Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1940 01 mars 1940
Description : 1940/03/01 (A18,N201)-1940/03/31. 1940/03/01 (A18,N201)-1940/03/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97592256
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/12/2016
48
LES FRONTS DE GUERRE
15 JANVIER - 15 FÉVRIER 1940
SITUATION GÉNÉRALE
DEPUIS est le 15 janvier, la situation militaire
est demeurée sans changement sur le
front occidental où le dispositif allemand
ne s'est pas modifié. Par contre, l'attention est
de nouveau attirée vers le centre de l'Europe où
des mouvements de troupes allemandes de toutes
armes sont signalés en Autriche, en Slovaquie,
aux frontières de Galicie, sans que l'on puisse
encore évaluer la signification de ces concentra-
tions.
Sur mer, la guerre sous-marine a repris avec
plus d'intensité et le déploiement des unités
allemandes indique la volonté du Reich de
réagir contre le blocus en essayant de troubler
les relations maritimes des Alliés et des neutres.
Les conditions atmosphériques défavorables
ont réduit l'activité aérienne. Mais les Alle-
mands ont continué leurs vols sur la Baltique et,
sans négliger les proies plus importantes, ont
attaqué les pêcheurs et même les bateaux-feux.
Politiquement, en dehors des discours pro-
noncés de chaque côté de la barricade par les
dirigeants français, anglais et allemands, on
ne signale aucune évolution de la situation
générale. L'attention est, pour l'instant, absor-
bée par l'héroïque défense finlandaise et par la
réunion de Belgrade et les décisions qu'y ont
prises les représentants de l'Entente balkanique.
Il est cependant intéressant de noter, en dehors
d'Europe, l'émotion causée aux États-Unis par
les mesures de contrôle britannique des cour-
riers américains sur les bâtiments de com-
merce.
Les relations du Japon avec les Alliés vien-
nent d'être troublées par l'arrestation, à bord
de l'Asama Maru, de nationaux allemands
faite par un navire arraisonneur britannique.
Le bombardement du chemin de fer du Yun-
nan par des avions japonais a causé de nom-
breuses victimes, parmi lesquelles cinq Français,
et occasionné de graves dégâts matériels.
Ces deux incidents sont en cours de règlement.
(Voir plus loin, article page 49.)
FRONT OCCIDENTAL
Dans notre dernière chronique, nous avons
signalé deux coups de main tentés par les
Allemands. Le 18 janvier, un détachement
ennemi a attaqué un de nos postes et a été
repoussé après un vif engagement corps à
corps. Deux prisonniers sont restés entre nos
mains. Le poste français est demeuré au com-
plet sur ses emplacements. Le 22, l'ennemi a
tenté une embuscade qui nous a coûté des
pertes très légères. Depuis cette époque, l'ac-
tivité s'est manifestée par les habituelles recon-
naissances et patrouilles avec quelques démons-
trations d'artillerie. Des tirs assez nombreux
ont été échangés entre les casemates qui
bordent les deux rives du Rhin.
En Pologne occupée, on signale la présence de
nombreux allemands civils et militaires et
même celle d'éléments blindés. D'autre part
une certaine activité s'est manifestée en Autriche
et en Slovaquie.
On peut donc penser :
1° Que les Allemands, sur le front occidental,
ont toujours les moyens de déclencher rapide-
ment une vaste opération offensive ;
2° Que leur activité dans le Sud-Est européen
paraît être la conséquence d'un accord germano-
russe relatif à l'exploitation économique de la
Galicie au profit du Reich ;
3° Que nous assistons à la mise en œuvre
de moyens de pression économique sur la
Hongrie et surtout sur la Roumanie ;
4° Qu'il ne faut pas exclure la préparation
d'une action militaire éventuelle contre la
Roumanie au cas où les procédés habituels de
pression ne donneraient pas à l'Allemagne les
résultats souhaités, notamment en ce qui con-
cerne les livraisons de pétrole.
