Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-04-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1929 01 avril 1929
Description : 1929/04/01-1929/04/30. 1929/04/01-1929/04/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97431353
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Les Annales Coloniales
Page 9
Le long de la voie ferrée dans la Mandraka
et de lui faire abandonner peu à peu ses pra-
tiques défectueuses.
Déjà, en certaines régions, l'on voit le
troupeau pris entre les exigences de l'agri.
culture, qui ne peut évidemment tolérer les
déprédations d'animaux nomades, mal sur-
veillés, et les interventions du service fores-
tier, qui ne peut admettre plus longtemps
les feux de brousse, générateurs de pâtura-
ges, mais qui s'opposent à toute reconstitu-
tion des boisements. L'élevage qui, de toute
nécessité, doit survivre, devra pour cela s'ac-
commoder d'une place plus restreinte.
Une politique forestière
L'àbsolue nécessité est apparue, d'une po-
litique forestière rigoureuse, faute de la-
quelle les pluies sont appelées à diminuer,
et la menace de sécheresses, alternant avec
celle d'inondations torrentielles, pèsera cons-
tamment sur les exploitations. Le péril est
déjà si grave, l'œuvre destructrice accom-
plie par l'ignorance est si avancée, qu'il ne
suffit plus. de protéger ce qui existe encore.
Le rôle du Service des Forêts est de toute
première importance. Cet organisme est le
maître des cultures. Il est, selon la belle
image employée naguère, dans un discours,
par !e Gouverneur Général, le « Dieu de la
Pluie ». Et, en vérité, le sort de Madagascar,
pays essentiellement tlgricolt'J est lié à la
conservation et à l'accroissement de ses fo-
rêts.
Par endroits, et particulièrement dans la
région de Nossi-Bé, la politique de reboise-
ment a donné des résultats d'autant plus en-
courageants qu'ils ont été plus rapides. Il
n'est que d'étendre dans toute la mesure pos-
sible les mesures déjà prises.
Les mines
Les gisements miniers connus sont pres-
que entièrement entre les mains d'exploi-
tants européens qui, d'une façon générale,
exercent leur industrie avec habileté et com-
pétence. D'autre part, le puissant apport de
capitaux qu'a provoqué la constitution d'im-
portantes sociétés minières, au cours de ces
dernières années, a déjà porté ses fruits.
L'outillage des mines a pu eue améliore, et
leur aménagement a été conçu en vue d'une
exploitation durable et intense. La recherche
fait place, de plus en plus, ;l l'exploitation.
Les fouilles rudimentaires sont remplacées
par des tranchées savamment agencées, et
les usines de raffinage et de transformation
tendent vers un produit de plus en plus fini
et pur.
L'on pourrait cependant conseiller aux ex*
ploitants une entente des plus étroites, en ce
La gare de Tampila
qui concerne notamment la vente de certains
produits. Il est, par exemple, paradoxal que
Madagascar, principal producteur de gra-
phite du monde, et qui, à ce titre, pourrait
dominer le marché, soit obligée de le subir.
La charte domaniale
L'organisation méthodique de la produc,
tion nécessite, en un mot, une politique
agraire, et qui doit tenir compte de nom-
breux éléments.
La protection, par exemple, des peuple
ments forestiers exige impérieusement qu'il
soit mis fin au nomadisme cultural dévasta.
teur d'aujourd'hui, et (tue l'agriculteut,
aussi bien que l'éleveur, soient aiguillés vers
des méthodes intensives. Mais un tel objec-
tif ne pourra pas être atteint s'il n'existe des
modes souples et pratiques de constatation
des droits fonciers.
On ne peut, en effet, attendre du colon
européen aussi bien que du cultivateur indi-
gène, d'effort réel ni sérieux s'il n'est assuré
de la possession paisible de la terre à la.
quelle il voue ses soins et sa peine. D'autre
part, il faut se préoccuper du phénomène
économique très net que constitue la migra-
tion des populations des hauts plateaux vers
les régions côtières, surtout vers l'Ouest. Ce
mouvement doit être canalisé vers les ter-
res d'un équipement économique facile. Il
n'est pas tolérable, d'autre part, que les
plans d'a.nénagement méthodique, souvent
accompagnés d'importants travaux d'hydrau-
lique agricole, soient bouleversés par des oc-
cupations illicites du domaine. Il a donc
fallu aborder, une fois pour toutes, cette tâ-
che devant laquelle on avait toujours reculé,
et qui consiste à déterminer, puis à régulari-
ser les droits fonciers indigènes.
