Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
146 BULLETIN DU COMITÉ
propre à sauvegarder ses intérêts et a développer son pro-
grès. La situation économique actuelle n'échappera pas à
son attention la plus vigilante.
Le Ministère est persuadé que ce programme d'action
répond aux intentions que Votre Hautesse n'a cessé de
nourrir pour le bien de Son peuple. Il sent tout le poids des
responsabilités qu'il assume, mais fort de l'appui bienveil-
lant de Votre Hautesse, et comptant sur la confiance du
pays, il espère mener à bonne fin la tâche qui lui est dé-
volue.
De Votre Hautesse,
le très humble et très dévoué serviteur,
ADLY YEGHEN.
Le nouveau ministère a été accueilli avec un
véritable enthousiasme par les diverses parties
de l'opinion égyptienne :
Pour la première fois dans l'histoire de l'Egypte, écri-
vait Le Journal du Caire, nous avons vu un gouvernement
déclarer à la face du monde qu'il entendait gouverner par
le peuple, pour le peuple et dans l'intérêt du peuple. Quel-
les belles paroles réconfortantes, pleines de belles pro-
messes dans l'avenir! l'i'est-ce pas que le Cabinet actuel
est l'émanation du peuple, qu'il incarne le peuple, qu'il a
l'âme du peuple comme l'âme du peuple est en lui? Cela
est si vrai que la journée du 19 mars restera désormais
célèbre dans les annales de l'Egypte. Il nous aura été
permis de voir une agglomération d'Egyptiens composée
de toutes les classes de la société aller de bonne heure
attendre l'émineut chef du gouvernément à la porte de son
palais et l'accompagner en triomphe jusqu'à son minis-
tère. Toute la route était noire de monde et chacun et tous
portaient en eux la gaîté des jours de grandes fêtes natio-
nales. Dans chaque ministère aussi bien que dans toutes
les rues du Caire, on voyait des manifestants par milliers
exprimant leur allégresse de voir enfin qu'un nouveau
régime tout à fait contraire aux précédents, un régime de
liberté, de tolérance et de justice allait prendre la place
de celui qui vient, il faut l'espérer, de. s'éteindre-pour
toujours.
Dans le programme que nous avons reproduit
ci-dessus Adly pacha avait annoncé son intention
d'agir d'accord avec la délégation égyptienne,
c'est-à-dire, avec ce groupe de nationalistes qui
reconnaît pour son chef Zaghloul pacha et qui a
conduit avec lord Milner les négociations offi-
cieuses de l'été 1920 (1).
Il restait à voir comment cette délégation elle-
même accueillerait ces ouvertures.
Dans les premiers jours d'avril Zaghloul pa-
cha débarquait à Alexandrie. Dans cette ville
d'abord, puis au Caire, il fut reçu avec un
enthousiasme inouï, comme un triomphateur ou
comme le 'sauveur de l'Egypte. Avant de s'em-
barquer à Marseille, il avait, dans un télégramme
au président du Conseil, déclaré qu'à son avis,
c'était à. lui-même, Zagbloul, que devait être
réservée la présidence de la délégation chargée de
négocier avec le gouvernement britannique, et il
avait posé comme condition préalable à toute
négociation, l'acceptation par la Grande-Bre-
tagne des < réserves » qu'il avait faites en 1920.
11 posait donc ses conditions, mais on aurait pu,
d 0 près ses premières déclarations, au lendemain
de son retour, espérer que l'accord pourrait se
faire entre la Délégation et le Cabinet. L'intran-
sigeance croissante du chef de celle-ci le rendit
impossible, et lorsque Adly pacha, se préva-
(1) Voir le Rapport Millier publié in extenso dans nos
Rensei:;:/Ie¡',en!ë coloniaux d'avril^ 1921.
lant de. sa qualité et de son titre, fît connaître
qu'il assumeiait, comme chef du gouvernement
égyptien, la présidence de la délégation officielle
chargée de négocier avec le gouvernement an-
glais, le différend éclata. Dès les derniers jours
d'avril, Zaghloul. déclarait publiquement que le
Cabinet n'était qu'un jouet entre les mains de
l'Angleterre, et que s'il conduisait les négocia-
tions ce serait « Georges V traitant avec Geor-
ges V ».
