148 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE N° II MAI 1902
Laissons de côté, pour le moment, la chaux.
Pour l'azote et l'acide phosphorique, les
agronomes européens admettent générale-
ment l'échelle suivante, pour l'appréciation
de la richessse d'une terrre de culture :
2 0/00' très riche
1 à 2 °/00 riche
o,5 à 1 °/00 peu riche
o,5 °/00 très pauvre
Pour la potasse, on admet qu'il y en a suf-
fisamment quand on en dose 10 0/00'
Or, dans les pays chauds et humides, on
observe fréquemment des terres qui, d'après
cette échelle, devraient être très pauvres, et
qui, cependant, portent d'abondantes récol-
tes. M. MUNTZ avait déjà constaté le fait en
analysant certaines terres de Ceylan, du
Cambodge, etc. M. PRUDHOMME avait noté
des observations concordantes à Ceylan, à
Java, à Sumatra et aux Indes.
A Madagascar, le phénomène est frappant;
les analyses y ont souvent accusé une ex-
trême pauvreté du sol, alors que celui-ci est
considéré comme fertile d'après les cultures
qu'il porte; cette contradiction s'est pro-
duite surtout pour des sols situés en climat
franchement tropical, tels que ceux de la
côte Est.
On dirait que les plantes poussant dans ces
conditions sont mieux douées, au point de
vue de leur nutrition, que celles de la zone
tempérée et que, d'une même alimentation,
ils savent tirer un meilleur profit pour leur
développement.
Cependant, ils ne faut pas perdre de vue
qu'une terre faiblement pourvue d'éléments
nutritifs ne peut être que d'une fertilité de
courte durée, à moins qu'il n'y ait restitu-
tion suffisante des principes exportés:
Il y a encore énormément à faire pour
constituer, à l'usage des climats tropicaux,
un corps de doctrine de chimie agronomi-
que aussi complet que ceux qui nous guident
pour l'intelligence des faits agricoles de la
zone tempérée. Rappelons qu'un certain
nombre de savants s'y emploient avec zèle
depuis plusieurs années; voici les noms de
quelques-uns. M. A. DE VILLÈLE à la Réu-
uion, M. P. BONAME à Maurice, M. KELWAY
BAMBER àCeylan, M. MANN dans l'Inde, M. VAN
BEMMELEN pour les sols de Deli (Sumatra),
M. VAN CAPPELLE pour ceux du Surinam,
M. WOHLTMANN pour ceux des colonies alle-
mandes, M. W. MAXWELL autrefois pour les
îles Hawaï et aujourd'hui pour le Queens-
land, M. E. W. HILGARD pour les différents
pays tropicaux en relation avec le labora-
toire de Berkeley; etc., etc. Nous aurons en-
core l'occasion d'en reparler ici-même.
UNE ENTREPRISE DE RAMIE
EN ALGÉRIE
Un procédé de décortication à bon marché.
EDMOND DAZEY : Rapport sur la Ramie.
In-8°; 8 pp. (Communication faite à la
« Société des Agriculteurs d'Algérie »,
dans la séance de décembre 1901). Chez
l'auteur, 49, Bd Bon-Accueil, Alger.
Les premiers essais de ramie en Algérie
datent au moins de 1880. La question de
savoir si l'on peut espérer gagner de l'argent
en cultivant ce textile dans la colonie, a été
amplement et longuement débattue, il n'est
pas dans nos intentions d'y revenir; les per-
sonnes insuffisamment au courant n'ont
qu'à se reporter à l'article de M. CH. RI-
VIÈRE reproduit dans notre cahier de février
(pp. 42-44) du Compte-Rendu du Congrès
de la Ramie, rédigé par ce même savant, ou
encore au Traité d'agriculture algérienne
qu'il a publié en collaboration avec M. LECQ.
La communication de M. E. DAZEY, parue
dans le n° 1 (janvier 1902) du « Bulletin
agricole de l'Algérie et de la Tunisie »,
n'ajoute pas grand'chose à cette face de la
question, car les essais du domaine de Baba-
Ali sur lesquels il se base, ne ocmprennent
encore qu'une très petite surface. M. DAZEY
donne, d'ailleurs, des comptes de culture
fort détaillés, que le défaut de place nous
empêche de transcrire.
Ce qu'il y a d'intéressant dans son cas,
c'est le mode de vente dé la récolte qui séduit
par la simplicité de l'outillage mécanique
employé :
M. DAZEY commence par poser en prin-
cipe que, jusqu'à nouvel ordre, le cultiva-
teur a avantage à se défaire de sa ramie sous
forme de « lanières » (« ribbons » des An-
glais) plutôt que de chercher à produire lui-
