Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1940 01 mars 1940
Description : 1940/03/01 (A18,N201)-1940/03/31. 1940/03/01 (A18,N201)-1940/03/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97592256
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/12/2016
Paysage de Mokolo, au
cours d'une fantasia. On
aperçoit dans le fond les
bâtiments militaires.
ti:
si:
è:
!i!tmes contre les autres devaient constituer les hauts faits d'armes chantés par nos
'••roubadours du moyen âge. En dehors du pittoresque, de la couleur locale, du
%ôté artistique de tels spectacles, il me semble y voir surtout un élément histo-
rique et humain de première importance. Je ne considère actuellement que l'ex-
térieur, mais, au point de vue de l'homme, quelle adaptation les Noirs ont-ils faite
'I::ie l'Islam ? Il paraît y avoir ici moins de rigueur dans l'application des lois cora-
niques, plus de laisser-aller que chez les Arabes.
iij:
p UNE CONSULTATION MÉDICALE IMPROVISÉE
|î: « ...toujours commencer par l'envoi d'un
£
Ce matin, vers cinq heures, mes deux compagnons Flassch et Mercier sont
partis, avec quelques pisteurs indigènes, à la chasse aux buffles. Désirant pour-
suivre mon enquête médicale, je décidai de rester au village de Karpa-Manga
où nous venions de passer la nuit. Sambo, le chef des pisteurs de cette réserve de
"[chasse, vient me trouver et me montre une plaie du talon très infectée. Je sors de
jma cantine mes instruments de dissection. J'incise l'abcès, retire environ un verre
"à liqueur de pus, fais saigner abondamment. Après avoir tamponné à l'alcool et à
la teinture d'iode, je le bande fortement. Quelques Noirs, assis en demi-cercle, ont
f assisté à la petite opération, suivant mes gestes avec la plus vive curiosité. Sambo,
iSle pisteur, n'a pas poussé le moindre gémissement. Avec une impassibilité un
!I¡peu effrayante, il me regarde le charcuter et je lis dans ses yeux une grande
reconnaissance.
ilt Cette petite intervention chirurgicale, avec du pus, du sang, un bandage, décide
& quelques spectateurs à me demander une consultation. L'un d'eux se plaint d'avoir
mal au ventre » et de ne pas aller à la selle : je lui administre une purge sous la
5forme de 30 grammes de sulfate de soude, que je fais dissoudre dans une cale-
ù basse. Mon malade absorbe le breuvage sans la moindre difficulté, malgré des
Ci signes évidents de dégoût. Avec une minutie, un respect extraordinaire, il prend
i garde à ne pas laisser la moindre goutte de cette précieuse médecine. Je distribue
?à quelques consultants de la quinine, du stovarsol. Je fais quelques massages à
'i l'alcool camphré, massages très appréciés. Le nombre des malades croît sans
ï cesse, j'aperçois tout d'un coup quelques femmes, jusque-là invisibles, qui s'ap-
5 prochent furtivement. L'arrivée de cette nouvelle clientèle et la diminution de nos
ii réserves pharmaceutiques me décident à cesser ma consultation.
i Cette petite consultation anodine me paraît révélatrice de l'influence que
) peuvent avoir nos moyens chirurgicaux sur les peuplades noires. De l'avis même
i de plusieurs confrères, la prospection médicale d'une région nouvelle devrait
toujours commencer par l'envoi d'un chirurgien et d'un camion chirurgical. L'acte
opératoire parle à tous. Un homme a un éléphantiasis du scrotum d'une quinzaine
de kilos ; après l'opération, il retrouve et son aspect normal et sa puissance virile.
Quelle publicité pour la grande médecine des Blancs ! Nous arriverions ainsi à
faire accepter les vaccinations dont les résultats inconnus et lointains paraissent
sans valeur. Je propose qu'après cette guerre, qui sera courte parce que nous
sommes les plus forts grâce à nos immenses colonies, on envoie le matériel chi-
rurgical inutilisé guérir « ces autres hommes noirs, nos frères ».
CONCLUSIONS
Que n'aurons-nous pas à apprendre encore des Noirs le jour où nous voudrons
bien considérer qu'ils ne sont ni des enfants, ni des primitifs, ni des arriérés,
mais des peuples millénaires ayant porté le développement de leurs facultés
dans un autre sens que le nôtre ? J'espère avoir apporté ici une petite contribu-
tion dans ce sens et susciter chez quelques-uns d'entre nous le désir d'aller les
voir sur place, là-bas, au delà des mers, dans notre Empire (2).
Dr MAURICE MATHIS,
de l'Institut Pasteur.
(-■'
J (1) « Le Monde Colonial Illustré ». août 1939, n° 194, page 181.
(2) Je tiens à renouveler, ici, à M. le Gouverneur général du Cameroun R. Brunot mes plus
I' vifs remerciements pour l'aide qu'il m'a apportée dans l'accomplissement de ma mission. Je ne
peux passer sous silence les réceptions amicales de mes confrères et de tous les administra-
teurs chez qui nous sommes descendus. Qu'ils soient tous assurés de ma plus vive reconnaissance.
^Circoncis de douze ans de la région de Poli sous les huttes de paille portatives qu'ils sont
tenus de*garder, selon la coutume, pendant un an.
