Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 171
C'est faire de Mademba le plus bel éloge que de
dire qu'il se montra digne de la confiance de celui'
-qui l'avait élevé à ce rang et fidèle au programme
qui lui était tracé. Le pays qui lui était remis
était désert, Sansanding en ruines. Il sut recons-
truire. Il peupla les villages avec d'anciens sofas
d'Ahmadou et quand les derniers partisans d 'Ah-
madou, El Hadj Bougouni en tête, essayèrent de
l'attaquer, il fut prôtégé par les auxiliaires jus-
qu'au moment où Bonnier put venir le débloquer.
Depuis lors, la tranquillité de l'Etat de San-
sanding a été parfaite et la prospérité n'a cessé de
régner dans le pays sous l administration pater-
nelle de Mademba. Il gouvernait sous le contrôle
de l'administration française et disposait de l'im-
pôt contre un versement forfaitaire au budget
local. Son loyalisme est resté aussi entier et, en
septembre 1896, le gouvernement français- lui
décernait la croix d'officier de la Légion d 'hon-
neur pour reconnaître à la fois ses anciens services
en colonne et ceux qu'ij. venait de rendre « en
administrant sagement les pays qui lui ont été
confiés, en aidant de tout son pouvoir notre action
humanitaire dans ces pays hier encore fermés à
notre civilisation ». -
Le fama de Sansanding gouvernait son Etat un
peu à la manière d'un chef biblique. Nous le
voyons encore, dans son palais de Sansanding lors
d'un voyage au Niger en 1'911, où nous tui ren-
dions la visite qu'il avait faite à Paris, erul906, au
Comité de l'Afrique française, dont il était l'adhé-
rent fidèle. Il recevait ses visiteurs dans une
grande galerie dont les murs étaient tapissés de
cartes d'Afrique et de chromolithographies fran-
çaises et dont -les tables étaient chargées de livres
et publications en arabe et en français, avec, en
bonne place, le livre d'Ibn -Batouta, la gram-
maire arabe de- de Sacy, la Dépêche coloniale
illustrée, l' Afrique française. Il accueillait à sa
- « table les visiteurs et pendant le déjeuner faisait
chanter ses griots et ses griotes, notamment la
fameuse Jeanne d'Arc noire, Diali Niakara, qui
jadis entrainait les guerriers au combat. Il aimait
à raconter ses souvenirs des campagnes d'autre-
fois, à montrer les 'photographies de ses chefs, à
sortiT son drapeau blanc, avec, dans le coin, en
hautr les trois couleurs françaises et l'inscription
en arabe : «-Je suis avec Dieu et avec la France! »
Son activité s'était entièrement portée vers
l'administration de ses sujets et aussi vers l'agri-
- culture. C'était un roi rural. Il cultivait de son
mieux ses champs personnels et il fut l'un des
premiers ,à, se lancer dans la culture du coton. Ce
fut même le but principal de son voyage en
France en 1906. Il à fait du plant américain et
était heureux des résultats obtenus. Le gouver-
nement français l'avait nommé, pour cette raison,
commandeur du Mérite Agricole et cette distinc-
tion, assez rare chez les indigènes, lui plaisait tout
spécialement. M. Ponty, qui fut avec le général
Archinard son grand ami après avoir été son com-
pagnon de lutte, lui écrivait à cette occasion :
« Les services que vous n'avez cessé de rendre
dans vos Etats à l'agriculture et particulièrement
les travaux que vous avez entrepris cette année en
vue de l'extension de la culture du coton avec
une activité et des soins remarquables qui seront
bientôt, je l'espère, couronnés de succès, vous
désignaient hautement au choix de M. le ministre
de l'Agriculture pour la haute distinction dont
vous venez d'être l'objet. » Et cette littérature de
style était, cette fois, entièrement juste. Mademba
aimait à porter au cou sa cravate de commandeur
du Mérite Agricole : « Je l'aime, nous disait-il, et
j'en suis plus fier que si l 'on m'avait donné les
palmes académiques ou leBénin... quejen'aipas ! 1)
Au Soudan, chacun aimait et respectait cet
auxiliaire bon et brave, qui avait connu Faidherbe,
servi sous Desbordes, (Jallieni et Archinard, et
l'ait colonne avec Marchand, avec Mangin, avec
Gouraud. Il était le dernier roi noir du Soudan
français. La guerre aVilit encore avivé son dé-
vouement pour la France. Trop Ùgé pour servir,
il a du moins contribué de son mieux au recru-
tement des tirailleurs dans ses Etats. Il a de plus
donné à l'armée trois de ses fils, Racine, brillant
élève de l'Ecole d'agriculture coloniale, Cheikh et
Abd el Kader, tous trois lieutenants au front
français. Récemment encore, il nous écrivait sa
foi dans la victoire et sa joie d'avoir vu tant de
« Français noirs » — il aimait pour lui et pour
eux- cette expression — aller au secours de la
France.
