Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1916-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1916 01 janvier 1916
Description : 1916/01/01 (N1)-1916/12/31 (N12). 1916/01/01 (N1)-1916/12/31 (N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k98041485
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/11/2017
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- SOMMAIRE
- Nos 1 et 2
- N° 4
- N° 5
- N° 6
- N° 7
- Nos 8 et 9
- Nos 10 à 12
RENSEIGNEMENTS COLONIAUX
détachement composé du lieutenant Campenon
commandant, du maréchal des logis Le Digabel,
de 30 tirailleurs, quittait Bardaï pour aller recon-
naître le petit centre d'Ofoudouy situé sur les
premiers contreforts du Tarso, dans la direction
de Zouar et où des dissidents avaient été signalés.
Le 29 dans la matinée, la reconnaissance sur-
prenait le village encaissé dans la montagne et
y capturait une dizaine d'indigènes des deux
sexes ainsi qu'un petit troupeau d'animaux (cha-
meaux, ânes, chèvres). Essuyant les coups de feu
d'un groupe de Tédas qui avait réussi à gagner les
hauteurs, le lieutenant Campenon ripostait en
escaladant les rochers et donnait la chasse aux
Tédas qui, fidèles à leur tactique coutumière, dis-
paraissaient bientôt à la faveur du terrain.
Les otages déclaraient que la plupart des habi-
tants d'Ofoudouy avaient émigré vers Abo et
Zeïla (Tripolitaine) au moment de l'occupation
de Bardaï et que le petit groupe téda, poursuivi
par la reconnaissance, se retirait également
vers Abo. Après avoir brûlé le village, la recon-
naissance poussait une pointe dans le Tarso, puis
rentrait à Bardaï, où elle était de retour le 2 août.
La destruction du petit repaire d'Ofoudouy
s'imposait pour la sécurité de nos courriers entre
Zouar et Bardaï à travers la montagne.
Premières pluies. — Dans les premiers jours
d'août, les nuages amoncelés depuis un mois au-
tour des cimes crevaient enfin. Une pluie fine et
persistante enveloppait le massif dont les pitons
disparaissaient dans les brumes. Des torrents
d'eau dévalant de partout emplissaient les enneris
subitement transformés en rivières furieuses. Le
val Bardaï, depuis longtemps à sec, prenait ra-
pidement l'aspect d'un fleuve débordant sous
l'afflux des eaux inondant les basses rives d'où
émergeaient des îlots de palmeraies et de rochers.
Chaque jour, avec des intermittences de baisses
et de crues subites, le val Bardaï drainait ses eaux
vers le Nord-Ouest, vers l'immense dépression
d'Arreyn, que les indigènes situaient très loin
sur les confins septentrionaux de la région d'Abo,
où convergent également les enneris d'Aozou, de
Yihi, émissaires principaux des extrêmes con-
treforts orientaux du massif tibestien. Sur le ver-
sant occidental, la même activité torrentielle était
signalée de Zouar. Les plaines de Tao, de Zouar-
Ké, de Yoô, étaient inondées sur des espaces con-
sidérables.
; Depuis sept ans, aucune pluie digne de ce
nom n'était tombée au Tibesti, aucune eau cou-
rante n'avait alimenté le moindre enneri. Un
pareil phénomène diluvien, se produisant avec
une intensité inconnue de la jeunesse indigène
après cette longue période de sécheresse, consti-
tuait un événement sensationnel pour les popu-
lations du Tou. Pour des gens soumis depuis long-
temps aux plus dures privations, voire même à
un régime chronique de famine, c'était la pers-
pective non du bien-être, mais d'un mieux-être
par la renaissance de la végétation appauvrie des
enneris (palmeraies, petits centres de culture ou
zones de pâturages). C'était la possibilité de se
dissimuler dans la montagne partout où le plus
petit enneri, à proximité de quelque faille ro-
cheuse pourvue d'eau (kassoum), permettrait d'ali-
menter quelques chèvres. C'était aussi pour le
réfractaire, le professionnel pillard, libre enfin de
se dégager des centres trop surveillés, la réalisa-
tion du centre d'indépendance.
C'était pour nous plus d'aisance assurée dans
la vie de nos sections méharistes et le mouve-
ment de nos convois, mais plus de difficultés
aussi dans notre œuvre de police contre le bri-
gandage', à la poursuite d'un adversaire incon-
sistant, impalpable, vivant partout sans résider
nulle part, surpris parfois, rarement saisi.
