Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 février 1940 01 février 1940
Description : 1940/02/01 (A18,N200)-1940/02/28. 1940/02/01 (A18,N200)-1940/02/28.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9759226m
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/12/2016
41
NOS AMIS ET ALLIÉS
LA TURQUIE
ÉTAT MODERNE
L'article qu'on va lire a été écrit quand les Turcs, paysans endurcis d'Anatolie ense-
velie sous la neige ou citadins dans les villes plus clémentes, se livraient tranquillement
à leur besogne pacifique de construction nationale. On a essayé de dégager quelques
traits principaux de leur tempérament rénové à l'école d'Ataturk, créateur de la patrie
nouvelle, essentiellement turque, avec son idéal propre.
Le destin cruel a voulu que, peu de jours après, la Turquie subît une épreuve très
douloureuse, qui a mis le pays en deuil. Dans le cas de la Turquie, le malheur se pré-
senta sous un jour particulièrement sensible.
Ce pays, en effet, venait de donner un admirable exemple de loyauté et d'attachement
à la cause du Droit et de la Justice, qui lui ralliait toutes nos sympathies. Puisse-t-il,
avec l'appui empressé de tous ses véritables amis, se remettre le plus vite des conséquences
du désastre qui l'a frappé. Son esprit d'endurance et de discipline nous en est un sûr
garant.
Er olan ekmeini tachdan tchikaryr (un homme viril saura faire sortir son pain de
la pierre), dit le proverbe turc.
QU'ON ne chercheras dans les
alignes qui vont suivre les sta-
tistiques alignées à l'effet de
démontrer quel a été l'essor in-
dustriel, ferroviaire et financier de
la République turque, au cours de
la dernière vingtaine d'années. Per-
sonne parmi ceux qui s'intéressent
en général à l'évolution moderne
de l'Orient n'ignore ces résultats.
Ils sont remarquables et méritent un
éloge très sincère. Mais, en les con-
statant comme une chose acquise,
on ignore souvent la somme des
efforts que cette transformation re-
présente. On ne se rend pas suf-
fisamment compte de la profondeur
du processus qui s'accomplissait
dans la mentalité turque, au fur et
à mesure que ces innovations se
laissaient enregistrer. Cependant on
ne saurait nier que l'avènement d'une
Turquie moderne est, avant tout,
fonction de l'apparition d'un type
d'homme turc nouveau. C'est à cet
aspect de la situation que je vcu-
drais m'attacher.
L'esprit réformateur n'est pas, en
soi, un fait sans précédent dans
l'histoire turque. Il se signala déjà no-
tamment sous les sultans Selim m
(1789-1807) et Mahmoud il (18081-
839), ce dernier connu pour sa
suppression du corps des Janissaires.
. n y eut le « Khatt-i-Cherif», le « Tan-
zimat». L'Empire ottoman cherchait
ainsi à s'adapter aux nouvelles conditions de son
existence. N'oublions pas des noms, celui, par
exemple, de Midhat Pacha, désavoué, malheu-
reusement, de son temps. Celui aussi, de Chinassi
(1827-1871), père du journalisme turc, plus heureux,
puisque la presse jouera un rôle de premier plan
dans l'émancipation des esprits en Turquie. Sans m'at-
tarder, d'ailleurs, sur les époques déjà révolues, je
passe à celle que notre génération a connue, où les
Jeunes-Turcs du Comité de l'Union et du Progrès
réussirent à arracher au sultan Abdul-Hamid, la cons-
titution (qui ne fut, d'ailleurs, que rappelée de
l'oubli) du 23 juillet 1908. Et c'est cette première
révolution turque qui me permettra de faire ressortir,
en montrant ses lacunes, à quel point elle diffère
de la vraie révolution nationale kémaliste. C'est que
la révolution jeune-turque ne s'attaqua à fond ni à
l'ancien régime, qu'elle essaya seulement de replâ-
trer, tout en conservant, sinon la conception panisla-
mique, tout au moins ottomane, ni à la structure éco-
nomique du pays, ni, surtout, ce qui allait de pair
avec l'économie, au relèvement populaire, à la véri-
table amélioration du sort des masses, rurales en
majorité. En le constatant, je ne tiens nullement à
diminuer l'effort jeune-turc, qui s'avéra, historique-
ment, incomplet, mais qui, rendons-lui grâce, n'en
amorça pas moins l'ébranlement de l'ancien édifice
dont la chute définitive et la reconstruction ne
viendront que plus tard. Je le ferais d'autant moins
que je ne saurais jamais oublier comment, lors de
mes pérégrinations pédestres en Bulgarie orientale
(Deli-Ourman) de 1907, où, étudiant orientaliste
russe, je pus entrer en rapports avec des Jeunes-
Turcs, — cordonniers, maîtres d'école, aubergistes
Ankara, capitale de la Turquie moderne. En haut : la ville ancienne ; en bas : la ville moderne.