AVIATION
Nous nous bornerons à signaler les exploits
de la Royal Air Force qui a survolé l'Autriche
et la Bohême et le travail des aviations de recon-
naissance française et britannique au-dessus
de l'Allemagne du Nord. ( Voir plus loin, article
pages 54 et 55).
SUR MER
Le mauvais temps a ralenti les opérations
aéro-navales aussi bien sur les côtes de la Grande-
Bretagne que sur les bases allemandes. Mais de
nombreux navires britanniques et neutres ont
été coulés par mines et d'autres par l'action
de sous-marins dont une nouvelle vague semble
avoir déferlé depuis le 20 janvier. Les submer-
sibles signalés seraient au nombre d'une dizaine.
La marine marchande française a perdu deux
cargos, le Tourny et l'Alsacien, au large des côtes
du Portugal. Par contre, un sous-marin alle-
mand a été attaqué avec succès, en face de la
côte espagnole, par deux de nos bâtiments légers,
et un deuxième près de celle du Portugal. La
guerre de mines autour des côtes de l'Angleterre
a commencé à gagner la côte ouest, mais elle se
ralentit à l'est.
FRONT RUSSO-FINLANDAIS
Les troupes finnoises continuent à résister vic-
torieusement à toutes les attaques. L'arméerouge,
vivement pressée par les contre-attaques, a renou-
velé des assauts menés jusqu'à présent sans égard
pour les pertes qu'elle subit tant en hommes qu'en
matériel. On remarque toutefois, depuis quel-
ques jours, en même temps qu'une meilleure
utilisation tactique des éléments engagés, une
efficacité plus certaine des tirs d'artillerie.
Ceci donne à penser que les états-majors sovié-
tiques ont reçu des conseils qui ne peuvent
provenir que de spécialistes allemands. Dans
l'isthme de Carélie, l'activité des Russes semble
avoir pour but de harceler sans arrêt les troupes
finlandaises en vue de les fixer sur certains
points. Une nouvelle tentative de forcement de la
ligne Mannerheim entre Summa et Muolajarvi
a été repoussée avec pertes. Au nord du lac
Ladoga, les troupes soviétiques ont passé à
l'attaque sur presque tous les secteurs de com-
bat du front discontinu de 125 kilomètres en-
viron qui s'étend des rives du lac, vers le
nord, jusqu'aux environs immédiats d'Ilomantsi.
Cette opération semble destinée à dégager les
troupes russes débordées par les Finlandais dans
la région de Kitela et presque complètement
cernées. Aux dernières nouvelles, les troupes
russes auraient subi un échec complet. Dans la
région de Petsamo, aucun combat. Les Russes
ont regroupé leurs forces et reçu des renforts.
L'aviation russe s'est montrée très active, soit
en agissant avec les forces de terre, soit en
bombardant les villes avec des effectifs massifs
(95, 120, 400 avions). De son côté, l'aviation
finnoise, qui reçoit des appuis et des renforts, a
effectué des reconnaissances, bombardé des
colonnes ennemies et abattu un certain nombre
d'appareils. Le golfe de Finlande étant pris par
les glaces dans toute sa partie est, la base de
Cronstadt est inutilisable par la flotte russe. Il
se confirme que les cuirassés soviétiques Révo-
lution-d'Octobre et Kirov ont été sérieusement
endommagés.
LES NON-BELLIGÉRANTS
ET LES NEUTRES
Pas d'évolution notable dans l'attitude des
neutres.
Belgique et Hollande demeurent dans une
expectative alarmée. La Suisse complète son
organisation défensive. La réunion de Belgrade
est encore trop récente pour qu'il soit possible
de tirer des conclusions certaines.
Italie. — L'Italie se préoccupe aussi d'accroître
son potentiel militaire de manière à pouvoir jouer
un rôle qu'elle désire prépondérant dans les
événements qui se pourront produire, quels
qu'ils soient. Le budget de l'année 1940-1941 a été
fixé à 34 milliards 995 millions de lires pour les
dépenses, et à 29 milliards 2 millions de lires
pour les recettes : soit un déficit de 5 milliards
993 millions. Les dépenses pour la défense natio-
nale s'élèvent à 10 milliards 845 millions de
lires contre 8 milliards 275 millions en 1939.
