N° 44 — FÉVR. 1905 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE 45
une concurrence sérieuse à Ceylan. Mais il
règne une grande confusion quant aux for-
mes botaniques dont il s'agit ; l'auteur est
en train d'élucider ce côté de la question,
s'étant fait envoyer à cet effet des spécimens
des pays les plus variés.
A en juger par l'exposé qu'en fait M.
SAWER, la question de l'identité botanique
des Andropogon désignés, dans les différents
pays et par les différents auteurs, comme
produisant l'essence de lemon-grass, est
encore plus controversée que pour l'essence
de citronelle. Nous nous déclarons incapa-
ble, n'étant pas botaniste de carrière, de
tirer aucune conclusion de la bibliographie
citée.
Quoi qu'il en soit, le grand centre d'exploi-
tation de l'essence de lemon-grass est Cochin,
sur la côte de Malabar, bien que la plante
paraisse exister aussi, toujours plus ou moins
modifiée, à Singapore, à Ceylan, au Came-
roun, sur la côte ouest du Mexique, au Bré-
sil, aux Antilles, etc.
De 1893 à 1903, Cochin a exporté annuel-
lement des quantités d'essence de lemon-
grass variantentre 58.000 et 40.000 bouteilles,
d'une capacité d'environ 620 grammes.
Le Département d'Agriculture des Antilles
anglaises s'applique, çaraît-il, à propager,
dans son ressort, la production des essences
de citronelle et de lemon-grass. Les essen-
ces de cette origine, nous dit M. SAWER,
ne pourront d'ailleurs jamais déplacer de
tous leurs emplois celles d'Asie, car elles ne
leur sont pas chimiquement identiques. Elles
n'en trouveront pas moins certains débou-
chés spéciaux excellents.
Ce que nos lecteurs auront à retenir sur-
tout'de notre analyse du mémoire de M. SA-
WER faite, en quelque sorte, à bâtons rompus,
c'est que ce savant avait entrepris l'étude ap-
profondie du sujet. Il est vraiment malheu-
reux que la mort soit venue interrompre un
travail aussi bien commencé.
*
* *
M. WILLIS, directeur des jardins botani-
ques de Ceylan, s'occupe beaucoup, lui
aussi, des Andropogon à parfums et, à la suite
de l'article de M. SAWER, il vient de préciser
un point de la plus haute importance: Dans les
culture de citronelle de Ceylan, il y a lieu de
distinguer deux variétés botaniques, de végé-
tation et de rendement différents ; la forme
sauvage en constitue une troisième. Nous
donnerons, dans un prochain numéro, la
lettre de M. WILLIS qui annonce aussi, pour
bientôt, un mémoire complet sur la matière
Extraction du Caoutchouc de Kickxia
D'après l'Instruction de M. VON STEIN
Le Funiumia( Kickxia) elastica est Je seul arbre
à caoutchouc d'Afrique que tout le monde s'ac-
corde à reconnaître digne d'être mis en culture.
Il en existe déjà de vastes plantations chez les
Allemands et les Anglais , mais aucune n'est en-
core en âge d'être exploitée.
L'instruction qui suit, et que nous empruntons
à un article de M. VON STEIN dans le « Tropen-
pflanzer » de novembre 1904 (pp. 597-611), s'ap-
puie uniquement sur l'expérience acquise dans
les peuplements naturels. Il n'y aurait rien d'é-
tonnant à ce que les entreprises européennes
adoptent un mode opératoire différent, le jour où
elles entreront en exploitation à leur tour. L'in-
cision en arête de poisson est considérée, en
effet, -dans les pays classiques du caoutchouc, —
comme un procédé plutôt grossier; toutefois, il
mode de sai-
gnée ne convient pas à toutes les espèces bota-
niques.
Le mémoire de M. VON STEIN, qui est un
fonctionnaire allemand du Cameroun (adminis-
trateur du Sanga-Nyoko), contient, en plus des
conseils résumés ci-après, des considérations fort
intéressantes sur les dispositions de police fores-
tière à préconiser dans les pays de Kickxia ; il
est, par contre, très pauvre en indications bota-
niques et agricoles. — N. D. L. R.
*
N » *
1. — L'arbre soumis à la saignée doit
avoir au moins l'épaisseur d'un bras; de
plus, les entailles provenant de saignées an-
térieures devront être complètement cica-
trisées.
2. On peut saigner en toute saison. Le ren-