Le décret du 28 septembre 1926 a prévu le
système des réserves, mode de constatation,
de préservation et de constitution à grands
traits des droits fonciers indigènes, fonction-
nant parallèlement au régime de l'immatri-
culation.
Et, déjà, cette formule est entrée dans le
domaine des réalités et y a excellemment
réussi.
Dans le Sambirano et dans le Mahavavy,
grâce à la haute compréhension de ses de-
voirs et son admirable connaissance du pays
et de ses habitants, un administrateur en
chef, M. Laportc, par une juste répartition
des terres, a permis aux collectivités indigè-
nes de vivre à l'abri de toute absorption et,
à une colonisation européenne, particulière-
ment active, de poursuivre son labeur fécond
sans avoir à redouter les revendications in-
justifiées.
Là, le problème était particulièrement
ardu. Il s'agissait, en effet, plutôt que de
préparer l'avenir, de résoudre des difficultés
presque inextricables résultant des droits
déjà acquis ou de situations juridiques déjà
créées. Or, les méthodes étudiées actuelle-
ment doivent avoir une portée plus large
puisqu'elles sont destinées à fixer, pour l'en-
semble de la colonie, les droits fonciers indi-
gènes, afin d'abord de les préserver et en-
suite de lever cette sorte d'hypothèque oc-
culte qui pèse actuellement sur toutes les
terres domaniales et gêne tout plan ration-
nel de colonisation. En même temps, elles
doivent faciliter, pour l'avenir, l'installation,
sur des terres plus propices à un meilleur
rendement, des collectivités que le hasard
d'une migration a souvent conduites sur un
sol ingrat.
L'Indochine ayant précédé Madagascar en
cette matière, tous renseignements utiles lui
ont été demandés. Il résulte d'un premier
examen des documents reçus, que le système
à envisager résiderait dans 1 établissement
d'un cadastre au moyen de méthodes topo-
graphiques simplifiées, et, dans certains cas,
à l'aide de photographies aériennes. Ce ca-
dastre serait ensuite reproduit sur des livres
fonciers dont la tenue incomberait à l'admi-
nistration indigène.
L'œuvre à entreprendre est extrêmement
vaste. Elle s'impose, néanmoins.
Le rendement de l'impôt foncier est, notoi-
rement, encore très minime. Or, au fur et à
mesure du développement économique du
pays, il devra devenir le principal impôt di-
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Le long de la voie ferrée dans la Mandraka
et de lui faire abandonner peu à peu ses pra-
tiques défectueuses.
Déjà, en certaines régions, l'on voit le
troupeau pris entre les exigences de l'agri.
culture, qui ne peut évidemment tolérer les
déprédations d'animaux nomades, mal sur-
veillés, et les interventions du service fores-
tier, qui ne peut admettre plus longtemps
les feux de brousse, générateurs de pâtura-
ges, mais qui s'opposent à toute reconstitu-
tion des boisements. L'élevage qui, de toute
nécessité, doit survivre, devra pour cela s'ac-
commoder d'une place plus restreinte.
Une politique forestière
L'àbsolue nécessité est apparue, d'une po-
litique forestière rigoureuse, faute de la-
quelle les pluies sont appelées à diminuer,
et la menace de sécheresses, alternant avec
celle d'inondations torrentielles, pèsera cons-
tamment sur les exploitations. Le péril est
déjà si grave, l'œuvre destructrice accom-
plie par l'ignorance est si avancée, qu'il ne
suffit plus. de protéger ce qui existe encore.
Le rôle du Service des Forêts est de toute
première importance. Cet organisme est le
maître des cultures. Il est, selon la belle
image employée naguère, dans un discours,
par !e Gouverneur Général, le « Dieu de la
Pluie ». Et, en vérité, le sort de Madagascar,
pays essentiellement tlgricolt'J est lié à la
conservation et à l'accroissement de ses fo-
rêts.
Par endroits, et particulièrement dans la
région de Nossi-Bé, la politique de reboise-
ment a donné des résultats d'autant plus en-
courageants qu'ils ont été plus rapides. Il
n'est que d'étendre dans toute la mesure pos-
sible les mesures déjà prises.
Les mines
Les gisements miniers connus sont pres-
que entièrement entre les mains d'exploi-
tants européens qui, d'une façon générale,
exercent leur industrie avec habileté et com-
pétence. D'autre part, le puissant apport de
capitaux qu'a provoqué la constitution d'im-
portantes sociétés minières, au cours de ces
dernières années, a déjà porté ses fruits.
