Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1912-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1912 01 janvier 1912
Description : 1912/01/01 (A22,N1)-1912/12/31 (A22,N12). 1912/01/01 (A22,N1)-1912/12/31 (A22,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9788417v
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/07/2017
DE ¡L' AF1UQU E FRANÇAISE 15
donner au bled siba une organisation diverse et
variée répondant iL la fois à sa réalité et à nos
intérêts. Et, pour apprivoiser ce bled siba, qui
est resté siba moins encore parce que le Maldizcn
était impuissant que parce que l'exemple des
régions administrées par lui encourageait les
résistances des autres, il est nécessaire de con-
.trôler vigoureusement et de nettoyer lWminis-
tration du bled makhzen. L'instrument de ce
contrôle n'existe-pas encore, mais, comme nous le
disions il y a un mois, la première préoccupation
que nous ayons au Maroc doit être de le préparer.
Il vaut mieux aller lentement, ne pas innover
beaucoup, vivre dans le provisoire, que d'employer
notre force à la tâche impossible et compromet-
tante de réformer le bled makhzen avec une admi-
nistration indigène qui ne serait pas forcée de
renoncer €ans une làrge mesure à ses anciens
errements.'Tout cela, sans doute, n'a rien de
contraire aux intérêts du sultan, qui doit d'ail-
leurs quelque déférence à la puissance qui l'a
sauvé en 194 1 et qui ne saurait se retirer de lui
sans qu'il tombe comme il devait tomber alors.
Tout cela sera sans .doute assuré grâce a l'expé-
rience et au - caractère de l'homme qui va com-
mencer à organiser le protectorat. Mais, dans (Ln
pays comme la France, où l'on aime tant les idées
géométriques, où l'on a la superstition des créa-
tions-uniformes et où le précédent tunisien est si
souvent appliqué sans discernement au Maroc, on
ne saurait trop répéter certaines vérités. On doit
d'autant plus les mettre en lumière que certaines
influences, qui iie p-ourront se maintenir et con-
tinuer à se développer qu'eu proportion des em-
barras que le Makhzen restera à même de nous
créer, s'efforceront de les tenir sous le boisseau et
- de les- empêcher de prévaloir dans notre politique
à cette heure décisive.
*
*
M. Poincaré a parlé le 15 mars de la nécessité
d'organiser un budget. Personne n'y contredira.
Mais encore d-oit-on s'entendre.
S'il faut un budget pour commencer à donner
.à ce pays, qui n'en a jamais eu en réalité, une
organisation, on ne saurait trop craindre qu'on ne
veuille aller. trop vite et grossir prématurément
un budget de la « mise en valeur ». Les instru-
ments actuels de perception déshonoreraient,
tant qu'ils ne seront pas contrôlés et réformé;,
les taxes nouvelles que nous voudrions lever dans
le pays : notre régime en serait discrédité dès
l'abord aux yeux des populations. Le bruit qui
-a couru d'une prochaine perception du tertib,
même sur les tribus des environs de Fez saignées
parles impôts de guerre qu'a exigés le makhzen,
fait penser qu'il n'est pas-superflu de demander
que l'on n'aille pas trop vite, que l'on reconnaisse
bien la matière contribuable et que I on réforme
d'abord la fiscalité rudimentaire et scandaleuse
de ce pays. Cette œuvre doit précéder l'effort tenté
pour développer largement les recettes de l'Etat
marocain. -
*
* *
On lira plus loin avec plaisir le passage du dis-
cours du président du Conseil qui a trait à la
négociation espagnole. Certains ont trop dit, ou-
bliant que nous sommes déjà assurés d'avoir à
organiser les neuf dixièmes du Maroc, que tout
était tenu en suspens par la négociation de
Madrid. M. Poincaré a eu cent fois raison de rap-
peler que l'œuvre dç réforme que nous avons à
accomplir au Maroc en est indépendante.
