Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1919-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1919 01 janvier 1919
Description : 1919/01/01 (N1)-1919/12/31 (N12). 1919/01/01 (N1)-1919/12/31 (N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k98041559
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
- Aller à la page de la table des matières3
- SOMMAIRE
- Nos 1 et 2
- Nos 3 et 4
- Nos 5 et 6
- .......... Page(s) .......... 107
- .......... Page(s) .......... 111
- Nos 7 et 8
- Nos 9 et 10
RENSEIGNEMENTS COLONIAUX
LE
CONGRÈS PANAFRICAIN
La race noire pouvait difficilement se désin-
téresser des grands problèmes de rénovation
mondiale qui sont agités journellement au sein
de la Conférence de. la Paix. Les. délibérations
de cette assemblée, unique dans l'histoire par
sa composition et par le but qu'elle poursuit,
rencontrent au dehors un écho plus ou moins
fidèle, mais toujours retentissant, auquel sont
attentifs tous les peuples et tous les groupements
nationaux ou ethniques. Les nations jusqu'ici
tenues en lisière, les races'victimes de préjugés,
sont naturellement les plus anxieuses parmi
toutes les nations et toutes les races qui
attendent, avec une légitime impatience, des
décisions dont doit dépendre le sort futur de
l'humanité.
Nul ne saurait-donc se montrer surpris que
les représentants des sociétés noires aient voulu
profiter de la circonstance pour établir en com-
mun le programme de leurs revendications ou,
plus simplement, pour faire connaître au monde
et aux organisateurs de la Ligue des Nations
comment ils souhaitent que soient résolus les
problèmes les intéressant le plus directement.
Telle a été l'idée qui-fut réalisée à Paris par
la réunion au Grand-Hôtel, les 19, 20 et 21 fé-
vrier 1919, du Congrès Panafricain.
Il ne s'agissait plus, en la circonstance, d'un
peuple jusque-là tenu en tutelle par un suzerain
étranger et réclamant son indépendance, ni d'élé-
ments unis entre eux par des origines communes
et un parler commun, quoique dispersés entre
plusieurs Etats, et revendiquant le droit de
constituer ensemble une nationalité unique et
autonome. Le Congrès se composait de citoyens
appartenant à des nationalités diverses, mais
à un même groupement ethnique, et demandant,
pour eux et leurs congénères de race, non pas le
privilège de former une nation ou un Etat à
part, mais simplement certaines garanties d'é-
quité dans chacune de leurs nations respectives
ou de la part de chacun des Etats auxquels ils
ressortissent.
A ce titre, une telle manifestation mérite que
tout le monde s'y intéresse, et plus particu-
lièrement doit retenir l'attention du monde colo-
nial français, puisque la moitié au moins des
habitants des colonies françaises appartient à
la race noire.
Il est vrai que beaucoup des fractions de cette
race n'avaient pas de représentants directs au
Congrès Panafricain, je veux dire de représen-
tants spécialement désignés par elles pour
exposer leurs vues et leurs desiderata. Les
tribus de nos domaines ouest-africains demeurées
jusqu'à présent à l'écart de la civilisation euro-
'péenne ou à peine touchées par cette civilisation
n'avaient pas envoyé de délégués au Congrès
On pourrait être tenté d'inférer d^là que ce
dernier n'avait pas qualité pour parler au nom
de la race noire tout entière et que les vœux
émis par lui ne correspondent pas nécessairement
à ceux qu'aurait formulés une assemblée
proprement panafricaine. Tel n'est pas cepen-
dant mon avis.
Toutd'abord, je crois inutile de faire observer
que si les Bambara, les Bobo ou les Banziri
n'ont pas envoyé de députés au Congrès, ce n'est
pas dans un esprit de protestation. Leur absten-
tion, comme celle des innombrables groupements
qui constituent le fond de la population en
Afrique Occidentale et en Afrique Equatoriale,
n'est pas une marque de désapprobation. Elle
provient uniquement de l'ignorance dans laquelle
ils étaient de la réunion à Paris d'un Congrès de
la race noire, ignorance dans laquelle il ne me
paraît pas coupable de les avoir laissés, attendu
que mille difficultés de tous ordres les auraient
vraisemblablement empêchés, même s'ils en
avaient eu le désir, de se faire représenter direc-
tement aux réunions du Grand-Hôtel.
