Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mars 1929 01 mars 1929
Description : 1929/03/01 (A7,N67)-1929/03/31. 1929/03/01 (A7,N67)-1929/03/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9745733z
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/09/2016
No 67. — Mars 1929 - £B MÓNDE éÕtoÑIAL ItttîSfRÉ 69
améliorations intéressantes sur les projets primitifs.
L'état d'avancement des travaux a permis de"
transporter du kilomètre 62 au kilomètre 100
tous les services administratifs. et médicaux ; il
en résultera une économie de main-d'œuvre et
des facilités plus grandes en ce qui concerne le
contrôle et la surveillance médicale des travailleurs.
11 n'est pas inutile de rappeler que le service
médical de la main-d'œuvre, au Mayombe, dispose
de six médecins, cinq infirmiers européens, vingt-
trois infirmiers indigènes et de formations médi-
• cales aux kilomètres 62, 82, 90 et 128. (Discours de
M. le gouverneur général Antonetti au Conseil de
Gouvernement, novembre 1928.)
Trois cent mille journées de travail ont été em-
ployées pour l'édification d'ambulances, camps
sanitaires, logements confortables, magasins à
vivres, etc. Des plantations vivrières ont été créées
autour des campements.
Pointe-Noire. — Là où il n'y avait rien, surgit une ville; on voit ici les premières maisons qui se sont construites sur le sable.
J'ai vu les travailleurs npirs, venus de l'Ouban-
gui et du Chari ; j'ai causé avec eux, en dehors de
toute surveillance, sans interprète ; ils ne se plai-
gnent ni de la faim, ni même de l'excès de travail.
J'ai visité les campements, les formations sani-
taires ; ils sont tenus avec beaucoup de soin.
Nos compatriotes, dans ce coin perdu de l'Afrique,
élèvent un monument à la gloire du génie colonial
lrançais, et qui doit inspirer le respect, quand on
considère la faiblesse des moyens qu'il a fallu,
trop souvent, mettre en œuvre.
« Quand on exécute une œuvre comme celle-là,
a dit M. le gouverneur général Antonetti, de même
qu'on doit choisir plus souvent entre deux mau-
vaises solutions qu'entre une mauvaise et une
bonne, on a trop souvent à choisir entre deux res-
ponsabilités, également lourdes, mais on ne crée
qu'à ce prix.
« L'action ne s'accommode pas de solutions
harmonieusement balancées. Elle exigé des choix
de solutions positives qui, dans le domaine complexe
de la vie, peuvent toujours être critiquées. »
LE TERMINUS DU RAIL.
Le terminus du Brazzaville-Océan, Pointe-Noire,
est la cité des Sables. Impossible d'y circuler à
pied, en dehors des chaussées empierrées, qui mar-
quent déjà les grandes rues de la ville future. Ville
future, ville en plein travail d'enfantement. Tout
y est battant neuf. Le chef des Travaux publics,
M. Nicolau, me guide au haut du phare,' d'où l'on
découvre ce qu'est déjà, et, surtout, avec un peu
d'imagination et beaucoup d'explications, ce que
sera ce Dakar de l'Afrique australe. On a vu grand,
-M. Nicolau est enthousiaste de l'œuvre à quoi il
collabore vaillamment. Il a foi — la foi qui soulève
les montagnes — dans les destinées de la ville.
« Et, tandis qu'il parle, je la vois réellement
sortir des sables, cette ville, avec ses avenues, ses
boulevards, ses jardins, ses monuments publics.
Je vois son imposant front de mer, construit de.
maisons riantes, sous les fleurs pourpres des bou-
gainvillea, les squares fleuris d'hibiscus, de frangi-
paniers, de tamaris, et les allées de cocotiers, dont
le vent trousse la jupe de palmes.
« Quelles élégances, dans cinquante ans, vien-
dront rêver là, devant la houle bleue de l'Atlan-
tique sud?
« Par Pointe-Noire passeront les richesses de
l'Afrique centrale ; d'orgueilleuses dynasties marT
chandes étaleront leur faste...