Ainsi s'en va l'un des derniers survivants d'une
époque que les nouveaux Africains connaissent
parfois mal et que les anciens n'évoquent pas sans
une vive émotion, même dans les années de
gloire et de grandes luttes que nous vivons.
Mademba était l'une des meilleures personnifica-
tions de cette « époque héroïque » de la conquête
du Niger. Son nom restera attaché à l'épopée
soudanaise. A. T.
BILLETS MAROCAINS -
M. de La Martinière, Ministre plénipotentiaire qui fut il y
a quelque vingt ans Chargé d'Affaires à notre Légation de
Tanger et qui précédemment arait vécu dans l'intérieur du
J/aroc et en Algérie qu'il parcourut de Taroudant à Tlemcen,
a bien voulu, sur notre demande, nnus adresser ses premières
impressions en revoyant ce pays qu'il avait connu ri l'époque
du sultan Moulay El Hassan. M. de L(i Martinière vient en
effet dfJ passer plusieurs mois dans le Protectorat; il fut
accueilli avec la bonne grâce que l'nn connaît au général
Lyautcy. et, entouré de toute sa sollicitude, il séjourna
notamment une partie de Vhiver à Marrakech.
Peut-être JI. de La Martinière vOUrlm-l-il continuer an
Bulletin du Comité le résume de ses observations et nuitS
les exposer en toute sincérité. Nous le- remercions d'avoir
bien voulu apporter, dam l'organe du Comité de l'Afrique
française, dont il IL été plusieurs années le Secrétaire Géné-
rai, le témoignage d'ait « Marocain » de l'avant-veille au
Maroc d'aujourd'hui.
L'œuvre française au Maroc se montre presque
tout entière au voyageur qui débarque à Casa-
blanca et qui se rend ensuite à Rabat. Dans ces
L'AFRIQUE FBANÇAISE. — N'a 1 et S.
C'est faire de Mademba le plus bel éloge que de
dire qu'il se montra digne de la confiance de celui'
-qui l'avait élevé à ce rang et fidèle au programme
qui lui était tracé. Le pays qui lui était remis
était désert, Sansanding en ruines. Il sut recons-
truire. Il peupla les villages avec d'anciens sofas
d'Ahmadou et quand les derniers partisans d 'Ah-
madou, El Hadj Bougouni en tête, essayèrent de
l'attaquer, il fut prôtégé par les auxiliaires jus-
qu'au moment où Bonnier put venir le débloquer.
Depuis lors, la tranquillité de l'Etat de San-
sanding a été parfaite et la prospérité n'a cessé de
régner dans le pays sous l administration pater-
nelle de Mademba. Il gouvernait sous le contrôle
de l'administration française et disposait de l'im-
pôt contre un versement forfaitaire au budget
local. Son loyalisme est resté aussi entier et, en
septembre 1896, le gouvernement français- lui
décernait la croix d'officier de la Légion d 'hon-
neur pour reconnaître à la fois ses anciens services
en colonne et ceux qu'ij. venait de rendre « en
administrant sagement les pays qui lui ont été
confiés, en aidant de tout son pouvoir notre action
humanitaire dans ces pays hier encore fermés à
notre civilisation ». -
Le fama de Sansanding gouvernait son Etat un
peu à la manière d'un chef biblique. Nous le
voyons encore, dans son palais de Sansanding lors
d'un voyage au Niger en 1'911, où nous tui ren-
dions la visite qu'il avait faite à Paris, erul906, au
Comité de l'Afrique française, dont il était l'adhé-
rent fidèle. Il recevait ses visiteurs dans une
grande galerie dont les murs étaient tapissés de
cartes d'Afrique et de chromolithographies fran-
çaises et dont -les tables étaient chargées de livres
et publications en arabe et en français, avec, en
bonne place, le livre d'Ibn -Batouta, la gram-
maire arabe de- de Sacy, la Dépêche coloniale
illustrée, l' Afrique française. Il accueillait à sa
- « table les visiteurs et pendant le déjeuner faisait
chanter ses griots et ses griotes, notamment la
fameuse Jeanne d'Arc noire, Diali Niakara, qui
jadis entrainait les guerriers au combat. Il aimait
à raconter ses souvenirs des campagnes d'autre-
fois, à montrer les 'photographies de ses chefs, à
sortiT son drapeau blanc, avec, dans le coin, en
