Titre : L'Afrique française : bulletin mensuel du Comité de l'Afrique française et du Comité du Maroc
Auteur : Comité de l'Afrique française. Auteur du texte
Auteur : Comité du Maroc (Paris). Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)
Date d'édition : 1921-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32683501s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1921 01 janvier 1921
Description : 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12). 1921/01/01 (A31,N1)-1921/12/31 (A31,N12).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97878865
Source : CIRAD, 2017-132476
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/07/2017
DE L'AFRIQUE FRANÇAISE 101
goce très méditerranéen, la formule « made in
France » où se mêlent indiscutablement des
restes de l'amour du Bon Nègre et du genre hu-
main des Encyclopédistes, des concepts libéraux
des ancêtres de 89 et une indéniable science des
milieux indigènes et surtout de l'Islam. Ces
diverses caractéristiques, nous les retrouvons en
feuilletant l'histoire ; ici c'est Martin ou Dupleix
pratiquant aux Indes la. première forme de la
politique d'association, c'est Montcalm faisant des
•tribus huronnes des alliées précieuses, ailleurs ce
sont les quaters britanniques rejetant sans pitié
les populations peaux-rouges et pratiquant dure-
ment la méthode des « réserves », c'est la sépara-
tion si nette que les Anglais imposent aux colo-
nies entre indigènes et britanniques. En parcou-
rant plus spécialement les Annales de la France
coloniale, nous voyons donc s'affirmer le carac-
tère « humain » de notre œuvre colonisatrice et
c'est comme la nature « spécifique » de nos fon-
dateurs de colonies : Bugeaud, Faidherbe, Gal-
lieni, Lyautey.
Ces considérations énoncées, plutôt mal que bien,
un parallélisme s'impose, celui de la méthode in-
digène de Bugeaud et de celle de Lyautey. Si Bu-
geaud a été le précurseur,Lyautey a su profiter en
'maître des leçons du maréchal duc d'Isly. L'un
et l'autre ont eu à faire face à une double tâche :
pacifier un grand pays et faire œuvre de conquête
durable par la mise en valeur d'un pays riche en
'soi, maisdesséché par le vent dè l'Islam, semeur
de ruines. Nous ne saurions ici retracer l'œuvre
maîtresse du général Lyautey, d'autres infini-
ment plus autorisés l'ont fait et nul n'ignore
l'essor marocain, mais en rappelant en quelques
lignes les conceptions du maréchal Bugeaud -en
matière de politique indigène il nous apparaît que
c'est rendre hommage, au général Lyautey qui a
su adapter et" mettre au point des idées vieilles
de près d'un siècle. Il y a plus, le général Lyautey,
en pratiquant la politique indigène du « Père Bu-
geaud J), a marqué du génie français l'organisa-
tion du Protectorat, il a été le dernier chaînon
d'une noble chaîne, —terme impropre puisqu'en
ce moment même se forge sur l'enclume de la
Syrie un nouveau et non moins glorieux maillon
de cette même chaîne.
Le maréchal Bugeaud ne connaissait pas lors
de son arrivée eu Algérie, l'âme indigène; l'Arabe
était pour lui un être assez mystérieux, l'Islam
un. concept religieux grossier, l'état social et po-
litique de l'Algérie une inconnue pure et simple.
Dès son arrivée cependant il met le doigt sur
l'erreur initiale commise par de Bourmont au len-
demain de la prise d'Alger : ne pas avoir cherché
à s'appuyer sur les éléments sains de la popula-
tion indigène pour asseoir notre domination.
« Nous avons brisé spontanément le régime turc
lorsqu'il ne fallait que le modifier graduellement
et légèrement », écrivait le maréchal Bugeaud.
