Titre : Journal d'agriculture tropicale : agricole, scientifique et commercial / dir. Jean Vilbouchevitch
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-10-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343782789
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 octobre 1902 31 octobre 1902
Description : 1902/10/31 (A2,N16). 1902/10/31 (A2,N16).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6377668p
Source : CIRAD, 2012-235759
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2013
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- Sommaire
- ETUDES ET DOSSIERS
- PARTIE COMMERCIALE
- ACTUALITÉS
- .......... Page(s) .......... 312
- .......... Page(s) .......... 313
- .......... Page(s) .......... 315
- .......... Page(s) .......... 316
- .......... Page(s) .......... 317
- .......... Page(s) .......... 318
- .......... Page(s) .......... 318
- .......... Page(s) .......... 319
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- LIVRES NOUVEAUX
- Annonces bibliographiques 233-248 sur papier bleu
- FIGURES
-298 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° 16 — -OCT. 1902
- « A ce propos, laissez-moi vous raconter un
fait très intéressant que je tiens d'un vieil ha-
bitant. Il s'agit de l'âge ancien où la terre,
n'étant pas encore épuisée par des récoltes
successives, produisait abondamment et sans
engrais.' Un brave paysan, originaire de la
Gascogne, et qui dirigeait une des grandes
habitations du Nord de l'île, imagina alors
un procédé de culture qui n'est pas banal,
comme bien vous verrez :
« Il avait partagé toute son habitation en
parcelles de superficies égales entre elles et
ayant la longueur des champs de culture, de
telle sorte que les parcelles en culture alter-
naient avec les parcelles en jachère. Les
cannes étant plantées en rangs distants de
1 m. 5o les uns des autres, chaque parcelle,
de dix rangs seulement, avait donc 15 mètres
de large. Il avait décoré cela du nom pom-
peux de « système décimal », par allusion aux
dix rangs de canne contenues dans chaque
parcelle cultivée.
« Or, pendant que la parcelle en jachère
s'assolait par la végétation spontanée de
toutes les plantes qui poussent naturelle-
ment aux pays chauds — ce qu'on appelle
aux Antilles repos delà terre— il l'amendait
encore en y accumulant tous les déchets de
culture des parcelles adjacentes : herbes
sarclées, feuilles sèches enlevées aux can-
nes,etc. C'était une fumure à long terme qui
durait quelques années pendant lesquelles on
faisait plusieurs récoltes consécutives sur
la parcelle cultivée, et, quand le moment
-était venu de laisser cette dernière reposer
à son tour, la parcelle vois ine se trouvait
ainsi parfaitement amendée et toute prête à
produire de belles récoltes.
« Le système offrait encore cet avantage
qu'il n'y avait pas à charroyer les plants : on
les prenait à côté. Remarquez vous avec
quelle simplicité et élégance le bon paysan
-était arrivé à éliminer un des plus grands
-soucis en agriculture coloniale, celui
occasionné par les difficultés de charroi. -
« C'est làtout un problème, en effet, dont
la solution si pratique mérite, d'être men-
tionnée ici.
« Plus de fumier à charroyer, plus de plants
non plus, rien que des travaux sur place, à
part la récolte à enlever. Il faut avoir con-
duit une habitation aux Antilles, pour sa-
voir ce que cette question de transport vous
occasionne d'ennuis, d'imprévus et de dé-
boires: Cesontdeschemins qui se défoncent
tout d'un coup, à plus d'un mètre de pro-
-fondeur, par l'action corrosive de pluies tor-
rentielles ; et voilà paralysé l'enlèvement de
la récolte. Ce sont des engrais qu'il faut
porter dans les cham ps, des plants à char-
royer à de grandes distances, qui, mis en
dépôt le soir, à mi-route du lieu de destina-
tion, sont balayés par des averses nocturnes
et précipités au fond des ravines, etc. C'est,
enfin, l'entretien et là nourriture si dispen-
dieux des animaux destinés à ces nombreux
charrois !
« Et ne croyez-vous pas qu'on aurait avan-
tage à adapter cette méthode à d'autres cul-
tures où plus d'un trouveraient par là grand
profit?
« Mais, notre ingénieux agriculteur ne
prétendait pas seulement économiser son
temps et sa peine, il poursuivait encore une
augmentation de récolte. Les rieurs ne furent
pas d'abord de son côté, paraît-il, car, en
définitive, son problème consistait à faire
qu'un champ diminué de moitié, quant à la
superficie, produisit autant que s'il fut de-
meuré entier.
« Le temps se chargea, cependant, de justi-
fier ses calculs et de le venger de ses détrac-
teurs, car ses premiers résultats furent égaux
aux meilleurs rendemeuts obtenus alors; et,
il prétendait les dépasser, quand la mort est
venue le surprendre en si bonne passe de
succès.
