Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1917-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1917 01 janvier 1917
Description : 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27). 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97885087
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
204 BULLETIN DU COMITÉ
ment fut opéré, la résistance ennemie fut brisée et l'ennemi
fut refoulé à l'intérieur, abandonnant ses canons de cam-
pagne. Le 11 novembre le fort de Turban et les autres
ouvrages turcs des environs étaient détruits parles troupes
et par un contingent de marins, etl'expédition ayant atteint
son but fut rembarquée.
En envoyant son rapport sur les opérations le général
Cox signale l'utile concours qu'il a reçu pour le débarque-
ment et le rembarquement de ses troupes, du capitaine
H. Blackett, commandant le Duke of Edinburgh, et de ses
troupes.
Pendant quelque temps les Turcs ne donnèrent aucun
signe de projet d'attaque contre Aden. Mais leur présence
sur la frontiere nor l du Protectorat obligeait à renforcer
la garnison d'Aden.
Cheikh Saïd fut de nouveau occupée par l'ennemi et
dans la nuit du 14 au 15 juin 1915 il tenta un débarque-
ment sur la côte nord de l'île de Perim. Cette attaque fut
heureusement repoussée par le détachement du 23e pion-
niers sikh qui tenait garnison dans l'île sous le comman-
dement du capitaine A. G. C. Hutchinson.
On sait que, depuis lors, Ali Saïd pacha a tenté
de marcher sur Aden et s'était avancé jusqu'à
Lahej. Mais en 1916 il fut repoussé et la procla-
mation d'indépendance du roi du Hedjaz a mis
fin à toute complication du côté d'Aden. Quant à
Cheikh-Saïd et Perim, il n'en a plus été question.
Dans The Times, History of the War (n° 128,
30 janvier 1917), on lit : « Aucune troupe n'a été
laissée à Cheikh-Saïd, ce qui a permis naturelle-
ment aux Turcs de s'y réinstaller. Mais les forces
navales britanniques de la mer Rouge les tiennent
sous leur surveillance et l'activité ennemie est
nulle. »
tÉCHOS
Une exposition d'art marocain est ouverte jusqu'au
mois de septembre au pavillon de Marsan, organisée par
la Résidence générale de France au Maroc, l'Union
centrale des arts décoratifs et la Société des orienta-
listes au profit des œuvres de guerre marocaines.
L'art marocain est un nouveau venu à Paris et bien
rares sans doute sont les Français qui connaissent son
existence ; la plupart tiennent le Maroc pour un pays un
peu sauvage, où les coupeurs de route demeurent plus
nombreux que les artistes : qu'ils aillent au Musée des
arts décoratifs et leur idée du pays se trouvera heu-
reusement modifiée. Le Maroc a construit depuis
huit cent ans des monuments d'architecture religieuse,
militaire ou civile dont beaucoup subsistent et où l'on
compte des chefs-d'œuvre comparables aux plus nobles
constructions de Perse, d'Egypte ou d'Espagne; des
photographies et des relevés réunis dans une salle
d'entrée les font connaitre. Leur mobilier a malheureu-
sement péri pour la plus grande partie et, tandis que
l'Orient musulman nous montre des céramiques, des
cuivres, des manuscrits, des tissus remontant aux plus
anciennes périodes du moyen âge, nous ne commençons
à découvrir les arts industriels du Maroc que vers la fin
du XVIIe siècle ou XVIIIe même, c'est-à-dire au moment
de la décadence de l'art de l'Islam. Mais alors même il
garde bien du charme et l'on trouvera à l'exposition des
tapis, des soieries, des bijoux, des broderies, des
reliures et des armes anciennes d'un goût excellent. Les
grands pachas marocains, nos officiers et les amateurs
parisiens y ont envoyé une collection assurément
unique.
Peut-être la section moderne de l'exposition intéres-
sera-t-elle pourtant le public encore davantage. Et
d'abord il aura plaisir à connaître l'œuvre de reconstitu-
tion que la France accomplit au Maroc. Au moment de
notre arrivée, les métiers languissaient et les artisans
perdaient peu à peu l'habileté de la main et le style ;
notre administration eut à cœur de les relever. Sans
prétendre innover en quoi que ce soit, elle s'efforça de
leur rapprendre la technique d'autrefois, de les ramener
à leurs traditions et dès maintenant des maîtres dressés
par nos soins ont fait exécuter à Rabat, à Salé, à Fez,
dans des ateliers spéciaux, sortes d'ateliers-écoles, des
tapis, des nattes, des broderies et des reliures notam-
ment, dont on pourra souvent comparer côte à côte les
copies et les originaux : ces ouvrages sont tout à fait
remarquables; ils font honneur au Protectorat et nous ne
doutons pas que, quand la production en sera organisée,
quand on aura réussi à la développer en quelque sorte
industriellement, ils trouveront en France un large
accueil. La « montre » d'aujourd'hui est pour leur pré-
parer les voies.