L'outillage des mines a pu eue améliore, et
leur aménagement a été conçu en vue d'une
exploitation durable et intense. La recherche
fait place, de plus en plus, ;l l'exploitation.
Les fouilles rudimentaires sont remplacées
par des tranchées savamment agencées, et
les usines de raffinage et de transformation
tendent vers un produit de plus en plus fini
et pur.
L'on pourrait cependant conseiller aux ex*
ploitants une entente des plus étroites, en ce
La gare de Tampila
qui concerne notamment la vente de certains
produits. Il est, par exemple, paradoxal que
Madagascar, principal producteur de gra-
phite du monde, et qui, à ce titre, pourrait
dominer le marché, soit obligée de le subir.
La charte domaniale
L'organisation méthodique de la produc,
tion nécessite, en un mot, une politique
agraire, et qui doit tenir compte de nom-
breux éléments.
La protection, par exemple, des peuple
ments forestiers exige impérieusement qu'il
soit mis fin au nomadisme cultural dévasta.
teur d'aujourd'hui, et (tue l'agriculteut,
aussi bien que l'éleveur, soient aiguillés vers
des méthodes intensives. Mais un tel objec-
tif ne pourra pas être atteint s'il n'existe des
modes souples et pratiques de constatation
des droits fonciers.
On ne peut, en effet, attendre du colon
européen aussi bien que du cultivateur indi-
gène, d'effort réel ni sérieux s'il n'est assuré
de la possession paisible de la terre à la.
quelle il voue ses soins et sa peine. D'autre
part, il faut se préoccuper du phénomène
économique très net que constitue la migra-
tion des populations des hauts plateaux vers
les régions côtières, surtout vers l'Ouest. Ce
mouvement doit être canalisé vers les ter-
res d'un équipement économique facile. Il
n'est pas tolérable, d'autre part, que les
plans d'a.nénagement méthodique, souvent
accompagnés d'importants travaux d'hydrau-
lique agricole, soient bouleversés par des oc-
cupations illicites du domaine. Il a donc
fallu aborder, une fois pour toutes, cette tâ-
che devant laquelle on avait toujours reculé,
et qui consiste à déterminer, puis à régulari-
ser les droits fonciers indigènes.
Le décret du 28 septembre 1926 a prévu le
système des réserves, mode de constatation,
de préservation et de constitution à grands
traits des droits fonciers indigènes, fonction-
nant parallèlement au régime de l'immatri-
culation.
Et, déjà, cette formule est entrée dans le
domaine des réalités et y a excellemment
réussi.
Dans le Sambirano et dans le Mahavavy,
grâce à la haute compréhension de ses de-
voirs et son admirable connaissance du pays
et de ses habitants, un administrateur en
chef, M. Laportc, par une juste répartition
des terres, a permis aux collectivités indigè-
nes de vivre à l'abri de toute absorption et,
à une colonisation européenne, particulière-
ment active, de poursuivre son labeur fécond
sans avoir à redouter les revendications in-
justifiées.
Là, le problème était particulièrement
ardu. Il s'agissait, en effet, plutôt que de
préparer l'avenir, de résoudre des difficultés
presque inextricables résultant des droits
déjà acquis ou de situations juridiques déjà
créées. Or, les méthodes étudiées actuelle-
ment doivent avoir une portée plus large
puisqu'elles sont destinées à fixer, pour l'en-
semble de la colonie, les droits fonciers indi-
gènes, afin d'abord de les préserver et en-
suite de lever cette sorte d'hypothèque oc-
culte qui pèse actuellement sur toutes les
terres domaniales et gêne tout plan ration-
nel de colonisation. En même temps, elles
doivent faciliter, pour l'avenir, l'installation,
sur des terres plus propices à un meilleur
rendement, des collectivités que le hasard
d'une migration a souvent conduites sur un
sol ingrat.
L'Indochine ayant précédé Madagascar en
cette matière, tous renseignements utiles lui
ont été demandés. Il résulte d'un premier
examen des documents reçus, que le système
à envisager résiderait dans 1 établissement
d'un cadastre au moyen de méthodes topo-
graphiques simplifiées, et, dans certains cas,
à l'aide de photographies aériennes. Ce ca-
dastre serait ensuite reproduit sur des livres
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nistration indigène.
L'œuvre à entreprendre est extrêmement
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