Exode de maï Clzaf/ani vers Koufra.—^ Dès l'ori-
gine de notre occupation tibestienne, Maï Chaf-
fani avait manifesté l'intention de se retirer à
Koufra au cas où il .ne pourrait pas s'opposer à
notre installation à Bardaï.
Après l'affaire d'Aozou et la poursuite sur
Tourni, le derdé, se sentant trop directement visé
par nos reconnaissances, s'était préoccupé de
trouver un refuge provisoire dans quelque partie
ignorée et difficilement accessible de la montagne,
en attendant line occasion favorable de fuite vers
Koufra.
Aussi s'empressait-il, pour réaliser son des-
sein, de profiter des premières pluies abondantes
susceptibles de lui rendre praticable la zone dép
sertique étendue qui le séparait de la capitale
senoussiste.
Le bruit se répandait bientôt de cet exode du
derdé avec quelques serviteurs; quant à ses fils,
plus jeunes, actifs, ils demeuraient toujours au
Tibesti, tenant la montagne, à défaut de moyens
matériels suffisants pour suivre leur père avec
leurs familles.
Reconnaissance Zoumri-Yibi. — Autant pour
recueillir la confirmation de ces renseignements
que pour surveiller la région de Zoumri et agir
contre les dissidents de Yibi, dont la participa-
tion fréquente aux rezzous était bien connue, une-
reconnaissance composée du lieutenant Campe-
non, commandant, du médecin aide-major Rai-
naut, du sergent Bruchon, de 40 tirailleurs, et
4 auxiliaires, quittait Bardaï le 11 août au matin.
Elle arrivait le soir à Eussunni, où elle capturait
deux dissidents et atteignait Wounofo le 12. Une
patrouille dirigée le 13 sur Boro y surprenait un
groupe téda qui s'enfuyait, abandonnant un tué
et deux fusils. Plusieurs Tédas venaient faire leur
soumission à Wounofo (remise de deux fusils
arabes et d'un remington).
Le 14, la reconnaissance poursuivait sa mar-
che, par une pluie torrentielle, sur Yibi-Somma,
surprenant et capturant deux Tédas armés. Aux
approches d'Yibi-Soinma, le 15, l'avant-garde
s'emparait de 2 Tédas et d'un fusil 74. Le village
atteint à la tombée de la nuit était trouvé évacué.
Le 16 au matin, la reconnaissance, bloquée
par les eaux, ne pouvait continuer sa route sur
Yibi. Elle essuyait, au campement, le feu de
quelques Tédas apparus sur la falaise, mais le
petit poste de protection intervenait à propos et
195 —
détachement composé du lieutenant Campenon
commandant, du maréchal des logis Le Digabel,
de 30 tirailleurs, quittait Bardaï pour aller recon-
naître le petit centre d'Ofoudouy situé sur les
premiers contreforts du Tarso, dans la direction
de Zouar et où des dissidents avaient été signalés.
Le 29 dans la matinée, la reconnaissance sur-
prenait le village encaissé dans la montagne et
y capturait une dizaine d'indigènes des deux
sexes ainsi qu'un petit troupeau d'animaux (cha-
meaux, ânes, chèvres). Essuyant les coups de feu
d'un groupe de Tédas qui avait réussi à gagner les
hauteurs, le lieutenant Campenon ripostait en
escaladant les rochers et donnait la chasse aux
Tédas qui, fidèles à leur tactique coutumière, dis-
paraissaient bientôt à la faveur du terrain.
Les otages déclaraient que la plupart des habi-
tants d'Ofoudouy avaient émigré vers Abo et
Zeïla (Tripolitaine) au moment de l'occupation
de Bardaï et que le petit groupe téda, poursuivi
par la reconnaissance, se retirait également
vers Abo. Après avoir brûlé le village, la recon-
naissance poussait une pointe dans le Tarso, puis
rentrait à Bardaï, où elle était de retour le 2 août.
La destruction du petit repaire d'Ofoudouy
s'imposait pour la sécurité de nos courriers entre
Zouar et Bardaï à travers la montagne.
Premières pluies. — Dans les premiers jours
d'août, les nuages amoncelés depuis un mois au-
tour des cimes crevaient enfin. Une pluie fine et
persistante enveloppait le massif dont les pitons
disparaissaient dans les brumes. Des torrents
d'eau dévalant de partout emplissaient les enneris
subitement transformés en rivières furieuses. Le
val Bardaï, depuis longtemps à sec, prenait ra-
pidement l'aspect d'un fleuve débordant sous
l'afflux des eaux inondant les basses rives d'où
émergeaient des îlots de palmeraies et de rochers.