Bergers peuls de la région de N'gaoundéré appelant les troupeaux sur l'autre rive.
! LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
| N° 201 MARS 1940
cours d'une fantasia. On
aperçoit dans le fond les
bâtiments militaires.
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!i!tmes contre les autres devaient constituer les hauts faits d'armes chantés par nos
'••roubadours du moyen âge. En dehors du pittoresque, de la couleur locale, du
%ôté artistique de tels spectacles, il me semble y voir surtout un élément histo-
rique et humain de première importance. Je ne considère actuellement que l'ex-
térieur, mais, au point de vue de l'homme, quelle adaptation les Noirs ont-ils faite
'I::ie l'Islam ? Il paraît y avoir ici moins de rigueur dans l'application des lois cora-
niques, plus de laisser-aller que chez les Arabes.
iij:
p UNE CONSULTATION MÉDICALE IMPROVISÉE
|î: « ...toujours commencer par l'envoi d'un
£
Ce matin, vers cinq heures, mes deux compagnons Flassch et Mercier sont
partis, avec quelques pisteurs indigènes, à la chasse aux buffles. Désirant pour-
suivre mon enquête médicale, je décidai de rester au village de Karpa-Manga
où nous venions de passer la nuit. Sambo, le chef des pisteurs de cette réserve de
"[chasse, vient me trouver et me montre une plaie du talon très infectée. Je sors de
jma cantine mes instruments de dissection. J'incise l'abcès, retire environ un verre
"à liqueur de pus, fais saigner abondamment. Après avoir tamponné à l'alcool et à
la teinture d'iode, je le bande fortement. Quelques Noirs, assis en demi-cercle, ont
f assisté à la petite opération, suivant mes gestes avec la plus vive curiosité. Sambo,
iSle pisteur, n'a pas poussé le moindre gémissement. Avec une impassibilité un
!I¡peu effrayante, il me regarde le charcuter et je lis dans ses yeux une grande
reconnaissance.
ilt Cette petite intervention chirurgicale, avec du pus, du sang, un bandage, décide
& quelques spectateurs à me demander une consultation. L'un d'eux se plaint d'avoir
mal au ventre » et de ne pas aller à la selle : je lui administre une purge sous la
5forme de 30 grammes de sulfate de soude, que je fais dissoudre dans une cale-
ù basse. Mon malade absorbe le breuvage sans la moindre difficulté, malgré des
Ci signes évidents de dégoût. Avec une minutie, un respect extraordinaire, il prend
i garde à ne pas laisser la moindre goutte de cette précieuse médecine. Je distribue
?à quelques consultants de la quinine, du stovarsol. Je fais quelques massages à
'i l'alcool camphré, massages très appréciés. Le nombre des malades croît sans
ï cesse, j'aperçois tout d'un coup quelques femmes, jusque-là invisibles, qui s'ap-
5 prochent furtivement. L'arrivée de cette nouvelle clientèle et la diminution de nos
ii réserves pharmaceutiques me décident à cesser ma consultation.
i Cette petite consultation anodine me paraît révélatrice de l'influence que
) peuvent avoir nos moyens chirurgicaux sur les peuplades noires. De l'avis même
i de plusieurs confrères, la prospection médicale d'une région nouvelle devrait
toujours commencer par l'envoi d'un chirurgien et d'un camion chirurgical. L'acte
opératoire parle à tous. Un homme a un éléphantiasis du scrotum d'une quinzaine
de kilos ; après l'opération, il retrouve et son aspect normal et sa puissance virile.
Quelle publicité pour la grande médecine des Blancs ! Nous arriverions ainsi à
faire accepter les vaccinations dont les résultats inconnus et lointains paraissent
sans valeur. Je propose qu'après cette guerre, qui sera courte parce que nous
sommes les plus forts grâce à nos immenses colonies, on envoie le matériel chi-
rurgical inutilisé guérir « ces autres hommes noirs, nos frères ».
CONCLUSIONS
Que n'aurons-nous pas à apprendre encore des Noirs le jour où nous voudrons
bien considérer qu'ils ne sont ni des enfants, ni des primitifs, ni des arriérés,
mais des peuples millénaires ayant porté le développement de leurs facultés
dans un autre sens que le nôtre ? J'espère avoir apporté ici une petite contribu-
tion dans ce sens et susciter chez quelques-uns d'entre nous le désir d'aller les
voir sur place, là-bas, au delà des mers, dans notre Empire (2).
Dr MAURICE MATHIS,
de l'Institut Pasteur.
(-■'
J (1) « Le Monde Colonial Illustré ». août 1939, n° 194, page 181.
(2) Je tiens à renouveler, ici, à M. le Gouverneur général du Cameroun R. Brunot mes plus
I' vifs remerciements pour l'aide qu'il m'a apportée dans l'accomplissement de ma mission. Je ne
peux passer sous silence les réceptions amicales de mes confrères et de tous les administra-
teurs chez qui nous sommes descendus. Qu'ils soient tous assurés de ma plus vive reconnaissance.
^Circoncis de douze ans de la région de Poli sous les huttes de paille portatives qu'ils sont
tenus de*garder, selon la coutume, pendant un an.
Bergers peuls de la région de N'gaoundéré appelant les troupeaux sur l'autre rive.
! LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
| N° 201 MARS 1940
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