Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1919-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1919 01 janvier 1919
Description : 1919/01/01 (N1)-1919/12/31 (N12). 1919/01/01 (N1)-1919/12/31 (N12).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k98041559
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
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- SOMMAIRE
- Nos 1 et 2
- Nos 3 et 4
- Nos 5 et 6
- .......... Page(s) .......... 107
- .......... Page(s) .......... 111
- Nos 7 et 8
- Nos 9 et 10
BULLETIN DU COMITÉ DE L'AFRIQUE FRANÇAISE
priait de s'expliquer sur sa présence à un meeting
nationaliste, M. Reitz quitta le fauteuil présiden-
tiel qu'il occupait depuis huit ans. et alla prendre
un siège dans la salle. « Je mentirais à mon
passé et à ma conscience, s'écria-t-il, à la stupeur
de l'assemblée, si je ne déclarais pas ,publique-
ment que je suis républicain de cœur et que je
saluerai avec joie l'avènement de la République
en Afrique du Sud, pourvu qu'elle puisse être
établie par des voies pacifiques. »
Des mésaventures amusantes défrayèrent la
chronique locale lors du départ des délégués pour
l'Europe. Ils voulaient s'embarquer sur le Durham
Castle, ancré dans le port du Cap. Mais l'équipage
menaça de se mettre en grève, si le navire prenait
à bord des gens « ayant pactisé avec l'ennemi ».
Deux leaders du Labour Party sud-africain inter-
vinrent en faveur de la délégation, expliquant
que leur mission avait le plus grand intérêt pour
tous. Les représentants de la Compagnie proprié-
taire du bateau, l'Union Castle, joignirent leurs
efforts à ceux des syndicalistes. Les marins res-
tèrent inflexibles.
C'est alors que l'amiral Fitzherbert offrit aux
délégués de les transporter sur le croiseur Mi-
nerva. Après avoir accepté cette invitation, d'une
courtoisie quelque peu ironique, les délégués du-
rent se dédire, sur une injonction de Vieux-Boërs
intransigeants, choqués de voir les apôtre? de l'in-
dépendance voyager sur un bateau de guerre de
Sa Majesté. Ils eurent le tort de vouloir expliquer
ce revirement par de misérables prétextes. Le
fait, exposé à la Chambre, fut tourné en ridicule
et qualifié d'opéra bouffe.
Finalement, ils purent prendre place à bord
d'un vapeur américain qui les débarqua à New-
York ; ils arrivèrent à Londres le 18 avril.
Dans les interviews que le général Hertzog
donna dès son arrivée, il affirma qu'il n'avait
jamais songé à obtenir l'indépendance de son
pays du président Wilson, mais bien du gouver-
nement britannique. « Il n'y a pas de pays, dit-il,
à qui je porte plus de respect qu'à l'Angleterre,
mais cela n'empêche pas que nous regrettions de
ne pas être libres.Les généraux Botha et Smuts
ne représentent pas 10 0/0 de la population hol-
landaise. »
On eut généralement l'impression que le gou-
vernement anglais n'agirait en ces matières que
d'aprèsl'avis du général Botha et de ses collègues.
Le général Hertzog avait l'intention de ne se
rendre à Paris que si la réponse du Premier était
une fin de non-recevoir. Il irait alors soumettre
les vœux du parti à la Conférence de Versailles.
Et tel était alors le robuste optimisme des délégués
que l'autorisation du gouvernement et la déli-
vrance des passeports leur paraissaient choses
toutes naturelles.
Ils n'ont réussi à exprimer leurs vœux ni devant
le gouvernement britannique, ni devant le Conseil
des Puissances. C'est d'ailleurs du président Wil-
son seulementqu'ils espéraientun appui, en vertu
du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Auraient-ils pu exposer leur thèse aux négocia-
teurs de Versailles, que leur geste resterait vain,
car l'opinion anglaise ne permettrait à personne
de discuter de ce qu'elle considère unanimement
comme une affaire intérieure de l'Empire. La
presse rappelle, à ce propos, l'expédition entre-
prise en 1914 contre les rebelles par le général
Botha avec le concours des Hollandais loyalistes
et des Anglais, et n'hésite pas à qualifier de nou-
velle trahison la campagne du général Hertzog.