« En attendant, les bâtisseurs de ville sont logés
dans des baraques sur le sable, à la merci des rats
et des chiques, ces puces minuscules qui vous
pondent un plein sac d'œufs sous les ongles des
orteils-. Personne ne se plaint..Tous, depuis les
grands chefs jusqu'au dernier, des conducteurs- de
travaux, tous ont conscience de collaborer à une
grande œuvre, non seulement vitale pour l'avenir
de l'Afrique équatoriale, mais qui affirmera, dans
le monde, une fois de plus, nos aptitudes de cons-
tructeurs et de civilisateurs. » (Le - Voyage au
Mayombe, par Julien Maigret.)
Pourquoi avoir bâti la ville de Pointe-Noire sur
le sable? N'y a-t-il pas, en arrière, vers l'intérieur,
un grand plateau de terre ferme?
Les services du port doivent se trouver sur la
pointe, entre la mer et la lagune, pas de doute ; la
gare maritime aussi, et, comme tout ce qui se crée
à Pointe-Noire dépend plus ou moins du port et
de la gare maritime, il s'ensuit qu'on s'est résolu
à construire dans leur voisinage immédiat, en dépit
du sable. Il faut dire qu'on trouve un fond de
roche à faible profondeur, sur quoi poser des fon-
dations solides.
Au dernier Conseil de Gouvernement, M. le gouver-
neur général Antonetti a pu informer ses auditeurs
que :
« Le wharf, entièrement équipé, a été mis en service.
« Les terrassements devant per-mettre de dégager
les terre-pleins du port et de combler une dépres-
sion marécageuse 'faisant partie de l'emprise de la
gare, conduits avec deux pelles à vapeur, sont en
voie d'achèvement. Les hangars de la douane,
couvrant 3 200 mètres carrés, sont achevés.
« D'autre part, l'étude du port a été entreprise
par un ingénieur spécialiste, M. Blosset, envoyé
spécialement sur la demande du gouverneur géné-
ral, par M. le ministre des Colonies, et elle a donné
des résultats très satisfaisants. Le port pourrait
être construit en trois étapes :
« Première étape:
« Port de batelage, permettant de disposer d'un
bassin en eau calme d'une surface de 160 000 mètres
carrés, dont 80000 par fonds supérieurs à 3 mètres,
avec 300 mètres de quai accostable par 3 mètres
d'eau et 25 000 mètres carres de terre-plein.
« L'autorisation de commencer ce port, dont le
coût serait de 13 millions, a été demandée au dépar-
tement. L'exécution en durerait deux ans; ne com-
portant aucune difficulté, elle pourrait se faire
avec les moyens dont dispose déjà Pointe-Noire.
« Deuxième étape :
« Elle permettrait de disposer :
« De terre-pleins d'une surface de 450 000 mètres
carrés (dont 30 000 à la cote 4,50 et 430 000 mètres
carrés à la cote 4), l'emplacement d'une forme de
radoub étant réservée ;
« ,De quais accostables d'une longueur de 2km,100,
dont : -
450 m. avec 4 m. d'eau.
200 m. — 7 m; —
450 m. — 9 m. —
970 m. — 12 m. —
« Le tonnage du stockage
possible serait de 350 000
tonnes de marchandises en
vrac, charbons, minerais, etc.
Le coût de ce travail serait
d'environ 60 millions.
« Troisième étape:
« Elle permettrait de dis-
poser de 2km,530 de quais,
dont :
380 m. avec 5 m. d'eau.
400 m. — 8 m. —
400 m. — 12 m. —
lkm,350 avec - 15 m. —
et de terre-pleins d'une su-
perficie de 18 hectares.
Enfin, M. le gouverneur
général Antonetti conclut par
ces paroles qui attireront
l'attention de tous les colo-
niaux soucieux de l'avenir :
« A la lumière des événe-
ments qui se déroulent dans
le monde, la nécessité de la construction d'un
grand port français, bien outillé, sur la côte d'Afri-
que, au sud de l'Equateur, servant de point de
départ à un puissant chemin de fer' de pénétration,
se révèle singulièrement plus importante que si
l'on s'en tient aux seuls besoins de l'Afrique équa-
toriale, pour indispensàble qu'il soit, d'autre part,
à celle-ci.
« La mise en valeur de l'Afrique, le prodigieux
développement de l'Amérique du Sud, et la place
chaque jour plus considérable qu'elles prennent
dans la vie économique des races blanches, sont en
train de faire de l'océan Atlantique, du nord au sud,
la plus importante des mers utilisées par ces races.
La France doit 11 avoir ses ports. »
Au STANLEY POOL.
