Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1920-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1920 01 janvier 1920
Description : 1920/01/01 (A30,N1)-1920/12/31 (A30,N12). 1920/01/01 (A30,N1)-1920/12/31 (A30,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9788066z
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/07/2017
146 BULLETIN DU COMITE
mais aussi parce que les conditions historiques
de la pénétration anglaise imposent des méthodes
différentes.
Le Nord islamisé, fortement organisé en sul-
tanats, dut être occupé par la force; le Sud, au
contraire, était peuplé de tribus fétichistes ou de
groupes christianisés, les premières tombées au
plus bas degré de l'échelle humaine, les seconds
prêts à recevoir immédiatement l'administration
anglaise.
Or. pour la seule colonie de Lagos, Sir Frederic
Lugard se trouvait en présence de 83 traités passés
à diverses époques par le gouvernement britan-
nique avec les roitelets locaux. Il était impossible
de pratiquer une réforme administrative sérieuse
sans faire table rase de ces conventions, sur les-
quelles les chefs indigènes s'appuyaient pour
refuser toute ingérence anglaise dans leurs affaires
intérieures. Tous avaient conservé leurs armées,
certains avaient établi autour de leur fief des
douanes intérieures.
Profitant du trouble apporté chez les Egbas par
une révolte qui se produisit en 1912 à Abeokuta.
Sir Frederic Lugard imposa une revision des
traités passés par cette tribu turbulente avec les
agents de la Couronne. Les douanes intérieures
furent abolies, une organisation judiciaire nou-
velle mise en vigueur, et tous les traités anté-
rieurs dénoncés. Des résidents furent imposés à
tous les chefs du Sud.
Dans le Nord, le principe adopté par le gouver-
neur général consistait dans un Protectorat pra-
tiqué de la façon la plus libérale : consolider le
pouvoir des souverains locaux, grouper autour
d'eux le plus de villages et de districts possible,
leur inculquer ensuite le sens des responsabilités
et d'une bonne gestion financière, de façon à
pouvoir se décharger sur eux du fardeau de l'ad-
ministration, tel est le but du système adminis-
tratif créé par lui. L'existence de fortes commu-
nautés musulmanes en favorisa la réalisation.
Le résident anglais, placé auprès de chacun de
ces chefs, n'administre ni ne gouverne; la per-
ception des impôts est confiée exclusivement à
des agents indigènes. Le Résident n'a pas d'autre
rôle que de transmettre au chef, auprès duquel il
est accrédité, les instructions du gouverneur gé-
néral et de rendre compte à ce dernier de la façon
dont elles sont exécutées.
Le Nord comprend actuellement 50 budgets
indigènes indépendants, avec un revenu total de
18 millions (1) en 1917, et un fonds de réserve
de 10 millions de francs. Le seul Emirat de Kano
la perçoit 2.800.000 francs de recettes qui restent à
a disposition exclusive de l'administration indi-
gène. Il concourt aux frais des écoles provinciales,
et supporte entièrement la charge de l'Ecole des
Arts et Métiers de Kano. Il en est de même du
Bornou. Les budgets indigènes paient les traite-
ments des juges et fonctionnaires des tribunaux
indigènes, et perçoivent en retour le produit des
droits et amendes. Ils consacrent des sommes
;1- Au taux de 43 francs la liv. st.
importantes aux travaux publics et particulière-
ment à la construction de routes.
Il nous reste à examiner les résultats de la
réforme de Sir Frédéric Lugard au point de vue
du progrès matériel et moral de la Nigéria.
T.
ÉGYPTE
L'échec de la mission Milner. — Lord
Milner et les membres de la Commission d'en-
quête sont rentrés en Angleterre sans avoir pu
remplir leur mission et les Britanniques, en
Egypte, sont toujours dans l'impasse.
