Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
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1 x 1 DE L'AFRIQUE FRANÇAISE i7
Pendant les dernières années : construction de chemins de
fer, augmentation des anciennes plantations et exploita-
tions forestières en formation, jardins d'essais et travaux
administratifs, etc., créait de multiples diflicultés à l'ad-
ministration pour le recrutement de la main-d'œuvre. En
1914, il fallait évaluer à 30.000 le nombre de travailleurs
employés par les entreprises privées. De rapports divers,
il ressort que la mortalité qui frappait ces hommes attei-
gnait jusqu'à 10 0/0 et, à certaines périodes de l'année,
la proportion de malades atteignait 30 0/0. Il y avait donc
un déchet considérable qui nécessitait un recrutement
perpétuel pour remplacer les malades ou les disparus.
Certaines races ne résistaient pas à un exil prolongé et
, devaient être renvoyées dans leurs pays après un laps de
temps assez court.
D'après des estimations allemandes, il s'effectuait chaque
année un mouvement de près de 50.000 hommes qui se
trouvaient obligés de quitter leurs foyers pour aller travailler
dans les entreprises européennes. Ce travail forcé avait acquis
toute l'apparence d'un esclavage d'autant plus lourd à sup
porter que les régions dans lesquelles étaient recrutés ces tra-
vaillears. qui ne s'étendaient pas au delà de la partie centrale
de la colonie : c'était donc urte population d'un million et
demi au maximum qui, chaque année, devait fournir ces
, 50+000 lio7nmes choisis parmi les plus robustes.
La politique agricole indigène, adoptée en 1910 par le
gouvernement, d-evait nécessiter, pour porter ses fruits,
le maintien dans les villages d'un nombre important
dénommes adultes qui, jusqu'alors, étaient employas pour
les travaux de plantation, et l'on doit ajouter .'la main-
d'œuvre qui était nécessaire pour l'exploitation des res-
sources naturelles du pays.
On peut concevoir combien l'opposition entre les deux
systèmes est absolue ; le développement simultané de ces
deux méthodes de colonisation ne peut se réaliser sans
amener une crise économique et politique très grave, car
les ressources en main-d'œuvre de la colonie sont insuffi-
santes pour satisfaire à toutes les exigences. La grandeur
mêmelles projets de. l'administration allemande dans les
deux sens et le souci qu'elle semblait-mettre à les réaliser
devaient hâter l'évolution de là crise.
Si, malgré la première intention du gouvernement de
favoriser exclusivement les entreprises européennes, il se
vit contraint d'accepter et d-é développer la colonisation
par l'indigène,' c'est que celle-ci s'était imposée comme
étant la seule capable d accomplir la- mise en valeur des
immenses territoires que l'Allemagne possÓdaiLda.ns toute
la partie sud et sud-est de sa colonie.
11 ne faut pas voir danis cet état de choses la faillite irré-
médiable de Id. colonisation européenne au Cameroun, mais
il faut considérer que'Ion extension en sera nécessairement
arrêtée.
L'une des conséquences de la guerre aura été sans doute
d attacher davantage l'indigène à son village et à sa ré-
gion, et il préférera dorénavant cultiver la terre dont il est
légitime propriétaire que de se voir enrôler par obligation
J&ur aller travailler pour un salaire minime et sous la chi-
cote des contremaîtres dans les exploitatioos euro-
péennes. v
Les difficultés qui devaient surgir d'uné telle situation
ont déjà été prévues par quelques coloniaux allemands, et
le gouvernement étudiait la possibilité de faire appel à la
main-d'œuvre chinoise.
La conquête du Cameroun en divisant la colonie et en
déterminant la ruine d'un. grand nombre de plantations
aura brutalement réglé le différend au profit des cultures
indigènes. Dans toute la zone actuellement française d-,i
Cameroun, l'avenir économique dépend exclusivement de
- leur développement.