S'agissait-il vraiment du choc de deux convic-
tions opposées ou est-on en droit de rechercher à
cette divergence quelques-uns de ces motifs ina-
voués et secrets qui, en Orient plus qu'ailleurs,
inspirent souvent les attitudes et dictent la poli-
tique des chefs de partis ? Nous l'ignoronsenco're, '
mais quoi qu'il en soit, dès le 29 avril, le diffé-
rend Aldy-Zaghloul commençait d'avoir sa réper-
cussion dans les masses : ce jour-là, des troubles
se produisirent à Tanta, après la prière du ven-
dredi et il fallut faire venir des troupes du Caire
pour rétablir l'ordre, Cependant le débat se pour-
suivait. Rendu furieux par la scission de six sur
sept des membres de sa propre Délégation natio-
nale qui se déclaraient prêts à soutenir le Cabinet,
surexcité par la désignation des négociateurs du
futur accord, Zaghloul semble s'être résolu à faire
appel aux passions populaires pour soutenir sa
cause. Le 15 mai, des manifestations avaient lieu
en sa faveur, au Caire et à Alexandrie ; elles re-
commencèrent les jours suivants se changeant
vite en véritables émeutes qui firent de nom-
breuses victimes, tant dans 'la foule que dans les
forces de police chargées de rétablir l'ordre.
Au début, les autorités anglaises avaient tenu à
laisser aux autorités égyptiennes le soin de répri-
mer l'émeute et les troupes britanniques étaient
demeurées dans leurs casernes. Cependant, la
situation ayant empiré à Alexandrie, elles inter-
vinrent à la fin de mai sur la demande expresse
du gouverneur de la ville à la suite de troubles
survenus dans la population du port et sur les-
quels une enquête est ouverte. Soixante-neuf tués,
dont une quinzaine d'Européens et près de
300 blessés, tel est le bilan de ces troubles.
Au moment où nous écrivons, il n'est pas en-
core possible d'en démêler, les causes réelles, ni
d'en prévoir les conséquences pour l'avenir des
négociations qui doivent s'engager prochainement
entre les représentants du Sultan et le gouverne-
ment britannique.
Nous essaierons de le faire dans le prochain
numéro du Bulletin.
CONDITIONS D'ADHÉSION AU COMITÉ
Tout Français souscripteur d'une somme annuelle
d'au moins trente francs devient membre adhérent
et recevra pendant l'année le Bulletin mensuel publié
par le Co?nité.
Le chiffre minimum de la cotisation est réduit à
vingt-cinq francs pour les souscriptions personnelles
des fonctionnaires coloniaux, diplomatiques et consu-
laires, de l'armée et des membres de l'enseignement.
propre à sauvegarder ses intérêts et a développer son pro-
grès. La situation économique actuelle n'échappera pas à
son attention la plus vigilante.
Le Ministère est persuadé que ce programme d'action
répond aux intentions que Votre Hautesse n'a cessé de
nourrir pour le bien de Son peuple. Il sent tout le poids des
responsabilités qu'il assume, mais fort de l'appui bienveil-
lant de Votre Hautesse, et comptant sur la confiance du
pays, il espère mener à bonne fin la tâche qui lui est dé-
volue.
De Votre Hautesse,
le très humble et très dévoué serviteur,
ADLY YEGHEN.
Le nouveau ministère a été accueilli avec un
véritable enthousiasme par les diverses parties
de l'opinion égyptienne :
Pour la première fois dans l'histoire de l'Egypte, écri-
vait Le Journal du Caire, nous avons vu un gouvernement
déclarer à la face du monde qu'il entendait gouverner par
le peuple, pour le peuple et dans l'intérêt du peuple. Quel-
les belles paroles réconfortantes, pleines de belles pro-
messes dans l'avenir! l'i'est-ce pas que le Cabinet actuel
est l'émanation du peuple, qu'il incarne le peuple, qu'il a
l'âme du peuple comme l'âme du peuple est en lui? Cela
est si vrai que la journée du 19 mars restera désormais
célèbre dans les annales de l'Egypte. Il nous aura été
permis de voir une agglomération d'Egyptiens composée
de toutes les classes de la société aller de bonne heure
attendre l'émineut chef du gouvernément à la porte de son
palais et l'accompagner en triomphe jusqu'à son minis-
tère. Toute la route était noire de monde et chacun et tous
portaient en eux la gaîté des jours de grandes fêtes natio-
nales. Dans chaque ministère aussi bien que dans toutes
les rues du Caire, on voyait des manifestants par milliers
exprimant leur allégresse de voir enfin qu'un nouveau
régime tout à fait contraire aux précédents, un régime de
liberté, de tolérance et de justice allait prendre la place
de celui qui vient, il faut l'espérer, de. s'éteindre-pour
toujours.
