Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1917-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1917 01 janvier 1917
Description : 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27). 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97885087
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
UK L'AKKUJUK FRANÇAISE 47
pérer qu'il irait un jour revoir le Maroc, dont il taut
grand explorateur. Le voici tombé, lui aussi, eu
champ d'honneur, pour sa patrie qui ne le connais-
sait pas assez, et pour la mission qu'il s'était tracée.
Les Africains sauront conserver 1 impérissable sou-
venir de ce chevalier moderne de la religion, du pa-
triotisme et de la science, et un jour, au Maroc,
quand nos colonnes auront achevé de recouper et
d'utiliser son itinéraire, son nom qu'il s'efforçait de
laisser oublier rappellera au fronton d'un' poste
avancé du Haut-Atlas que la conquête de l'Afrique
duNord et du Sahara a eu, elle aussi, ses héros et ses
martyrs;
A. T.
CHRONIQUE DE -TANGER
Tanger sous le « blocus », — La protestation
de -la colonie anglaise. — Les travaux pu-
blics et le- chemin de fer de Tanger à Fez.
— La solidarité franco-anglaise.
Tanger, décembre 1916.
A Tanger, une philosophie pareillement rési-
gnée pèse sur la colonie française, à travers les
mois qui s'écoulent.
La géographie ayant marqué Tanger comme
lieu de transit au croisement des grandes routes
maritimes, il fallut le rendre inabordable et le
fermer au trafic international pour enlever à nos
ennemis une base et un centre de ravitaillement
trop commodément offerts à leurs besoins.
Ainsi, et très justement, nous voilà bloqués.
La ville, si prospère la veille de la guerre, pré-
sente sous son ciel magnifique et dans sa verte
ceinture de jardins, l'image d'une cité orientale
endormie.
Sous ses yeux passe et repasse la navigation du
monde, les lourds cargos d'Amérique et ceux des
Indes, brûlant l'escale interdite pour se hâter, à
travers la menace sous-marine, vers l'Angleterre
ou vers la France : ils portent en leurs flancs de
redoutables cargaisons d'hommes et d'acier... Du
haut des falaises. Tanger les salue.
La colonie qui a donné tous ses fils à la france
attend avec calme leur retour et veille sur les
foyers déserts. Elle ne connaît pas le doute, et sa
foi, forgée au contact de neutres railleurs, rejette
les mensonges dont l'assaille la presse germano-
phile qui lui vient d'au delà. du détroit.
Les difficultés nouvelles de la vie ont fait appa-
raître à Tanger, comme partout ailleurs, la né-
cessité de s'installer dans la guerre. Le problème
ici est particulièrement malaisé, car à la disgrâce
des temps s'ajoute l'incohérence de la situation
internationale. Cette situation paradoxale a amené
le distingué correspondant du Times à Tanger,
M. W. Harris, à appeler l'attention des gouverne-
ments intéressés, en provoquant la protestation
de la colonie anglaise. Nos lecteurs savent la
part intéressante que notre confrère a prise, avec
Je Times, dans la solution des questions diplo-
matiques franco-anglaises depuis 1901. Porte-
parole qualifié des intérêts britanniques autant
qu'ami éprouvé de la France, M. W. Harris a
fait d'un ton tranquille, avec une humour à la
manière de Kipling, un tableau et le procès du
régime international de Tanger :
Nous n'avons, dit-il. aucun dessein, ni aucune ambition
politique, nous ne voulons même pas émettre une opinion
sur l'avenir de Tanger, nous ne demandons qu'une amé-
lioration du régime actuel. Nous n'attaquons personne,
loin de là, mais nous protestons très énergiquement contre
les méthodes d'administration actuelles de Tanger.
L'administration de la ville consiste, en effet, en une
sorte de conclave bureaucratique des représentants de,
puissances.
Ces représentants, dont les délibérations sont secrètes et
les décisions définitives, ne s.ont responsables vis-à-vis de
personne. Reste à savoir s'ils ont reçu une préparation
indispensable ou s'ils possèdent des aptitudes spéciales
leur permettant d'assumer le gouvernement d'une ville.
Nous sommes très désireux, surtout eu ces temps de
guerre, qu'il ne puisse exister, parmi nous et bien moins
encore chez les étrangers, le moindre doute sur les inten-
tions des sujets anglais de Tanger, qui ne veulent apporter
aucune modification dans la forme du gouvernement de la
ville.
Nous serons satisfaits d'être gouvernés par les représen-
tants des puissances — son* certaines conditions — j lIS-
qu'au jour où un mode nouveau de gouvernement sera
décidé et appliqué.
Nous avons un grand respect pour les représentants des
puissances. Ce n'est pas d'eux individuellement ou collec-
tivement, (lue nous nous plaignons, mais de l'attitude et
des méthodes qu'ils ont adoptées à l'égard du public.
