Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
72 BULLETIN ¡DU COMITE
l'un de nos efforts pour remplir, en mettant un
peu d'ordre dans l'empire chérifien, la place po-
litique que nous ne pouvions renoncer à y occuper.
Nous tentions alors de parler Maroc, et Berlin ré-
pondait en cherchant à nous amener à causer poli-
tique générale, admission de valeurs allemandes à
la cote de la Bourse de Paris,association obligatoire
de nos nationaux aux siens dans les affaires maro-
caines, en attendant mieux. Notre diplomatie eut
parfois l'imprudente faiblesse de donner des encou-
ragements à ce jeu, comme lorsqu'elle accepta les
clauses économiques ambiguës et entraînantes de
l'accord de février 1909. Cette politique de promis-
cuité financière était systématiquement recherchée
par Berlin Mais tout de même la Wilhelmstrasse
demandait trop : elle voulait forcer les étapes,
recherchait des succès qui auraient été pour nous
des humiliations, et, avant de nous avoir pourris,
elle nous cabra. Même la foule, qui n'avait pas la
vision nette de ce qu'était cette outrageante poli-
tique allemande, en eut le sentiment confus mais
irrité. Elle sentit qu'on nous cherchait querelle à
propos du Maroc et que l'on voulait nous vendre
ce pays, comme on vend un bijou au prix de la
prostitution de la femme qui l'accepte. Et chaque
tentative de cette séduction de reître, 1905, 1908
et 1911, accentua l'éveil et la résistance de la vic-
time espérée. C'est cette éducation faite par l 'Al-
lemagne elle-même qui rendit si facile le consen-
tement de la nation, le 31 juillet 1914, après une
seule semaine de crise, à l'épreuve suprrme :
c'était un orage attendu depuis longtemps qui
éclatait.
Telle fut, dénuée de ses formules mensongères
et de son fatras juridique, la politique marocaine
de l'Allemagne. Elle ne visa jamais que très
subsidiairement le pays qu'elle choisit pour ter-
rain ; et el le ne le fit qu'après avoir, pour se donner
l'appui de l'opinion publique, créé artificielle-
ment dans la nation allemande un appétit maro-
cain que le gouvernement dut ensuite chercher à
satisfaire. Il n'est pas mauvais de le rappeler à
propos du mémoire du prince Lichnowski, qui
condamne cette politique. Plus on la juge avec le
recul que donnent les événements formidables qui
se sont produits depuis lors, et plus on voit com-
bien fut vaine l'accusation de ceux qui décla-
raient que nos « marocains » étaient par leurs
ambitions prématurées la cause des crises interna-
tionales qui se succédaient. Le Maroc n'a pas plus
été la raison de la guerre qu'il n'a été pour nous
une source de faiblesse pendant cette guerre même,
que ses excellents tirailleurs, ses travailleurs
et son concours au ravitaillement nous ont aidés
à soutenir. Il n'a pas été un but pour l'Allemagne,
mais une « occasion », comme l'a expressément
reconnu le chancelier de Bulow lui-même dans
une entrevue avec M. André Tardieu : « occa-
sion » de nous mener à la botte du kaiser par un
mélange de bourrades et de caressantes pro-
messes. Si cette politique n'a pas réussi, c'est
parce qu'elle était celle d'un « costaud » de bar-
rière qui prendrait une grande dame pour une
fille. Elle s'inspirait d'un mépris foncier prove-
nant lui-même de l'ignorance du caractère de la
France que l'on voulait subjuguer par ces procé-
dés outrageants. Nulle part le manque de psycho-
logie, la pédanterie des Allemands ne se sont
révélées plus énormes Les docteurs d'outre-
Rhin se sont mépris sur notre décadence et leurs
diplomates, aussi peu souples d'esprit, les ont
suivis. L'étonnement qu'inspire le mémoire du
prince Lichnowski n'est pas qu'il condamne la
politique marocaine de la Wiihelmstrasse, mais
bien que, acceptant de se compromettre à le faire,
il ne l'ait pas fait avec une plus vigoureuse ri-
gueur. L'histoire et- nos justes rancunes ne sau-
raient s'en tenir au vague de son réquisitoire. La
diplomatie de l'Allemagne depuis 1905 mérite tout
autant d'entretenir notre haine que toutes les
infamies commises contre les blessés, les prison-
niers, les populations envahies et les monuments :
toute la goujaterie de la guerre allemande était
déjà dans la politique qui l'a préparée.