D'autres séries échappent à notre influence, ce sont
les objets berbères, ceux qui se font sous la tente, dans
les montagnes encore insoumises de l'Atlas ou dans les
provinces à peine pénétrées du Sud, telles que le Sous,
et ceux-là ne plairont pas moins. Les Berbères ne
passaient pas jusqu'ici pour de bien notables artistes,
mais à voir leurs ouvrages, il faudra dorénavant les consi-
dérer davantage ; le sens du décor géométrique et celui
de la couleur sont chez eux étrangement aigus, et ces
deux dons, si rarement unis, leur ont inspiré les plus
heureuses trouvailles. Certains tapis à fond blanc ou
brun sont ornés d'un simple réseau de carrés, de losanges,
de bâtons rompus ou de cercles, mais si ingénieusement
disposés et de proportions si justes qu'on ne souhaite
rien au delà, et quant au choix des couleurs, tantôt
c'est une caresse pour l'œil, tant elles sont douces,
délicates, tantôt il semble d'un feu d'artifice où les tons
les plus rutilants se déchaînent, d'une harmonie toujours
raffinée partout et sans une note criarde. Nos décora-
teurs d'avant-garde tressailliront d'aise dans les salles
berbères, et les rudes gens des tribus leur donneront
peut-être d'utiles leçons.
L'exposition a été disposée avec un goût parfait par
les délégués du Protectorat, et ils ont tout fait pour la
rendre attrayante : on est allé jusqu'à amener de Fez un
enlumineur qui, dans une jolie boutique, accroupi sur
ses nattes, exécute de gracieux chefs-d'œuvre. Le
public ne manquera pas de se rendre nombreux à l'appel
des organisateurs; il aura sous les yeux un spectacle
infiniment agréable, il prendra en même temps cons-
cience d'une part de la grande œuvre que la France
accomplit au Maroc et qu'elle y poursuit en pleine
guerre ; il fera enfin une bonne action, puisque son
offrande servira à procurer quelque joie aux blessés de
cet admirable régiment des tirailleurs marocains qui,
depuis trois ans, donnent si vaillamment leur sang pour
la France, leur seconde patrie.
RAYMOND KOECHLIN.
ment fut opéré, la résistance ennemie fut brisée et l'ennemi
fut refoulé à l'intérieur, abandonnant ses canons de cam-
pagne. Le 11 novembre le fort de Turban et les autres
ouvrages turcs des environs étaient détruits parles troupes
et par un contingent de marins, etl'expédition ayant atteint
son but fut rembarquée.
En envoyant son rapport sur les opérations le général
Cox signale l'utile concours qu'il a reçu pour le débarque-
ment et le rembarquement de ses troupes, du capitaine
H. Blackett, commandant le Duke of Edinburgh, et de ses
troupes.
Pendant quelque temps les Turcs ne donnèrent aucun
signe de projet d'attaque contre Aden. Mais leur présence
sur la frontiere nor l du Protectorat obligeait à renforcer
la garnison d'Aden.
Cheikh Saïd fut de nouveau occupée par l'ennemi et
dans la nuit du 14 au 15 juin 1915 il tenta un débarque-
ment sur la côte nord de l'île de Perim. Cette attaque fut
heureusement repoussée par le détachement du 23e pion-
niers sikh qui tenait garnison dans l'île sous le comman-
dement du capitaine A. G. C. Hutchinson.
On sait que, depuis lors, Ali Saïd pacha a tenté
de marcher sur Aden et s'était avancé jusqu'à
Lahej. Mais en 1916 il fut repoussé et la procla-
mation d'indépendance du roi du Hedjaz a mis
fin à toute complication du côté d'Aden. Quant à
Cheikh-Saïd et Perim, il n'en a plus été question.
Dans The Times, History of the War (n° 128,
30 janvier 1917), on lit : « Aucune troupe n'a été
laissée à Cheikh-Saïd, ce qui a permis naturelle-
ment aux Turcs de s'y réinstaller. Mais les forces
navales britanniques de la mer Rouge les tiennent
sous leur surveillance et l'activité ennemie est
nulle. »
tÉCHOS
Une exposition d'art marocain est ouverte jusqu'au
mois de septembre au pavillon de Marsan, organisée par
la Résidence générale de France au Maroc, l'Union
centrale des arts décoratifs et la Société des orienta-
listes au profit des œuvres de guerre marocaines.
