Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1917-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1917 01 janvier 1917
Description : 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27). 1917/01/01 (N1,A27)-1917/12/31 (N12,A27).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97885087
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 189
La manœuvre d'El-Bekrit.
Le chemin le plus court, le meilleur aussi,
pour aller de notre camp à El-Bekrit, passe par
le col étroît de Tizi-N'Lafit qui entaille le flanc
ouest du djebel Haïan.
Au delà, s'étend une plaine resserrée entre deux
contreforts boisés de cèdres, formidablement es-
carpés, où naît l'oued Amengous, l'une des bran-
ches supérieures de l'Oum-er-Rebia.
Les dissidents occapent, en léger rideau, les
crêtes du djebel Haïan; nul doute que leurs prin-
cipales forces ne nous attendent à la sortie du col.
Forcer le col paraît au colonel Poeymirau chose
aisée, majs aventureuse. Chef d'une troupe admi-
rablement entraînée et manceuvrière, il prend
un parti qui déconcerte et décourage l'ennemi.
Le groupe mobile est fractionné en deux colonnes
que soude un détachement de liaison ; la co-
lonne de droite est lancée à l'assaut du djebel
Haïan lui-même, qui se dresse, plaqué de larges
taches de neige, à 2.500 mètres d'altitude ; le
reste du groupe, avec son convoi, constitue la co-
lonne de gauche qui longera le pied sud du dje-
bel Haïan.
L'escalade commence à 5 h. 30. Les partisans
se déploient au galop, criant, fusillant, avec leur
entrain coutumier. Leurs petits chevaux s'agrip-
pent aux rochers comme des chèvres. Les gour
miers. les spahis les suivent et soutiennent leur
mouvement. Les colonnes attaquent le massif par
toutes les pentes accessibles et s'élèvent rapide-
ment, tandis que l'artillerie disperse quelques
groupes. /
Dès 7 heures, nos premiers éléments prenaient
pied sur la cime du djebel Haïan et foulaient le
légendaire kerkour (enceinte de pierre) que Sidi
bou Bekker, l'ancêtre d'Ali Amhaouch, dressa
de ses mains au siècle dernier, déclarant d'un
ton prophétique que jamais les chrétiens n'iraient
au delà.
On découvre, du haut du djebel Haïan, un
panorama immense et splendide. La vallée de
l'oued Amengous descend vers le Sud-Ouest enca-
drée entre deux hautes chaînes que vêtent de
sombres forêts de cèdres plus denses qu'aucune
de celles que nous connaissons. Au delà, s'érigent
dans la brume les falaises noires et décharnées
qui hérissent le pays ?aïan. On aperçoit les nlon-
tagnes qui dominent le Tadla et bordent la cou-
pure de l'oued El-Abid, région inconnue et sau-
vage, dont l'aspect redoutable explique la résis-
tance et l'endurance de ses farouches habitants.
Au Sud, se dresse, toute blanche, la mysté-
rieuse chaine du Haut-Atlas. On en distingue, à
perte de vue, les gigantesques masses, les monts
d'Ahansal, le djebel Abbari, au pied duquel nais-
sent l'oued El-Abid et la Moulouya, et, le plus
formidable de tous, le djebel Ayachi, dont le
massif se détache entre les cols de Tounfit et de
Telrent.
Poursuivant son habile manœuvre, le colonel
Poeymirau donne l'ordre de. progresser vers la
plaine d'El-Bekrit.
Le détachement de droite, ?ous les ordres du
commandant Maitrat, escaladera la falaise du
Bou-Iquijoun qui ferme au Nord-Ouest la vallée
de l'oued Amengous.
L'avant-garde de la colonne de gauche, sous
les ordres du commandant Auger, occupera les
hauteurs du ras Tarcha qui borde la vallée au
Sud. Entre ces deux antennes, la colonne princi-
pale, que le bataillon d'Afrique du commandant
Lafforgue précède, franchira le coupe-gorge que
représente le col de Tarcha.
C'est là que Beni M'Guild insoumis et Zaïan,
délogés du djebel Haïan, comptent nous arrêter.