Au Maroc, malgré les difficultés de politique inté-
rieure, le Résident général ne vous semble-t-il
pas avoir « soigneusement évité de briser le ré-
gime marocain? » C'est Bugeaud qui a, le premier,
indiqué les précieux avantages de la « politique
des grands caïds ». « Il faut nous servir, écrit-il,
en 1839, des hommes en possession de l'influence
sur les tribus soit par leur naissance, soit par leur
courage, soit par leur aptitude à la guerre ou à
l'administration. La naissance exerce encore un
grand empire sur les indigènes, elle doit toujours
être prise en grande considération. Eloigner du
pouvoir les familles influentes serait s'en faire
des ennemis dangereux. Il vaut beaucoup mieux
les avoir dans le camp qu'en dehors »... Le maré-
chal Bugeaud est partisan de la création d'une
administration indigène, là encore il est un pré-
curseur dont au Maroc les leçons ont été suivies;
des noms, des précisions peuvent illustrer en ce
qui concerne le Protectorat chérifien, les conseils
ci-contre du maréchal Bugeaud. « Il ne suffira
pas de faire un bon choix de fonctionnaires
arabes, il faut encore les surveiller, les diriger,
s'occuper de leur éducation... il faut en même
temps les entourer de considération afin de main-
tenir leur dignité et les faire respecter de leurs
administrés. » C'est encore Bugeaud qui est le
promoteur de la (t politique es marchés ». « Je
pense, déclare-t-il, qu'il est fort important que
les divers commandants de ces cercles attirent
les Arabes dans les marchés. » Le maréchal Bu-
geaud a, le premier, compris que la colonisation
d'un grand pays est un synchronisme de toutes
les forces vives locales : « Un fossé ouvert, une
idée émise, un écu gagné, un légume produit,
concourent peu à peu au résultat général. » Le
général Lyautey a, par ses initiatives heureuses
au point de vue commercial, par la création des
Foires, prouvé que l'un de ses buts était d'asso-
cier les indigènes à -l'essor économique général.
Bugeaud avait déjà indiqué toute l'importance de
cette - question : « C'est le commerce seul qui
pourra nous attacher les populations arabes.
Chaque Arabe qui s'enrichira deviendra notre
partisan. C'est un ennemi de moins et un allié
de plus. »
On sait combien la rapide progression des ré-
sultats obtenus au Maroc depuis dix ans a été
enrayée, cependant, par les difficultés internatio-
nales concernant 1 établissement de voies ferrées.
Un sait également avec quelle impatience le
général Lyautey pousse l'extension du réseau
routier et ferroviaire, car il sait que c'est par
l'établissement des moyens de communication
que la vie circulera dans le Protectorat et que la
collaboration française sera féconde en œuvre
de paix et de prospérité.' Le « Père Bugeaud »
avait lui aussi, réalisé toute l'importance du pro-
blème routier.
Au moment de quitter le sol d'Afrique, le ma-
réchal Bugeaud rappela à ses soldats, avec un
légitime orgueil, son œuvre : « Mais ce qui ne
doit pas moins vous honorer aux yeux de la
France et du monde, c'est d'avoir compris, dès
les premiers pas que votre tâche était multiple;
qu'il ne suffirait pas de combattre et de conqué-
rir, qu'il fallait encore travailler pour utiliser la
conquête. Vous avez trouvé glorieux de savoir
goce très méditerranéen, la formule « made in
France » où se mêlent indiscutablement des
restes de l'amour du Bon Nègre et du genre hu-
main des Encyclopédistes, des concepts libéraux
des ancêtres de 89 et une indéniable science des
milieux indigènes et surtout de l'Islam. Ces
diverses caractéristiques, nous les retrouvons en
feuilletant l'histoire ; ici c'est Martin ou Dupleix
pratiquant aux Indes la. première forme de la
politique d'association, c'est Montcalm faisant des
•tribus huronnes des alliées précieuses, ailleurs ce
sont les quaters britanniques rejetant sans pitié
les populations peaux-rouges et pratiquant dure-
ment la méthode des « réserves », c'est la sépara-
tion si nette que les Anglais imposent aux colo-
nies entre indigènes et britanniques. En parcou-
rant plus spécialement les Annales de la France
coloniale, nous voyons donc s'affirmer le carac-
tère « humain » de notre œuvre colonisatrice et
c'est comme la nature « spécifique » de nos fon-
dateurs de colonies : Bugeaud, Faidherbe, Gal-
lieni, Lyautey.
Ces considérations énoncées, plutôt mal que bien,
un parallélisme s'impose, celui de la méthode in-
digène de Bugeaud et de celle de Lyautey. Si Bu-
geaud a été le précurseur,Lyautey a su profiter en
'maître des leçons du maréchal duc d'Isly. L'un
et l'autre ont eu à faire face à une double tâche :
pacifier un grand pays et faire œuvre de conquête
durable par la mise en valeur d'un pays riche en
'soi, maisdesséché par le vent dè l'Islam, semeur
de ruines. Nous ne saurions ici retracer l'œuvre
maîtresse du général Lyautey, d'autres infini-
ment plus autorisés l'ont fait et nul n'ignore
l'essor marocain, mais en rappelant en quelques
lignes les conceptions du maréchal Bugeaud -en
matière de politique indigène il nous apparaît que
c'est rendre hommage, au général Lyautey qui a
su adapter et" mettre au point des idées vieilles
de près d'un siècle. Il y a plus, le général Lyautey,
en pratiquant la politique indigène du « Père Bu-
geaud J), a marqué du génie français l'organisa-
tion du Protectorat, il a été le dernier chaînon
d'une noble chaîne, —terme impropre puisqu'en
ce moment même se forge sur l'enclume de la
Syrie un nouveau et non moins glorieux maillon
de cette même chaîne.