Peu de faits nouveaux depuis notre dernière
chronique, mais l'un d'eux compte : lord Allenby
a dû rétablir la censure. De plus, le haut com-
missaire a voulu empêcher l'action des membres
de l'Assemblée législative dont 52, nous l'avons
dit, réunis le 10 mars au Caire dans .la maison
même de Zaghloul Pacha, avaient déclaré le Pro-
tectorat britannique nul et non avenu, proclamé
l'indépendance de l'Egypte et du Soudan confor-
mément aux principes du droit et de la justice,
protesté contre la suspension de l'Assemblée lé-
gislative égyptienne, contre la séparation du
Soudan et de 1 Egypte et contre les projets d'irri-
gation du Soudan qui ne peuvent être entrepris
sans l'assentiment de la nation et serviraient
uniquement des intérêts capitalistes anglais.
Aussi par une proclamation du 16 mars, lord
Allenby a interdit toute réunion de l'Assemblée
législative ou d'un Conseil provincial ou d'un
corps élu quelconque ou des membres de ces
différents corps en leur qualité de membres.
Mais l'opposition égyptienne subsiste, tout
entière, et la mission Milner n'a pu causer qu'avec
quelques individualités. Elle n'a même pas
rompu ce barrage de silence calme qui lui était
opposé.
Le gouvernement britannique n'a encore rien
fait connaître de ses intentions. Sir Yalentine
Chirol, dans le Times, le supplie d'agir vite. Il
avertit une fois de plus les Anglais qu'ils sont
dans l'impasse égyptienne et il leur dit leurs
fautes, notamment l'envahissement des minis-
tères et des hautes administrations par les con-
seillers et fonctionnaires britanniques qui peu à
peu ont refoulé les Egyptiens. Mais peut-être,
tout en concluant qu'il ne faut plus employer le
mot Protectorat, ne dit-il pas assez qu'il y a
autre chose, dans le mouvement national égyp-
tien, le désir de l'indépendance absolue. Le?
idées, en Angleterre, semblent toujours tour-
nées vers l'octroi à l'Egypte de réformes et d'au-
tonomies ou même d'une simple alliance.
Un symptôme curieux et nouveau, que sir V.
Chirol et les Anglais signalent, c'est un mouve-
ment de désaffection envers le sultan Foaad,
mouvement aggravé par l'incertitude du sort du
sultan de Turquie. Le correspondant du Times
dit que le sultan Fouad a aggravé le méconten-
tement de ses sujets musulmans en introduisant
mais aussi parce que les conditions historiques
de la pénétration anglaise imposent des méthodes
différentes.
Le Nord islamisé, fortement organisé en sul-
tanats, dut être occupé par la force; le Sud, au
contraire, était peuplé de tribus fétichistes ou de
groupes christianisés, les premières tombées au
plus bas degré de l'échelle humaine, les seconds
prêts à recevoir immédiatement l'administration
anglaise.
Or. pour la seule colonie de Lagos, Sir Frederic
Lugard se trouvait en présence de 83 traités passés
à diverses époques par le gouvernement britan-
nique avec les roitelets locaux. Il était impossible
de pratiquer une réforme administrative sérieuse
sans faire table rase de ces conventions, sur les-
quelles les chefs indigènes s'appuyaient pour
refuser toute ingérence anglaise dans leurs affaires
intérieures. Tous avaient conservé leurs armées,
certains avaient établi autour de leur fief des
douanes intérieures.
Profitant du trouble apporté chez les Egbas par
une révolte qui se produisit en 1912 à Abeokuta.
Sir Frederic Lugard imposa une revision des
traités passés par cette tribu turbulente avec les
agents de la Couronne. Les douanes intérieures
furent abolies, une organisation judiciaire nou-
velle mise en vigueur, et tous les traités anté-
rieurs dénoncés. Des résidents furent imposés à
tous les chefs du Sud.
Dans le Nord, le principe adopté par le gouver-
neur général consistait dans un Protectorat pra-
tiqué de la façon la plus libérale : consolider le
pouvoir des souverains locaux, grouper autour
d'eux le plus de villages et de districts possible,
leur inculquer ensuite le sens des responsabilités
et d'une bonne gestion financière, de façon à
pouvoir se décharger sur eux du fardeau de l'ad-
ministration, tel est le but du système adminis-
tratif créé par lui. L'existence de fortes commu-
nautés musulmanes en favorisa la réalisation.