Dans le programme que nous avons reproduit
ci-dessus Adly pacha avait annoncé son intention
d'agir d'accord avec la délégation égyptienne,
c'est-à-dire, avec ce groupe de nationalistes qui
reconnaît pour son chef Zaghloul pacha et qui a
conduit avec lord Milner les négociations offi-
cieuses de l'été 1920 (1).
Il restait à voir comment cette délégation elle-
même accueillerait ces ouvertures.
Dans les premiers jours d'avril Zaghloul pa-
cha débarquait à Alexandrie. Dans cette ville
d'abord, puis au Caire, il fut reçu avec un
enthousiasme inouï, comme un triomphateur ou
comme le 'sauveur de l'Egypte. Avant de s'em-
barquer à Marseille, il avait, dans un télégramme
au président du Conseil, déclaré qu'à son avis,
c'était à. lui-même, Zagbloul, que devait être
réservée la présidence de la délégation chargée de
négocier avec le gouvernement britannique, et il
avait posé comme condition préalable à toute
négociation, l'acceptation par la Grande-Bre-
tagne des < réserves » qu'il avait faites en 1920.
11 posait donc ses conditions, mais on aurait pu,
d 0 près ses premières déclarations, au lendemain
de son retour, espérer que l'accord pourrait se
faire entre la Délégation et le Cabinet. L'intran-
sigeance croissante du chef de celle-ci le rendit
impossible, et lorsque Adly pacha, se préva-
(1) Voir le Rapport Millier publié in extenso dans nos
Rensei:;:/Ie¡',en!ë coloniaux d'avril^ 1921.
lant de. sa qualité et de son titre, fît connaître
qu'il assumeiait, comme chef du gouvernement
égyptien, la présidence de la délégation officielle
chargée de négocier avec le gouvernement an-
glais, le différend éclata. Dès les derniers jours
d'avril, Zaghloul. déclarait publiquement que le
Cabinet n'était qu'un jouet entre les mains de
l'Angleterre, et que s'il conduisait les négocia-
tions ce serait « Georges V traitant avec Geor-
ges V ».
S'agissait-il vraiment du choc de deux convic-
tions opposées ou est-on en droit de rechercher à
cette divergence quelques-uns de ces motifs ina-
voués et secrets qui, en Orient plus qu'ailleurs,
inspirent souvent les attitudes et dictent la poli-
tique des chefs de partis ? Nous l'ignoronsenco're, '
mais quoi qu'il en soit, dès le 29 avril, le diffé-
rend Aldy-Zaghloul commençait d'avoir sa réper-
cussion dans les masses : ce jour-là, des troubles
se produisirent à Tanta, après la prière du ven-
dredi et il fallut faire venir des troupes du Caire
pour rétablir l'ordre, Cependant le débat se pour-
suivait. Rendu furieux par la scission de six sur
sept des membres de sa propre Délégation natio-
nale qui se déclaraient prêts à soutenir le Cabinet,
surexcité par la désignation des négociateurs du
futur accord, Zaghloul semble s'être résolu à faire
appel aux passions populaires pour soutenir sa
cause. Le 15 mai, des manifestations avaient lieu
en sa faveur, au Caire et à Alexandrie ; elles re-
commencèrent les jours suivants se changeant
vite en véritables émeutes qui firent de nom-
breuses victimes, tant dans 'la foule que dans les
forces de police chargées de rétablir l'ordre.
Au début, les autorités anglaises avaient tenu à
laisser aux autorités égyptiennes le soin de répri-
mer l'émeute et les troupes britanniques étaient
demeurées dans leurs casernes. Cependant, la
situation ayant empiré à Alexandrie, elles inter-
vinrent à la fin de mai sur la demande expresse
du gouverneur de la ville à la suite de troubles
survenus dans la population du port et sur les-
quels une enquête est ouverte. Soixante-neuf tués,
dont une quinzaine d'Européens et près de
300 blessés, tel est le bilan de ces troubles.
Au moment où nous écrivons, il n'est pas en-
core possible d'en démêler, les causes réelles, ni
d'en prévoir les conséquences pour l'avenir des
négociations qui doivent s'engager prochainement
entre les représentants du Sultan et le gouverne-
ment britannique.
Nous essaierons de le faire dans le prochain
numéro du Bulletin.
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Tout Français souscripteur d'une somme annuelle
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