« Son système fut enterré avec lui, et plus
jamais on n'en entendit parler. Ce qui prouve
combien, en agriculture et, en agriculture
coloniale, surtout, les innovations éprouvent
de difficulté à se faire admettre.
« A cette méthode si sensée je ne reproche
qu'une seule chose, c'est que, par l'accumu-
lation des débris végétaux sur les bandes en
jachère, et par l'existence même de celles-
ci, elle crée, à proximité des cannes, des
lieux favorables au développement et à la
propagation des rats et des insectes qui sont
les pires ennemis de la canne. On sait avec
- « A ce propos, laissez-moi vous raconter un
fait très intéressant que je tiens d'un vieil ha-
bitant. Il s'agit de l'âge ancien où la terre,
n'étant pas encore épuisée par des récoltes
successives, produisait abondamment et sans
engrais.' Un brave paysan, originaire de la
Gascogne, et qui dirigeait une des grandes
habitations du Nord de l'île, imagina alors
un procédé de culture qui n'est pas banal,
comme bien vous verrez :
« Il avait partagé toute son habitation en
parcelles de superficies égales entre elles et
ayant la longueur des champs de culture, de
telle sorte que les parcelles en culture alter-
naient avec les parcelles en jachère. Les
cannes étant plantées en rangs distants de
1 m. 5o les uns des autres, chaque parcelle,
de dix rangs seulement, avait donc 15 mètres
de large. Il avait décoré cela du nom pom-
peux de « système décimal », par allusion aux
dix rangs de canne contenues dans chaque
parcelle cultivée.
« Or, pendant que la parcelle en jachère
s'assolait par la végétation spontanée de
toutes les plantes qui poussent naturelle-
ment aux pays chauds — ce qu'on appelle
aux Antilles repos delà terre— il l'amendait
encore en y accumulant tous les déchets de
culture des parcelles adjacentes : herbes
sarclées, feuilles sèches enlevées aux can-
nes,etc. C'était une fumure à long terme qui
durait quelques années pendant lesquelles on
faisait plusieurs récoltes consécutives sur
la parcelle cultivée, et, quand le moment
-était venu de laisser cette dernière reposer
à son tour, la parcelle vois ine se trouvait
ainsi parfaitement amendée et toute prête à
produire de belles récoltes.
« Le système offrait encore cet avantage
qu'il n'y avait pas à charroyer les plants : on
les prenait à côté. Remarquez vous avec
quelle simplicité et élégance le bon paysan
-était arrivé à éliminer un des plus grands
-soucis en agriculture coloniale, celui
occasionné par les difficultés de charroi. -
« C'est làtout un problème, en effet, dont
la solution si pratique mérite, d'être men-
tionnée ici.
« Plus de fumier à charroyer, plus de plants
non plus, rien que des travaux sur place, à
part la récolte à enlever. Il faut avoir con-
duit une habitation aux Antilles, pour sa-
voir ce que cette question de transport vous
occasionne d'ennuis, d'imprévus et de dé-
boires: Cesontdeschemins qui se défoncent
tout d'un coup, à plus d'un mètre de pro-
-fondeur, par l'action corrosive de pluies tor-
rentielles ; et voilà paralysé l'enlèvement de
la récolte. Ce sont des engrais qu'il faut
porter dans les cham ps, des plants à char-
royer à de grandes distances, qui, mis en
dépôt le soir, à mi-route du lieu de destina-
tion, sont balayés par des averses nocturnes
et précipités au fond des ravines, etc. C'est,
enfin, l'entretien et là nourriture si dispen-
dieux des animaux destinés à ces nombreux
charrois !
« Et ne croyez-vous pas qu'on aurait avan-
tage à adapter cette méthode à d'autres cul-
tures où plus d'un trouveraient par là grand
profit?
« Mais, notre ingénieux agriculteur ne
prétendait pas seulement économiser son
temps et sa peine, il poursuivait encore une
augmentation de récolte. Les rieurs ne furent
pas d'abord de son côté, paraît-il, car, en
définitive, son problème consistait à faire
qu'un champ diminué de moitié, quant à la
superficie, produisit autant que s'il fut de-
meuré entier.
« Le temps se chargea, cependant, de justi-
fier ses calculs et de le venger de ses détrac-
teurs, car ses premiers résultats furent égaux
aux meilleurs rendemeuts obtenus alors; et,
il prétendait les dépasser, quand la mort est
venue le surprendre en si bonne passe de
succès.
« Son système fut enterré avec lui, et plus
jamais on n'en entendit parler. Ce qui prouve
combien, en agriculture et, en agriculture
coloniale, surtout, les innovations éprouvent
de difficulté à se faire admettre.
« A cette méthode si sensée je ne reproche
qu'une seule chose, c'est que, par l'accumu-
lation des débris végétaux sur les bandes en
jachère, et par l'existence même de celles-
ci, elle crée, à proximité des cannes, des
lieux favorables au développement et à la
propagation des rats et des insectes qui sont
les pires ennemis de la canne. On sait avec
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