Chaque jour, avec des intermittences de baisses
et de crues subites, le val Bardaï drainait ses eaux
vers le Nord-Ouest, vers l'immense dépression
d'Arreyn, que les indigènes situaient très loin
sur les confins septentrionaux de la région d'Abo,
où convergent également les enneris d'Aozou, de
Yihi, émissaires principaux des extrêmes con-
treforts orientaux du massif tibestien. Sur le ver-
sant occidental, la même activité torrentielle était
signalée de Zouar. Les plaines de Tao, de Zouar-
Ké, de Yoô, étaient inondées sur des espaces con-
sidérables.
; Depuis sept ans, aucune pluie digne de ce
nom n'était tombée au Tibesti, aucune eau cou-
rante n'avait alimenté le moindre enneri. Un
pareil phénomène diluvien, se produisant avec
une intensité inconnue de la jeunesse indigène
après cette longue période de sécheresse, consti-
tuait un événement sensationnel pour les popu-
lations du Tou. Pour des gens soumis depuis long-
temps aux plus dures privations, voire même à
un régime chronique de famine, c'était la pers-
pective non du bien-être, mais d'un mieux-être
par la renaissance de la végétation appauvrie des
enneris (palmeraies, petits centres de culture ou
zones de pâturages). C'était la possibilité de se
dissimuler dans la montagne partout où le plus
petit enneri, à proximité de quelque faille ro-
cheuse pourvue d'eau (kassoum), permettrait d'ali-
menter quelques chèvres. C'était aussi pour le
réfractaire, le professionnel pillard, libre enfin de
se dégager des centres trop surveillés, la réalisa-
tion du centre d'indépendance.
C'était pour nous plus d'aisance assurée dans
la vie de nos sections méharistes et le mouve-
ment de nos convois, mais plus de difficultés
aussi dans notre œuvre de police contre le bri-
gandage', à la poursuite d'un adversaire incon-
sistant, impalpable, vivant partout sans résider
nulle part, surpris parfois, rarement saisi.
Exode de maï Clzaf/ani vers Koufra.—^ Dès l'ori-
gine de notre occupation tibestienne, Maï Chaf-
fani avait manifesté l'intention de se retirer à
Koufra au cas où il .ne pourrait pas s'opposer à
notre installation à Bardaï.
Après l'affaire d'Aozou et la poursuite sur
Tourni, le derdé, se sentant trop directement visé
par nos reconnaissances, s'était préoccupé de
trouver un refuge provisoire dans quelque partie
ignorée et difficilement accessible de la montagne,
en attendant line occasion favorable de fuite vers
Koufra.
Aussi s'empressait-il, pour réaliser son des-
sein, de profiter des premières pluies abondantes
susceptibles de lui rendre praticable la zone dép
sertique étendue qui le séparait de la capitale
senoussiste.
Le bruit se répandait bientôt de cet exode du
derdé avec quelques serviteurs; quant à ses fils,
plus jeunes, actifs, ils demeuraient toujours au
Tibesti, tenant la montagne, à défaut de moyens
matériels suffisants pour suivre leur père avec
leurs familles.
Reconnaissance Zoumri-Yibi. — Autant pour
recueillir la confirmation de ces renseignements
que pour surveiller la région de Zoumri et agir
contre les dissidents de Yibi, dont la participa-
tion fréquente aux rezzous était bien connue, une-
reconnaissance composée du lieutenant Campe-
non, commandant, du médecin aide-major Rai-
naut, du sergent Bruchon, de 40 tirailleurs, et
4 auxiliaires, quittait Bardaï le 11 août au matin.
Elle arrivait le soir à Eussunni, où elle capturait
deux dissidents et atteignait Wounofo le 12. Une
patrouille dirigée le 13 sur Boro y surprenait un
groupe téda qui s'enfuyait, abandonnant un tué
et deux fusils. Plusieurs Tédas venaient faire leur
soumission à Wounofo (remise de deux fusils
arabes et d'un remington).
Le 14, la reconnaissance poursuivait sa mar-
che, par une pluie torrentielle, sur Yibi-Somma,
surprenant et capturant deux Tédas armés. Aux
approches d'Yibi-Soinma, le 15, l'avant-garde
s'emparait de 2 Tédas et d'un fusil 74. Le village
atteint à la tombée de la nuit était trouvé évacué.
Le 16 au matin, la reconnaissance, bloquée
par les eaux, ne pouvait continuer sa route sur
Yibi. Elle essuyait, au campement, le feu de
quelques Tédas apparus sur la falaise, mais le
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