Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1917-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1917 01 janvier 1917
Description : 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27). 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97885087
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
72 BULLETIN DU COMITÉ
d'élevage rend moins fréquent, et ode moins en
moins redoutable, le retour des vaches maigres.
Tenez pour certain, mesdames, que le progrès
social ne va pas sans le progrès économique. La
collaboration économique des divers éléments de
la population algérienne est le ferment le plus
actif de leur évolution politique et sociale.
Attendez-vous à voir la collaboration politique
et administrative des indigènes, assez restreinte
jusqu'à présent, s'étendre de plus en plus. C'est
une politique de confiance qui doit présider au
règlement des graves questions mises à l'étude
en vue d'une plus large participation des indi-
gènes aux délibérations des assemblées locales,
et au contrôle des deniers publics, et en vue de
leur accession progressive aux droits civils et
politiques.
Rapprochons les cœurs en même temps que
les intérêts. En même temps que l'idée de justice
que l'idée d'humanité reste l'idée maîtresse de
notre œuvre décolonisation ! [Longs applaudis-
sements.) ' ;
Je ne me suis pas lassé d'appeler l'attention
des administrateurs de l'Algérie sur la nécessité
de développer, et surtout de mieux adapter les
services d'hygiène et d'assistance médicale dans
les douars. D'heureuses institutions, que d'autres
colonies nous ont empruntées, témoignent de la
puissance d'attraction de la science française, et
de la fécondité de ses ressources.
Mais la question la plus délicate sans contredit
la plus complexe, celle qui exige le plus de tact
et de compétence, c'est la question de l'enseigne-
ment indigène. On a beaucoup disserté là-dessus.
Des consultations nous ont été prodiguées, et
aussi des critiques, dont le sens exact m'a souvent
échappé. Si l'on va au fond des choses, on s'aper-
çoit que tout le monde est à peu près d'accord
sur les idées essentielles. Entre les tendances qui
se manifestent, il n'y a pas opposition de prin-
cipe, mais plutôt opposition de méthode.
Il est hors de conteste que l'Algérie a le devoir
de distribuer le plus libéralement possible l'en-
seignement dans les milieux indigènes. Il est non
moins évident que cet enseignement ne doit ja-
mais entreprendre sur la conscience des élèves
confiés à nos maîtres. Mais voici l'observation
que je veux renouveler ici, et qui aussi bien s'ap-
plique, quoique dans une moindre mesure, aux
programmes scolaires de France.
J'ai exprimé le vœu qu'on s'ingéniât à rédiger
des programmes d'études à la fois éclairs, simples
et pratiques, plus souples, inspirés par l'expé-
rience plutôt que par des théories pédagogiques
qui risquent de multiplier le nombre des déclas-
sés. Il s'agit de former des jeunes gens capables
d'évoluer dans leur milieu, plus aptes à y rendre
des services.
J'ai souhaité aussi, qu'à leur sortie de l'école
primaire, le plus grand nombre possible d'élèves
fût attiré dans des écoles professionnelles, agri-
coles, industrielles, artistiques, réparties dans les
différentes régions de la colonie et appropriées
aux productions et aux besoins de chacune d'elles.
Enfin, je me suis prononcé pour la renaissance
des arts musulmans qui, jadis, ont brillé d'un
vif éclat. n
Je suis convaincu que l'art de la broderie et
du tapis, avec le secours des modèles anciens, .'
redeviendra une source de profits, s'il est guidé
et encouragé. Sans avoir la prétention de faire
concurrence aux productions d'Orient, il est pos-
sible et infiniment désirable de reconstituer les
ateliers familiaux dans les villes et les douars. Je
ne vous étonnerai pas en vous disant que mes
tentatives ont été accueillies avec beaucoup d'em-
pressement par les chefs et les notables indigènes.
Voulez-vous que les petites musulmanes se
pressent dans nos écoles ? Comprenez dans le
programme, outre les notions usuelles d'hygiène,
de propreté, de couture, l'apprentissage des in-
dustriesspécialesde la broderie et du tapis.