L'art marocain est un nouveau venu à Paris et bien
rares sans doute sont les Français qui connaissent son
existence ; la plupart tiennent le Maroc pour un pays un
peu sauvage, où les coupeurs de route demeurent plus
nombreux que les artistes : qu'ils aillent au Musée des
arts décoratifs et leur idée du pays se trouvera heu-
reusement modifiée. Le Maroc a construit depuis
huit cent ans des monuments d'architecture religieuse,
militaire ou civile dont beaucoup subsistent et où l'on
compte des chefs-d'œuvre comparables aux plus nobles
constructions de Perse, d'Egypte ou d'Espagne; des
photographies et des relevés réunis dans une salle
d'entrée les font connaitre. Leur mobilier a malheureu-
sement péri pour la plus grande partie et, tandis que
l'Orient musulman nous montre des céramiques, des
cuivres, des manuscrits, des tissus remontant aux plus
anciennes périodes du moyen âge, nous ne commençons
à découvrir les arts industriels du Maroc que vers la fin
du XVIIe siècle ou XVIIIe même, c'est-à-dire au moment
de la décadence de l'art de l'Islam. Mais alors même il
garde bien du charme et l'on trouvera à l'exposition des
tapis, des soieries, des bijoux, des broderies, des
reliures et des armes anciennes d'un goût excellent. Les
grands pachas marocains, nos officiers et les amateurs
parisiens y ont envoyé une collection assurément
unique.
Peut-être la section moderne de l'exposition intéres-
sera-t-elle pourtant le public encore davantage. Et
d'abord il aura plaisir à connaître l'œuvre de reconstitu-
tion que la France accomplit au Maroc. Au moment de
notre arrivée, les métiers languissaient et les artisans
perdaient peu à peu l'habileté de la main et le style ;
notre administration eut à cœur de les relever. Sans
prétendre innover en quoi que ce soit, elle s'efforça de
leur rapprendre la technique d'autrefois, de les ramener
à leurs traditions et dès maintenant des maîtres dressés
par nos soins ont fait exécuter à Rabat, à Salé, à Fez,
dans des ateliers spéciaux, sortes d'ateliers-écoles, des
tapis, des nattes, des broderies et des reliures notam-
ment, dont on pourra souvent comparer côte à côte les
copies et les originaux : ces ouvrages sont tout à fait
remarquables; ils font honneur au Protectorat et nous ne
doutons pas que, quand la production en sera organisée,
quand on aura réussi à la développer en quelque sorte
industriellement, ils trouveront en France un large
accueil. La « montre » d'aujourd'hui est pour leur pré-
parer les voies.
D'autres séries échappent à notre influence, ce sont
les objets berbères, ceux qui se font sous la tente, dans
les montagnes encore insoumises de l'Atlas ou dans les
provinces à peine pénétrées du Sud, telles que le Sous,
et ceux-là ne plairont pas moins. Les Berbères ne
passaient pas jusqu'ici pour de bien notables artistes,
mais à voir leurs ouvrages, il faudra dorénavant les consi-
dérer davantage ; le sens du décor géométrique et celui
de la couleur sont chez eux étrangement aigus, et ces
deux dons, si rarement unis, leur ont inspiré les plus
heureuses trouvailles. Certains tapis à fond blanc ou
brun sont ornés d'un simple réseau de carrés, de losanges,
de bâtons rompus ou de cercles, mais si ingénieusement
disposés et de proportions si justes qu'on ne souhaite
rien au delà, et quant au choix des couleurs, tantôt
c'est une caresse pour l'œil, tant elles sont douces,
délicates, tantôt il semble d'un feu d'artifice où les tons
les plus rutilants se déchaînent, d'une harmonie toujours
raffinée partout et sans une note criarde. Nos décora-
teurs d'avant-garde tressailliront d'aise dans les salles
berbères, et les rudes gens des tribus leur donneront
peut-être d'utiles leçons.
L'exposition a été disposée avec un goût parfait par
les délégués du Protectorat, et ils ont tout fait pour la
rendre attrayante : on est allé jusqu'à amener de Fez un
enlumineur qui, dans une jolie boutique, accroupi sur
ses nattes, exécute de gracieux chefs-d'œuvre. Le
public ne manquera pas de se rendre nombreux à l'appel
des organisateurs; il aura sous les yeux un spectacle
infiniment agréable, il prendra en même temps cons-
cience d'une part de la grande œuvre que la France
accomplit au Maroc et qu'elle y poursuit en pleine
guerre ; il fera enfin une bonne action, puisque son
offrande servira à procurer quelque joie aux blessés de
cet admirable régiment des tirailleurs marocains qui,
depuis trois ans, donnent si vaillamment leur sang pour
la France, leur seconde patrie.
RAYMOND KOECHLIN.
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