Russie. — Les rapports russo-allemands
s'avèrent chaque jour plus étroits. Un certain
nombre d'officiers allemands ont été attachés
à la mission diplomatique du Reich à Moscou
et il semble bien que des instructeurs aient été
fournis à l'armée rouge.
L'U. R. S. S. a accordé à l'Allemagne le
droit de commercer, à travers son territoire, avec
l'Iran et la Mandchourie, sans que l'on sache
ce que Moscou a obtenu en contre-partie.
Les incidences de la guerre de Finlande con-
tinueraient à jouer sur la vie intérieure du pays
et des troubles sont périodiquement signalés,
résultant du manque de ravitaillement et de
l'augmentation du prix de la vie.
Pays scandinaves. — Le discours de M.
Winston Churchill, dans ses avertissements
et ses appels aux neutres, a été accueilli sans
enthousiasme par les Gouvernements des Pays
Scandinaves qui y ont répondu en faisant déve-
lopper par la presse les thèmes suivants :
Les petits États ont, avant tout, le devoir de
sauvegarder leur neutralité et leur indépendance ;
En prétendant les entraîner dans leur camp,
les Alliés violeraient le droit des peuples à dis-
poser d'eux-mêmes.
En fait, les nations scandinaves refusent de se
demander comment l'indépendance et la neu-
tralité peuvent se concilier et si leur indépen-
dance subsisterait au cas d'une victoire russo-
allemande. Ces pays qui étaient désarmés arment
maintenant fébrilement pour leur défense. Ils
n'ont pourtant rien à craindre des Alliés.
Hollande. — Faute de cadres et de matériel,
le Gouvernement néerlandais ne peut, pour le
moment, procéder à un renforcement important
de l'armée. Les travaux de défense se poursuivent,
mais la situation a amené des remaniements
dans le haut commandement militaire.
Renonçant à l'emprunt pour couvrir les
dépenses de guerre, le Gouvernement a procédé à
une réévaluation de l'encaisse or de la Banque
d'État sur la base d'une dépréciation de 18 p.
100 du florin.
Belgique. — En raison de la détente diplo-
matique, qui n'exclut pas cependant l'inquiétude
persistante des milieux militaires, le Gouverne-
ment belge a décidé de libérer certains élé-
ments, mais les hommes renvoyés doivent être
prêts à rejoindre au premier appel. Comme en
Hollande, des modifications sont survenues
dans le haut commandement.
Suisse. — L'équipement des services com-
plémentaires est terminé. Des travaux défensifs
ont été effectués ou sont en cours d'exécution
dans la Suisse centrale et orientale.
Hongrie. — Les efforts d'organisation mili-
taire sont activement poussés. Une mission
militaire s'est rendue en Italie, tandis que des
spécialistes italiens collaborent à la fortification
des frontières hongroises. L'opinion publique
hongroise semble persuadée que le pays sera
impliqué dans la guerre tôt ou tard.
Balkans. — La Conférence de l'Entente bal-
kanique réunie à Belgrade, le 2 février, a terminé
ses travaux. Il est prudent d'attendre avant
de savoir dans quel sens, dans les Balkans et
ailleurs, seront interprétées les décisions prises.
Yougoslavie. — A Belgrade persiste une
certaine méfiance à l'égard de la politique ita-
lienne dont on craint que les variations soient
inspirées par Berlin. On redoute toujours une
manifestation des visées italiennes dans les
Balkans, ou une intervention en Slovénie et en
Croatie.
Roumanie. — Le Gouvernement roumain
vient de créer un commissariat du pétrole qui a
pour but de contrôler la production du pétrole
brut, la vente et la distribution des produits du
pétrole et l'exportation, compte tenu des besoins
du pays. Cette décision a soulevé, chez les Alliés,
une émotion légitime, étant donné la pression
dont la Roumanie est l'objet de la part du Reich
qui voudrait se réserver la plus grosse part de la
production roumaine, étant donné aussi que
les plus importantes sociétés productrices rou-
maines sont à capitaux franco-britanniques et
qu'elles risquent, par une simple décision gou-
vernementale de voir le fruit de leurs travaux
profiter au Reich.