« Khandji » — et me rendre compte, en m'entre-
tenant avec ces hommes aussi modestes de situation
qu'enthousiastes d'idées, que, entre autres, le
mouvement révolutionnaire des milieux musulmans
russes en 1904-1905 fut attentivement suivi et
exerça sa part d'influence sur le réveil turc.
Né dans les milieux militaires turcs de garnisons
balkaniques, avec son comité central à Salonique, le
jeune-Turkisme était, de ce fait géographique, moins
foncièrement national, moins anatolien, moins « popu-
liste». Il ne resta pas non plus, sans être influencé par
la franc-maçonnerie, idée occidentale. Certains de
ses adhérents s'inspirèrent aussi, je ne crois pas me
tromper, de l'ouvrage français de Cahun, « Intro-
duction à l'histoire de l'Asie», intéressant certes, pour
faire sentir l'envergure, l'amplitude des vagues
turques sur l'Asie et l'Europe, mais quelque peu
« romantique». De nos jours, entre parenthèses, nous
avons l'avantage de pouvoir nous instruire bien plus
solidement en lisant le remarquable « Empire des
Steppes », de René Grousset.
Et voici, un peu plus d'une décade s'écoula à peine,
que nous assistâmes à la révolution kémaliste, autre-
ment significative, d'une portée qui créa époque non
seulement dans l'histoire turque, mais, on peut le
dire sans crainte d'exagération, dans l'histoire de
l'Asie musulmane tout entière. Un peu plus d'une
décade, oui, mais qui embrassa pour la Turquie des
sultans trois guerres, dont la dernière conduite en
association avec le hadji Guilloume et au nom de la
Guerre Sainte. Quelle leçon plus cruelle de la fail-
lite d'un régime ? Quelles pertes en valeureux sol-
dats d'Anatolie, ces « askers » dont l'endurance, la
discipline ne sont égalées que par leur courage inné
et sans phrases ?
Cette fois-ci, il ne restait plus de doute permis. Le
peuple turc a compris. Et il se rallia à un chef qui in-
carna sa volonté d'en finir avec un passé aussi né-
faste. Guère n'est besoin de reprendre ici l'histo-
rique de la lutte pour l'indépendance menée à bien
par Moustapha Kemal Pacha le Victorieux, Gazi, assis-
té de ses camarades et frères d'armes. Ce qui im-
porte, c'est de dire, ne fût-ce que brièvement, com-
ment il gagna la paix, releva son pays, lui insufla
l'énergie et l'idéal nécessaires. Car, c'est là qu'on
est en face d'une véritable révolution, qu'on est en
mesure d'apercevoir la valeur du chef et de l'équipe
qui s'attela avec lui à la dure besogne quotidienne,
lente, remplie d'obstacles et de difficultés.