Cette opinion permetd'espérer que notre diplo-
matie s'efforcera d'obtenir, au rebours de ce
f'u'une certaine école aurait désiré, une étanchéité
aussi complète que possible entre notre œuvre
marocaine et les affaires de la zone espagnole. Il
serait non seulement inutile, mais même embar-
ant, d'être mêlé à ces affaires, et il vaut mieux
orienter la négociation actuelle vers un arrange-
ment par lequel la France et l'Espagne se libère-
raient réciproquement dans leurs zones de la
protection et de l'exterritorialité. Ce serait prépa-
rer la levée des mêmes hypothèques par les
ierces puissances. Et,. bien que dans la manière
dont la négociation a été engagée on ait commis
les erreurs dont nous ne saurions parler tandis
que durent les pourparlers, cette politique rendra
ans doute moins impossible d'obtenir de l'Es-,
pagne les compensations légitimes sur lesquelles
Ar. Poincaré a justement insisté.
*
* *
Dans le débat des 8 et 1i) mars, il a d'ailleurs
été beaucoup plus question du passé que de
l'avenir. Nous ne nous attarderons pas à ces exa-
mens rétrospectifs, non certes que nous les trou-
vions mauvais comme l'a fait le gouvernement,
mais parce qu'un organe comme le nôtre a autre
chose à faire. Disons cependant qu'une leçon
utile à l'avenir s'en dégage. Le système du traité
de 1909, celui des condominiums et consortiums
avec l'Allemagne, en sort absolument discrédité
et condamné. Il est inadmissible que 1 on songe
jamais plus à des accords qui donnent, sinon une
j astification du moins des occasions à la politique
improhe- des ^négociations de coulisses comme
celles dont la révélation a jeté par terre le cabi-
net Caillaux, et à des intrigues financières pour
monnayer l'intimidation allemande. Avec l 'Alle-
magne aussi, puissance qui cherche si obstiné-
ment à dépraver, à domestiquer notre politique,
la sécurité de notre situation internationale et
notre œuvre coloniale exigent la plus rigoureuse
étanchéité.
ROLŒRT DE CATX.
-Taule cotisation versée par l'en tremise cl un
libraire ou clun commissionnaire sera comptée
(lU prix de l'abonnement, soit 24 francs.
Cette décision ne s'applique pa" aux souscrip-
tions des Français établis aux colonies qui nous
I sont versées par des correspondants ou des amis,
donner au bled siba une organisation diverse et
variée répondant iL la fois à sa réalité et à nos
intérêts. Et, pour apprivoiser ce bled siba, qui
est resté siba moins encore parce que le Maldizcn
était impuissant que parce que l'exemple des
régions administrées par lui encourageait les
résistances des autres, il est nécessaire de con-
.trôler vigoureusement et de nettoyer lWminis-
tration du bled makhzen. L'instrument de ce
contrôle n'existe-pas encore, mais, comme nous le
disions il y a un mois, la première préoccupation
que nous ayons au Maroc doit être de le préparer.
Il vaut mieux aller lentement, ne pas innover
beaucoup, vivre dans le provisoire, que d'employer
notre force à la tâche impossible et compromet-
tante de réformer le bled makhzen avec une admi-
nistration indigène qui ne serait pas forcée de
renoncer €ans une làrge mesure à ses anciens
errements.'Tout cela, sans doute, n'a rien de
contraire aux intérêts du sultan, qui doit d'ail-
leurs quelque déférence à la puissance qui l'a
sauvé en 194 1 et qui ne saurait se retirer de lui
sans qu'il tombe comme il devait tomber alors.
Tout cela sera sans .doute assuré grâce a l'expé-
rience et au - caractère de l'homme qui va com-
mencer à organiser le protectorat. Mais, dans (Ln
pays comme la France, où l'on aime tant les idées
géométriques, où l'on a la superstition des créa-
tions-uniformes et où le précédent tunisien est si
souvent appliqué sans discernement au Maroc, on
ne saurait trop répéter certaines vérités. On doit
d'autant plus les mettre en lumière que certaines
influences, qui iie p-ourront se maintenir et con-
tinuer à se développer qu'eu proportion des em-
barras que le Makhzen restera à même de nous
créer, s'efforceront de les tenir sous le boisseau et
- de les- empêcher de prévaloir dans notre politique
à cette heure décisive.
