Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-06-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juin 1929 01 juin 1929
Description : 1929/06/01-1929/06/30. 1929/06/01-1929/06/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97431338
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Les Annales Coloniales
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çant, Petit-Kayes, à quelque distance du vil-
lage indigène.
Nous notons au passage la belle tenue des
agents de police au bâton blanc, le Cinéma-
Kayes sur la grand-place du marché, et les
plaques indicatrices du « sens unique ».
Et le train nous reprend, et nous roulons,
nous roulons à travers le même paysage mono-
tone jusqu'à ce que nous atteignions la région
des falaises latéritiques, vers Bafoulabe.
Lundi 11 février.
A Kati, capitale militaire du Soudan, nous
trouvons sur le quai de la gare, le Général
Lorin, et son nombreux état-major, ainsi que
trois Pères blancs. Nous admirons les potagers
et vergers des militaires qui rivalisent, nous
dit-on, avec ceux des Pères blancs et nous
repartons peur Bamako où nous arrivons vert
9 heures.
Bamako, la Soudanaise
Réception impressionnante. Toute la colo-
nie française est là, sur le large quai d'arriv
vée, les femmes, les enfants. Les uniformes
Au Soudan. — L'arrivée du Ministre des Colonies,
pour l'inauguration du canal de Sotuba.
blancs des administrateurs et des officiers mê-
Ié3 aux couleurs vives des toilettes féminines
font toute une gamme de taches claires et
gaies. Dans le grand hall de la gare, toutes les
autorités de la ville, les commerçants, se pres-
sent en une cohue. Après 46 heures de chemin
de fer, \ travers la brousse monotone, brûlée
et vide, l'arrivée dans cette gare spacieuse,
élégante, vivante, réconforte et ragaillardit.
Devant la gare, sur les larges avenues, bor-
dées de maisons modernes, entourées de jar-
dins luxuriants de verdure et de fleurs, une
foule énorme qui crie, bat des mains, au bruit
assourdissant des tams-tams.
Une grande ville en liesse.
Nous montons dans les autos qui nous
attendent et gagnons la large avenue qui nous
conduit sur le plateau de Koulouba, où sont
les bâtiments administratifs. Les enfants des
écoles, rangés sur près d'un kilomètre, sa-
luent notre passage de leurs gestes gracieux.
Nous arrivons à Koulouba : villas d'habita-
tion et lourds palais jetés au hasard. dirait-on,
sur un vaste plateau qui domine la ville de
Bamako et la vallée du Niger. Spectacle ma-
jestueux, mais impression d'isolement. Ainsi le
Soudan a trois capitales : Kati. capitale mi-
litaire, Koulouba, capitale administrative, Ba-
mako, capitale commerciale. C'est deux de
trop, ne peut-on s'empêcher de penser.
Nous déjeunons au palais du lieutenant-gou-
verneur, M. Terrasson de Fougères, qui nous
réserve le plus charmant accueil.
Les écoles de Bamako
L'après-midi, je visite l'école primaire supé-
rieure et professionnelle de Bamako. L'instal-
lation en est tout à fait moderne et le matériel
scolaire, qu'envieraient beaucoup de nos éco-
les métropolitaines, me produit une très agréa-
ble impression.
Une cour centrale, très vaste, est entourée
de bâtiments où les classes occupent le rez-
de-chaussée, les grands dortoirs, très aérés, les
salles de douches, les lavabos, le premier
étage.
Des professeurs blancs, encadrant des mat-
tres et auxiliaires indigènes, y enseignent à 300
éleves, répartis en trois années, tous internes et
boursiers de la colonie.
L'école professionnelle qui a, de son côté,
150 élèves, forme dans ses diverses sections
des ajusteurs, des charrons, des menuisiers,
de forgerons, des dactylographes pour Jes
P.T.T., des employés pour le chemin de fer.