S'imagine-t-on, en effet, ce qu'un pareil effort
représente sur le plan moral et intellectuel, notam-
ment, celui qui attire surtout mon attention. Voici un
pays, sorti d'une série de guerres malheureuses,
seul, ou presque, à faire face à leurs conséquences
désastreuses de tout ordre : politique intérieure,
diplomatie, besoins économiques urgents. Un pays,
en outre, moulé, depuis des siècles, dans une cer-
taine conception sociale et religieuse qui s'avérait
inefficace. Quel examen de conscience à entre-
prendre pour ne pas désespérer de l'avenir, pour
s'attacher à une foi nouvelle et solide 1 Est-ce à dire
que le Turc cessera d'être musulman ? Nullement. Le
peuple garde la doctrine islamique et le culte, mais
l'Église (communauté des croyants) sera séparée
de l'État, mais l'esprit monacal réactionnaire sera
combattu, mais le califat datant de Selim 1er (1512-
1520) sera supprimé. Il le sera parce qu'il s'est iden-
tifié avec une dynastie qui a eu un double tort :
celui de s'être associé, sous le fallacieux prétexte du
Djihad, à Berlin, d'abord, et celui surtout de n'avoir
pas compris, après la défaite, où était la vraie Turquie.
Cette attitude prise vis-à-vis de l'Islam par Gazi qui
justifia la proclamation de la République lui facili-
tera son œuvre de modernisation laïque. La femme
sera émancipée naturellement. Les codes étrangers,
l' « état civil» seront adoptés. Sur le même plan se
placera la réforme vestimentaire et celle de l'alpha-
bet latin infiniment plus rapide à apprendre que les
caractères arabes. « Mais, alors, me dira-t-on, où est le
turkisme ? Ce que vous nous signalez-là, c'est l'eu-
ropéanisation pure et simple, c'est l'abandon total
du passé. » Il n'en est rien. Plus que jamais, farouche-
ment, le Turc vêtu d'un veston et coiffé d'un chapeau
mou reste attaché à son histoire et à sa langue. Il
sera banquier, homme d'affaires, industriel pour
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
No 200 .......... FÉVRIER 1940
NOS AMIS ET ALLIÉS
LA TURQUIE
ÉTAT MODERNE
L'article qu'on va lire a été écrit quand les Turcs, paysans endurcis d'Anatolie ense-
velie sous la neige ou citadins dans les villes plus clémentes, se livraient tranquillement
à leur besogne pacifique de construction nationale. On a essayé de dégager quelques
traits principaux de leur tempérament rénové à l'école d'Ataturk, créateur de la patrie
nouvelle, essentiellement turque, avec son idéal propre.
Le destin cruel a voulu que, peu de jours après, la Turquie subît une épreuve très
douloureuse, qui a mis le pays en deuil. Dans le cas de la Turquie, le malheur se pré-
senta sous un jour particulièrement sensible.
Ce pays, en effet, venait de donner un admirable exemple de loyauté et d'attachement
à la cause du Droit et de la Justice, qui lui ralliait toutes nos sympathies. Puisse-t-il,
avec l'appui empressé de tous ses véritables amis, se remettre le plus vite des conséquences
du désastre qui l'a frappé. Son esprit d'endurance et de discipline nous en est un sûr
garant.
Er olan ekmeini tachdan tchikaryr (un homme viril saura faire sortir son pain de
la pierre), dit le proverbe turc.
QU'ON ne chercheras dans les
alignes qui vont suivre les sta-
tistiques alignées à l'effet de
démontrer quel a été l'essor in-
dustriel, ferroviaire et financier de
la République turque, au cours de
la dernière vingtaine d'années. Per-
sonne parmi ceux qui s'intéressent
en général à l'évolution moderne
de l'Orient n'ignore ces résultats.
