33o JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N- 17 - Nov. 1902
La maladie vermiculaire des Bananiers
Symptômes. — Remèdes. — Caractère omnivore de l'Heterodera radicicola.
D'après M. le Dr DELACROIX
Une maladie grave attaque depuis plus de
trois ans les bananiers cultivés dans les
environs d'Alexandrie qui appartiennent à
l'espace botanique Musa sinensis (M. Caven-
dishii). Les plantes atteintes cessent bientôt
de croître ; les extrémités des jeunes feuilles
se dessèchent, noircissent et pourrissent, et
le ironc ne tarde pas à subir le même sort.
Mais, au préalable, il a produit d'autres
feuilles qui ne prennent qu'un développe-
ment très restreint et en tout cas, il cesse
immédiatement de fructifier. Ses parties
en voie de décomposition répandent une
odeur infecte.
Les recherches du Dr Delacroix, faites
sur des échantillons provenant d'Egypte, et
publiées dans le n° 6 du ( Bulletin du Jardin
Colonial » (i), lui ont permis d'y trouver
uneanguillule, l'Heterodera radicicola, sous
toutes ses formes — mâles, femelles, larves
et œufs — et il la considère comme la cause
du mal.
Le genre Heterodera est caractérisé par la
forme arrondie de l'abdomen, dans lafemelle
adulte. Cet abdomen démesurément hyper-
trophié renferme des quantités d'œufs
ovoïdes. Les anguillules pénètrent dans les
tissus pour l'espèce actuelle (H. radicicola)
et l'irritation produite par l'anguillule sur
la plante amène, de la part de celle-ci une
réaction qui se traduit par des tuméfactions,
des iubérosités de formes variées qui appa-
raissent sur les racines ; ces tubérosités n'ont
qu'une vitalité faible, pourrissent rapide-
ment et entraînent la pourriture de la racine.
La tige qui cesse d'être nourrie par les sucs'
puisés dans le sol par les racines, ne tarde
pas dès lors à péricliter, à mourir et à
pourrir.
Le sol dans lequel pourrissent les racines
atteintes est le véhicule du mal.
UHet&rodera radicicola n'est pas spécial
(y) Sur une maladie vermiculaire des Bananiers
en Egypte, par le Dr Delacroix.
au bananier. M. DELACROIX le signale sur
une foule de plantes: melon, œillet, tomate,
tabac, vigne, pomme de terre, clématite,
pissenlit, laitue, chicorée, carotte, carvi, poi-
rier, pêcher, trèfle, Soya hispida, Erythrina,
Dipsacus, caféier, Strelit:{.ia, Bouvardia,
Anthémis, Fuchsia, Begonia, Ageratum,
théier, cacaoyer, poivrier noir, poivrier
bétel, cotonnier, cow-pea, etc. Et cela dans
toutes les latitudes. Bien que cette anguil-
lule constitue des races propres à chaque
plante, elle peut dans beaucoup de cas, sans
trop de difficultés, passer d'une plante à une
autre.
Le seul agent de destruction qui ait fait ses
preuves est, d'après M. DELACROIX, le sulfure
de carbone qu'on peut employer, soit pour
un traitement d'extinction, soit pour un
traitement d'entretien. L'expérience mon-
trera auquel des deux on devra de préférence
s'attacher. Il est malheureux que les Com-
pagnies de navigation fassent tant d'affaires
pour le transport de ce précieux insecticide.
Le traitement d'extinction comporte l'ar-
rachage et l'incinération sur place des
plantes atteintes et le traitement du sol
auquel l'injection se fera sur le sol nu, légè-
ment humide, après une période fraîche
avec une dose de 2.000 kg. environ à l'hec-
tare. Si l'attaque est localisée par places, on
cernera celles-ci en arrachant une ou deux
rangées de bananiers sains par un fossé plus
profond que la région qu'atteignent les
racines, en rejetant la terre en dedans du
fossé. Danr le sol resté nu, on sèmera très
dru des céréales qui ne sont pas attaquées
par cette anguillule. Le semis dru empê-
chera le développement de plantes adven-
tives, capables d'être atteintes.
Dans le traitement d'entretien ou traite
ment palliatif, on arrachera et brûlera
comme ci-dessus les plantes mortes ou inca-
pables de produire, on cernera les taches
par un fossé et on appliquera le sulfure de
carbone à la dose de 3oo kil. seulement par
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