Sans insister sur les avantages qu'offre une mise en
valeur qui ne -nécessite l'immobilisation d'aucun capital,
rien ne saurait mieux faire ressortir la différence de ren-
dement des deux méthodes de colonisation que d'exposer
parallèlement les résultats obtenus par deux colonies
ayant appliqué chacune de leur côté et exclusivement un
des deux systèmes : la Côte d'Or anglaise, la méthode de
colonisation par l'indigène ; le Cameroun, la mise en valeur
par les entreprises européennes.
Là production comparées des deux colonies pour le
cacao sont les Suivantes :
Années Cote d'Or Cameroun
1891 9 tonnes 1 35 tonnes
1898 186 - 209 —
190 3 2.315 - 912 —
190 4 5.193 — 1.142 —
190 5 5.166 — 1.465 —
1906.- 9.004 — 1 25 2 —
1907 9.503 — 1 797 —
1908. 12.946 — 2.447 —
190 9 20.534 — 3 322
191 0 23.112 — 3.431 —
191 1 40.357 — 3.582 —
191 2 ........... 39.269 — 4.551 —
Ces chiffres salassent de tout commentaire, surtout si'
l'on ^ songe à l'énorme différence des efforts et des sacrifices
faits dans l'une et l'autre colonie. D'une part, des ctlpi-
taux très élevés, un outillage perfectionné, un personnel
européen nombreux et dispendieux, tous les multiples
soucis de l'organisation, de l'aménagement, le rude pro-
blème de la main-d'œuvre nécessitant un concours per-
manent de l'administration ; de l'autre, une action admi-
nistrative intense, il est vrai, au début, des dépenses
infimes comparées aux résultats, un personnel très res-
treint, aucune difficulté de main-d'œuvre.
Ainsi apparaît nettement l'erreur fondamentale de la
colonisation allemande. Malgré toute évidence, l'orgueil
incommensurable de nos ennemis refusait d'en convenir
ouvertement, bien que le soin donné, au cours des der-
nières années, au développement agricole Indigène ait dû
avoir le but caché de parer en partie aux conséquences
d'une crise économique dont la menace se faisait de plus
en plus précise.
Le Cameroun est appelé à un avenir agricole
intéressant. Mais il sera réalisé par d'autres pro-
cédés que ceux de l'Allemagne :
Un voyageur économiste allemand, M. Zimmermann,
déclarait en 1912, dans une brochure sur le Cameroun
parue à Berlin sous le titre Une Colonie négligée, qne
l'avenir était bien aux plantations indigènes. A l'appui de
sa thèse, il présentait l'exemple suivant: que 6.000 familles
indigènes plantent chacune 1 hectare et demi de ca-
caoyers, eu peu d'années on obtiendrait une récolte de
6.000 tonnes de cacao. Pour obtenir le même résultat, en
prenant une série d'entreprises de moyenne étendue diri-
gées par Qls Européens, et en fixant à 50 hectares au
maximum l'étendue d'une plantation que peut surveiller
efficacement un Européen, en n'admettant ni maladie ni
interruption, il faudrait 200 établissements de ce genre.
Ce sera par l'étude approfondie des moyens et la meil-
leure utilisation des aptitudes des colonisateurs européens
et des populations indigènes que le Cameroun réalisera la
belle colonie que les Allemands se plaisaient à représenter
comme leur possession africaine destinée au plus brillant
avenir.
NQtre domination, en chassant la barbarie et la brutalité
germaniques, saura donner à ces contrées une prospérité
durable en faisant des indigènes l'élément producteur par
excellence, en développant chez eux le goût et l'habitude
du travail et en leur faisant ainsi concevoir la douceur et
les beautés de la civilisation française.
Ainsi tous les témoignages convergent vers la
même constatation, que les Allemands faisaient
de leurs colonies une exploitation exclusive pour
leur bénéfice économique ou politique et que l'in-
digène n'était entre leurs mains qu'un instru-
ment.