A l'autre bout de la ligne, au Stanley Pool,
Brazzaville se décide, péniblement, à sortir d'un
sommeil séculaire—ou, plus exactement, demi-sécu-
laire — pour entrer, elle aussi, dans le mouvement.
Depuis mon dernier passage, en 1925, on a remué
beaucoup de terre, construit de nouveaux immeubles,
tracé les alignements des grandes voies futures.
On rase les buttes, on comble les marigots où,
jadis, les moustiques vivaient en paix. Des spécu-
lateurs à lunettes rondes achètent très cher des
lopins de terre qu'on aurait pu avoir pour une
bouteille de bière, il y a quelques années. Avec
l'argent des adjudications de terrains, le gouverneur
général poursuit les travaux d'aménagement de la
ville et prépare d'autres lotissements.
Ces mœurs nouvelles ne laissent pas que d'ap-
porter le trouble "dans l'esprit de fonctionnaires
blanchis sous le harnois ou de dirigeants d'antiques
sociétés commerciales. En dépit de l'exemple donné
par l'active Kinshasa qui, sur la rive belge, en face,
s'agite fébrilement, Brazzaville, sans doute, aurait
préféré se cantonner dans le travail routinier des
bureaux, à l'ombre des manguiers... Mais le pro-
grès est implacable, il a pris les apparences du gou-
verneur général, et .la Ville du papier devient, un
peu contre son gré, une ville d'action. -
Brazzaville, destinée à aspirer tout le trafic des-
cendu de l'intérieur pour le refouler sur Pointe-
Noire, doit devenir, non seulement un grand entre-
pôt, mais encore un grahd port fluvial.
CONCLUSION.
Je me suis efforcé de démontrer l'importance du
Brazzaville-Océan, non seulement dans l'économie
de l'Afrique centrale, mais encore dans l'économie
mondiale, surtout ajors que l'activité des races
blanches s'exercera intensivement dans le bassin
de l'Atlantique.
On conçoit que la construction d'un rail de cette
importance ne laisse pas que de- .contrarier cer-
tains intérêts économiques et politiques. Il suffit,
pour s'en rendre compte, d'observer que les bruits
malveillants, de nature à retarder les travaux, en
jetant l'inquiétude dans notre opinion publique,
sensible, instable, mal renseignée, mais puissante
dans l'État, proviennent toujours des mêmes
sources. Nul doute que, si les intérêts généraux du
Congo belge s'accordent avec les nôtres, il n'en est
pas de même de certains intérêts privés, fort consi-
dérables d'ailleurs par le rôle qu'ils ont joué dans
le développement des deux colonies.
D'autre part, une certaine presse italienne té-
moigne d'une hâte excessive,. en déclarant ouverte
la succession d'un de cujiis en parfaite santé...
Qu'elle en reçoive ici l'assurance.
Que notre opinion publique se rassure. Par excès
de zèle, par généreuse impatience, par méconnais-
sance d'obstacles mal repérés, par manque de moyens
matériels, on a pu commettre des erreurs — qui
n'en commet? -— mais c'est le passé. Aujourd'hui,
avec le renfort de la main-d'œuvre jaune, mise si
opportunément à la disposition de l'A. E. F. par
M. Maginot, on enlèvera rondement les derniers
60 kilomètres du Mayombe, pour déboucher, enfin,
dans les plaines peu "accidentées qui s'étendent
jusqu'à Brazzaville.
Julien MAIGRET.
M. Julien Maigret, l'auteur de cet article, dans son jardin à Brazzaville. -...
8
améliorations intéressantes sur les projets primitifs.
L'état d'avancement des travaux a permis de"
transporter du kilomètre 62 au kilomètre 100
tous les services administratifs. et médicaux ; il
en résultera une économie de main-d'œuvre et
des facilités plus grandes en ce qui concerne le
contrôle et la surveillance médicale des travailleurs.
11 n'est pas inutile de rappeler que le service
médical de la main-d'œuvre, au Mayombe, dispose
de six médecins, cinq infirmiers européens, vingt-
trois infirmiers indigènes et de formations médi-
• cales aux kilomètres 62, 82, 90 et 128. (Discours de
M. le gouverneur général Antonetti au Conseil de
Gouvernement, novembre 1928.)
Trois cent mille journées de travail ont été em-
ployées pour l'édification d'ambulances, camps
sanitaires, logements confortables, magasins à
vivres, etc. Des plantations vivrières ont été créées
autour des campements.