Ils n'en ont pas le temps. Un sérieux arrosage,
judicieusement dirigé par nos batteries, rend
leurs abris intenables. La colonne Auger les
bouscule des pentes du ras Tarcha ; la colonne
Maitrat prend, d'un seul élan, avec une fougue
brillante, la falaise du Bou-Iquijoun; le bataillon
d'Afrique refoule les cavaliers et les piétons qui
tiennent la plaine.
A deux heures, notre avant-garde a franchi le
défilé de Tarcha.
A cinq heures, la colonne mobile tout entière
couronne le gros volcan éteint du Tichout-Taber-
chant qui s'érige au milieu de la plaine d'El-
Bekrit et commande toute la vallée de l'oued
Amengous.
Cette belle opération de montagne, qu'on pré-
voyait très dure. et très coûteuse, s'achevait
comme une manœuvre habilement conçue, bril-
.lamment exécutée. L'ennemi, déconcerté, n'avait
pu nous arrêter en aucun point, à aucun moment.
La reconnaissance offensive
du djebel Ajgou.
L'emplacement d'un poste est d'importance
capitale.
Il faut, d'abord, songer à son commandement,
à sa situation militaire; ensuite, à son rayonne-
ment, à sa situation politique ; enfin, à son confort.
Le Tichout-Taberchant réunit-il le maximum
des qualités requises ?
Le djebel Ajgou qui domine, à 6 kilomètres
d'ici, le confluent de l'oued Amengous et de
l'oued Senoual, se pose en concurrent sérieux.
Il a mème altitude, 2.000 mètres; il est sis aux
confins mêmes des Beni-M'Guild (fraction des
Aït-Abdi) et des Zaïans (fraction des Aït-Sgougou) :
il commande la casbah de Fellat et les cultures
de notre irréconciliable ennemi, le caïd Moham-
med Aguebli ; les pentes qui accèdent à sa crête
sont moins rudes, plus herbeuses, que celles du
Taberchant.
Au surplus, on n'en jugera équitablement que
par une reconnaissance; il faut connaître les-
deux termes pour comparer.
La manœuvre d'El-Bekrit.
Le chemin le plus court, le meilleur aussi,
pour aller de notre camp à El-Bekrit, passe par
le col étroît de Tizi-N'Lafit qui entaille le flanc
ouest du djebel Haïan.
Au delà, s'étend une plaine resserrée entre deux
contreforts boisés de cèdres, formidablement es-
carpés, où naît l'oued Amengous, l'une des bran-
ches supérieures de l'Oum-er-Rebia.
Les dissidents occapent, en léger rideau, les
crêtes du djebel Haïan; nul doute que leurs prin-
cipales forces ne nous attendent à la sortie du col.
Forcer le col paraît au colonel Poeymirau chose
aisée, majs aventureuse. Chef d'une troupe admi-
rablement entraînée et manceuvrière, il prend
un parti qui déconcerte et décourage l'ennemi.
Le groupe mobile est fractionné en deux colonnes
que soude un détachement de liaison ; la co-
lonne de droite est lancée à l'assaut du djebel
Haïan lui-même, qui se dresse, plaqué de larges
taches de neige, à 2.500 mètres d'altitude ; le
reste du groupe, avec son convoi, constitue la co-
lonne de gauche qui longera le pied sud du dje-
bel Haïan.
L'escalade commence à 5 h. 30. Les partisans
se déploient au galop, criant, fusillant, avec leur
entrain coutumier. Leurs petits chevaux s'agrip-
pent aux rochers comme des chèvres. Les gour
miers. les spahis les suivent et soutiennent leur
mouvement. Les colonnes attaquent le massif par
toutes les pentes accessibles et s'élèvent rapide-
ment, tandis que l'artillerie disperse quelques
groupes. /
Dès 7 heures, nos premiers éléments prenaient
pied sur la cime du djebel Haïan et foulaient le
légendaire kerkour (enceinte de pierre) que Sidi
bou Bekker, l'ancêtre d'Ali Amhaouch, dressa
de ses mains au siècle dernier, déclarant d'un
ton prophétique que jamais les chrétiens n'iraient
au delà.