Je ne me lasse pas d'admirer le matériel, qui
comprend tout l'outillage nécessaire, et la
belle tenue de ces écoliers que j'interroge,
comme ceux de Corée, et qui me surprennent
par la vivacité de leur esprit et la netteté de
leurs réponses.
Ncùs faisons le tour de ville. Aux carre-
fours, des agents, bâton blanc en main, veil-
lent sur la circulation. Comme à Kayes, on a
dû établir, au centre de la ville, le « sens
unique » les conducteurs d'auto indigènes
étant encore plus imprudents, plus fous que les
nôtres.
Kapok et camions
Je vais visiter l'usine de la Socofra (Société
coloniale française de culture et d'importa-
tion). Cette société, actuellement au capital
de 2.400.000 francs a pour but exclusif toutes
tes opérations relatives à l'achat du kapok, en
A.O.F. et le traitement du produit, avant son
expédition en Europe.
La Société achète le kapok que l'indigène
recueille dans toute la région comprise entre
Kayes à l'ouest et Segou-San-Sansanding à
l'est. Le produit brut subit, à l'usine, les opé.
rations de séchage, triage, égrenage, pressage.
Les résultats obtenus sont remarquables. Il
y a quatre ans, l'A.O.F. exportait 50 tonnes
de kapok. Elle en a exporté 1.568 tonnes en
1927 et la seule usine de Bamako compte en
traiter 2.000 tonnes en 1929. Si l'on songe
que les Indes hollandaises fournissent chaque
année, 15 à 20.000 tonnes de kapok, ven-
dues 18 francs le kilog en Europe, on s'ima-
gine l'importance que peut prendre cette ex-
ploitation en A.O.F.
De là, je vais visiter les installations de la
« Compagnie fédérale Soudanaise » de Trans-
ports, sous l'aimable direction de son adminis-
trateur-délégué, M. Raffin ; un vaste hangar-
garage où je trouve 6 ou 7 grands camions
de 3 tonnes et un grand auto-car fermé, pou-
vant contenir 40 voyageurs assis, un atelier de
recapage et de réfection totale de pneumati-
ques (le premier installé en A.O.F.) de vastes
cours, des bâtiments d'habitation pour le per-
sonnel. Aujourd'hui, des camions sont en
route sur tous les chemins du Soudan, un
auto-car, comme celui que je viens de voir
dans le garage, roule vers la Côte d'Ivoire.
En quittant les hangars de la Compagnie
fédérale, et en traversant le quartier indigène
de Bamako, aux larges avenues, bordées de
jeunes arbustes et parfaitement entretenues, je
me retourne vers la brousse désolée des bords
du fleuve, je songe aux plantations de Diakan-
dapé, aux usines et aux camions de Bamako,
et j'ai, pour la première fois, une impression
nette de ce que sera l'A.O.F. de demain.
La mission d'inauguration en canot à moteur
sur le canal de Sotuba.
Mardi 12 février.
Inauguration du canal de Sotuba.
Tandis que nous embarquons dans le canot
à moteur qui doit nous conduire à la digue de
Sotuba, le guignol soudanais agite ses marion-
nettes,. dans les barques indigènes, en notre
honneur, mais nous sommes surtout impres-
sionnés par le majestueux spectacle du Ni-
ger, étalé sur plus d'un kilomètre de largeur
sous le soleil de feu.
L'inauguration du canal se déroule suivant
les rites classiques sous le baptême verbal des
discours officiels.
Le canal de Sotuba
Ce magnifique ouvrage fait honneur à ceux
qui l'ont conçu et exécuté. Ce canal de 22
kilomètres de longueur, et qui comportait de
nombreux et considérables ouvrages d'art, a
été commencé en décembre 1925 et mis en
eau le 17 octobre 1928 sur une longueur de
15 kilomètres. Il a donc été construit en moins
de trois ans. et dans des conditions telles que
la mortalité, parmi les 3.000 travailleurs indi-
gènes occupés, a été inférieure à la moyenne
constatée chez les autochtones de même âge
et de même condition, dans les villages de la
région.
