'envoi de ladite somme, bien spécifier : Cotisation du Groupe
colonial.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 199 ........ JANVIER 1940
D U
'OURING - CLUB
DE FRANCE
30439.
Cette vieille femme qui réprime avec peine une grande envie de rire
est une « muong » de la province de Hoà Binh, au Tonkin. Elle a passé
toute sa journée dans la forêt, et revient avec sa charge de bois qu elle
vendra un franc si l'acheteur est généreux !
*---
3041\ Photo Pierre Verger.
Les semailles sont faites en commun par les jeunes gens du village ;
ils attaquent le sol à la houe. Les femmes déposeront ensuite les
grains dans les trous ainsi creusés.
à torse humain et jambes humaines, avec une nageoire dorsale et une face de
requin, en allusion aux paroles de défi du roi : « Les Français veulent débarquer
au Dahomey ; mais qu'ils prennent garde au requin qui trouble les eaux du
rivage ». Aux côtés de Béhanzin, son père Glélé, monstre au corps humain, à la
tête et à la queue de lion, bizarrement vêtu d'un caleçon en peinture verte. Glélé
régna de 1858 à 1889 ; il reçut plus d'une ambassade européenne, qu'il convia au
spectacle sauvage des « coutumes » célébrées en l honneur de ses ancêtres aux-
quels, descendant respectueux, il offrait en sacrifice chaque année de nombreux
esclaves. En dépit de ces scènes d'horreur, le royaume du Dahomey avait atteint
un degré de réelle civilisation avant la venue des Européens et un livre récem-
ment paru, nous renseigne sur les mœurs de cette cour d'Abomey (1).
De l'Afrique occidentale, nous sommes transportés au Cameroun. Les Ba-
nen, qu'étudia longuement Mme Dugast et auxquels le musée de l'Homme
consacre une vitrine, forment une population de forêt qui ne connaît qu'une vie
matérielle rudimentaire. Le mobilier de la case en torchis est très pauvre : la
lampe est une vieille calebasse imprégnée d'huile de palme et dont l'indigène
enflamme les bords, sans mettre de mèche ; les grains sont conservés dans des
vanneries suspendues au toit, à l'abri des rats et des souris, pour être, le moment
venu, écrasés par la ménagère sur une meule en pierre, ou dans un mortier
en bois.
Voisins des Banen, nous trouvons les Bamiléké, beaucoup plus raffinés. Le pro-
fesseur Labouret a ramené de cette région d'imposantes pièces, tel ce trône
(1) « Doguicimi », par Paul Hazoumé. Paris, E. Larose, 1939.
circulaire, surmonté par trois personnages ; ou ces chambranles sculptés, placés
à l'entrée des habitations des chefs ou des maisons de sociétés secrètes et sur
les montants desquels peuvent figurer les suivants du chef, portant ses armes, son
éventail, la corne de buffle sculptée dont il se sert pour boire, etc.
C'est encore du Cameroun que viennent les poteries sao recueillies par Marcel
Griaule et J.-P. Lebeuf au cours de fouilles effectuées au sud du lac Tchad. Les Sao,
dont la légende a fait des géants, ont aujourd'hui disparu. Installés dans l'extrême
Nord du Cameroun actuel, ils en furent chassés, au XVe siècle, par des Musulmans
venus de l'Est, qui virent les vaincus s'enfuir vers la Bénoué, affluent du Niger.
Les fouilles ont mis à jour un important matériel, comportant des représentations
humaines et animales en terre cuite, de délicats objets en bronze et des poteries
funéraires hautes parfois de 1 m,50.
Ce tronc d'arbre creusé dont la forme évoque celle, stylisée, d'une vache, fut
rapporté par Savorgnan de Brazza. C'est l'un de ces fameux tambours à signaux,
grâce auxquels les habitants de la forêt équatoriale savent se transmettre les
nouvelles de village en village avec une rapidité que le télégraphe ne dépassera
pas..
Il voisine avec de terrifiantes statuettes en bois colorié aux couleurs violentes,
le bras droit levé dans un geste de menace. Talismans venus du Congo, ces sta-
tuettes doivent protéger leur possesseur contre les embûches ou les maléfices ;
parfois aussi, serviteur docile, la figurine permettra l'accomplissement des vœux
secrets de son maître : un clou enfoncé dans le bois, en demandant la mort d 'un
ennemi, sera fatal à l'homme ainsi visé. De combien de crimes ce paisible chien
à la langue pendante peut-il être complice, dont le corps disparaît, hérissé de
pointes et de piques ? ..
Les Banda de l'Oubangui possèdent un matériel domestique fort simple : un lit
fait d'une planche incurvée, des vêtements d'écorce battue à l'aide d'un marteau
en ivoire (les habitants de cette région ignoraient le tissage jusqu'à la venue des
Européens). Us chassent les petits mammifères à l'aide d'un arc et de flèches,
cultivent un peu de manioc, fument le chanvre. De fines aiguilles en fer, à la tête
élargie en feuille de laurier, leur servent à écraser les poux de leur chevelure ,
la vermine est ensuite goûtée comme une friandise recherchée.
De Madagascar, le musée de l'Homme offre à notre curiosité un ins-
trument de musique, don de M. R. Decary. Cette « poutre frappée» est exposée
pour la première fois dans un musée d'Europe. Deux piquets fichés en terre sou-
tiennent dans un plan horizontal la poutre, que viennent frapper plusieurs paires
de baguettes. Cet instrument serait peut-être, au dire des spécialistes, à l'origine
d'une des familles les plus primitives d'instruments à cordes. Hors Madagascar,
nous retrouvons la poutre frappée en pleine forêt équatoriale, puis chez les
Négrilles des Philippines, chez les Aino de Sakhaline, dans certaines tribus amé-
ricaines, enfin en Océanie.
La visite de la salle et, avec elle, notre voyage africain touchent a leur fin : nous
arrivons à la Côte française des Somalis, d'où M. Aubert de la Rüe rapporta récem-
ment les vanneries et les plats en bois qui forment l'essentiel du mobilier des Issa
et des Danakil, pasteurs nomades aux goûts belliqueux. M. Aubert de la Rüe
rapporta également ces magnifiques photographies : paysages désertiques où la
pauvreté de la végétation prend une beauté désolée, seule digne de ces êtres
sauvages et fiers.
Denise SCJLŒFFNER.m
Attachée au Musée de l'Homme.
AVIS IMPORTANT AUX MEMBRES DU GROUPE COLONIAL
DU TOURING-CLUB DE FRANCE
Paiement de la cotisation pour 1940.
Nous rappelons aux membres du Groupe colonial du Touring-Club de
France que la cotisation spéciale de membre du Groupe pour l'année 1940
(qui est de 25 francs) doit être versée dès à présent.
Le service de la revue Le Monde Colonial Illustré sera suspendu à
partir du 1er février pour ceux qui ne se seront pas mis en règle.
Les envois par chèque postal devront être faits au compte du Touring-
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LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 199 ........ JANVIER 1940
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