Sans doute le Gouvernement de Bucarest a-t-
il fait donner une version officielle de sa décision
qui n'aurait pour but que de permettre au pays
d'assurer dans de bonnes conditions la couver-
ture de ses propres besoins pour la défense
nationale ; mais il n'en demeure pas moins
que la production et la vente des produits pétro-
liers sont désormais soustraites aux règles nor-
males des marchés commerciaux et passent
sous la dépendance des relations internationales.
La conséquence la plus grave paraît être, en fait,
la responsabilité prise par le Gouvernement
qui renonce à son rôle d'arbitre et sera, de plus
en plus, l'objet des sollicitations, voire des
menaces du Reich, si tant est qu'on puisse faire
un rapprochement entre les mouvements de
troupes allemandes à la frontière polono-rou-
maine et le voyage à Bucarest du Dr Clodius.
Le gel du Danube a bloqué les exportations
du pétrole vers l'Allemagne. Au cours de la
première quinzaine de janvier, 3 200 tonnes ont
été expédiées par cette voie, au lieu de 30 à 35 mille
tonnes au cours des quinzaines précédentes.
Par contre, les exportations par voie ferrée
ont augmenté.
Grèce. — Le Gouvernement ne s'oppose pas
à la propagande hitlérienne et communiste.
Cette tolérance est jugée excessive par les
partis d'opposition qui se plaignent, d'autre
part, que de nombreux Allemands soient main-
tenus dans les services publics.
Turquie. — Le Gouvernement continue à
prendre des mesures contre la propagande alle-
mande. Dans les cinémas, les actualités alle-
mandes sont remplacées par des actualités de
guerre françaises et britanniques.
Les sentiments de méfiance de la Turquie
envers l'Italie ont été récemment ravivés par le
fait que le Gouvernement italien s'est abstenu
de tout geste de secours envers les sinistrés
d'Erzindjan.
*** Albert LORIN.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 201 ........... MARS 1940
LES FRONTS DE GUERRE
15 JANVIER - 15 FÉVRIER 1940
SITUATION GÉNÉRALE
DEPUIS est le 15 janvier, la situation militaire
est demeurée sans changement sur le
front occidental où le dispositif allemand
ne s'est pas modifié. Par contre, l'attention est
de nouveau attirée vers le centre de l'Europe où
des mouvements de troupes allemandes de toutes
armes sont signalés en Autriche, en Slovaquie,
aux frontières de Galicie, sans que l'on puisse
encore évaluer la signification de ces concentra-
tions.
Sur mer, la guerre sous-marine a repris avec
plus d'intensité et le déploiement des unités
allemandes indique la volonté du Reich de
réagir contre le blocus en essayant de troubler
les relations maritimes des Alliés et des neutres.
Les conditions atmosphériques défavorables
ont réduit l'activité aérienne. Mais les Alle-
mands ont continué leurs vols sur la Baltique et,
sans négliger les proies plus importantes, ont
attaqué les pêcheurs et même les bateaux-feux.
Politiquement, en dehors des discours pro-
noncés de chaque côté de la barricade par les
dirigeants français, anglais et allemands, on
ne signale aucune évolution de la situation
générale. L'attention est, pour l'instant, absor-
bée par l'héroïque défense finlandaise et par la
réunion de Belgrade et les décisions qu'y ont
prises les représentants de l'Entente balkanique.
Il est cependant intéressant de noter, en dehors
d'Europe, l'émotion causée aux États-Unis par
les mesures de contrôle britannique des cour-
riers américains sur les bâtiments de com-
merce.
Les relations du Japon avec les Alliés vien-
nent d'être troublées par l'arrestation, à bord
de l'Asama Maru, de nationaux allemands
faite par un navire arraisonneur britannique.
Le bombardement du chemin de fer du Yun-
nan par des avions japonais a causé de nom-
breuses victimes, parmi lesquelles cinq Français,
et occasionné de graves dégâts matériels.