Ils sont remarquables et méritent un
éloge très sincère. Mais, en les con-
statant comme une chose acquise,
on ignore souvent la somme des
efforts que cette transformation re-
présente. On ne se rend pas suf-
fisamment compte de la profondeur
du processus qui s'accomplissait
dans la mentalité turque, au fur et
à mesure que ces innovations se
laissaient enregistrer. Cependant on
ne saurait nier que l'avènement d'une
Turquie moderne est, avant tout,
fonction de l'apparition d'un type
d'homme turc nouveau. C'est à cet
aspect de la situation que je vcu-
drais m'attacher.
L'esprit réformateur n'est pas, en
soi, un fait sans précédent dans
l'histoire turque. Il se signala déjà no-
tamment sous les sultans Selim m
(1789-1807) et Mahmoud il (18081-
839), ce dernier connu pour sa
suppression du corps des Janissaires.
. n y eut le « Khatt-i-Cherif», le « Tan-
zimat». L'Empire ottoman cherchait
ainsi à s'adapter aux nouvelles conditions de son
existence. N'oublions pas des noms, celui, par
exemple, de Midhat Pacha, désavoué, malheu-
reusement, de son temps. Celui aussi, de Chinassi
(1827-1871), père du journalisme turc, plus heureux,
puisque la presse jouera un rôle de premier plan
dans l'émancipation des esprits en Turquie. Sans m'at-
tarder, d'ailleurs, sur les époques déjà révolues, je
passe à celle que notre génération a connue, où les
Jeunes-Turcs du Comité de l'Union et du Progrès
réussirent à arracher au sultan Abdul-Hamid, la cons-
titution (qui ne fut, d'ailleurs, que rappelée de
l'oubli) du 23 juillet 1908. Et c'est cette première
révolution turque qui me permettra de faire ressortir,
en montrant ses lacunes, à quel point elle diffère
de la vraie révolution nationale kémaliste. C'est que
la révolution jeune-turque ne s'attaqua à fond ni à
l'ancien régime, qu'elle essaya seulement de replâ-
trer, tout en conservant, sinon la conception panisla-
mique, tout au moins ottomane, ni à la structure éco-
nomique du pays, ni, surtout, ce qui allait de pair
avec l'économie, au relèvement populaire, à la véri-
table amélioration du sort des masses, rurales en
majorité. En le constatant, je ne tiens nullement à
diminuer l'effort jeune-turc, qui s'avéra, historique-
ment, incomplet, mais qui, rendons-lui grâce, n'en
amorça pas moins l'ébranlement de l'ancien édifice
dont la chute définitive et la reconstruction ne
viendront que plus tard. Je le ferais d'autant moins
que je ne saurais jamais oublier comment, lors de
mes pérégrinations pédestres en Bulgarie orientale
(Deli-Ourman) de 1907, où, étudiant orientaliste
russe, je pus entrer en rapports avec des Jeunes-
Turcs, — cordonniers, maîtres d'école, aubergistes
Ankara, capitale de la Turquie moderne. En haut : la ville ancienne ; en bas : la ville moderne.
« Khandji » — et me rendre compte, en m'entre-
tenant avec ces hommes aussi modestes de situation
qu'enthousiastes d'idées, que, entre autres, le
mouvement révolutionnaire des milieux musulmans
russes en 1904-1905 fut attentivement suivi et
exerça sa part d'influence sur le réveil turc.
Né dans les milieux militaires turcs de garnisons
balkaniques, avec son comité central à Salonique, le
jeune-Turkisme était, de ce fait géographique, moins
foncièrement national, moins anatolien, moins « popu-
liste». Il ne resta pas non plus, sans être influencé par
la franc-maçonnerie, idée occidentale. Certains de
ses adhérents s'inspirèrent aussi, je ne crois pas me
tromper, de l'ouvrage français de Cahun, « Intro-
duction à l'histoire de l'Asie», intéressant certes, pour
faire sentir l'envergure, l'amplitude des vagues
turques sur l'Asie et l'Europe, mais quelque peu
« romantique». De nos jours, entre parenthèses, nous
avons l'avantage de pouvoir nous instruire bien plus
solidement en lisant le remarquable « Empire des
Steppes », de René Grousset.