J'irai plus loin et je ne craindrai pas d'affirmer
que le Congrès n'eût pas eu une valeur plus
« panafricaine », si l'on veut bien me permettre
de m'exprimer ainsi, lors même que des délégués
notoirement bambara, bobo, banziri, etc.,.
auraient siégé à côté de nos députés antillais et
des représentants libériens. Ces délégués en effet
n'auraient vraisemblablement pas pris part aux
délibérations, non seulement parce qu'ils n'au-
raient pu le faire qu'avec le concours de multiples
interprètes;mais aussi et surtout parce qu'ils se
seraient trouvés dans une atmosphère à laquelle
rien ne les aurait préparés. Et, s'ils avaient pris
part aux délibérations, il est fort possible qu'ils
eussent exprimé des opinions étranges, manifes-
tant une préoccupation uniquement concentrée
vers de petits intérêts locaux et nullement orien
tée vers l'intérêt commun de la race. Il y a là
une question d'adaptation au milieu dont il n'est
pas possible de ne pas tenir compte et, sans aller
aussi loin que le cœur de l'Afrique, je serais
bien étonné si tel électeur de l'une de nos pro-
vinces françaises, appelé brusquement à prendre
à la Chambre la place de son député et invité à
dire son avis dans la discussion d'une question
d'ordre général, parlait exactement comme il
faudrait et comme ses compatriotes, pris en
masse, eussent souhaité qu'il parlât ; je suis
persuadé que le député, quelque mécontents de
lui que soient certains de ses électeurs, eût
mieux su exprimer la pensée profonde, mais in-
consciente, de son collège électoral.
Aussi ai-je la conviction qu'en dépit de sa
composition restreinte, la Congrès Panafricain
était suffisamment désigné pour parler au nom
de la race noire tout entière, pour autant tout
au moins que ses délibérations se maintiendraient
'dans le cadre des généralités et n'aborderaient
pas le terrain brûlant des questions d'intérêt
local. Or, nous savons qu'il s'est cantonné dans
— 53 --
/
LE
CONGRÈS PANAFRICAIN
La race noire pouvait difficilement se désin-
téresser des grands problèmes de rénovation
mondiale qui sont agités journellement au sein
de la Conférence de. la Paix. Les. délibérations
de cette assemblée, unique dans l'histoire par
sa composition et par le but qu'elle poursuit,
rencontrent au dehors un écho plus ou moins
fidèle, mais toujours retentissant, auquel sont
attentifs tous les peuples et tous les groupements
nationaux ou ethniques. Les nations jusqu'ici
tenues en lisière, les races'victimes de préjugés,
sont naturellement les plus anxieuses parmi
toutes les nations et toutes les races qui
attendent, avec une légitime impatience, des
décisions dont doit dépendre le sort futur de
l'humanité.
Nul ne saurait-donc se montrer surpris que
les représentants des sociétés noires aient voulu
profiter de la circonstance pour établir en com-
mun le programme de leurs revendications ou,
plus simplement, pour faire connaître au monde
et aux organisateurs de la Ligue des Nations
comment ils souhaitent que soient résolus les
problèmes les intéressant le plus directement.
Telle a été l'idée qui-fut réalisée à Paris par
la réunion au Grand-Hôtel, les 19, 20 et 21 fé-
vrier 1919, du Congrès Panafricain.
Il ne s'agissait plus, en la circonstance, d'un
peuple jusque-là tenu en tutelle par un suzerain
étranger et réclamant son indépendance, ni d'élé-
ments unis entre eux par des origines communes
et un parler commun, quoique dispersés entre
plusieurs Etats, et revendiquant le droit de
constituer ensemble une nationalité unique et
autonome. Le Congrès se composait de citoyens
appartenant à des nationalités diverses, mais
à un même groupement ethnique, et demandant,
pour eux et leurs congénères de race, non pas le
privilège de former une nation ou un Etat à
part, mais simplement certaines garanties d'é-
quité dans chacune de leurs nations respectives
ou de la part de chacun des Etats auxquels ils
ressortissent.