Pointe-Noire. — Là où il n'y avait rien, surgit une ville; on voit ici les premières maisons qui se sont construites sur le sable.
J'ai vu les travailleurs npirs, venus de l'Ouban-
gui et du Chari ; j'ai causé avec eux, en dehors de
toute surveillance, sans interprète ; ils ne se plai-
gnent ni de la faim, ni même de l'excès de travail.
J'ai visité les campements, les formations sani-
taires ; ils sont tenus avec beaucoup de soin.
Nos compatriotes, dans ce coin perdu de l'Afrique,
élèvent un monument à la gloire du génie colonial
lrançais, et qui doit inspirer le respect, quand on
considère la faiblesse des moyens qu'il a fallu,
trop souvent, mettre en œuvre.
« Quand on exécute une œuvre comme celle-là,
a dit M. le gouverneur général Antonetti, de même
qu'on doit choisir plus souvent entre deux mau-
vaises solutions qu'entre une mauvaise et une
bonne, on a trop souvent à choisir entre deux res-
ponsabilités, également lourdes, mais on ne crée
qu'à ce prix.
« L'action ne s'accommode pas de solutions
harmonieusement balancées. Elle exigé des choix
de solutions positives qui, dans le domaine complexe
de la vie, peuvent toujours être critiquées. »
LE TERMINUS DU RAIL.
Le terminus du Brazzaville-Océan, Pointe-Noire,
est la cité des Sables. Impossible d'y circuler à
pied, en dehors des chaussées empierrées, qui mar-
quent déjà les grandes rues de la ville future. Ville
future, ville en plein travail d'enfantement. Tout
y est battant neuf. Le chef des Travaux publics,
M. Nicolau, me guide au haut du phare,' d'où l'on
découvre ce qu'est déjà, et, surtout, avec un peu
d'imagination et beaucoup d'explications, ce que
sera ce Dakar de l'Afrique australe. On a vu grand,
-M. Nicolau est enthousiaste de l'œuvre à quoi il
collabore vaillamment. Il a foi — la foi qui soulève
les montagnes — dans les destinées de la ville.
« Et, tandis qu'il parle, je la vois réellement
sortir des sables, cette ville, avec ses avenues, ses
boulevards, ses jardins, ses monuments publics.
Je vois son imposant front de mer, construit de.
maisons riantes, sous les fleurs pourpres des bou-
gainvillea, les squares fleuris d'hibiscus, de frangi-
paniers, de tamaris, et les allées de cocotiers, dont
le vent trousse la jupe de palmes.
« Quelles élégances, dans cinquante ans, vien-
dront rêver là, devant la houle bleue de l'Atlan-
tique sud?
« Par Pointe-Noire passeront les richesses de
l'Afrique centrale ; d'orgueilleuses dynasties marT
chandes étaleront leur faste...
« En attendant, les bâtisseurs de ville sont logés
dans des baraques sur le sable, à la merci des rats
et des chiques, ces puces minuscules qui vous
pondent un plein sac d'œufs sous les ongles des
orteils-. Personne ne se plaint..Tous, depuis les
grands chefs jusqu'au dernier, des conducteurs- de
travaux, tous ont conscience de collaborer à une
grande œuvre, non seulement vitale pour l'avenir
de l'Afrique équatoriale, mais qui affirmera, dans
le monde, une fois de plus, nos aptitudes de cons-
tructeurs et de civilisateurs. » (Le - Voyage au
Mayombe, par Julien Maigret.)
Pourquoi avoir bâti la ville de Pointe-Noire sur
le sable? N'y a-t-il pas, en arrière, vers l'intérieur,
un grand plateau de terre ferme?
Les services du port doivent se trouver sur la
pointe, entre la mer et la lagune, pas de doute ; la
gare maritime aussi, et, comme tout ce qui se crée
à Pointe-Noire dépend plus ou moins du port et
de la gare maritime, il s'ensuit qu'on s'est résolu
à construire dans leur voisinage immédiat, en dépit
du sable. Il faut dire qu'on trouve un fond de
roche à faible profondeur, sur quoi poser des fon-
dations solides.
Au dernier Conseil de Gouvernement, M. le gouver-
neur général Antonetti a pu informer ses auditeurs
que :
« Le wharf, entièrement équipé, a été mis en service.
