Titre : Journal d'agriculture tropicale : agricole, scientifique et commercial / dir. Jean Vilbouchevitch
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-10-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343782789
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 octobre 1912 31 octobre 1912
Description : 1912/10/31 (A12,N136). 1912/10/31 (A12,N136).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64468353
Source : CIRAD, 2012-235759
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
302 JOURNAL D AGRICULTURE TROPICALE N° 136 — OCT 1912
les feux récemment autorisés, puis rendus
plus violents par l'abondance des herbes
sèches qui s'étaient accumulées au cours
des années précédentes, ont bien fait périr
une très grande quantité d'arbres; mais
Les incendies annuellement répétés, et
pourtant moins violents, ne produisent
pas d'ordinaire pareil effet et ne font pas
disparaître les arbres entièrement. Les
pieds adultes, tout en souffrant et dépé-
rissant visiblement, persistent pendant
longtemps encore. Le mal est aillew's; et
il consiste en ceci, que tout tapia roussi
par les flammes, ne fructifie pas l'année
suivante, et que, d'autre part, tous les
jeunes plants qui propagent et perpétuent
l'espèce sont totalement détruits par l'in-
cendie. 1
En d'autres termes, les feux dp brousse
empêchent les tapias de se reproduire et
de se réensemencer naturellement. Et que
le Gouvernement de la colonie n'oublie
pas que s'il est une loi inéluctable dans
la Nature, c'est bien celle-ci : que toute
espèce qui ne se reproduit plus est en voie
de disparition.
Remarquons, d'ailleurs, que ce n'est pas
le Service de Colonisation ou le Sous-Ser-
vice d'Agriculture qui ont donné l'auto-
risation de revenir à la pratique des feux.
L'autorisation a été de source purement
administrative, c'est-à-dire donnée par
des personnalités qui étaient évidemment
animées des meilleures intentions, mais
qui, n'ayant pas de compétence particu-
lière, ont été facilement convaincues par
la raison, d'apparence solide, qu'a donnée
l'adjudicataire, sans se douter un seul
instant de la complexité de la question, et
des faits non plus que des conséquences
que nous venons d'exposer.
C'est malheureusement dans les mêmes
conditions, et parce qu'il était tout aussi
mal renseigné, que le Gouvernement local
a récemment fait enjoindre aux indigènes
d'un Cercle de ne plus saigner dorénavant
que les racines des arbres à caoutchouc.
Ceci dans l'intention très louable d'empê-
cher ces indigènes de détruire les essences
caoutchoutifères arborescentes comme ils
l'ont fait jusqu'ici, et justement en arra-
chant ces arbres et en saignant jusqu'aux
racines.
A chacun son métier ; toutes ces ques-
tions devraient être du ressort exclusif des
services techniques. De même que c'est
à des Revues comme celle-ci — et c'-est
pourquoi nous avons rédigé cet article —1
qu'il appartient d'envisager et de faire
voir sous leurs diverses faces -tous ces pro-
blèmes si complexes d'agriculture, de syl-
viculture et d'élevage.
Pour en revenir à nos tapias, il faut
donc absolument renoncer, si l'on veut
les conserver, aux errements passés.
Brûler les bois de tapias pour obtenir
plus de landibés, c'est là un geste aussi
fou, aussi dénué de bon sens que le serait
celui d'un propriétaire de bois de pins qui
allumerait de grands feux au pied de cha-
cun de ses arbres pour augmenter la pro-
duction de résine. Sans aucun doute, la
résine coulerait bien ainsi plus abondam-
ment, mais les pins périraient, et il fau-
drait attendre ensuite bien longtemps
avant d'en obtenir de semblables. La colo-
nie de Madagascar est trop pauvre pour
agir ainsi ft gaspiller une de ses richesses
naturelles. Il est absolument nécessaire de
préserver contre tous feux de brousse les
bois de tapias ; puis il faut étendre et mul-
tiplier les peuplements de cette précieuse
essence. Nous ajouterons encore qu'il vau-
drait peut-être mieux renoncer au système
de l'adjudication, qui n'intéresse pas assez
le récolteur à la conservation du fonds, et
adopter, aux lieu et place, le système des
permis de récolte, sous la surveillance des
agents de l'Administration.