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M. Poincaré a parlé le 15 mars de la nécessité
d'organiser un budget. Personne n'y contredira.
Mais encore d-oit-on s'entendre.
S'il faut un budget pour commencer à donner
.à ce pays, qui n'en a jamais eu en réalité, une
organisation, on ne saurait trop craindre qu'on ne
veuille aller. trop vite et grossir prématurément
un budget de la « mise en valeur ». Les instru-
ments actuels de perception déshonoreraient,
tant qu'ils ne seront pas contrôlés et réformé;,
les taxes nouvelles que nous voudrions lever dans
le pays : notre régime en serait discrédité dès
l'abord aux yeux des populations. Le bruit qui
-a couru d'une prochaine perception du tertib,
même sur les tribus des environs de Fez saignées
parles impôts de guerre qu'a exigés le makhzen,
fait penser qu'il n'est pas-superflu de demander
que l'on n'aille pas trop vite, que l'on reconnaisse
bien la matière contribuable et que I on réforme
d'abord la fiscalité rudimentaire et scandaleuse
de ce pays. Cette œuvre doit précéder l'effort tenté
pour développer largement les recettes de l'Etat
marocain. -
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On lira plus loin avec plaisir le passage du dis-
cours du président du Conseil qui a trait à la
négociation espagnole. Certains ont trop dit, ou-
bliant que nous sommes déjà assurés d'avoir à
organiser les neuf dixièmes du Maroc, que tout
était tenu en suspens par la négociation de
Madrid. M. Poincaré a eu cent fois raison de rap-
peler que l'œuvre dç réforme que nous avons à
accomplir au Maroc en est indépendante.
Cette opinion permetd'espérer que notre diplo-
matie s'efforcera d'obtenir, au rebours de ce
f'u'une certaine école aurait désiré, une étanchéité
aussi complète que possible entre notre œuvre
marocaine et les affaires de la zone espagnole. Il
serait non seulement inutile, mais même embar-
ant, d'être mêlé à ces affaires, et il vaut mieux
orienter la négociation actuelle vers un arrange-
ment par lequel la France et l'Espagne se libère-
raient réciproquement dans leurs zones de la
protection et de l'exterritorialité. Ce serait prépa-
rer la levée des mêmes hypothèques par les
ierces puissances. Et,. bien que dans la manière
dont la négociation a été engagée on ait commis
les erreurs dont nous ne saurions parler tandis
que durent les pourparlers, cette politique rendra
ans doute moins impossible d'obtenir de l'Es-,
pagne les compensations légitimes sur lesquelles
Ar. Poincaré a justement insisté.
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Dans le débat des 8 et 1i) mars, il a d'ailleurs
été beaucoup plus question du passé que de
l'avenir. Nous ne nous attarderons pas à ces exa-
mens rétrospectifs, non certes que nous les trou-
vions mauvais comme l'a fait le gouvernement,
mais parce qu'un organe comme le nôtre a autre
chose à faire. Disons cependant qu'une leçon
utile à l'avenir s'en dégage. Le système du traité
de 1909, celui des condominiums et consortiums
avec l'Allemagne, en sort absolument discrédité
et condamné. Il est inadmissible que 1 on songe
jamais plus à des accords qui donnent, sinon une
j astification du moins des occasions à la politique
improhe- des ^négociations de coulisses comme
celles dont la révélation a jeté par terre le cabi-
net Caillaux, et à des intrigues financières pour
monnayer l'intimidation allemande. Avec l 'Alle-
magne aussi, puissance qui cherche si obstiné-
ment à dépraver, à domestiquer notre politique,
la sécurité de notre situation internationale et
notre œuvre coloniale exigent la plus rigoureuse
étanchéité.
ROLŒRT DE CATX.
-Taule cotisation versée par l'en tremise cl un
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