On découvre, du haut du djebel Haïan, un
panorama immense et splendide. La vallée de
l'oued Amengous descend vers le Sud-Ouest enca-
drée entre deux hautes chaînes que vêtent de
sombres forêts de cèdres plus denses qu'aucune
de celles que nous connaissons. Au delà, s'érigent
dans la brume les falaises noires et décharnées
qui hérissent le pays ?aïan. On aperçoit les nlon-
tagnes qui dominent le Tadla et bordent la cou-
pure de l'oued El-Abid, région inconnue et sau-
vage, dont l'aspect redoutable explique la résis-
tance et l'endurance de ses farouches habitants.
Au Sud, se dresse, toute blanche, la mysté-
rieuse chaine du Haut-Atlas. On en distingue, à
perte de vue, les gigantesques masses, les monts
d'Ahansal, le djebel Abbari, au pied duquel nais-
sent l'oued El-Abid et la Moulouya, et, le plus
formidable de tous, le djebel Ayachi, dont le
massif se détache entre les cols de Tounfit et de
Telrent.
Poursuivant son habile manœuvre, le colonel
Poeymirau donne l'ordre de. progresser vers la
plaine d'El-Bekrit.
Le détachement de droite, ?ous les ordres du
commandant Maitrat, escaladera la falaise du
Bou-Iquijoun qui ferme au Nord-Ouest la vallée
de l'oued Amengous.
L'avant-garde de la colonne de gauche, sous
les ordres du commandant Auger, occupera les
hauteurs du ras Tarcha qui borde la vallée au
Sud. Entre ces deux antennes, la colonne princi-
pale, que le bataillon d'Afrique du commandant
Lafforgue précède, franchira le coupe-gorge que
représente le col de Tarcha.
C'est là que Beni M'Guild insoumis et Zaïan,
délogés du djebel Haïan, comptent nous arrêter.
Ils n'en ont pas le temps. Un sérieux arrosage,
judicieusement dirigé par nos batteries, rend
leurs abris intenables. La colonne Auger les
bouscule des pentes du ras Tarcha ; la colonne
Maitrat prend, d'un seul élan, avec une fougue
brillante, la falaise du Bou-Iquijoun; le bataillon
d'Afrique refoule les cavaliers et les piétons qui
tiennent la plaine.
A deux heures, notre avant-garde a franchi le
défilé de Tarcha.
A cinq heures, la colonne mobile tout entière
couronne le gros volcan éteint du Tichout-Taber-
chant qui s'érige au milieu de la plaine d'El-
Bekrit et commande toute la vallée de l'oued
Amengous.
Cette belle opération de montagne, qu'on pré-
voyait très dure. et très coûteuse, s'achevait
comme une manœuvre habilement conçue, bril-
.lamment exécutée. L'ennemi, déconcerté, n'avait
pu nous arrêter en aucun point, à aucun moment.
La reconnaissance offensive
du djebel Ajgou.
L'emplacement d'un poste est d'importance
capitale.
Il faut, d'abord, songer à son commandement,
à sa situation militaire; ensuite, à son rayonne-
ment, à sa situation politique ; enfin, à son confort.
Le Tichout-Taberchant réunit-il le maximum
des qualités requises ?
Le djebel Ajgou qui domine, à 6 kilomètres
d'ici, le confluent de l'oued Amengous et de
l'oued Senoual, se pose en concurrent sérieux.
Il a mème altitude, 2.000 mètres; il est sis aux
confins mêmes des Beni-M'Guild (fraction des
Aït-Abdi) et des Zaïans (fraction des Aït-Sgougou) :
il commande la casbah de Fellat et les cultures
de notre irréconciliable ennemi, le caïd Moham-
med Aguebli ; les pentes qui accèdent à sa crête
sont moins rudes, plus herbeuses, que celles du
Taberchant.
Au surplus, on n'en jugera équitablement que
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