t54 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° 11 MAI 1902
bagasse de canne, insérée dans le présent
numéro, nous est parvenue le 18 mai ; depuis
dix jours son auteur était enseveli sous les
cendres de la Montagne Pelée. Le Labora-
toire des Fermentations, mentionné par
M. SAUSSINE dans un précédent courrier, a
disparu en même temps que la « Mutualité
agricole », groupement syndical, de création
toute récente, auquel il devait être rattaché.
La « Mutualité agricole » devait reprendre
incessamment la publication du « Bulletin
agricole de la Martinique », revue mensuelle
tout à fait remarquable qui, ayant existé
pendant quelques mois en 1899, avait eu le
temps de donner une série de mémoires
réellement importants, résumant de longues
années d'études, notamment : de M. P. DES
GROTTES, sur la culture du gingembre, de
M. SAUSSINE, sur la fermentation du rhum, de
M. THIERRY sur la maladie vermiculaire du
caféier, ainsi que sur la greffe du cacayoer,
du muscadier et du caféier qu'il a été l'un des
premiers à pratiquer, sinon le premier ; en-
fin, le substantiel rapport de M. LANDES sur
sa mission d'études agricoles au Surinam et
aux Antilles britanniques.
Le premier numéro de la nouvelle série
du « Bulletin » devait paraître en juin.
Nous avons reçu ces jours-ci un abonne-
ment et un mandat de la « Mutualité agri-
cole », signé du président, M. MICHON. Les
mandataires ayant été probablement tous
emportés par la catastrophe, nous allons
verser le montant de cet abonnement à la
souscription publique ouverte en faveur des
victimes survivantes, ainsi que les autres
sommes de même origine, désormais sans
emploi. Il reste en effet, dans l'île même, une
nombreuse population qui a eu la vie sauve,
mais n'a plus de moyens de subsistance, et
en France, des jeunes gens et des familles
qui ont perdu, en même temps que leurs
chefs, leur unique soutien. C'est entre autres,
le cas de Mme LANDES et de ses sept enfants;
espérons que les particuliers et le gouverne-
ment se souviendront que si M. LANDES, au
lieu de consacrer son temps au travail scien-
tifique à la Martinique, avait employé ses
belles facultés à l'édification de sa fortune
personnelle à Bordeaux, sa ville d'origine,
sa famille ne serait pas dans le besoin aujour-
d'hui.
Nous croyons, en outre, que la presse
scientifique a le devoir de faire en sorte que
les travaux et les noms des savants qui vien-
nent de disparaître ne tombent pas dans l'ou-
bli sans laisser d'autre trace que l'expression
d'un fugitif regret. Il y a à faire connaître
leur œuvre et, pour notre part, nous nous y
emploierons. Nous demanderions aussi à
l'Association française pour l'Avancement
des Sciences de faire le nécessaire pour que
soient recueillis, préservés et centralisés les
documents scientiifques de toute nature que
le feu aurait épargnés par hasard. Cette asso-
ciation serait qualifiée également pour entre-
prendre une bibliographie spéciale, et au
besoin une réimpression, des nombreux tra-
vaux des disparus, disséminés dans une mul-
titude de publications périodiques, essen-
tiellement éphémères.
Papier de bagasse
Calcul théorique des avantages comparés
de l'emploi de la bagasse de moulin, comme
combustible et comme pâte à papier.
Par M. G SAUSSINE.
Saint-Pierre (Martinique), 1 mai 1902.
Dans la note que vous avez publiée dans le
n° 4 de votre Journal, concernant le papier
de bagasse (pp. 109-110 : Une sucrerie-pa-
peterie au Texas. Utilisation des bagasst!s d
cannes), on trouve cette restriction que la
méthode ne s'applique qu'aux cossettes de
diffusion. Il faut entendre par là, à mon
avis, que les expériences n'ont été faites que
dans ce cas, les usines travaillant avec des
moulins employant généralement leur ba-
gasse comme combustible. Reste à savoir:
1° Si la transformation de la bagasse en
pâte à papier est aussi facile qu'avec les cos-
settes de diffusion ;
20 Si le prix du papier couvrira dans tous
les cas les frais de fabrication et l'achat du
charbon qu'il faudra substituer à la bagasse.
Or, en ce qui concerne le premier point, il
ne faudrait pas modifier beaucoup la méthode
décrite par M. THIELE. Laissons de côté la