La guerre d'Europe'a bien faire naître un nouvel esprit :
les jours de la bureaucratie sont passés. Les chefs de nos
ministères eux-mêmes. honnêtement et sagement dès le
début de la guerre, ont reconnu que leur infaillibilité était
un mythe : ils ont mis le public dans leurs confidences et
ont appelé de l'aide extérieure.
lis ne cachent pas aujourd'hui de quelle importance a
été, dans la poursuite de la guerre, le bon sens justifié de
l'homme d'affaires anglais, qui a sa place aujourd'hui dans
tous les ministères, à l'amirauté, au ministère de la liuerre
et au Foreign Office. Les ministres anglais furent suffi-
samment grands et suffisamment sages pour reconnaître
qu'il y avait une limite à leurs capacités.
Je ne crois pas que les représentants des puissances à
Tanger aient jamais réalisé que leurs aptitudes, elles aussi.
ont des limites.
En ce qui concerne les questions d'hygiène, de finances,
de commerce, de municipalité, de travaux publics, nul n'a
jamais discuté, au point de vue politique ou social, leurs
décisions. Aucune opinion ne trouble leur tranquillité
d'esprit ; aucune critique de presse ne dérange leur séré-
nité. Baigné dans les rayons solaires de l'infaillibilité qu'ils
se sont dévolue, ils règnent intronisés et consacrés. Le ré-
sultat est que nous autres, habitants de Tanger, sommes
les victimes de ce chaos et de cette anarchie.
L'administration bureaucratique de Tanger joue actuel-
lement avec nous et avec notre bien-être. Nous sommes
sacrifiés iL ce que nos gouvernants appellent les exigences
de la situation politique. Nous sommes privés d'eau et de
services sanitaires, nous sommes exposés à des risques de
mort ou de maladie, dans une ambiance de pauvreté,
entourés d'ordures méphitiques, et tout cela parce que ces
messieurs ont un jeu de politique locale à jouer, et que]
jeu insignifiant !
On aurait pu croire que deux ans de guerre, deux ans de
lecture de la presse du monde entier leur auraient fait
comprendre que la bureaucratie était morte, et que les
droits du public devaient êtrp reconnus et protégés. Olt
aurait pu croire qu'ils considéreraient que la sanlf et le
bien-être d'une ville sont plus importantes que les misé-
rables jalousies de la diplomatie locale. Mais ils n'ont rien
compris
A la suite du speech de M. \Y. IIarris, la colo-
pérer qu'il irait un jour revoir le Maroc, dont il taut
grand explorateur. Le voici tombé, lui aussi, eu
champ d'honneur, pour sa patrie qui ne le connais-
sait pas assez, et pour la mission qu'il s'était tracée.
Les Africains sauront conserver 1 impérissable sou-
venir de ce chevalier moderne de la religion, du pa-
triotisme et de la science, et un jour, au Maroc,
quand nos colonnes auront achevé de recouper et
d'utiliser son itinéraire, son nom qu'il s'efforçait de
laisser oublier rappellera au fronton d'un' poste
avancé du Haut-Atlas que la conquête de l'Afrique
duNord et du Sahara a eu, elle aussi, ses héros et ses
martyrs;
A. T.
CHRONIQUE DE -TANGER
Tanger sous le « blocus », — La protestation
de -la colonie anglaise. — Les travaux pu-
blics et le- chemin de fer de Tanger à Fez.
— La solidarité franco-anglaise.
Tanger, décembre 1916.
A Tanger, une philosophie pareillement rési-
gnée pèse sur la colonie française, à travers les
mois qui s'écoulent.
La géographie ayant marqué Tanger comme
lieu de transit au croisement des grandes routes
maritimes, il fallut le rendre inabordable et le
fermer au trafic international pour enlever à nos
ennemis une base et un centre de ravitaillement
trop commodément offerts à leurs besoins.
Ainsi, et très justement, nous voilà bloqués.
La ville, si prospère la veille de la guerre, pré-
sente sous son ciel magnifique et dans sa verte
ceinture de jardins, l'image d'une cité orientale
endormie.
Sous ses yeux passe et repasse la navigation du
monde, les lourds cargos d'Amérique et ceux des
Indes, brûlant l'escale interdite pour se hâter, à
travers la menace sous-marine, vers l'Angleterre
ou vers la France : ils portent en leurs flancs de
redoutables cargaisons d'hommes et d'acier... Du
haut des falaises. Tanger les salue.
La colonie qui a donné tous ses fils à la france
attend avec calme leur retour et veille sur les
foyers déserts. Elle ne connaît pas le doute, et sa
foi, forgée au contact de neutres railleurs, rejette
les mensonges dont l'assaille la presse germano-
phile qui lui vient d'au delà. du détroit.