Ce canal servira à irriguer une région de
5.000 hectares environ, admirablement placée,
et par son voisinage de la ville de Bamako
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çant, Petit-Kayes, à quelque distance du vil-
lage indigène.
Nous notons au passage la belle tenue des
agents de police au bâton blanc, le Cinéma-
Kayes sur la grand-place du marché, et les
plaques indicatrices du « sens unique ».
Et le train nous reprend, et nous roulons,
nous roulons à travers le même paysage mono-
tone jusqu'à ce que nous atteignions la région
des falaises latéritiques, vers Bafoulabe.
Lundi 11 février.
A Kati, capitale militaire du Soudan, nous
trouvons sur le quai de la gare, le Général
Lorin, et son nombreux état-major, ainsi que
trois Pères blancs. Nous admirons les potagers
et vergers des militaires qui rivalisent, nous
dit-on, avec ceux des Pères blancs et nous
repartons peur Bamako où nous arrivons vert
9 heures.
Bamako, la Soudanaise
Réception impressionnante. Toute la colo-
nie française est là, sur le large quai d'arriv
vée, les femmes, les enfants. Les uniformes
Au Soudan. — L'arrivée du Ministre des Colonies,
pour l'inauguration du canal de Sotuba.
blancs des administrateurs et des officiers mê-
Ié3 aux couleurs vives des toilettes féminines
font toute une gamme de taches claires et
gaies. Dans le grand hall de la gare, toutes les
autorités de la ville, les commerçants, se pres-
sent en une cohue. Après 46 heures de chemin
de fer, \ travers la brousse monotone, brûlée
et vide, l'arrivée dans cette gare spacieuse,
élégante, vivante, réconforte et ragaillardit.
Devant la gare, sur les larges avenues, bor-
dées de maisons modernes, entourées de jar-
dins luxuriants de verdure et de fleurs, une
foule énorme qui crie, bat des mains, au bruit
assourdissant des tams-tams.
Une grande ville en liesse.
Nous montons dans les autos qui nous
attendent et gagnons la large avenue qui nous
conduit sur le plateau de Koulouba, où sont
les bâtiments administratifs. Les enfants des
écoles, rangés sur près d'un kilomètre, sa-
luent notre passage de leurs gestes gracieux.
Nous arrivons à Koulouba : villas d'habita-
tion et lourds palais jetés au hasard. dirait-on,
sur un vaste plateau qui domine la ville de
Bamako et la vallée du Niger. Spectacle ma-
jestueux, mais impression d'isolement. Ainsi le
Soudan a trois capitales : Kati. capitale mi-
litaire, Koulouba, capitale administrative, Ba-
mako, capitale commerciale. C'est deux de
trop, ne peut-on s'empêcher de penser.
Nous déjeunons au palais du lieutenant-gou-
verneur, M. Terrasson de Fougères, qui nous
réserve le plus charmant accueil.
Les écoles de Bamako
L'après-midi, je visite l'école primaire supé-
rieure et professionnelle de Bamako. L'instal-
lation en est tout à fait moderne et le matériel
scolaire, qu'envieraient beaucoup de nos éco-
les métropolitaines, me produit une très agréa-
ble impression.
Une cour centrale, très vaste, est entourée
de bâtiments où les classes occupent le rez-
de-chaussée, les grands dortoirs, très aérés, les
salles de douches, les lavabos, le premier
étage.
Des professeurs blancs, encadrant des mat-
tres et auxiliaires indigènes, y enseignent à 300
éleves, répartis en trois années, tous internes et
boursiers de la colonie.
L'école professionnelle qui a, de son côté,
150 élèves, forme dans ses diverses sections
des ajusteurs, des charrons, des menuisiers,
de forgerons, des dactylographes pour Jes
P.T.T., des employés pour le chemin de fer.
Je ne me lasse pas d'admirer le matériel, qui
comprend tout l'outillage nécessaire, et la
belle tenue de ces écoliers que j'interroge,
comme ceux de Corée, et qui me surprennent
par la vivacité de leur esprit et la netteté de
leurs réponses.
