Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28). 1918/01/01 (N1,A28)-1918/12/31 (N12,A28).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9789150r
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/08/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 189
damas et nos brocatèlles, pour tous les magni-
fiques tissus qui reçoivent l'inimitable empreinte
des vieilles traditions lyonnaises et du goût dé-
coratif français. La sériciculture métropolitaine a
été cruellement éprouvée. Lorsqu'il est mort,
notre grand Mistral n'entendait plus guère autuur
de lui la- douce chanson des magnanarelles et,
dans les beaux matins de mai, Mireille n'allait
plus que bien rarement à la feuille, deux cerises
pendues aux oreilles. Mais le mûrier et le ver à
soie sont acclimatés à Madagascar et en Indo-
chine ; et alors que, sur 4.367 tonnes de soie que
consomme la France, 3.872 y sont importées,
nous ne som mes tributaires de nos propres colonies,
c'est-à-dire de nous-mêmes, que pour des quan-
tité. dérisoires.
Que dire du café, du cacao, du tabac ? Que
dire du jute, dont se servent tous les jours nos
manufactures de textiles, et notre télégraphie
électrique, et dont nous ne demandons pas un
kilogramme à nos colonies, alors que cette plante
peut se développer en Algérie, en Guyane et dans
plusieurs autres des pays qui nous appartiennent?
Que dire enfin de tant de denrées dont vous avez
l'intention de vous occuper également au cours
de vos délibérations prochaines: les oléagineux,
le riz, le thé/lg, canne à sucre, les bois, les ma-
tières tannifères ? De quelque côté que nous
tournions nos regards, nous découvrons des ri-
çhesses secrètes ou inexplorées, prêtes à se révéler
sous l'impulsion de la volonté humaine.
C'est donc une leçon de volonté et de persévé-
rance que vous vous proposez, Messieurs, de
donner aujourd'hui à nos compatriotes. La France
montre assez, en ce moment, qu'elle est capable
de comprendre et d'appliquer de telles leçons.
Elle entendra votre langage et" recueillera vos
conseils. Elle a, en effet, à achever maintenant
l'œuvre coloniale qu'elle a commencée et qui at-
tend son couronnement. Une superficie territo-
riale de dix millions de kilomètres carrés, une
.population blanche, jaune, noire, de quarante
millions d'âmes, nous offrent les inépuisables ré-
servoirs de leurs ressources et de leurs forées la -
tentes. C'est à nous, maintenant, de rendre pro-
ductifs les trésors que nous avons accumulés et
qui, pour une trop grande partie, demeurent en-
core inertes.
Pour hâter l'organisation agricole de nos colo-
nies, nous ne sommes pas obligés de nous mettre
à l'école de l'étranger.
Assurément, nous pouvons demander de pré-
cieux exemples à certains de nos alliés, comme
l'Angleterre et le Portugal, à des neutres, comme
la Hollande, ou même, le cas échéant, à nos en-
nemis, dont nous ne méconnaissons ni l'esprit
d'entrepiise, ni l'esprit de méthode ; mais c'est
ennons-mêmes, c'éstdans nos habitudes françaises
que nous chercherons et que nous trouverons nos
.directions essentielles. Appelez à nous nos sa-
vants, nos industriels, nos commerçants, nos
agriculteurs) nos marins, nos capitalistes, nos ou-
vriers. Ils sauront, n'en doutez pas, réaliser le
programme que vous leur tracerez.
Depuis un demi-siècle, la France a, sans re-
lâche, recomposé son empire colonial. De nos
vieilles possessions d'outre-mer, il ne nous res-
tait que de glorieux lambeaux, épars sur les océans.
Nous avions vu nous échapper le Canada, les
Indes, la Louisiane. Nous avions trouvé dans la
conquête de l'Algérie une première compensation
à ces pertes anciennes. Mais l'Algérie demeurait
pressée, sur ses deux flancs, par des peuplades
hostiles et elle était menacée à l'arrière par tout
un monde inconnu. Les franges seules du conti-
nent noir portaient la marque de la civilisation
européenne. Hormis quelques audacieux voya-
geurs, personne ne s'aventurait dans des profon-
deurs mystérieuses qui inspiraient encore plus
d'effroi que de curiosité. La France a pris une
large part dans la découverte de ces terres nou-
velles. De valeureux soldats, dont plusieurs —
modèles- des plus belles vertus militaires — com-
battent aujourd'hui, avec le même éclat, contre
l'armée allemande, ont pénétré au cœur de l'A-
frique et ont soumis à notre autorité des pro-
vinces qui ont fait l'objet des convoitises germa-
niques, la Tunisie et le Maroc se sont aisément
rangés sous nos lois ; l'Annam et le Tonkin se
sont complètement pacifiés sous la protection'du
drapeau tricolore ; la grande île malgache est de-
venue une nouvelle île de France, infiniment
plus vaste que l'ancienne et aussi riche de pro-
messes.