Les difficultés nouvelles de la vie ont fait appa-
raître à Tanger, comme partout ailleurs, la né-
cessité de s'installer dans la guerre. Le problème
ici est particulièrement malaisé, car à la disgrâce
des temps s'ajoute l'incohérence de la situation
internationale. Cette situation paradoxale a amené
le distingué correspondant du Times à Tanger,
M. W. Harris, à appeler l'attention des gouverne-
ments intéressés, en provoquant la protestation
de la colonie anglaise. Nos lecteurs savent la
part intéressante que notre confrère a prise, avec
Je Times, dans la solution des questions diplo-
matiques franco-anglaises depuis 1901. Porte-
parole qualifié des intérêts britanniques autant
qu'ami éprouvé de la France, M. W. Harris a
fait d'un ton tranquille, avec une humour à la
manière de Kipling, un tableau et le procès du
régime international de Tanger :
Nous n'avons, dit-il. aucun dessein, ni aucune ambition
politique, nous ne voulons même pas émettre une opinion
sur l'avenir de Tanger, nous ne demandons qu'une amé-
lioration du régime actuel. Nous n'attaquons personne,
loin de là, mais nous protestons très énergiquement contre
les méthodes d'administration actuelles de Tanger.
L'administration de la ville consiste, en effet, en une
sorte de conclave bureaucratique des représentants de,
puissances.
Ces représentants, dont les délibérations sont secrètes et
les décisions définitives, ne s.ont responsables vis-à-vis de
personne. Reste à savoir s'ils ont reçu une préparation
indispensable ou s'ils possèdent des aptitudes spéciales
leur permettant d'assumer le gouvernement d'une ville.
Nous sommes très désireux, surtout eu ces temps de
guerre, qu'il ne puisse exister, parmi nous et bien moins
encore chez les étrangers, le moindre doute sur les inten-
tions des sujets anglais de Tanger, qui ne veulent apporter
aucune modification dans la forme du gouvernement de la
ville.
Nous serons satisfaits d'être gouvernés par les représen-
tants des puissances — son* certaines conditions — j lIS-
qu'au jour où un mode nouveau de gouvernement sera
décidé et appliqué.
Nous avons un grand respect pour les représentants des
puissances. Ce n'est pas d'eux individuellement ou collec-
tivement, (lue nous nous plaignons, mais de l'attitude et
des méthodes qu'ils ont adoptées à l'égard du public.
La guerre d'Europe'a bien faire naître un nouvel esprit :
les jours de la bureaucratie sont passés. Les chefs de nos
ministères eux-mêmes. honnêtement et sagement dès le
début de la guerre, ont reconnu que leur infaillibilité était
un mythe : ils ont mis le public dans leurs confidences et
ont appelé de l'aide extérieure.
lis ne cachent pas aujourd'hui de quelle importance a
été, dans la poursuite de la guerre, le bon sens justifié de
l'homme d'affaires anglais, qui a sa place aujourd'hui dans
tous les ministères, à l'amirauté, au ministère de la liuerre
et au Foreign Office. Les ministres anglais furent suffi-
samment grands et suffisamment sages pour reconnaître
qu'il y avait une limite à leurs capacités.
Je ne crois pas que les représentants des puissances à
Tanger aient jamais réalisé que leurs aptitudes, elles aussi.
ont des limites.
En ce qui concerne les questions d'hygiène, de finances,
de commerce, de municipalité, de travaux publics, nul n'a
jamais discuté, au point de vue politique ou social, leurs
décisions. Aucune opinion ne trouble leur tranquillité
d'esprit ; aucune critique de presse ne dérange leur séré-
nité. Baigné dans les rayons solaires de l'infaillibilité qu'ils
se sont dévolue, ils règnent intronisés et consacrés. Le ré-
sultat est que nous autres, habitants de Tanger, sommes
les victimes de ce chaos et de cette anarchie.
L'administration bureaucratique de Tanger joue actuel-
lement avec nous et avec notre bien-être. Nous sommes
sacrifiés iL ce que nos gouvernants appellent les exigences
de la situation politique. Nous sommes privés d'eau et de
services sanitaires, nous sommes exposés à des risques de
mort ou de maladie, dans une ambiance de pauvreté,
entourés d'ordures méphitiques, et tout cela parce que ces
messieurs ont un jeu de politique locale à jouer, et que]
jeu insignifiant !
On aurait pu croire que deux ans de guerre, deux ans de
lecture de la presse du monde entier leur auraient fait
comprendre que la bureaucratie était morte, et que les
droits du public devaient êtrp reconnus et protégés. Olt
aurait pu croire qu'ils considéreraient que la sanlf et le
bien-être d'une ville sont plus importantes que les misé-
rables jalousies de la diplomatie locale. Mais ils n'ont rien
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A la suite du speech de M. \Y. IIarris, la colo-
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