C'était ,ma joie de rendre visite, dans les cours
quadrangulaires ornées d'arcades, à mes petites
écolières arabes ou kabiles. Elles se paraient pour
me recevoir de leurs plus jolis atours et, gaies,
vives, pimpantes, me soumettaient fièrement
leurs ouvrages aux couleurs chatoyantes. Elles
sont bien filles d Eve, curieuses et pleines de ma-
lice. Il leur arrivait de profiter de la distraction
d'un officier d'ordonnance pour lui dérober son
képi; et quand, rouges de confusion, leurs maî-
tresses me présentaient les excuses de la classe,
j'improvisais une petite scène dont le succès
était toujours assuré. J'annonçais une répression
sévère : toutes les petites mines rieuses se rem-
brunissaient, redevenaient craintives, et j'ordon-
nais alors aux agents de répression d'apparaître ;
deux grands diables de spahis faisaient leur en-
trée, chargés de boîtes de bonbons, qui rame-
naient le rire sur toutes les lèvres. Les gentilles
petites mains applaudissaient, et je me retirais
avec les bénédictions des maîtresses, au milieu
des acclamations d'un accent inimitable poussées
en l'honneur de la France. (Rires. Vils applau-
dissements. )
Succès facile, me direz-vous. J'en conviens ;
il n'y en a pas dont j'ai gardé un meilleur sou-
venir.
L'important, à mon avis, serait de ne pas
laisser s'évaporer le bénéfice de l'école ; ce serait,
par l'organisation d'œuvres post-scolaires, de
creuser et de vivifier le sillon léger tracé par les
leçons élémentaires d'excellentes maîtresses.
Ne pourriez-vous pas, mesdames, concourir à
cette propagande? Tendez la main à vos petites
sœurs d'Algérie ; échangez avec elles des idées
et des ouvrages ; signalez à la mode les produits
de leur travail ; apportez leur quelque chose de
la tendresse, de l intelligence et de l'humanité
qui est en vous.
Elles ne viendront pas jusqu'à vous : vous irez - ^
jusqu'à elles. Vous serez joyeusement accueillies
dans les petitescours mauresques etsous les tentes
de poil roux ; avec le tact et la mesure qui distin-
guent la femme française, vous entrerez en rela,..
d'élevage rend moins fréquent, et ode moins en
moins redoutable, le retour des vaches maigres.
Tenez pour certain, mesdames, que le progrès
social ne va pas sans le progrès économique. La
collaboration économique des divers éléments de
la population algérienne est le ferment le plus
actif de leur évolution politique et sociale.
Attendez-vous à voir la collaboration politique
et administrative des indigènes, assez restreinte
jusqu'à présent, s'étendre de plus en plus. C'est
une politique de confiance qui doit présider au
règlement des graves questions mises à l'étude
en vue d'une plus large participation des indi-
gènes aux délibérations des assemblées locales,
et au contrôle des deniers publics, et en vue de
leur accession progressive aux droits civils et
politiques.
Rapprochons les cœurs en même temps que
les intérêts. En même temps que l'idée de justice
que l'idée d'humanité reste l'idée maîtresse de
notre œuvre décolonisation ! [Longs applaudis-
sements.) ' ;
Je ne me suis pas lassé d'appeler l'attention
des administrateurs de l'Algérie sur la nécessité
de développer, et surtout de mieux adapter les
services d'hygiène et d'assistance médicale dans
les douars. D'heureuses institutions, que d'autres
colonies nous ont empruntées, témoignent de la
puissance d'attraction de la science française, et
de la fécondité de ses ressources.
Mais la question la plus délicate sans contredit
la plus complexe, celle qui exige le plus de tact
et de compétence, c'est la question de l'enseigne-
ment indigène. On a beaucoup disserté là-dessus.
Des consultations nous ont été prodiguées, et
aussi des critiques, dont le sens exact m'a souvent
échappé. Si l'on va au fond des choses, on s'aper-
çoit que tout le monde est à peu près d'accord
sur les idées essentielles. Entre les tendances qui
se manifestent, il n'y a pas opposition de prin-
cipe, mais plutôt opposition de méthode.