Cette reconstitution ininterrompue de notre
domaine colonial fait grand honneur à la France
et à la République. Qu'après les cruelles blessures
que nous avait laissées la guerre de 1870, après la
lourde et inique indemnité qui nous avait été im-
posée, après l'enlèvement d'un morceau vivant de
notre chair, nous ayons donné au monde l'exemple
d'une nation résolue à tout faire pour maintenir
l-a paix en Europe et que nous ayons entièrement
consacré le trop plein de notre énergie à ce long
travail de restauration coloniale, c'est un effort
auquel l'histoire ne rendra jamais une justice trop
éclatante. Mais aujourd'hui qu'il nous appartient
d'administrer ce bel empire, ce serait une grave
erreur de croire que, pour le mettre en valeur, il
suffit d'en exploiter les richesses naturelles et les
produits spontanés. Non ! Nulle part, la terre
n'offre d'elle-même le meilleur de ce qu'elle re-
cèle. Ce qu'elle se laisse prendre vaut toujours
mieux que ce qu'elle donne.
Il faut, pour la féconder, utiliser scientifi-
quement les ressources locales, lumière, chaleur,
humidité. Il faut connaître le climat, le régime
des eaux, les caprices du ciel; il faut étudier le
sol, l'adapter à la culture, en maintenir constam-
ment la fertilité, par l'emploi d'engrais conve-
nables et de machines agricoles propres aux des-
souchements et aux lahours profonds. Il faut enfin
savoir combiner, dans les plantations, le personnel
européen et la main-d'œuvre indigène, choisir
celui-là avec un soin scrupuleux et traiter partout
celle-ci avec bienveillance et avec équité.
Comment la France pourrait-elle oublier, ;!près
la victoire de ses armes, que toutes ses colonies
damas et nos brocatèlles, pour tous les magni-
fiques tissus qui reçoivent l'inimitable empreinte
des vieilles traditions lyonnaises et du goût dé-
coratif français. La sériciculture métropolitaine a
été cruellement éprouvée. Lorsqu'il est mort,
notre grand Mistral n'entendait plus guère autuur
de lui la- douce chanson des magnanarelles et,
dans les beaux matins de mai, Mireille n'allait
plus que bien rarement à la feuille, deux cerises
pendues aux oreilles. Mais le mûrier et le ver à
soie sont acclimatés à Madagascar et en Indo-
chine ; et alors que, sur 4.367 tonnes de soie que
consomme la France, 3.872 y sont importées,
nous ne som mes tributaires de nos propres colonies,
c'est-à-dire de nous-mêmes, que pour des quan-
tité. dérisoires.
Que dire du café, du cacao, du tabac ? Que
dire du jute, dont se servent tous les jours nos
manufactures de textiles, et notre télégraphie
électrique, et dont nous ne demandons pas un
kilogramme à nos colonies, alors que cette plante
peut se développer en Algérie, en Guyane et dans
plusieurs autres des pays qui nous appartiennent?
Que dire enfin de tant de denrées dont vous avez
l'intention de vous occuper également au cours
de vos délibérations prochaines: les oléagineux,
le riz, le thé/lg, canne à sucre, les bois, les ma-
tières tannifères ? De quelque côté que nous
tournions nos regards, nous découvrons des ri-
çhesses secrètes ou inexplorées, prêtes à se révéler
sous l'impulsion de la volonté humaine.
C'est donc une leçon de volonté et de persévé-
rance que vous vous proposez, Messieurs, de
donner aujourd'hui à nos compatriotes. La France
montre assez, en ce moment, qu'elle est capable
de comprendre et d'appliquer de telles leçons.