Dans un intéressant opuscule, Ce que tout fran-
çais doit savoir de l Afrique Equatoriale Fran-
çaise (1). M. Çernand Rouget, chef de bureau au
(1) Brochure de 16 pages, — Larose, 11, rue Victor-Cousin,
'
1 x 1 DE L'AFRIQUE FRANÇAISE i7
Pendant les dernières années : construction de chemins de
fer, augmentation des anciennes plantations et exploita-
tions forestières en formation, jardins d'essais et travaux
administratifs, etc., créait de multiples diflicultés à l'ad-
ministration pour le recrutement de la main-d'œuvre. En
1914, il fallait évaluer à 30.000 le nombre de travailleurs
employés par les entreprises privées. De rapports divers,
il ressort que la mortalité qui frappait ces hommes attei-
gnait jusqu'à 10 0/0 et, à certaines périodes de l'année,
la proportion de malades atteignait 30 0/0. Il y avait donc
un déchet considérable qui nécessitait un recrutement
perpétuel pour remplacer les malades ou les disparus.
Certaines races ne résistaient pas à un exil prolongé et
, devaient être renvoyées dans leurs pays après un laps de
temps assez court.
D'après des estimations allemandes, il s'effectuait chaque
année un mouvement de près de 50.000 hommes qui se
trouvaient obligés de quitter leurs foyers pour aller travailler
dans les entreprises européennes. Ce travail forcé avait acquis
toute l'apparence d'un esclavage d'autant plus lourd à sup
porter que les régions dans lesquelles étaient recrutés ces tra-
vaillears. qui ne s'étendaient pas au delà de la partie centrale
de la colonie : c'était donc urte population d'un million et
demi au maximum qui, chaque année, devait fournir ces
, 50+000 lio7nmes choisis parmi les plus robustes.
La politique agricole indigène, adoptée en 1910 par le
gouvernement, d-evait nécessiter, pour porter ses fruits,
le maintien dans les villages d'un nombre important
dénommes adultes qui, jusqu'alors, étaient employas pour
les travaux de plantation, et l'on doit ajouter .'la main-
d'œuvre qui était nécessaire pour l'exploitation des res-
sources naturelles du pays.
On peut concevoir combien l'opposition entre les deux
systèmes est absolue ; le développement simultané de ces
deux méthodes de colonisation ne peut se réaliser sans
amener une crise économique et politique très grave, car
les ressources en main-d'œuvre de la colonie sont insuffi-
santes pour satisfaire à toutes les exigences. La grandeur
mêmelles projets de. l'administration allemande dans les
deux sens et le souci qu'elle semblait-mettre à les réaliser
devaient hâter l'évolution de là crise.
Si, malgré la première intention du gouvernement de
favoriser exclusivement les entreprises européennes, il se
vit contraint d'accepter et d-é développer la colonisation
par l'indigène,' c'est que celle-ci s'était imposée comme
étant la seule capable d accomplir la- mise en valeur des
immenses territoires que l'Allemagne possÓdaiLda.ns toute
la partie sud et sud-est de sa colonie.
11 ne faut pas voir danis cet état de choses la faillite irré-
médiable de Id. colonisation européenne au Cameroun, mais
il faut considérer que'Ion extension en sera nécessairement
arrêtée.
L'une des conséquences de la guerre aura été sans doute
d attacher davantage l'indigène à son village et à sa ré-
gion, et il préférera dorénavant cultiver la terre dont il est
légitime propriétaire que de se voir enrôler par obligation
J&ur aller travailler pour un salaire minime et sous la chi-
cote des contremaîtres dans les exploitatioos euro-
péennes. v
Les difficultés qui devaient surgir d'uné telle situation
ont déjà été prévues par quelques coloniaux allemands, et
le gouvernement étudiait la possibilité de faire appel à la
main-d'œuvre chinoise.
La conquête du Cameroun en divisant la colonie et en
déterminant la ruine d'un. grand nombre de plantations
aura brutalement réglé le différend au profit des cultures
indigènes. Dans toute la zone actuellement française d-,i
Cameroun, l'avenir économique dépend exclusivement de
- leur développement.