Ces deux incidents sont en cours de règlement.
(Voir plus loin, article page 49.)
FRONT OCCIDENTAL
Dans notre dernière chronique, nous avons
signalé deux coups de main tentés par les
Allemands. Le 18 janvier, un détachement
ennemi a attaqué un de nos postes et a été
repoussé après un vif engagement corps à
corps. Deux prisonniers sont restés entre nos
mains. Le poste français est demeuré au com-
plet sur ses emplacements. Le 22, l'ennemi a
tenté une embuscade qui nous a coûté des
pertes très légères. Depuis cette époque, l'ac-
tivité s'est manifestée par les habituelles recon-
naissances et patrouilles avec quelques démons-
trations d'artillerie. Des tirs assez nombreux
ont été échangés entre les casemates qui
bordent les deux rives du Rhin.
En Pologne occupée, on signale la présence de
nombreux allemands civils et militaires et
même celle d'éléments blindés. D'autre part
une certaine activité s'est manifestée en Autriche
et en Slovaquie.
On peut donc penser :
1° Que les Allemands, sur le front occidental,
ont toujours les moyens de déclencher rapide-
ment une vaste opération offensive ;
2° Que leur activité dans le Sud-Est européen
paraît être la conséquence d'un accord germano-
russe relatif à l'exploitation économique de la
Galicie au profit du Reich ;
3° Que nous assistons à la mise en œuvre
de moyens de pression économique sur la
Hongrie et surtout sur la Roumanie ;
4° Qu'il ne faut pas exclure la préparation
d'une action militaire éventuelle contre la
Roumanie au cas où les procédés habituels de
pression ne donneraient pas à l'Allemagne les
résultats souhaités, notamment en ce qui con-
cerne les livraisons de pétrole.
AVIATION
Nous nous bornerons à signaler les exploits
de la Royal Air Force qui a survolé l'Autriche
et la Bohême et le travail des aviations de recon-
naissance française et britannique au-dessus
de l'Allemagne du Nord. ( Voir plus loin, article
pages 54 et 55).
SUR MER
Le mauvais temps a ralenti les opérations
aéro-navales aussi bien sur les côtes de la Grande-
Bretagne que sur les bases allemandes. Mais de
nombreux navires britanniques et neutres ont
été coulés par mines et d'autres par l'action
de sous-marins dont une nouvelle vague semble
avoir déferlé depuis le 20 janvier. Les submer-
sibles signalés seraient au nombre d'une dizaine.
La marine marchande française a perdu deux
cargos, le Tourny et l'Alsacien, au large des côtes
du Portugal. Par contre, un sous-marin alle-
mand a été attaqué avec succès, en face de la
côte espagnole, par deux de nos bâtiments légers,
et un deuxième près de celle du Portugal. La
guerre de mines autour des côtes de l'Angleterre
a commencé à gagner la côte ouest, mais elle se
ralentit à l'est.
FRONT RUSSO-FINLANDAIS
Les troupes finnoises continuent à résister vic-
torieusement à toutes les attaques. L'arméerouge,
vivement pressée par les contre-attaques, a renou-
velé des assauts menés jusqu'à présent sans égard
pour les pertes qu'elle subit tant en hommes qu'en
matériel. On remarque toutefois, depuis quel-
ques jours, en même temps qu'une meilleure
utilisation tactique des éléments engagés, une
efficacité plus certaine des tirs d'artillerie.
Ceci donne à penser que les états-majors sovié-
tiques ont reçu des conseils qui ne peuvent
provenir que de spécialistes allemands. Dans
l'isthme de Carélie, l'activité des Russes semble
avoir pour but de harceler sans arrêt les troupes
finlandaises en vue de les fixer sur certains
points. Une nouvelle tentative de forcement de la
ligne Mannerheim entre Summa et Muolajarvi
a été repoussée avec pertes. Au nord du lac
Ladoga, les troupes soviétiques ont passé à
l'attaque sur presque tous les secteurs de com-
bat du front discontinu de 125 kilomètres en-
viron qui s'étend des rives du lac, vers le
nord, jusqu'aux environs immédiats d'Ilomantsi.
