Presse et revues
720 pages
Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
38 BULLETIN DU COMITÉ 4
Combien d'Allemands résident dans leurs colonies ? Le
tableau suivant, extrait de l'exposé des motifs du budget
des colonies allemandes de 1914, répond à cette question :
EUilOl'ÉKNS
(y compris
COLONIES ALLEMANDS les Allemande)
Togo 320 3G8
Cameroun 1.643 1.871*
Sud-Ouest Africain 12.2r92 14.830
Est Africain 4.107 5.330
Samoa...: 329 544
Nouvelle-Guinée 706 i .427
Kiaotchéou 1.855 2.069
Total -.. , ........ 21.252 26.445
Ce chiffre de 21.252 ne semble "pas bien élevé si on le
compare aux 37.780 Français, qui ont été dénombrés dans
le Maroc français le 1er janvier 191 Î. Il est à noter que le
isr janvier 1914 les Français étaient au Marûc 20.0185 et les
Allemands 433.
De tous ces chiffres, de toutes ces statistiques, que le
public ignore beaucoup trop, il ressort-avec évidence que
l'Allemagne n'a nullement besoin de colonies pour y dé-
verser son trop-plein de population, puisque depuis long-
temps elle n'exporte plus que fort peu d'émigrants ou de
colons.
Mais, diraient certains Allemands ne se croyant pas pan-
germanistes, si l'Allemagne n'a pas besoin de colonies
pour y implanter ses nationaux, notre pays, devenu in-
dustriel, doit, sous peine de paralysie, pouvoir placer ses-
marchandises, ses produits fabriqués et acheter des ma-
tières premières que seules des colonies peuvent lui four-
nir.
Qu'y a-t-il d'exact dans cette thèse, d'apparence modérée,
que beaucoup de journalistes germains ont soutenue lors-
qu'ils nous ont accusé de. vouloir tunisifier le Maroc? Tuni-
sifier, pour eux, était l'équivalent d'étrangler le commerce
allemand.
Examinons donc quelques statistiques. En Tunisie, la
part de l'Allemagne n'était, en 1880, que de 5.487 francs
soit de 0,001 0/0 sur un commerce total de 48.338.000 francs
et celle de la France de 20.500.000 francs, soit de 45,8 0/0
et aucun navire allemand n'avait fait de.commerce dans
un port tunisien. En 1912, sur. un commerce total de
311.000.000 de francs, I;J. part de l'Allemagne était de
7.265.000 francs, soit de 2,2 0/0 et celle de la France de
173.400.000 francs, soit de 55,7 a/0, et. sur un mouve-
ment réel des ports de 2.631.000 tonnes, importées ou eX7
portées, la part des 253 navires allemands était de 204.126
tonnes, soit de 8 0/0.
Ces chiffres officiels montrent de façon indiscutable que
les Allemands ont profité du sang que nous avons versé
pour conquérir la Tunisie, ainsi que des millions que nous
y avons dépensés pour créer un outillage économique :
ports, chemins de fer, télégraphes, routes, etc. La Tunisie
n'a donc jamais été une chasse gardée où les Allemands
n'ont pu venir chasser..
En Algérie, si l'on compare la moyenne décennale 1901-
19iO avec les chiffres de 1901, on voit qu'à l'importation le
commerce allemand a augmenté de 127,7 0/0 et à l'expor-
tation de 65,5 0/6.
En Indo-Chine, le commerce allemand est passe de
38.1ii.848 francs (11,3 0/U) en 1904 à 67.134.338 francs
(12.8 0/0) en i9i3 et le tonnage de 2J8.825 tonnes à
383'.931 tonnes pendant les mêmes années.
A Madagascar, en 1896, le commerce allemand s'élevait
à 1.197-000 francs. soit les 6,8 0/0 d'un commerce total de
17 594.000 francs. alors qu'en 1913. il atteignait 11 mil-
lions 139.000 francs, soit les 10,90/0 d'un commerce total
de 102.801 .u!i0 francs. Le progrès est donc en valeur rela-
tive de 4.1 U Il et de 9,25 0/0 en valeur absolue pour une
périolle de 17 ans.