Le résident anglais, placé auprès de chacun de
ces chefs, n'administre ni ne gouverne; la per-
ception des impôts est confiée exclusivement à
des agents indigènes. Le Résident n'a pas d'autre
rôle que de transmettre au chef, auprès duquel il
est accrédité, les instructions du gouverneur gé-
néral et de rendre compte à ce dernier de la façon
dont elles sont exécutées.
Le Nord comprend actuellement 50 budgets
indigènes indépendants, avec un revenu total de
18 millions (1) en 1917, et un fonds de réserve
de 10 millions de francs. Le seul Emirat de Kano
la perçoit 2.800.000 francs de recettes qui restent à
a disposition exclusive de l'administration indi-
gène. Il concourt aux frais des écoles provinciales,
et supporte entièrement la charge de l'Ecole des
Arts et Métiers de Kano. Il en est de même du
Bornou. Les budgets indigènes paient les traite-
ments des juges et fonctionnaires des tribunaux
indigènes, et perçoivent en retour le produit des
droits et amendes. Ils consacrent des sommes
;1- Au taux de 43 francs la liv. st.
importantes aux travaux publics et particulière-
ment à la construction de routes.
Il nous reste à examiner les résultats de la
réforme de Sir Frédéric Lugard au point de vue
du progrès matériel et moral de la Nigéria.
T.
ÉGYPTE
L'échec de la mission Milner. — Lord
Milner et les membres de la Commission d'en-
quête sont rentrés en Angleterre sans avoir pu
remplir leur mission et les Britanniques, en
Egypte, sont toujours dans l'impasse.
Peu de faits nouveaux depuis notre dernière
chronique, mais l'un d'eux compte : lord Allenby
a dû rétablir la censure. De plus, le haut com-
missaire a voulu empêcher l'action des membres
de l'Assemblée législative dont 52, nous l'avons
dit, réunis le 10 mars au Caire dans .la maison
même de Zaghloul Pacha, avaient déclaré le Pro-
tectorat britannique nul et non avenu, proclamé
l'indépendance de l'Egypte et du Soudan confor-
mément aux principes du droit et de la justice,
protesté contre la suspension de l'Assemblée lé-
gislative égyptienne, contre la séparation du
Soudan et de 1 Egypte et contre les projets d'irri-
gation du Soudan qui ne peuvent être entrepris
sans l'assentiment de la nation et serviraient
uniquement des intérêts capitalistes anglais.
Aussi par une proclamation du 16 mars, lord
Allenby a interdit toute réunion de l'Assemblée
législative ou d'un Conseil provincial ou d'un
corps élu quelconque ou des membres de ces
différents corps en leur qualité de membres.
Mais l'opposition égyptienne subsiste, tout
entière, et la mission Milner n'a pu causer qu'avec
quelques individualités. Elle n'a même pas
rompu ce barrage de silence calme qui lui était
opposé.
Le gouvernement britannique n'a encore rien
fait connaître de ses intentions. Sir Yalentine
Chirol, dans le Times, le supplie d'agir vite. Il
avertit une fois de plus les Anglais qu'ils sont
dans l'impasse égyptienne et il leur dit leurs
fautes, notamment l'envahissement des minis-
tères et des hautes administrations par les con-
seillers et fonctionnaires britanniques qui peu à
peu ont refoulé les Egyptiens. Mais peut-être,
tout en concluant qu'il ne faut plus employer le
mot Protectorat, ne dit-il pas assez qu'il y a
autre chose, dans le mouvement national égyp-
tien, le désir de l'indépendance absolue. Le?
idées, en Angleterre, semblent toujours tour-
nées vers l'octroi à l'Egypte de réformes et d'au-
tonomies ou même d'une simple alliance.
Un symptôme curieux et nouveau, que sir V.
Chirol et les Anglais signalent, c'est un mouve-
ment de désaffection envers le sultan Foaad,
mouvement aggravé par l'incertitude du sort du
sultan de Turquie. Le correspondant du Times
dit que le sultan Fouad a aggravé le méconten-
tement de ses sujets musulmans en introduisant
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