Cette opération semble destinée à dégager les
troupes russes débordées par les Finlandais dans
la région de Kitela et presque complètement
cernées. Aux dernières nouvelles, les troupes
russes auraient subi un échec complet. Dans la
région de Petsamo, aucun combat. Les Russes
ont regroupé leurs forces et reçu des renforts.
L'aviation russe s'est montrée très active, soit
en agissant avec les forces de terre, soit en
bombardant les villes avec des effectifs massifs
(95, 120, 400 avions). De son côté, l'aviation
finnoise, qui reçoit des appuis et des renforts, a
effectué des reconnaissances, bombardé des
colonnes ennemies et abattu un certain nombre
d'appareils. Le golfe de Finlande étant pris par
les glaces dans toute sa partie est, la base de
Cronstadt est inutilisable par la flotte russe. Il
se confirme que les cuirassés soviétiques Révo-
lution-d'Octobre et Kirov ont été sérieusement
endommagés.
LES NON-BELLIGÉRANTS
ET LES NEUTRES
Pas d'évolution notable dans l'attitude des
neutres.
Belgique et Hollande demeurent dans une
expectative alarmée. La Suisse complète son
organisation défensive. La réunion de Belgrade
est encore trop récente pour qu'il soit possible
de tirer des conclusions certaines.
Italie. — L'Italie se préoccupe aussi d'accroître
son potentiel militaire de manière à pouvoir jouer
un rôle qu'elle désire prépondérant dans les
événements qui se pourront produire, quels
qu'ils soient. Le budget de l'année 1940-1941 a été
fixé à 34 milliards 995 millions de lires pour les
dépenses, et à 29 milliards 2 millions de lires
pour les recettes : soit un déficit de 5 milliards
993 millions. Les dépenses pour la défense natio-
nale s'élèvent à 10 milliards 845 millions de
lires contre 8 milliards 275 millions en 1939.
Russie. — Les rapports russo-allemands
s'avèrent chaque jour plus étroits. Un certain
nombre d'officiers allemands ont été attachés
à la mission diplomatique du Reich à Moscou
et il semble bien que des instructeurs aient été
fournis à l'armée rouge.
L'U. R. S. S. a accordé à l'Allemagne le
droit de commercer, à travers son territoire, avec
l'Iran et la Mandchourie, sans que l'on sache
ce que Moscou a obtenu en contre-partie.
Les incidences de la guerre de Finlande con-
tinueraient à jouer sur la vie intérieure du pays
et des troubles sont périodiquement signalés,
résultant du manque de ravitaillement et de
l'augmentation du prix de la vie.
Pays scandinaves. — Le discours de M.
Winston Churchill, dans ses avertissements
et ses appels aux neutres, a été accueilli sans
enthousiasme par les Gouvernements des Pays
Scandinaves qui y ont répondu en faisant déve-
lopper par la presse les thèmes suivants :
Les petits États ont, avant tout, le devoir de
sauvegarder leur neutralité et leur indépendance ;
En prétendant les entraîner dans leur camp,
les Alliés violeraient le droit des peuples à dis-
poser d'eux-mêmes.
En fait, les nations scandinaves refusent de se
demander comment l'indépendance et la neu-
tralité peuvent se concilier et si leur indépen-
dance subsisterait au cas d'une victoire russo-
allemande. Ces pays qui étaient désarmés arment
maintenant fébrilement pour leur défense. Ils
n'ont pourtant rien à craindre des Alliés.
Hollande. — Faute de cadres et de matériel,
le Gouvernement néerlandais ne peut, pour le
moment, procéder à un renforcement important
de l'armée. Les travaux de défense se poursuivent,
mais la situation a amené des remaniements
dans le haut commandement militaire.
Renonçant à l'emprunt pour couvrir les
dépenses de guerre, le Gouvernement a procédé à
une réévaluation de l'encaisse or de la Banque
d'État sur la base d'une dépréciation de 18 p.