Et voici, un peu plus d'une décade s'écoula à peine,
que nous assistâmes à la révolution kémaliste, autre-
ment significative, d'une portée qui créa époque non
seulement dans l'histoire turque, mais, on peut le
dire sans crainte d'exagération, dans l'histoire de
l'Asie musulmane tout entière. Un peu plus d'une
décade, oui, mais qui embrassa pour la Turquie des
sultans trois guerres, dont la dernière conduite en
association avec le hadji Guilloume et au nom de la
Guerre Sainte. Quelle leçon plus cruelle de la fail-
lite d'un régime ? Quelles pertes en valeureux sol-
dats d'Anatolie, ces « askers » dont l'endurance, la
discipline ne sont égalées que par leur courage inné
et sans phrases ?
Cette fois-ci, il ne restait plus de doute permis. Le
peuple turc a compris. Et il se rallia à un chef qui in-
carna sa volonté d'en finir avec un passé aussi né-
faste. Guère n'est besoin de reprendre ici l'histo-
rique de la lutte pour l'indépendance menée à bien
par Moustapha Kemal Pacha le Victorieux, Gazi, assis-
té de ses camarades et frères d'armes. Ce qui im-
porte, c'est de dire, ne fût-ce que brièvement, com-
ment il gagna la paix, releva son pays, lui insufla
l'énergie et l'idéal nécessaires. Car, c'est là qu'on
est en face d'une véritable révolution, qu'on est en
mesure d'apercevoir la valeur du chef et de l'équipe
qui s'attela avec lui à la dure besogne quotidienne,
lente, remplie d'obstacles et de difficultés.
S'imagine-t-on, en effet, ce qu'un pareil effort
représente sur le plan moral et intellectuel, notam-
ment, celui qui attire surtout mon attention. Voici un
pays, sorti d'une série de guerres malheureuses,
seul, ou presque, à faire face à leurs conséquences
désastreuses de tout ordre : politique intérieure,
diplomatie, besoins économiques urgents. Un pays,
en outre, moulé, depuis des siècles, dans une cer-
taine conception sociale et religieuse qui s'avérait
inefficace. Quel examen de conscience à entre-
prendre pour ne pas désespérer de l'avenir, pour
s'attacher à une foi nouvelle et solide 1 Est-ce à dire
que le Turc cessera d'être musulman ? Nullement. Le
peuple garde la doctrine islamique et le culte, mais
l'Église (communauté des croyants) sera séparée
de l'État, mais l'esprit monacal réactionnaire sera
combattu, mais le califat datant de Selim 1er (1512-
1520) sera supprimé. Il le sera parce qu'il s'est iden-
tifié avec une dynastie qui a eu un double tort :
celui de s'être associé, sous le fallacieux prétexte du
Djihad, à Berlin, d'abord, et celui surtout de n'avoir
pas compris, après la défaite, où était la vraie Turquie.
Cette attitude prise vis-à-vis de l'Islam par Gazi qui
justifia la proclamation de la République lui facili-
tera son œuvre de modernisation laïque. La femme
sera émancipée naturellement. Les codes étrangers,
l' « état civil» seront adoptés. Sur le même plan se
placera la réforme vestimentaire et celle de l'alpha-
bet latin infiniment plus rapide à apprendre que les
caractères arabes. « Mais, alors, me dira-t-on, où est le
turkisme ? Ce que vous nous signalez-là, c'est l'eu-
ropéanisation pure et simple, c'est l'abandon total
du passé. » Il n'en est rien. Plus que jamais, farouche-
ment, le Turc vêtu d'un veston et coiffé d'un chapeau
mou reste attaché à son histoire et à sa langue. Il
sera banquier, homme d'affaires, industriel pour
LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ
No 200 .......... FÉVRIER 1940
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