Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 février 1940 01 février 1940
Description : 1940/02/01 (A18,N200)-1940/02/28. 1940/02/01 (A18,N200)-1940/02/28.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9759226m
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/12/2016
38
Quelques pêche-cavales, excellents
poissons comestibles, nombreux sur
les rives de la Réunion.
Voici le pauvre repas du travailleur
réunionnais qui pourra être beaucoup
amélioré par un plat de poisson.
POUR QUE LES HABITANTS
DE LA RÉUNION
PUISSENT MANGER
LEURS POISSONS
« .JE VEUX METTRE FIN A CE PARADOXE
D'UNE POPULATION SOUS-ALIMENTÉE EN-
ALIMENTS AZOTÉS BIEN QUE VIVANT AU
MILIEU DE MERS POISSONNEUSES. »
LE GOUVERNEUR COURT.
LA Réunion est par excellence un pays de mono-
culture et n'échappe pas aux difficultés aux-
quelles de tels pays sont souvent aux prises :
celles relatives au ravitaillement en produits d'ali-
mentation.
La mer qui l'environne, cependant, regorge de
poissons exquis, de facile préparation, qui peuvent
constituer et qui constituèrent même jadis une partie
de la nourriture des Bourbonnais.
Il fut en effet une époque où la pêche était floris-
sante. Chaque marine possédait alors son petit port
ou son abri, sa cale de halage, son chantier de cons-
truction où des charpentiers habiles fabriquaient des
barques pour la pêche côtière, des chaloupes pour
le batelage, des bricks pour les campagnes saison-
nières à Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amster-
dam, son peuple insoucieux de gens
de mer, marins et pêcheurs, ceux-ci
se confondant avec ceux-là ou
prospérant à leur ombre.
Quand le C. P. R. (Service du
Chemin de fer et du Port) racheta
les marines et provoqua la fermeture
de toutes les petites rades pour
concentrer à la Pointe des Galets
toutes les opérations portuaires, un
coup très dur fut porté à la pêche ;
les dockers, calfats, ouvriers, mate-
lots, émigrèrent, et seuls quelques
rares pêcheurs demeurèrent,
n'ayant plus personne pour monter
ou réparer leurs embarcations.
Peu à peu les débarcadères de
Saint-Paul, Chaloupe, Bois-Rouge,
ainsi que les ouvrages de la région de
Grand-Brûlé, disparurent ; l'excel-
lent port de pêche de Saint-Pierre,
abandonné, s'ensabla derrière l'étoc
de corail, si facile à détruire et qui
rend son abord périlleux; le Bara-
chois de Saint-Denis, transformé en
mare à moustiques et en dépôt
d'ordures, fut enfin comblé pour
devenir, après tous ces avatars, un
champ de foire.
Aujourd'hui, le pêcheur n'a plus
rien de rien à sa disposition, et,
quand on parcourt les rivages, on.
rencontre de très loin en très loin
des barques péniblement tirées sur
les galets ou sur le sable ; auprès
d'elles, images de ce qu'elles seront
demain, gisent des carcasses de canots morts, et des « gingades », sortes de
radeaux précaires en tronc d'aloès, qui les remplaceront.
En dehors de la suppression des marines, l'action exercée, de façon directe
ou indirecte, par le développement intensif de la culture de la canne et de
l'industrie sucrière, n'a pas été négligeable :
Directement, par la désaffection des pêcheurs qui, embauchés lors de la
coupe, soit aux champs, soit à l'usine, ont perdu le goût de leur métier devenu
très dangereux et n'ont plus repris la mer ;
Indirectement, par la concentration de la population aisée à Saint-Denis où
se transporte le marché du poisson.
Il résulte de cela que les pêcheurs, de plus en plus rares, sont devenus
la proie d'intermédiaires et d'accapareurs et ne vendent plus sur place ;
ces accapareurs les poussent à limiter leurs prises pour maintenir leurs profits,
la rareté engendre les hauts prix et le travailleur pauvre n'est pa:: en mesure
d'acheter ce poisson qui l'environne en abondance.
Le chef de la colonie, le gouverneur Court, fut vite frappé par cette plaie
sociale qu'était la sous-alimentation.
Sans longues enquêtes, fut bientôt découvert le remède : la réorganisation
de la pêche, sur des bases élargies et modernes.
Un Comité de la pêche siégea, présidé par le gouverneur lui-même.
Des résolutions y furent prises qui, sans moisir dans des dossiers, étaient
immédiatement exécutées.
Des bateaux à moteur et à voile étaient immédiatement commandés, ainsi que
des wagons et camions frigorifiques ; des moniteurs étaient recrutés, spécialisés
dans la pêche en surface et dans la conservation du poisson.
Un délégué était envoyé à l'île Maurice pour en ramener un maître char-
pentier de marine et un compagnon, pour la construction d'embarcations d'un
tonnage suffisant pour tenir la mer.
Dans diverses localités, les points d'atterrissage des barques ont été aménagés,
les petits ports de pêche, garages pour bateaux, remis en état.
Les mesures prises ne se sont pas limitées à ce rajeunissement du matériel
de pêche, mais se sont étendues à une réglementation sur la répression du
braconnage et sur les époques et secteurs de pêche, au rétablissement de
l'inscription maritime avec ce qu'elle comporte d'obligations et d'avantages.