Il est hors de conteste que l'Algérie a le devoir
de distribuer le plus libéralement possible l'en-
seignement dans les milieux indigènes. Il est non
moins évident que cet enseignement ne doit ja-
mais entreprendre sur la conscience des élèves
confiés à nos maîtres. Mais voici l'observation
que je veux renouveler ici, et qui aussi bien s'ap-
plique, quoique dans une moindre mesure, aux
programmes scolaires de France.
J'ai exprimé le vœu qu'on s'ingéniât à rédiger
des programmes d'études à la fois éclairs, simples
et pratiques, plus souples, inspirés par l'expé-
rience plutôt que par des théories pédagogiques
qui risquent de multiplier le nombre des déclas-
sés. Il s'agit de former des jeunes gens capables
d'évoluer dans leur milieu, plus aptes à y rendre
des services.
J'ai souhaité aussi, qu'à leur sortie de l'école
primaire, le plus grand nombre possible d'élèves
fût attiré dans des écoles professionnelles, agri-
coles, industrielles, artistiques, réparties dans les
différentes régions de la colonie et appropriées
aux productions et aux besoins de chacune d'elles.
Enfin, je me suis prononcé pour la renaissance
des arts musulmans qui, jadis, ont brillé d'un
vif éclat. n
Je suis convaincu que l'art de la broderie et
du tapis, avec le secours des modèles anciens, .'
redeviendra une source de profits, s'il est guidé
et encouragé. Sans avoir la prétention de faire
concurrence aux productions d'Orient, il est pos-
sible et infiniment désirable de reconstituer les
ateliers familiaux dans les villes et les douars. Je
ne vous étonnerai pas en vous disant que mes
tentatives ont été accueillies avec beaucoup d'em-
pressement par les chefs et les notables indigènes.
Voulez-vous que les petites musulmanes se
pressent dans nos écoles ? Comprenez dans le
programme, outre les notions usuelles d'hygiène,
de propreté, de couture, l'apprentissage des in-
dustriesspécialesde la broderie et du tapis.
C'était ,ma joie de rendre visite, dans les cours
quadrangulaires ornées d'arcades, à mes petites
écolières arabes ou kabiles. Elles se paraient pour
me recevoir de leurs plus jolis atours et, gaies,
vives, pimpantes, me soumettaient fièrement
leurs ouvrages aux couleurs chatoyantes. Elles
sont bien filles d Eve, curieuses et pleines de ma-
lice. Il leur arrivait de profiter de la distraction
d'un officier d'ordonnance pour lui dérober son
képi; et quand, rouges de confusion, leurs maî-
tresses me présentaient les excuses de la classe,
j'improvisais une petite scène dont le succès
était toujours assuré. J'annonçais une répression
sévère : toutes les petites mines rieuses se rem-
brunissaient, redevenaient craintives, et j'ordon-
nais alors aux agents de répression d'apparaître ;
deux grands diables de spahis faisaient leur en-
trée, chargés de boîtes de bonbons, qui rame-
naient le rire sur toutes les lèvres. Les gentilles
petites mains applaudissaient, et je me retirais
avec les bénédictions des maîtresses, au milieu
des acclamations d'un accent inimitable poussées
en l'honneur de la France. (Rires. Vils applau-
dissements. )
Succès facile, me direz-vous. J'en conviens ;
il n'y en a pas dont j'ai gardé un meilleur sou-
venir.
L'important, à mon avis, serait de ne pas
laisser s'évaporer le bénéfice de l'école ; ce serait,
par l'organisation d'œuvres post-scolaires, de
creuser et de vivifier le sillon léger tracé par les
leçons élémentaires d'excellentes maîtresses.
Ne pourriez-vous pas, mesdames, concourir à
cette propagande? Tendez la main à vos petites
sœurs d'Algérie ; échangez avec elles des idées
et des ouvrages ; signalez à la mode les produits
de leur travail ; apportez leur quelque chose de
la tendresse, de l intelligence et de l'humanité
qui est en vous.
Elles ne viendront pas jusqu'à vous : vous irez - ^
jusqu'à elles. Vous serez joyeusement accueillies
dans les petitescours mauresques etsous les tentes
de poil roux ; avec le tact et la mesure qui distin-
guent la femme française, vous entrerez en rela,..
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