Elle entendra votre langage et" recueillera vos
conseils. Elle a, en effet, à achever maintenant
l'œuvre coloniale qu'elle a commencée et qui at-
tend son couronnement. Une superficie territo-
riale de dix millions de kilomètres carrés, une
.population blanche, jaune, noire, de quarante
millions d'âmes, nous offrent les inépuisables ré-
servoirs de leurs ressources et de leurs forées la -
tentes. C'est à nous, maintenant, de rendre pro-
ductifs les trésors que nous avons accumulés et
qui, pour une trop grande partie, demeurent en-
core inertes.
Pour hâter l'organisation agricole de nos colo-
nies, nous ne sommes pas obligés de nous mettre
à l'école de l'étranger.
Assurément, nous pouvons demander de pré-
cieux exemples à certains de nos alliés, comme
l'Angleterre et le Portugal, à des neutres, comme
la Hollande, ou même, le cas échéant, à nos en-
nemis, dont nous ne méconnaissons ni l'esprit
d'entrepiise, ni l'esprit de méthode ; mais c'est
ennons-mêmes, c'éstdans nos habitudes françaises
que nous chercherons et que nous trouverons nos
.directions essentielles. Appelez à nous nos sa-
vants, nos industriels, nos commerçants, nos
agriculteurs) nos marins, nos capitalistes, nos ou-
vriers. Ils sauront, n'en doutez pas, réaliser le
programme que vous leur tracerez.
Depuis un demi-siècle, la France a, sans re-
lâche, recomposé son empire colonial. De nos
vieilles possessions d'outre-mer, il ne nous res-
tait que de glorieux lambeaux, épars sur les océans.
Nous avions vu nous échapper le Canada, les
Indes, la Louisiane. Nous avions trouvé dans la
conquête de l'Algérie une première compensation
à ces pertes anciennes. Mais l'Algérie demeurait
pressée, sur ses deux flancs, par des peuplades
hostiles et elle était menacée à l'arrière par tout
un monde inconnu. Les franges seules du conti-
nent noir portaient la marque de la civilisation
européenne. Hormis quelques audacieux voya-
geurs, personne ne s'aventurait dans des profon-
deurs mystérieuses qui inspiraient encore plus
d'effroi que de curiosité. La France a pris une
large part dans la découverte de ces terres nou-
velles. De valeureux soldats, dont plusieurs —
modèles- des plus belles vertus militaires — com-
battent aujourd'hui, avec le même éclat, contre
l'armée allemande, ont pénétré au cœur de l'A-
frique et ont soumis à notre autorité des pro-
vinces qui ont fait l'objet des convoitises germa-
niques, la Tunisie et le Maroc se sont aisément
rangés sous nos lois ; l'Annam et le Tonkin se
sont complètement pacifiés sous la protection'du
drapeau tricolore ; la grande île malgache est de-
venue une nouvelle île de France, infiniment
plus vaste que l'ancienne et aussi riche de pro-
messes.
Cette reconstitution ininterrompue de notre
domaine colonial fait grand honneur à la France
et à la République. Qu'après les cruelles blessures
que nous avait laissées la guerre de 1870, après la
lourde et inique indemnité qui nous avait été im-
posée, après l'enlèvement d'un morceau vivant de
notre chair, nous ayons donné au monde l'exemple
d'une nation résolue à tout faire pour maintenir
l-a paix en Europe et que nous ayons entièrement
consacré le trop plein de notre énergie à ce long
travail de restauration coloniale, c'est un effort
auquel l'histoire ne rendra jamais une justice trop
éclatante. Mais aujourd'hui qu'il nous appartient
d'administrer ce bel empire, ce serait une grave
erreur de croire que, pour le mettre en valeur, il
suffit d'en exploiter les richesses naturelles et les
produits spontanés. Non ! Nulle part, la terre
n'offre d'elle-même le meilleur de ce qu'elle re-
cèle. Ce qu'elle se laisse prendre vaut toujours
mieux que ce qu'elle donne.
Il faut, pour la féconder, utiliser scientifi-
quement les ressources locales, lumière, chaleur,
humidité. Il faut connaître le climat, le régime
des eaux, les caprices du ciel; il faut étudier le
sol, l'adapter à la culture, en maintenir constam-
ment la fertilité, par l'emploi d'engrais conve-
nables et de machines agricoles propres aux des-
souchements et aux lahours profonds. Il faut enfin
savoir combiner, dans les plantations, le personnel
européen et la main-d'œuvre indigène, choisir
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celle-ci avec bienveillance et avec équité.
Comment la France pourrait-elle oublier, ;!près
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