« L'indépendance dans l'Empire et sous le dra-
peau britannique, disait VAfrican r-Vorld, est la
seule que désire l'Afrique du Sud, et seuls les re-
présentants officiels ,du Dominion auront à signer
le traité de paix. Quant à la demi-douzaine de tou-
ristes que conduit le général Hertzog, ils devront
retourner au Cap sans autre avantage que d'avoir
acquis le sentiment de leur ridicule équipée. »
Ce fut le 3 juin, seulement, qu'après une longue
attente la Délégation nationaliste fut invitée à
présenter ses vœux à M. Lloyd George, à Paris.
M. Hertzog lui déclara tout uniment qu'il venait
réclamer, pour l'ancienne République sud-afri-
caine et pour l'Etat libre d'Orange, le statut na-
tional antérieur à la guerre de 1899-1902. 11 s'ex-
prima dans ce style direct, haché, brutal, grâce
auquel, dans ses meetings électoraux, il enfonçait
ses idées dans l'âme simple et rude des fermiers
boërs.
« Nous sommes envoyés ici par la totalité de
la population que nous représentons. Or, nous.
représentons non une minorité, mais les gens de
toute classe dont l'unique patrie est l'Afrique du
Sud. Une poignée d'Anglais se considèrent là-bas
comme une race supérieure et réclament des pri-
vilèges. Quiconque n'est pas des leurs est traité
de germanophile ou d'agent de l'Allemagne.
« Le sentiment national qui fait notre solidarité
est parfois attribué à une haine de race. Je dé-
clare hautement qu'il n'y a pas de haine de race
chez nous, si vous entendez par là un antago-
nisme entre Hollandais et Anglais dû unique-
ment à leur différence d'origine. La vieille popu-
lation aime l'Afrique du Sud comme l'Anglais
aime l'Angleterre. Elle avait même pour lui, à
leur premier contact, plus de sympathie que pour
tout autre, à cause de son éducation, de ses tra-
ditions, et d'une foule de sentiments difficiles à
expliquer, mais réels et puissants.
« L'Afrique du Sud n'a pas voulu la révolte.
Elle ne veut pas y recourir. La vieille population
continuera à réclamer son indépendance par des
voies constitutionnelles. »
La réponse du premier ministre de l'Empire
britannique, exprimée dans une forme hautaine,
semble clore définitivement pour les nationalistes
sud-africains l'ère des revendications républi-
caines et des délégations, M. Lloyd George les
dépouille avec aisance de chacune de leurs pré-
tentions, les rapetisse, les réduit du rôle de délé-
gués nationaux à celui de factieux sans partisans
et sans mandat. Il leur fait honte de leur infime et
mesquine querelle au sein de l'immense Empire
où règnent partout, dans la paix enfin acquise,
l'ordre et la liberté.
- tü2 -
priait de s'expliquer sur sa présence à un meeting
nationaliste, M. Reitz quitta le fauteuil présiden-
tiel qu'il occupait depuis huit ans. et alla prendre
un siège dans la salle. « Je mentirais à mon
passé et à ma conscience, s'écria-t-il, à la stupeur
de l'assemblée, si je ne déclarais pas ,publique-
ment que je suis républicain de cœur et que je
saluerai avec joie l'avènement de la République
en Afrique du Sud, pourvu qu'elle puisse être
établie par des voies pacifiques. »
Des mésaventures amusantes défrayèrent la
chronique locale lors du départ des délégués pour
l'Europe. Ils voulaient s'embarquer sur le Durham
Castle, ancré dans le port du Cap. Mais l'équipage
menaça de se mettre en grève, si le navire prenait
à bord des gens « ayant pactisé avec l'ennemi ».
Deux leaders du Labour Party sud-africain inter-
vinrent en faveur de la délégation, expliquant
que leur mission avait le plus grand intérêt pour
tous. Les représentants de la Compagnie proprié-
taire du bateau, l'Union Castle, joignirent leurs
efforts à ceux des syndicalistes. Les marins res-
tèrent inflexibles.
C'est alors que l'amiral Fitzherbert offrit aux
délégués de les transporter sur le croiseur Mi-
nerva. Après avoir accepté cette invitation, d'une
courtoisie quelque peu ironique, les délégués du-
rent se dédire, sur une injonction de Vieux-Boërs
intransigeants, choqués de voir les apôtre? de l'in-
dépendance voyager sur un bateau de guerre de
Sa Majesté. Ils eurent le tort de vouloir expliquer
ce revirement par de misérables prétextes. Le
fait, exposé à la Chambre, fut tourné en ridicule
et qualifié d'opéra bouffe.
Finalement, ils purent prendre place à bord
d'un vapeur américain qui les débarqua à New-
York ; ils arrivèrent à Londres le 18 avril.