A ce titre, une telle manifestation mérite que
tout le monde s'y intéresse, et plus particu-
lièrement doit retenir l'attention du monde colo-
nial français, puisque la moitié au moins des
habitants des colonies françaises appartient à
la race noire.
Il est vrai que beaucoup des fractions de cette
race n'avaient pas de représentants directs au
Congrès Panafricain, je veux dire de représen-
tants spécialement désignés par elles pour
exposer leurs vues et leurs desiderata. Les
tribus de nos domaines ouest-africains demeurées
jusqu'à présent à l'écart de la civilisation euro-
'péenne ou à peine touchées par cette civilisation
n'avaient pas envoyé de délégués au Congrès
On pourrait être tenté d'inférer d^là que ce
dernier n'avait pas qualité pour parler au nom
de la race noire tout entière et que les vœux
émis par lui ne correspondent pas nécessairement
à ceux qu'aurait formulés une assemblée
proprement panafricaine. Tel n'est pas cepen-
dant mon avis.
Toutd'abord, je crois inutile de faire observer
que si les Bambara, les Bobo ou les Banziri
n'ont pas envoyé de députés au Congrès, ce n'est
pas dans un esprit de protestation. Leur absten-
tion, comme celle des innombrables groupements
qui constituent le fond de la population en
Afrique Occidentale et en Afrique Equatoriale,
n'est pas une marque de désapprobation. Elle
provient uniquement de l'ignorance dans laquelle
ils étaient de la réunion à Paris d'un Congrès de
la race noire, ignorance dans laquelle il ne me
paraît pas coupable de les avoir laissés, attendu
que mille difficultés de tous ordres les auraient
vraisemblablement empêchés, même s'ils en
avaient eu le désir, de se faire représenter direc-
tement aux réunions du Grand-Hôtel.
J'irai plus loin et je ne craindrai pas d'affirmer
que le Congrès n'eût pas eu une valeur plus
« panafricaine », si l'on veut bien me permettre
de m'exprimer ainsi, lors même que des délégués
notoirement bambara, bobo, banziri, etc.,.
auraient siégé à côté de nos députés antillais et
des représentants libériens. Ces délégués en effet
n'auraient vraisemblablement pas pris part aux
délibérations, non seulement parce qu'ils n'au-
raient pu le faire qu'avec le concours de multiples
interprètes;mais aussi et surtout parce qu'ils se
seraient trouvés dans une atmosphère à laquelle
rien ne les aurait préparés. Et, s'ils avaient pris
part aux délibérations, il est fort possible qu'ils
eussent exprimé des opinions étranges, manifes-
tant une préoccupation uniquement concentrée
vers de petits intérêts locaux et nullement orien
tée vers l'intérêt commun de la race. Il y a là
une question d'adaptation au milieu dont il n'est
pas possible de ne pas tenir compte et, sans aller
aussi loin que le cœur de l'Afrique, je serais
bien étonné si tel électeur de l'une de nos pro-
vinces françaises, appelé brusquement à prendre
à la Chambre la place de son député et invité à
dire son avis dans la discussion d'une question
d'ordre général, parlait exactement comme il
faudrait et comme ses compatriotes, pris en
masse, eussent souhaité qu'il parlât ; je suis
persuadé que le député, quelque mécontents de
lui que soient certains de ses électeurs, eût
mieux su exprimer la pensée profonde, mais in-
consciente, de son collège électoral.
Aussi ai-je la conviction qu'en dépit de sa
composition restreinte, la Congrès Panafricain
était suffisamment désigné pour parler au nom
de la race noire tout entière, pour autant tout
au moins que ses délibérations se maintiendraient
'dans le cadre des généralités et n'aborderaient
pas le terrain brûlant des questions d'intérêt
local. Or, nous savons qu'il s'est cantonné dans
— 53 --
/
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.96%.
- Auteurs similaires Comité de l'Afrique française Comité de l'Afrique française /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Comité de l'Afrique française" or dc.contributor adj "Comité de l'Afrique française")Comité du Maroc Comité du Maroc /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Comité du Maroc" or dc.contributor adj "Comité du Maroc")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 53/210
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k98041559/f53.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k98041559/f53.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k98041559/f53.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k98041559
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k98041559
Facebook
Twitter