Sans insister sur les avantages qu'offre une mise en
valeur qui ne -nécessite l'immobilisation d'aucun capital,
rien ne saurait mieux faire ressortir la différence de ren-
dement des deux méthodes de colonisation que d'exposer
parallèlement les résultats obtenus par deux colonies
ayant appliqué chacune de leur côté et exclusivement un
des deux systèmes : la Côte d'Or anglaise, la méthode de
colonisation par l'indigène ; le Cameroun, la mise en valeur
par les entreprises européennes.
Là production comparées des deux colonies pour le
cacao sont les Suivantes :
Années Cote d'Or Cameroun
1891 9 tonnes 1 35 tonnes
1898 186 - 209 —
190 3 2.315 - 912 —
190 4 5.193 — 1.142 —
190 5 5.166 — 1.465 —
1906.- 9.004 — 1 25 2 —
1907 9.503 — 1 797 —
1908. 12.946 — 2.447 —
190 9 20.534 — 3 322
191 0 23.112 — 3.431 —
191 1 40.357 — 3.582 —
191 2 ........... 39.269 — 4.551 —
Ces chiffres salassent de tout commentaire, surtout si'
l'on ^ songe à l'énorme différence des efforts et des sacrifices
faits dans l'une et l'autre colonie. D'une part, des ctlpi-
taux très élevés, un outillage perfectionné, un personnel
européen nombreux et dispendieux, tous les multiples
soucis de l'organisation, de l'aménagement, le rude pro-
blème de la main-d'œuvre nécessitant un concours per-
manent de l'administration ; de l'autre, une action admi-
nistrative intense, il est vrai, au début, des dépenses
infimes comparées aux résultats, un personnel très res-
treint, aucune difficulté de main-d'œuvre.
Ainsi apparaît nettement l'erreur fondamentale de la
colonisation allemande. Malgré toute évidence, l'orgueil
incommensurable de nos ennemis refusait d'en convenir
ouvertement, bien que le soin donné, au cours des der-
nières années, au développement agricole Indigène ait dû
avoir le but caché de parer en partie aux conséquences
d'une crise économique dont la menace se faisait de plus
en plus précise.
Le Cameroun est appelé à un avenir agricole
intéressant. Mais il sera réalisé par d'autres pro-
cédés que ceux de l'Allemagne :
Un voyageur économiste allemand, M. Zimmermann,
déclarait en 1912, dans une brochure sur le Cameroun
parue à Berlin sous le titre Une Colonie négligée, qne
l'avenir était bien aux plantations indigènes. A l'appui de
sa thèse, il présentait l'exemple suivant: que 6.000 familles
indigènes plantent chacune 1 hectare et demi de ca-
caoyers, eu peu d'années on obtiendrait une récolte de
6.000 tonnes de cacao. Pour obtenir le même résultat, en
prenant une série d'entreprises de moyenne étendue diri-
gées par Qls Européens, et en fixant à 50 hectares au
maximum l'étendue d'une plantation que peut surveiller
efficacement un Européen, en n'admettant ni maladie ni
interruption, il faudrait 200 établissements de ce genre.
Ce sera par l'étude approfondie des moyens et la meil-
leure utilisation des aptitudes des colonisateurs européens
et des populations indigènes que le Cameroun réalisera la
belle colonie que les Allemands se plaisaient à représenter
comme leur possession africaine destinée au plus brillant
avenir.
NQtre domination, en chassant la barbarie et la brutalité
germaniques, saura donner à ces contrées une prospérité
durable en faisant des indigènes l'élément producteur par
excellence, en développant chez eux le goût et l'habitude
du travail et en leur faisant ainsi concevoir la douceur et
les beautés de la civilisation française.
Ainsi tous les témoignages convergent vers la
même constatation, que les Allemands faisaient
de leurs colonies une exploitation exclusive pour
leur bénéfice économique ou politique et que l'in-
digène n'était entre leurs mains qu'un instru-
ment.
Dans un intéressant opuscule, Ce que tout fran-
çais doit savoir de l Afrique Equatoriale Fran-
çaise (1). M. Çernand Rouget, chef de bureau au
(1) Brochure de 16 pages, — Larose, 11, rue Victor-Cousin,
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