hautr les trois couleurs françaises et l'inscription
en arabe : «-Je suis avec Dieu et avec la France! »
Son activité s'était entièrement portée vers
l'administration de ses sujets et aussi vers l'agri-
- culture. C'était un roi rural. Il cultivait de son
mieux ses champs personnels et il fut l'un des
premiers ,à, se lancer dans la culture du coton. Ce
fut même le but principal de son voyage en
France en 1906. Il à fait du plant américain et
était heureux des résultats obtenus. Le gouver-
nement français l'avait nommé, pour cette raison,
commandeur du Mérite Agricole et cette distinc-
tion, assez rare chez les indigènes, lui plaisait tout
spécialement. M. Ponty, qui fut avec le général
Archinard son grand ami après avoir été son com-
pagnon de lutte, lui écrivait à cette occasion :
« Les services que vous n'avez cessé de rendre
dans vos Etats à l'agriculture et particulièrement
les travaux que vous avez entrepris cette année en
vue de l'extension de la culture du coton avec
une activité et des soins remarquables qui seront
bientôt, je l'espère, couronnés de succès, vous
désignaient hautement au choix de M. le ministre
de l'Agriculture pour la haute distinction dont
vous venez d'être l'objet. » Et cette littérature de
style était, cette fois, entièrement juste. Mademba
aimait à porter au cou sa cravate de commandeur
du Mérite Agricole : « Je l'aime, nous disait-il, et
j'en suis plus fier que si l 'on m'avait donné les
palmes académiques ou leBénin... quejen'aipas ! 1)
Au Soudan, chacun aimait et respectait cet
auxiliaire bon et brave, qui avait connu Faidherbe,
servi sous Desbordes, (Jallieni et Archinard, et
l'ait colonne avec Marchand, avec Mangin, avec
Gouraud. Il était le dernier roi noir du Soudan
français. La guerre aVilit encore avivé son dé-
vouement pour la France. Trop Ùgé pour servir,
il a du moins contribué de son mieux au recru-
tement des tirailleurs dans ses Etats. Il a de plus
donné à l'armée trois de ses fils, Racine, brillant
élève de l'Ecole d'agriculture coloniale, Cheikh et
Abd el Kader, tous trois lieutenants au front
français. Récemment encore, il nous écrivait sa
foi dans la victoire et sa joie d'avoir vu tant de
« Français noirs » — il aimait pour lui et pour
eux- cette expression — aller au secours de la
France.
Ainsi s'en va l'un des derniers survivants d'une
époque que les nouveaux Africains connaissent
parfois mal et que les anciens n'évoquent pas sans
une vive émotion, même dans les années de
gloire et de grandes luttes que nous vivons.
Mademba était l'une des meilleures personnifica-
tions de cette « époque héroïque » de la conquête
du Niger. Son nom restera attaché à l'épopée
soudanaise. A. T.
BILLETS MAROCAINS -
M. de La Martinière, Ministre plénipotentiaire qui fut il y
a quelque vingt ans Chargé d'Affaires à notre Légation de
Tanger et qui précédemment arait vécu dans l'intérieur du
J/aroc et en Algérie qu'il parcourut de Taroudant à Tlemcen,
a bien voulu, sur notre demande, nnus adresser ses premières
impressions en revoyant ce pays qu'il avait connu ri l'époque
du sultan Moulay El Hassan. M. de L(i Martinière vient en
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accueilli avec la bonne grâce que l'nn connaît au général
Lyautcy. et, entouré de toute sa sollicitude, il séjourna
notamment une partie de Vhiver à Marrakech.
Peut-être JI. de La Martinière vOUrlm-l-il continuer an
Bulletin du Comité le résume de ses observations et nuitS
les exposer en toute sincérité. Nous le- remercions d'avoir
bien voulu apporter, dam l'organe du Comité de l'Afrique
française, dont il IL été plusieurs années le Secrétaire Géné-
rai, le témoignage d'ait « Marocain » de l'avant-veille au
Maroc d'aujourd'hui.
L'œuvre française au Maroc se montre presque
tout entière au voyageur qui débarque à Casa-
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