Le traité colonial. — Voici maintenant le long
passage que consacre le prince Lichnowski à '
l'autre question africaine qu il aborde dans son
mémoire, les projets d'entente anglo -allemande
touchant 1 avenir de 1 empire colonial du Por-
tugal. Nous avons parlé plus haut de l'étrange
faiblesse que ce partage anticipé du domaine por-
tugais révèle chez sir Edward Grey et dans toute
la politique du gouvernement dont il faisait partie;
nous n'y reviendrons pas. Le lecteur peut d'ail-
leurs s'édifier lui-même : il y a quelque chose d'un
peu pénible dans la révélation des complaisances
qu'avait le gouvernement britannique dans l'es-
poir d'apai;-er 1 appétit allemand, et sans qu'on
voie apparaître 1 idée d'aucune garantie d'une
limitation quelconque de l'impérialisme germa-
nique après qu'il aurait été ainsi comblé. Il con-
vient d ailleurs d observer que nous n'avons
encore sur ce sujet que le son de cloche du prince
Lichnowski à qui nous rendons maintenant la
parole :
Le traité colonial.
Les bonnes relations, empreintes de confiance, que j'a-
vais réussi à nouer non seulement dans la société et avec
les personnalités les plus influentes, comme sir Edward
Grey et M. Asquith mais même avec le public anglais, à
1 occasion des « public dinners », avaient amené une amé-
lioration sensible de nos rapports avec l'Angleterre Sir
EJward s efforça loyalement de consolider le rapproche-
ment. Ses intentions se manifestèrent tout particulièrement
à propos de deux questions : celle du traité colonial et
celle du traité relatif à Bagdad.
En 1898, il avait été signé entre le comte Hatzfeld et
M. Bal four une convention secrète qui partageait les colo-
nies portugaises d'Afrique en zones d'intérêts économiques
entre l'Angleterre et nous. Le gouvernement portugais,
n'ayant ni la puissance ni les ressources nécessaires pour
ouvrir a la péué'ration et pour administrer convenablement
s...s vastes possessions, s'était résigné déjà antérieurement
à l'idée de s'en défaire et de mettre par ce moyen de l'ordre
dans ses finance- Un accord entre l'Angleterre et nous,
délimitant les intérêts respectifs des deux Etats, avait été
mis sur pied, et il avait d'autant plus de valeur que,
comme on le sait, le Portugaise trouve sous la dépendance
absolue de l'Angleterre.
l'un de nos efforts pour remplir, en mettant un
peu d'ordre dans l'empire chérifien, la place po-
litique que nous ne pouvions renoncer à y occuper.
Nous tentions alors de parler Maroc, et Berlin ré-
pondait en cherchant à nous amener à causer poli-
tique générale, admission de valeurs allemandes à
la cote de la Bourse de Paris,association obligatoire
de nos nationaux aux siens dans les affaires maro-
caines, en attendant mieux. Notre diplomatie eut
parfois l'imprudente faiblesse de donner des encou-
ragements à ce jeu, comme lorsqu'elle accepta les
clauses économiques ambiguës et entraînantes de
l'accord de février 1909. Cette politique de promis-
cuité financière était systématiquement recherchée
par Berlin Mais tout de même la Wilhelmstrasse
demandait trop : elle voulait forcer les étapes,
recherchait des succès qui auraient été pour nous
des humiliations, et, avant de nous avoir pourris,
elle nous cabra. Même la foule, qui n'avait pas la
vision nette de ce qu'était cette outrageante poli-
tique allemande, en eut le sentiment confus mais
irrité. Elle sentit qu'on nous cherchait querelle à
propos du Maroc et que l'on voulait nous vendre
ce pays, comme on vend un bijou au prix de la
prostitution de la femme qui l'accepte. Et chaque
tentative de cette séduction de reître, 1905, 1908
et 1911, accentua l'éveil et la résistance de la vic-
time espérée. C'est cette éducation faite par l 'Al-
lemagne elle-même qui rendit si facile le consen-
tement de la nation, le 31 juillet 1914, après une
seule semaine de crise, à l'épreuve suprrme :
c'était un orage attendu depuis longtemps qui
éclatait.