En Afrique E .uatoriale Française, le commerce alle-
mand, qui s'élevait, en 1902, seulement à 796.000 francs.
soit îi'3 0/0 d'un commerce total (le 44. +83-004 francs. at-
teignait en 1911 i 1: somme de 4.9H.O m francs. soit 12 O'O
d'un Cmmerce tofa] de 40.785.877 franC8.
Au Maroc le commerce allemand s'élevait PD. i90ti,
à 7.114.403 francs, soit les 8.4 0/0 d'un commerce total de
78.642.893 francs, et, en 1913, il atteignait 21.477.375 fr.,
soit les 9,7 U/0 d'un commerce total de 211.607.234 fr. Sa
part s'est donc accrue, en 7 ans, de 1,3 0/0, et, en valeur
absolue, elle a augmenté de 294 0/0.
Dans l'ensemble des colonies françaises (Algérie, Tuni-
sie, Maroc non comprise les importations allemandes ont
atteint les chiffres suivants :
1907 12.519.000 francs.
191 1 21..379.000 —
191 2 ..' 22.727.000 —
191 3 ................ 19.779.000 —
L'augmentation est donc de 158 0/0 en 6 ans.
D'après les statistiques, nos-diverses colonies ont ex-
porté en Allemagne : J.
1907 17.450.000 francs,
191 1 31.214.000 " - "
191 2 ................ 34..010.000 —
191 3 ................ 47.708,000 —
L'augmentation a donc été de $07 0/0 en 6 ans.
Malgré ces progrès considérables, le commerce total de
nos colonies avec l'Allemagne (exportation et importation)
n'a été, en 1913, que de 5b 746.000 francs, soit les 4,4 0/0
d'un commerce général de 1.292 millions. ~
Il résulte de ces chiffres, empruntés à des publications
officielles, que le régime douanier de nos colonies et de
nos diverses possessions n'était pas une entrave au libre
développement du commerce allemand. Après la guerre,
si nous ne modifions pas ce régime douanier, et si nous
l'étendons aux colonies conquises, l'Allemagne pourra donc
trouver dans notre domaine colonial des débouchés pour
ses marchandises et elle pourra y acheter des matieres
premières. Elle sera seulement mise dans l'impossibilité
de" faire une Welt-politik tendant à l'hégémonie mondiale '
et nous aurons ainsi une garantie de paix réelle.
Au contraire, si-nous lui rendons nos conquêtes, elle
cherchera tôt ou tard à faire de ses~colonies les fonde-
ments du kolossal empire colonial rêvé par les pangerma-
nlstes, et elle tendra à absorbei" les colonies portugaises,
le Congo belge, ainsi que les colonies hollandaises de l'In-
sulinde.
D'ailleurs, quelle que soit notre opinion à nous Frappais,
il semble bien que les divers Dominions : Afrique du Sud,
Australie, Nouvelle-Zélande, qui ont envoyé leurs -soldats
verser leur sang dans les colonies allemandes, aux Darda-
nelles, en Arabie Pétrée et en France, n'hésiteront pas à
déclarer qu'en échange des lourds sacrifices qu'ils ont con-
sentis, ils exigent que l'AUemagne n'ait plus de colonies.
S'il en est ainsi, qui oserait leur opposer un vffo?
Présidant le 10 février à la Sorbonne une mani-
festation de l'Association générale belge à propos
de la conquête de l'Afrique Orientale Allemande
— on en trouvera le compte rendu plus loin, —
M. Renkin, ministre des Colonies, a fait con-
naître ainsi le point de vue général du gouver- .
nement belt;e :
Messieurs,
J'assistais, il y a quelques jours, à la conférence que le
général Smuts a donnée à la « Royal Geographical So-
ciety » de Londres, sur l'Est Africain Allemand. J'y en-
tendis exposer avec maîtrise les points de vue divergents
de l'Allemagne et des puissances de l'Entente en matière de
politique coloniale.. ..
Les deux points de vue.
L'Allemagne n'apas de visées proprement colonisatrices.
