Titre : Journal d'agriculture tropicale : agricole, scientifique et commercial / dir. Jean Vilbouchevitch
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-10-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343782789
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6892 Nombre total de vues : 6892
Description : 31 octobre 1912 31 octobre 1912
Description : 1912/10/31 (A12,N136). 1912/10/31 (A12,N136).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k64468353
Source : CIRAD, 2012-235759
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/02/2013
N° 136 — OCT. 1912 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE 301
épaisse, et aussi, d'autre part, les stats
rocailleux qu'elle affectionne l'ont partiel-
lement préservée de la destruction, tandis
que, au contraire, presque toutes les autres
espèces arborescentes du plateau central
disparaissaient progressivement, sous l'ac-
tion continue de ces feux de brousse qui,
chaque année, en saison sèche, rasent
toute la végétation de la région.
Avec quelques-unes de ces espèces,
devenues donc, pour cette raison, plus ou
moins rares, le lapia est une essence fores-
tière de grande valeur. Dans une contrée
où aujourd'hui le bois manque à peu près
totalement, il serait excellent pour reboi-
ser ces collines et ces montagnes du pla-
teau central, que ne couvrent plus guère
que des Graminées dures et coriaces, inuti-
lisables comme fourrage.
Là, d'ailleurs, n'est pas seulement l'uti-
lité des tapias, puisque les feuilles sont
l'aliment préféré du landibé (Borocero
madagascariensis), ver à soie indigène dont
les cocons sont l'objet d'un grand com-
merce parmi les indigènes du Betsileo et
de l'Imerina.
Chaque année, la récolte des cocons
venus naturellement et sans soins sur les
tapias est mise en adjudication par le
Gouvernement de la colonie. En 1912, cette
adjudication a rapporté la jolie somme de
50.000 francs.
En présence de tels résultats, il sem-
blerait rationnel et il serait à souhaiter que
la colonie fît quelques efforts, non seule-
ment pour protéger les peuplements exis-
tants, mais encore pour les étendre sur
tous ces terrains stériles auxquels le tapia
seul peut donner quelque valeur.
A vrai dire, si l'Administration n'a pas
encore tenté ce repeuplement, elle a, du
moins, tenté, à un moment donné, d'ar-
rêter la destruction. Et les feux étaient
interdits, en ces dernières années, aux
alentours des bois de tapias.
Mais cette année, à la suite d'une récla-
mation d'un adjudientaire qui se trouvait
trop fortement taxé, comparativement à la
récolte qu'il pouvait espérer, l'interdiction
a été levée.
Pour arriver à ce résultat, l'adjudicataire
a invoqué une raison curieuse. Il a pré-
tendu— et c'était aussi l'avis de tous les
indigènes — que la récolte des cocons était
plus abondante sur les tapias incendiés que
sur ceux restés indemnes; et l'explication
du fait était, selon lui, que le feu détruit
une grande quantité de parasites animaux
ou même végétaux.
Il est bien évident que les feux de brousse
n'ont, en réalité, aucun effet sur les mala-
dies cryptogamiques (dont la flacherie est
la plus fréquente) et ne nuisent pas plus
aux parasites du landibé qu'au landibé lui-
même, dont les chenilles vont ordinaire-
ment chercher dans les Graminées sèches
un refuge contre le froid. Il y a cependant
une petite part de vérité dans l'assertion
de l'ajudicataire. En fin de saison sèche,
les chenilles de landibé sont parfois telle-
ment nombreuses sur un seul arbre que les
tapias sont complètement dépourvus de
toute feuille bien avant l'apparition des
feuilles nouvelles, qui n'a lieu qu'en
octobre et novembre ; et la conséquence est -
naturellement que toutes ces chenilles
meurent de faim. La récolte suivante est
d'autant diminuée. Par contre, le coup de
feu de l'incendie force l'arbre à donner de
nouvelles pousses à contre-saison; et ces
nouvelles pousses, vigoureuses et couvertes
de feuilles tendres, suffisent pour assurer
la nourriture de nombreuses chenilles qui,
autrement, n'auraient pu attendre le prin-
temps.
Dans ces conditions, la pratique des
feux de brousse offre un avantage plus ou
moins réel à l'adjudicataire, qui n'est, en
somme, intéressé qu'à la prochaine récolte
et se murmure intérieurement : « Après
moi le déluge ! »
Mais pour le propriétaire, c'est-à-dire,
dans le cas présent, pour la colonie, rien
n'est plus contraire à ses véritables inté-
rêts.