Telle fut, dénuée de ses formules mensongères
et de son fatras juridique, la politique marocaine
de l'Allemagne. Elle ne visa jamais que très
subsidiairement le pays qu'elle choisit pour ter-
rain ; et el le ne le fit qu'après avoir, pour se donner
l'appui de l'opinion publique, créé artificielle-
ment dans la nation allemande un appétit maro-
cain que le gouvernement dut ensuite chercher à
satisfaire. Il n'est pas mauvais de le rappeler à
propos du mémoire du prince Lichnowski, qui
condamne cette politique. Plus on la juge avec le
recul que donnent les événements formidables qui
se sont produits depuis lors, et plus on voit com-
bien fut vaine l'accusation de ceux qui décla-
raient que nos « marocains » étaient par leurs
ambitions prématurées la cause des crises interna-
tionales qui se succédaient. Le Maroc n'a pas plus
été la raison de la guerre qu'il n'a été pour nous
une source de faiblesse pendant cette guerre même,
que ses excellents tirailleurs, ses travailleurs
et son concours au ravitaillement nous ont aidés
à soutenir. Il n'a pas été un but pour l'Allemagne,
mais une « occasion », comme l'a expressément
reconnu le chancelier de Bulow lui-même dans
une entrevue avec M. André Tardieu : « occa-
sion » de nous mener à la botte du kaiser par un
mélange de bourrades et de caressantes pro-
messes. Si cette politique n'a pas réussi, c'est
parce qu'elle était celle d'un « costaud » de bar-
rière qui prendrait une grande dame pour une
fille. Elle s'inspirait d'un mépris foncier prove-
nant lui-même de l'ignorance du caractère de la
France que l'on voulait subjuguer par ces procé-
dés outrageants. Nulle part le manque de psycho-
logie, la pédanterie des Allemands ne se sont
révélées plus énormes Les docteurs d'outre-
Rhin se sont mépris sur notre décadence et leurs
diplomates, aussi peu souples d'esprit, les ont
suivis. L'étonnement qu'inspire le mémoire du
prince Lichnowski n'est pas qu'il condamne la
politique marocaine de la Wiihelmstrasse, mais
bien que, acceptant de se compromettre à le faire,
il ne l'ait pas fait avec une plus vigoureuse ri-
gueur. L'histoire et- nos justes rancunes ne sau-
raient s'en tenir au vague de son réquisitoire. La
diplomatie de l'Allemagne depuis 1905 mérite tout
autant d'entretenir notre haine que toutes les
infamies commises contre les blessés, les prison-
niers, les populations envahies et les monuments :
toute la goujaterie de la guerre allemande était
déjà dans la politique qui l'a préparée.
Le traité colonial. — Voici maintenant le long
passage que consacre le prince Lichnowski à '
l'autre question africaine qu il aborde dans son
mémoire, les projets d'entente anglo -allemande
touchant 1 avenir de 1 empire colonial du Por-
tugal. Nous avons parlé plus haut de l'étrange
faiblesse que ce partage anticipé du domaine por-
tugais révèle chez sir Edward Grey et dans toute
la politique du gouvernement dont il faisait partie;
nous n'y reviendrons pas. Le lecteur peut d'ail-
leurs s'édifier lui-même : il y a quelque chose d'un
peu pénible dans la révélation des complaisances
qu'avait le gouvernement britannique dans l'es-
poir d'apai;-er 1 appétit allemand, et sans qu'on
voie apparaître 1 idée d'aucune garantie d'une
limitation quelconque de l'impérialisme germa-
nique après qu'il aurait été ainsi comblé. Il con-
vient d ailleurs d observer que nous n'avons
encore sur ce sujet que le son de cloche du prince
Lichnowski à qui nous rendons maintenant la
parole :
Le traité colonial.
Les bonnes relations, empreintes de confiance, que j'a-
vais réussi à nouer non seulement dans la société et avec
les personnalités les plus influentes, comme sir Edward
Grey et M. Asquith mais même avec le public anglais, à
1 occasion des « public dinners », avaient amené une amé-
lioration sensible de nos rapports avec l'Angleterre Sir
EJward s efforça loyalement de consolider le rapproche-
ment. Ses intentions se manifestèrent tout particulièrement
à propos de deux questions : celle du traité colonial et
celle du traité relatif à Bagdad.
En 1898, il avait été signé entre le comte Hatzfeld et
M. Bal four une convention secrète qui partageait les colo-
nies portugaises d'Afrique en zones d'intérêts économiques
entre l'Angleterre et nous. Le gouvernement portugais,
n'ayant ni la puissance ni les ressources nécessaires pour
ouvrir a la péué'ration et pour administrer convenablement
s...s vastes possessions, s'était résigné déjà antérieurement
à l'idée de s'en défaire et de mettre par ce moyen de l'ordre
dans ses finance- Un accord entre l'Angleterre et nous,
délimitant les intérêts respectifs des deux Etats, avait été
mis sur pied, et il avait d'autant plus de valeur que,
comme on le sait, le Portugaise trouve sous la dépendance
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