LE MONDE COLONIAL !LLUSTRÉ
N° 200 ......... FÉVRIER 940
Quelques pêche-cavales, excellents
poissons comestibles, nombreux sur
les rives de la Réunion.
Voici le pauvre repas du travailleur
réunionnais qui pourra être beaucoup
amélioré par un plat de poisson.
POUR QUE LES HABITANTS
DE LA RÉUNION
PUISSENT MANGER
LEURS POISSONS
« .JE VEUX METTRE FIN A CE PARADOXE
D'UNE POPULATION SOUS-ALIMENTÉE EN-
ALIMENTS AZOTÉS BIEN QUE VIVANT AU
MILIEU DE MERS POISSONNEUSES. »
LE GOUVERNEUR COURT.
LA Réunion est par excellence un pays de mono-
culture et n'échappe pas aux difficultés aux-
quelles de tels pays sont souvent aux prises :
celles relatives au ravitaillement en produits d'ali-
mentation.
La mer qui l'environne, cependant, regorge de
poissons exquis, de facile préparation, qui peuvent
constituer et qui constituèrent même jadis une partie
de la nourriture des Bourbonnais.
Il fut en effet une époque où la pêche était floris-
sante. Chaque marine possédait alors son petit port
ou son abri, sa cale de halage, son chantier de cons-
truction où des charpentiers habiles fabriquaient des
barques pour la pêche côtière, des chaloupes pour
le batelage, des bricks pour les campagnes saison-
nières à Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amster-
dam, son peuple insoucieux de gens
de mer, marins et pêcheurs, ceux-ci
se confondant avec ceux-là ou
prospérant à leur ombre.
Quand le C. P. R. (Service du
Chemin de fer et du Port) racheta
les marines et provoqua la fermeture
de toutes les petites rades pour
concentrer à la Pointe des Galets
toutes les opérations portuaires, un
coup très dur fut porté à la pêche ;
les dockers, calfats, ouvriers, mate-
lots, émigrèrent, et seuls quelques
rares pêcheurs demeurèrent,
n'ayant plus personne pour monter
ou réparer leurs embarcations.
Peu à peu les débarcadères de
Saint-Paul, Chaloupe, Bois-Rouge,
ainsi que les ouvrages de la région de
Grand-Brûlé, disparurent ; l'excel-
lent port de pêche de Saint-Pierre,
abandonné, s'ensabla derrière l'étoc
de corail, si facile à détruire et qui
rend son abord périlleux; le Bara-
chois de Saint-Denis, transformé en
mare à moustiques et en dépôt
d'ordures, fut enfin comblé pour
devenir, après tous ces avatars, un
champ de foire.
Aujourd'hui, le pêcheur n'a plus
rien de rien à sa disposition, et,
quand on parcourt les rivages, on.
rencontre de très loin en très loin
des barques péniblement tirées sur
les galets ou sur le sable ; auprès
d'elles, images de ce qu'elles seront
demain, gisent des carcasses de canots morts, et des « gingades », sortes de
radeaux précaires en tronc d'aloès, qui les remplaceront.
En dehors de la suppression des marines, l'action exercée, de façon directe
ou indirecte, par le développement intensif de la culture de la canne et de
l'industrie sucrière, n'a pas été négligeable :
Directement, par la désaffection des pêcheurs qui, embauchés lors de la
coupe, soit aux champs, soit à l'usine, ont perdu le goût de leur métier devenu
très dangereux et n'ont plus repris la mer ;
Indirectement, par la concentration de la population aisée à Saint-Denis où
se transporte le marché du poisson.
Il résulte de cela que les pêcheurs, de plus en plus rares, sont devenus
la proie d'intermédiaires et d'accapareurs et ne vendent plus sur place ;
ces accapareurs les poussent à limiter leurs prises pour maintenir leurs profits,
la rareté engendre les hauts prix et le travailleur pauvre n'est pa:: en mesure
d'acheter ce poisson qui l'environne en abondance.
Le chef de la colonie, le gouverneur Court, fut vite frappé par cette plaie
sociale qu'était la sous-alimentation.
Sans longues enquêtes, fut bientôt découvert le remède : la réorganisation
de la pêche, sur des bases élargies et modernes.
Un Comité de la pêche siégea, présidé par le gouverneur lui-même.
Des résolutions y furent prises qui, sans moisir dans des dossiers, étaient
immédiatement exécutées.
Des bateaux à moteur et à voile étaient immédiatement commandés, ainsi que
des wagons et camions frigorifiques ; des moniteurs étaient recrutés, spécialisés
dans la pêche en surface et dans la conservation du poisson.
Un délégué était envoyé à l'île Maurice pour en ramener un maître char-
pentier de marine et un compagnon, pour la construction d'embarcations d'un
tonnage suffisant pour tenir la mer.
Dans diverses localités, les points d'atterrissage des barques ont été aménagés,
les petits ports de pêche, garages pour bateaux, remis en état.
Les mesures prises ne se sont pas limitées à ce rajeunissement du matériel
de pêche, mais se sont étendues à une réglementation sur la répression du
braconnage et sur les époques et secteurs de pêche, au rétablissement de
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N° 200 ......... FÉVRIER 940
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