Non pas que les feux de brousse détrui-
sent radicalement les tapias. Cette annéo,
épaisse, et aussi, d'autre part, les stats
rocailleux qu'elle affectionne l'ont partiel-
lement préservée de la destruction, tandis
que, au contraire, presque toutes les autres
espèces arborescentes du plateau central
disparaissaient progressivement, sous l'ac-
tion continue de ces feux de brousse qui,
chaque année, en saison sèche, rasent
toute la végétation de la région.
Avec quelques-unes de ces espèces,
devenues donc, pour cette raison, plus ou
moins rares, le lapia est une essence fores-
tière de grande valeur. Dans une contrée
où aujourd'hui le bois manque à peu près
totalement, il serait excellent pour reboi-
ser ces collines et ces montagnes du pla-
teau central, que ne couvrent plus guère
que des Graminées dures et coriaces, inuti-
lisables comme fourrage.
Là, d'ailleurs, n'est pas seulement l'uti-
lité des tapias, puisque les feuilles sont
l'aliment préféré du landibé (Borocero
madagascariensis), ver à soie indigène dont
les cocons sont l'objet d'un grand com-
merce parmi les indigènes du Betsileo et
de l'Imerina.
Chaque année, la récolte des cocons
venus naturellement et sans soins sur les
tapias est mise en adjudication par le
Gouvernement de la colonie. En 1912, cette
adjudication a rapporté la jolie somme de
50.000 francs.
En présence de tels résultats, il sem-
blerait rationnel et il serait à souhaiter que
la colonie fît quelques efforts, non seule-
ment pour protéger les peuplements exis-
tants, mais encore pour les étendre sur
tous ces terrains stériles auxquels le tapia
seul peut donner quelque valeur.
A vrai dire, si l'Administration n'a pas
encore tenté ce repeuplement, elle a, du
moins, tenté, à un moment donné, d'ar-
rêter la destruction. Et les feux étaient
interdits, en ces dernières années, aux
alentours des bois de tapias.
Mais cette année, à la suite d'une récla-
mation d'un adjudientaire qui se trouvait
trop fortement taxé, comparativement à la
récolte qu'il pouvait espérer, l'interdiction
a été levée.
Pour arriver à ce résultat, l'adjudicataire
a invoqué une raison curieuse. Il a pré-
tendu— et c'était aussi l'avis de tous les
indigènes — que la récolte des cocons était
plus abondante sur les tapias incendiés que
sur ceux restés indemnes; et l'explication
du fait était, selon lui, que le feu détruit
une grande quantité de parasites animaux
ou même végétaux.
Il est bien évident que les feux de brousse
n'ont, en réalité, aucun effet sur les mala-
dies cryptogamiques (dont la flacherie est
la plus fréquente) et ne nuisent pas plus
aux parasites du landibé qu'au landibé lui-
même, dont les chenilles vont ordinaire-
ment chercher dans les Graminées sèches
un refuge contre le froid. Il y a cependant
une petite part de vérité dans l'assertion
de l'ajudicataire. En fin de saison sèche,
les chenilles de landibé sont parfois telle-
ment nombreuses sur un seul arbre que les
tapias sont complètement dépourvus de
toute feuille bien avant l'apparition des
feuilles nouvelles, qui n'a lieu qu'en
octobre et novembre ; et la conséquence est -
naturellement que toutes ces chenilles
meurent de faim. La récolte suivante est
d'autant diminuée. Par contre, le coup de
feu de l'incendie force l'arbre à donner de
nouvelles pousses à contre-saison; et ces
nouvelles pousses, vigoureuses et couvertes
de feuilles tendres, suffisent pour assurer
la nourriture de nombreuses chenilles qui,
autrement, n'auraient pu attendre le prin-
temps.
Dans ces conditions, la pratique des
feux de brousse offre un avantage plus ou
moins réel à l'adjudicataire, qui n'est, en
somme, intéressé qu'à la prochaine récolte
et se murmure intérieurement : « Après
moi le déluge ! »
Mais pour le propriétaire, c'est-à-dire,
dans le cas présent, pour la colonie, rien
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sent radicalement les tapias. Cette annéo,
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