Dans les interviews que le général Hertzog
donna dès son arrivée, il affirma qu'il n'avait
jamais songé à obtenir l'indépendance de son
pays du président Wilson, mais bien du gouver-
nement britannique. « Il n'y a pas de pays, dit-il,
à qui je porte plus de respect qu'à l'Angleterre,
mais cela n'empêche pas que nous regrettions de
ne pas être libres.Les généraux Botha et Smuts
ne représentent pas 10 0/0 de la population hol-
landaise. »
On eut généralement l'impression que le gou-
vernement anglais n'agirait en ces matières que
d'aprèsl'avis du général Botha et de ses collègues.
Le général Hertzog avait l'intention de ne se
rendre à Paris que si la réponse du Premier était
une fin de non-recevoir. Il irait alors soumettre
les vœux du parti à la Conférence de Versailles.
Et tel était alors le robuste optimisme des délégués
que l'autorisation du gouvernement et la déli-
vrance des passeports leur paraissaient choses
toutes naturelles.
Ils n'ont réussi à exprimer leurs vœux ni devant
le gouvernement britannique, ni devant le Conseil
des Puissances. C'est d'ailleurs du président Wil-
son seulementqu'ils espéraientun appui, en vertu
du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Auraient-ils pu exposer leur thèse aux négocia-
teurs de Versailles, que leur geste resterait vain,
car l'opinion anglaise ne permettrait à personne
de discuter de ce qu'elle considère unanimement
comme une affaire intérieure de l'Empire. La
presse rappelle, à ce propos, l'expédition entre-
prise en 1914 contre les rebelles par le général
Botha avec le concours des Hollandais loyalistes
et des Anglais, et n'hésite pas à qualifier de nou-
velle trahison la campagne du général Hertzog.
« L'indépendance dans l'Empire et sous le dra-
peau britannique, disait VAfrican r-Vorld, est la
seule que désire l'Afrique du Sud, et seuls les re-
présentants officiels ,du Dominion auront à signer
le traité de paix. Quant à la demi-douzaine de tou-
ristes que conduit le général Hertzog, ils devront
retourner au Cap sans autre avantage que d'avoir
acquis le sentiment de leur ridicule équipée. »
Ce fut le 3 juin, seulement, qu'après une longue
attente la Délégation nationaliste fut invitée à
présenter ses vœux à M. Lloyd George, à Paris.
M. Hertzog lui déclara tout uniment qu'il venait
réclamer, pour l'ancienne République sud-afri-
caine et pour l'Etat libre d'Orange, le statut na-
tional antérieur à la guerre de 1899-1902. 11 s'ex-
prima dans ce style direct, haché, brutal, grâce
auquel, dans ses meetings électoraux, il enfonçait
ses idées dans l'âme simple et rude des fermiers
boërs.
« Nous sommes envoyés ici par la totalité de
la population que nous représentons. Or, nous.
représentons non une minorité, mais les gens de
toute classe dont l'unique patrie est l'Afrique du
Sud. Une poignée d'Anglais se considèrent là-bas
comme une race supérieure et réclament des pri-
vilèges. Quiconque n'est pas des leurs est traité
de germanophile ou d'agent de l'Allemagne.
« Le sentiment national qui fait notre solidarité
est parfois attribué à une haine de race. Je dé-
clare hautement qu'il n'y a pas de haine de race
chez nous, si vous entendez par là un antago-
nisme entre Hollandais et Anglais dû unique-
ment à leur différence d'origine. La vieille popu-
lation aime l'Afrique du Sud comme l'Anglais
aime l'Angleterre. Elle avait même pour lui, à
leur premier contact, plus de sympathie que pour
tout autre, à cause de son éducation, de ses tra-
ditions, et d'une foule de sentiments difficiles à
expliquer, mais réels et puissants.
« L'Afrique du Sud n'a pas voulu la révolte.
Elle ne veut pas y recourir. La vieille population
continuera à réclamer son indépendance par des
voies constitutionnelles. »
La réponse du premier ministre de l'Empire
britannique, exprimée dans une forme hautaine,
semble clore définitivement pour les nationalistes
sud-africains l'ère des revendications républi-
caines et des délégations, M. Lloyd George les
dépouille avec aisance de chacune de leurs pré-
tentions, les rapetisse, les réduit du rôle de délé-
gués nationaux à celui de factieux sans partisans
et sans mandat. Il leur fait honte de leur infime et
mesquine querelle au sein de l'immense Empire
où règnent partout, dans la paix enfin acquise,
l'ordre et la liberté.
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