Ncùs faisons le tour de ville. Aux carre-
fours, des agents, bâton blanc en main, veil-
lent sur la circulation. Comme à Kayes, on a
dû établir, au centre de la ville, le « sens
unique » les conducteurs d'auto indigènes
étant encore plus imprudents, plus fous que les
nôtres.
Kapok et camions
Je vais visiter l'usine de la Socofra (Société
coloniale française de culture et d'importa-
tion). Cette société, actuellement au capital
de 2.400.000 francs a pour but exclusif toutes
tes opérations relatives à l'achat du kapok, en
A.O.F. et le traitement du produit, avant son
expédition en Europe.
La Société achète le kapok que l'indigène
recueille dans toute la région comprise entre
Kayes à l'ouest et Segou-San-Sansanding à
l'est. Le produit brut subit, à l'usine, les opé.
rations de séchage, triage, égrenage, pressage.
Les résultats obtenus sont remarquables. Il
y a quatre ans, l'A.O.F. exportait 50 tonnes
de kapok. Elle en a exporté 1.568 tonnes en
1927 et la seule usine de Bamako compte en
traiter 2.000 tonnes en 1929. Si l'on songe
que les Indes hollandaises fournissent chaque
année, 15 à 20.000 tonnes de kapok, ven-
dues 18 francs le kilog en Europe, on s'ima-
gine l'importance que peut prendre cette ex-
ploitation en A.O.F.
De là, je vais visiter les installations de la
« Compagnie fédérale Soudanaise » de Trans-
ports, sous l'aimable direction de son adminis-
trateur-délégué, M. Raffin ; un vaste hangar-
garage où je trouve 6 ou 7 grands camions
de 3 tonnes et un grand auto-car fermé, pou-
vant contenir 40 voyageurs assis, un atelier de
recapage et de réfection totale de pneumati-
ques (le premier installé en A.O.F.) de vastes
cours, des bâtiments d'habitation pour le per-
sonnel. Aujourd'hui, des camions sont en
route sur tous les chemins du Soudan, un
auto-car, comme celui que je viens de voir
dans le garage, roule vers la Côte d'Ivoire.
En quittant les hangars de la Compagnie
fédérale, et en traversant le quartier indigène
de Bamako, aux larges avenues, bordées de
jeunes arbustes et parfaitement entretenues, je
me retourne vers la brousse désolée des bords
du fleuve, je songe aux plantations de Diakan-
dapé, aux usines et aux camions de Bamako,
et j'ai, pour la première fois, une impression
nette de ce que sera l'A.O.F. de demain.
La mission d'inauguration en canot à moteur
sur le canal de Sotuba.
Mardi 12 février.
Inauguration du canal de Sotuba.
Tandis que nous embarquons dans le canot
à moteur qui doit nous conduire à la digue de
Sotuba, le guignol soudanais agite ses marion-
nettes,. dans les barques indigènes, en notre
honneur, mais nous sommes surtout impres-
sionnés par le majestueux spectacle du Ni-
ger, étalé sur plus d'un kilomètre de largeur
sous le soleil de feu.
L'inauguration du canal se déroule suivant
les rites classiques sous le baptême verbal des
discours officiels.
Le canal de Sotuba
Ce magnifique ouvrage fait honneur à ceux
qui l'ont conçu et exécuté. Ce canal de 22
kilomètres de longueur, et qui comportait de
nombreux et considérables ouvrages d'art, a
été commencé en décembre 1925 et mis en
eau le 17 octobre 1928 sur une longueur de
15 kilomètres. Il a donc été construit en moins
de trois ans. et dans des conditions telles que
la mortalité, parmi les 3.000 travailleurs indi-
gènes occupés, a été inférieure à la moyenne
constatée chez les autochtones de même âge
et de même condition, dans les villages de la
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Ce canal servira à irriguer une région de
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