Elle veut seulement acquérir des territoires où appuyer
ses projeta de domination mondiale. Elle ne désire pas de
colonies comme telles, mais de nouvelle. poiltlolll ttrtté-
Combien d'Allemands résident dans leurs colonies ? Le
tableau suivant, extrait de l'exposé des motifs du budget
des colonies allemandes de 1914, répond à cette question :
EUilOl'ÉKNS
(y compris
COLONIES ALLEMANDS les Allemande)
Togo 320 3G8
Cameroun 1.643 1.871*
Sud-Ouest Africain 12.2r92 14.830
Est Africain 4.107 5.330
Samoa...: 329 544
Nouvelle-Guinée 706 i .427
Kiaotchéou 1.855 2.069
Total -.. , ........ 21.252 26.445
Ce chiffre de 21.252 ne semble "pas bien élevé si on le
compare aux 37.780 Français, qui ont été dénombrés dans
le Maroc français le 1er janvier 191 Î. Il est à noter que le
isr janvier 1914 les Français étaient au Marûc 20.0185 et les
Allemands 433.
De tous ces chiffres, de toutes ces statistiques, que le
public ignore beaucoup trop, il ressort-avec évidence que
l'Allemagne n'a nullement besoin de colonies pour y dé-
verser son trop-plein de population, puisque depuis long-
temps elle n'exporte plus que fort peu d'émigrants ou de
colons.
Mais, diraient certains Allemands ne se croyant pas pan-
germanistes, si l'Allemagne n'a pas besoin de colonies
pour y implanter ses nationaux, notre pays, devenu in-
dustriel, doit, sous peine de paralysie, pouvoir placer ses-
marchandises, ses produits fabriqués et acheter des ma-
tières premières que seules des colonies peuvent lui four-
nir.
Qu'y a-t-il d'exact dans cette thèse, d'apparence modérée,
que beaucoup de journalistes germains ont soutenue lors-
qu'ils nous ont accusé de. vouloir tunisifier le Maroc? Tuni-
sifier, pour eux, était l'équivalent d'étrangler le commerce
allemand.
Examinons donc quelques statistiques. En Tunisie, la
part de l'Allemagne n'était, en 1880, que de 5.487 francs
soit de 0,001 0/0 sur un commerce total de 48.338.000 francs
et celle de la France de 20.500.000 francs, soit de 45,8 0/0
et aucun navire allemand n'avait fait de.commerce dans
un port tunisien. En 1912, sur. un commerce total de
311.000.000 de francs, I;J. part de l'Allemagne était de
7.265.000 francs, soit de 2,2 0/0 et celle de la France de
173.400.000 francs, soit de 55,7 a/0, et. sur un mouve-
ment réel des ports de 2.631.000 tonnes, importées ou eX7
portées, la part des 253 navires allemands était de 204.126
tonnes, soit de 8 0/0.
Ces chiffres officiels montrent de façon indiscutable que
les Allemands ont profité du sang que nous avons versé
pour conquérir la Tunisie, ainsi que des millions que nous
y avons dépensés pour créer un outillage économique :
ports, chemins de fer, télégraphes, routes, etc. La Tunisie
n'a donc jamais été une chasse gardée où les Allemands
n'ont pu venir chasser..
En Algérie, si l'on compare la moyenne décennale 1901-
19iO avec les chiffres de 1901, on voit qu'à l'importation le
commerce allemand a augmenté de 127,7 0/0 et à l'expor-
tation de 65,5 0/6.
En Indo-Chine, le commerce allemand est passe de
38.1ii.848 francs (11,3 0/U) en 1904 à 67.134.338 francs
(12.8 0/0) en i9i3 et le tonnage de 2J8.825 tonnes à
383'.931 tonnes pendant les mêmes années.
A Madagascar, en 1896, le commerce allemand s'élevait
à 1.197-000 francs. soit les 6,8 0/0 d'un commerce total de
17 594.000 francs. alors qu'en 1913. il atteignait 11 mil-
lions 139.000 francs, soit les 10,90/0 d'un commerce total
de 102.801 .u!i0 francs. Le progrès est donc en valeur rela-
tive de 4.1 U Il et de 9,25 0/0 en valeur absolue pour une
périolle de 17 ans.