HENRI PiiRRIER DE LA HÀTlLIE.
les feux récemment autorisés, puis rendus
plus violents par l'abondance des herbes
sèches qui s'étaient accumulées au cours
des années précédentes, ont bien fait périr
une très grande quantité d'arbres; mais
Les incendies annuellement répétés, et
pourtant moins violents, ne produisent
pas d'ordinaire pareil effet et ne font pas
disparaître les arbres entièrement. Les
pieds adultes, tout en souffrant et dépé-
rissant visiblement, persistent pendant
longtemps encore. Le mal est aillew's; et
il consiste en ceci, que tout tapia roussi
par les flammes, ne fructifie pas l'année
suivante, et que, d'autre part, tous les
jeunes plants qui propagent et perpétuent
l'espèce sont totalement détruits par l'in-
cendie. 1
En d'autres termes, les feux dp brousse
empêchent les tapias de se reproduire et
de se réensemencer naturellement. Et que
le Gouvernement de la colonie n'oublie
pas que s'il est une loi inéluctable dans
la Nature, c'est bien celle-ci : que toute
espèce qui ne se reproduit plus est en voie
de disparition.
Remarquons, d'ailleurs, que ce n'est pas
le Service de Colonisation ou le Sous-Ser-
vice d'Agriculture qui ont donné l'auto-
risation de revenir à la pratique des feux.
L'autorisation a été de source purement
administrative, c'est-à-dire donnée par
des personnalités qui étaient évidemment
animées des meilleures intentions, mais
qui, n'ayant pas de compétence particu-
lière, ont été facilement convaincues par
la raison, d'apparence solide, qu'a donnée
l'adjudicataire, sans se douter un seul
instant de la complexité de la question, et
des faits non plus que des conséquences
que nous venons d'exposer.
C'est malheureusement dans les mêmes
conditions, et parce qu'il était tout aussi
mal renseigné, que le Gouvernement local
a récemment fait enjoindre aux indigènes
d'un Cercle de ne plus saigner dorénavant
que les racines des arbres à caoutchouc.
Ceci dans l'intention très louable d'empê-
cher ces indigènes de détruire les essences
caoutchoutifères arborescentes comme ils
l'ont fait jusqu'ici, et justement en arra-
chant ces arbres et en saignant jusqu'aux
racines.
A chacun son métier ; toutes ces ques-
tions devraient être du ressort exclusif des
services techniques. De même que c'est
à des Revues comme celle-ci — et c'-est
pourquoi nous avons rédigé cet article —1
qu'il appartient d'envisager et de faire
voir sous leurs diverses faces -tous ces pro-
blèmes si complexes d'agriculture, de syl-
viculture et d'élevage.
Pour en revenir à nos tapias, il faut
donc absolument renoncer, si l'on veut
les conserver, aux errements passés.
Brûler les bois de tapias pour obtenir
plus de landibés, c'est là un geste aussi
fou, aussi dénué de bon sens que le serait
celui d'un propriétaire de bois de pins qui
allumerait de grands feux au pied de cha-
cun de ses arbres pour augmenter la pro-
duction de résine. Sans aucun doute, la
résine coulerait bien ainsi plus abondam-
ment, mais les pins périraient, et il fau-
drait attendre ensuite bien longtemps
avant d'en obtenir de semblables. La colo-
nie de Madagascar est trop pauvre pour
agir ainsi ft gaspiller une de ses richesses
naturelles. Il est absolument nécessaire de
préserver contre tous feux de brousse les
bois de tapias ; puis il faut étendre et mul-
tiplier les peuplements de cette précieuse
essence. Nous ajouterons encore qu'il vau-
drait peut-être mieux renoncer au système
de l'adjudication, qui n'intéresse pas assez
le récolteur à la conservation du fonds, et
adopter, aux lieu et place, le système des
permis de récolte, sous la surveillance des
agents de l'Administration.
HENRI PiiRRIER DE LA HÀTlLIE.
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