100 du florin.
Belgique. — En raison de la détente diplo-
matique, qui n'exclut pas cependant l'inquiétude
persistante des milieux militaires, le Gouverne-
ment belge a décidé de libérer certains élé-
ments, mais les hommes renvoyés doivent être
prêts à rejoindre au premier appel. Comme en
Hollande, des modifications sont survenues
dans le haut commandement.
Suisse. — L'équipement des services com-
plémentaires est terminé. Des travaux défensifs
ont été effectués ou sont en cours d'exécution
dans la Suisse centrale et orientale.
Hongrie. — Les efforts d'organisation mili-
taire sont activement poussés. Une mission
militaire s'est rendue en Italie, tandis que des
spécialistes italiens collaborent à la fortification
des frontières hongroises. L'opinion publique
hongroise semble persuadée que le pays sera
impliqué dans la guerre tôt ou tard.
Balkans. — La Conférence de l'Entente bal-
kanique réunie à Belgrade, le 2 février, a terminé
ses travaux. Il est prudent d'attendre avant
de savoir dans quel sens, dans les Balkans et
ailleurs, seront interprétées les décisions prises.
Yougoslavie. — A Belgrade persiste une
certaine méfiance à l'égard de la politique ita-
lienne dont on craint que les variations soient
inspirées par Berlin. On redoute toujours une
manifestation des visées italiennes dans les
Balkans, ou une intervention en Slovénie et en
Croatie.
Roumanie. — Le Gouvernement roumain
vient de créer un commissariat du pétrole qui a
pour but de contrôler la production du pétrole
brut, la vente et la distribution des produits du
pétrole et l'exportation, compte tenu des besoins
du pays. Cette décision a soulevé, chez les Alliés,
une émotion légitime, étant donné la pression
dont la Roumanie est l'objet de la part du Reich
qui voudrait se réserver la plus grosse part de la
production roumaine, étant donné aussi que
les plus importantes sociétés productrices rou-
maines sont à capitaux franco-britanniques et
qu'elles risquent, par une simple décision gou-
vernementale de voir le fruit de leurs travaux
profiter au Reich.
Sans doute le Gouvernement de Bucarest a-t-
il fait donner une version officielle de sa décision
qui n'aurait pour but que de permettre au pays
d'assurer dans de bonnes conditions la couver-
ture de ses propres besoins pour la défense
nationale ; mais il n'en demeure pas moins
que la production et la vente des produits pétro-
liers sont désormais soustraites aux règles nor-
males des marchés commerciaux et passent
sous la dépendance des relations internationales.
La conséquence la plus grave paraît être, en fait,
la responsabilité prise par le Gouvernement
qui renonce à son rôle d'arbitre et sera, de plus
en plus, l'objet des sollicitations, voire des
menaces du Reich, si tant est qu'on puisse faire
un rapprochement entre les mouvements de
troupes allemandes à la frontière polono-rou-
maine et le voyage à Bucarest du Dr Clodius.
Le gel du Danube a bloqué les exportations
du pétrole vers l'Allemagne. Au cours de la
première quinzaine de janvier, 3 200 tonnes ont
été expédiées par cette voie, au lieu de 30 à 35 mille
tonnes au cours des quinzaines précédentes.
Par contre, les exportations par voie ferrée
ont augmenté.
Grèce. — Le Gouvernement ne s'oppose pas
à la propagande hitlérienne et communiste.
Cette tolérance est jugée excessive par les
partis d'opposition qui se plaignent, d'autre
part, que de nombreux Allemands soient main-
tenus dans les services publics.
Turquie. — Le Gouvernement continue à
prendre des mesures contre la propagande alle-
mande. Dans les cinémas, les actualités alle-
mandes sont remplacées par des actualités de
guerre françaises et britanniques.
Les sentiments de méfiance de la Turquie
envers l'Italie ont été récemment ravivés par le
fait que le Gouvernement italien s'est abstenu
de tout geste de secours envers les sinistrés
d'Erzindjan.
*** Albert LORIN.
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
N° 201 ........... MARS 1940
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