Le maréchal Bugeaud ne connaissait pas lors
de son arrivée eu Algérie, l'âme indigène; l'Arabe
était pour lui un être assez mystérieux, l'Islam
un. concept religieux grossier, l'état social et po-
litique de l'Algérie une inconnue pure et simple.
Dès son arrivée cependant il met le doigt sur
l'erreur initiale commise par de Bourmont au len-
demain de la prise d'Alger : ne pas avoir cherché
à s'appuyer sur les éléments sains de la popula-
tion indigène pour asseoir notre domination.
« Nous avons brisé spontanément le régime turc
lorsqu'il ne fallait que le modifier graduellement
et légèrement », écrivait le maréchal Bugeaud.
Au Maroc, malgré les difficultés de politique inté-
rieure, le Résident général ne vous semble-t-il
pas avoir « soigneusement évité de briser le ré-
gime marocain? » C'est Bugeaud qui a, le premier,
indiqué les précieux avantages de la « politique
des grands caïds ». « Il faut nous servir, écrit-il,
en 1839, des hommes en possession de l'influence
sur les tribus soit par leur naissance, soit par leur
courage, soit par leur aptitude à la guerre ou à
l'administration. La naissance exerce encore un
grand empire sur les indigènes, elle doit toujours
être prise en grande considération. Eloigner du
pouvoir les familles influentes serait s'en faire
des ennemis dangereux. Il vaut beaucoup mieux
les avoir dans le camp qu'en dehors »... Le maré-
chal Bugeaud est partisan de la création d'une
administration indigène, là encore il est un pré-
curseur dont au Maroc les leçons ont été suivies;
des noms, des précisions peuvent illustrer en ce
qui concerne le Protectorat chérifien, les conseils
ci-contre du maréchal Bugeaud. « Il ne suffira
pas de faire un bon choix de fonctionnaires
arabes, il faut encore les surveiller, les diriger,
s'occuper de leur éducation... il faut en même
temps les entourer de considération afin de main-
tenir leur dignité et les faire respecter de leurs
administrés. » C'est encore Bugeaud qui est le
promoteur de la (t politique es marchés ». « Je
pense, déclare-t-il, qu'il est fort important que
les divers commandants de ces cercles attirent
les Arabes dans les marchés. » Le maréchal Bu-
geaud a, le premier, compris que la colonisation
d'un grand pays est un synchronisme de toutes
les forces vives locales : « Un fossé ouvert, une
idée émise, un écu gagné, un légume produit,
concourent peu à peu au résultat général. » Le
général Lyautey a, par ses initiatives heureuses
au point de vue commercial, par la création des
Foires, prouvé que l'un de ses buts était d'asso-
cier les indigènes à -l'essor économique général.
Bugeaud avait déjà indiqué toute l'importance de
cette - question : « C'est le commerce seul qui
pourra nous attacher les populations arabes.
Chaque Arabe qui s'enrichira deviendra notre
partisan. C'est un ennemi de moins et un allié
de plus. »
On sait combien la rapide progression des ré-
sultats obtenus au Maroc depuis dix ans a été
enrayée, cependant, par les difficultés internatio-
nales concernant 1 établissement de voies ferrées.
Un sait également avec quelle impatience le
général Lyautey pousse l'extension du réseau
routier et ferroviaire, car il sait que c'est par
l'établissement des moyens de communication
que la vie circulera dans le Protectorat et que la
collaboration française sera féconde en œuvre
de paix et de prospérité.' Le « Père Bugeaud »
avait lui aussi, réalisé toute l'importance du pro-
blème routier.
Au moment de quitter le sol d'Afrique, le ma-
réchal Bugeaud rappela à ses soldats, avec un
légitime orgueil, son œuvre : « Mais ce qui ne
doit pas moins vous honorer aux yeux de la
France et du monde, c'est d'avoir compris, dès
les premiers pas que votre tâche était multiple;
qu'il ne suffirait pas de combattre et de conqué-
rir, qu'il fallait encore travailler pour utiliser la
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