En Afrique E .uatoriale Française, le commerce alle-
mand, qui s'élevait, en 1902, seulement à 796.000 francs.
soit îi'3 0/0 d'un commerce total (le 44. +83-004 francs. at-
teignait en 1911 i 1: somme de 4.9H.O m francs. soit 12 O'O
d'un Cmmerce tofa] de 40.785.877 franC8.
Au Maroc le commerce allemand s'élevait PD. i90ti,
à 7.114.403 francs, soit les 8.4 0/0 d'un commerce total de
78.642.893 francs, et, en 1913, il atteignait 21.477.375 fr.,
soit les 9,7 U/0 d'un commerce total de 211.607.234 fr. Sa
part s'est donc accrue, en 7 ans, de 1,3 0/0, et, en valeur
absolue, elle a augmenté de 294 0/0.
Dans l'ensemble des colonies françaises (Algérie, Tuni-
sie, Maroc non comprise les importations allemandes ont
atteint les chiffres suivants :
1907 12.519.000 francs.
191 1 21..379.000 —
191 2 ..' 22.727.000 —
191 3 ................ 19.779.000 —
L'augmentation est donc de 158 0/0 en 6 ans.
D'après les statistiques, nos-diverses colonies ont ex-
porté en Allemagne : J.
1907 17.450.000 francs,
191 1 31.214.000 " - "
191 2 ................ 34..010.000 —
191 3 ................ 47.708,000 —
L'augmentation a donc été de $07 0/0 en 6 ans.
Malgré ces progrès considérables, le commerce total de
nos colonies avec l'Allemagne (exportation et importation)
n'a été, en 1913, que de 5b 746.000 francs, soit les 4,4 0/0
d'un commerce général de 1.292 millions. ~
Il résulte de ces chiffres, empruntés à des publications
officielles, que le régime douanier de nos colonies et de
nos diverses possessions n'était pas une entrave au libre
développement du commerce allemand. Après la guerre,
si nous ne modifions pas ce régime douanier, et si nous
l'étendons aux colonies conquises, l'Allemagne pourra donc
trouver dans notre domaine colonial des débouchés pour
ses marchandises et elle pourra y acheter des matieres
premières. Elle sera seulement mise dans l'impossibilité
de" faire une Welt-politik tendant à l'hégémonie mondiale '
et nous aurons ainsi une garantie de paix réelle.
Au contraire, si-nous lui rendons nos conquêtes, elle
cherchera tôt ou tard à faire de ses~colonies les fonde-
ments du kolossal empire colonial rêvé par les pangerma-
nlstes, et elle tendra à absorbei" les colonies portugaises,
le Congo belge, ainsi que les colonies hollandaises de l'In-
sulinde.
D'ailleurs, quelle que soit notre opinion à nous Frappais,
il semble bien que les divers Dominions : Afrique du Sud,
Australie, Nouvelle-Zélande, qui ont envoyé leurs -soldats
verser leur sang dans les colonies allemandes, aux Darda-
nelles, en Arabie Pétrée et en France, n'hésiteront pas à
déclarer qu'en échange des lourds sacrifices qu'ils ont con-
sentis, ils exigent que l'AUemagne n'ait plus de colonies.
S'il en est ainsi, qui oserait leur opposer un vffo?
Présidant le 10 février à la Sorbonne une mani-
festation de l'Association générale belge à propos
de la conquête de l'Afrique Orientale Allemande
— on en trouvera le compte rendu plus loin, —
M. Renkin, ministre des Colonies, a fait con-
naître ainsi le point de vue général du gouver- .
nement belt;e :
Messieurs,
J'assistais, il y a quelques jours, à la conférence que le
général Smuts a donnée à la « Royal Geographical So-
ciety » de Londres, sur l'Est Africain Allemand. J'y en-
tendis exposer avec maîtrise les points de vue divergents
de l'Allemagne et des puissances de l'Entente en matière de
politique coloniale.. ..
Les deux points de vue.
L'Allemagne n'apas de visées proprement colonisatrices.
Elle veut seulement acquérir des territoires où appuyer
ses projeta de domination mondiale. Elle ne désire pas de
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