« Les terrassements devant per-mettre de dégager
les terre-pleins du port et de combler une dépres-
sion marécageuse 'faisant partie de l'emprise de la
gare, conduits avec deux pelles à vapeur, sont en
voie d'achèvement. Les hangars de la douane,
couvrant 3 200 mètres carrés, sont achevés.
« D'autre part, l'étude du port a été entreprise
par un ingénieur spécialiste, M. Blosset, envoyé
spécialement sur la demande du gouverneur géné-
ral, par M. le ministre des Colonies, et elle a donné
des résultats très satisfaisants. Le port pourrait
être construit en trois étapes :
« Première étape:
« Port de batelage, permettant de disposer d'un
bassin en eau calme d'une surface de 160 000 mètres
carrés, dont 80000 par fonds supérieurs à 3 mètres,
avec 300 mètres de quai accostable par 3 mètres
d'eau et 25 000 mètres carres de terre-plein.
« L'autorisation de commencer ce port, dont le
coût serait de 13 millions, a été demandée au dépar-
tement. L'exécution en durerait deux ans; ne com-
portant aucune difficulté, elle pourrait se faire
avec les moyens dont dispose déjà Pointe-Noire.
« Deuxième étape :
« Elle permettrait de disposer :
« De terre-pleins d'une surface de 450 000 mètres
carrés (dont 30 000 à la cote 4,50 et 430 000 mètres
carrés à la cote 4), l'emplacement d'une forme de
radoub étant réservée ;
« ,De quais accostables d'une longueur de 2km,100,
dont : -
450 m. avec 4 m. d'eau.
200 m. — 7 m; —
450 m. — 9 m. —
970 m. — 12 m. —
« Le tonnage du stockage
possible serait de 350 000
tonnes de marchandises en
vrac, charbons, minerais, etc.
Le coût de ce travail serait
d'environ 60 millions.
« Troisième étape:
« Elle permettrait de dis-
poser de 2km,530 de quais,
dont :
380 m. avec 5 m. d'eau.
400 m. — 8 m. —
400 m. — 12 m. —
lkm,350 avec - 15 m. —
et de terre-pleins d'une su-
perficie de 18 hectares.
Enfin, M. le gouverneur
général Antonetti conclut par
ces paroles qui attireront
l'attention de tous les colo-
niaux soucieux de l'avenir :
« A la lumière des événe-
ments qui se déroulent dans
le monde, la nécessité de la construction d'un
grand port français, bien outillé, sur la côte d'Afri-
que, au sud de l'Equateur, servant de point de
départ à un puissant chemin de fer' de pénétration,
se révèle singulièrement plus importante que si
l'on s'en tient aux seuls besoins de l'Afrique équa-
toriale, pour indispensàble qu'il soit, d'autre part,
à celle-ci.
« La mise en valeur de l'Afrique, le prodigieux
développement de l'Amérique du Sud, et la place
chaque jour plus considérable qu'elles prennent
dans la vie économique des races blanches, sont en
train de faire de l'océan Atlantique, du nord au sud,
la plus importante des mers utilisées par ces races.
La France doit 11 avoir ses ports. »
Au STANLEY POOL.
A l'autre bout de la ligne, au Stanley Pool,
Brazzaville se décide, péniblement, à sortir d'un
sommeil séculaire—ou, plus exactement, demi-sécu-
laire — pour entrer, elle aussi, dans le mouvement.
Depuis mon dernier passage, en 1925, on a remué
beaucoup de terre, construit de nouveaux immeubles,
tracé les alignements des grandes voies futures.
On rase les buttes, on comble les marigots où,
jadis, les moustiques vivaient en paix. Des spécu-
lateurs à lunettes rondes achètent très cher des
lopins de terre qu'on aurait pu avoir pour une
bouteille de bière, il y a quelques années. Avec
l'argent des adjudications de terrains, le gouverneur
général poursuit les travaux d'aménagement de la
ville et prépare d'autres lotissements.
Ces mœurs nouvelles ne laissent pas que d'ap-
porter le trouble "dans l'esprit de fonctionnaires
blanchis sous le harnois ou de dirigeants d'antiques
sociétés commerciales. En dépit de l'exemple donné
par l'active Kinshasa qui, sur la rive belge, en face,
s'agite fébrilement, Brazzaville, sans doute, aurait
préféré se cantonner dans le travail routinier des
bureaux, à l'ombre des manguiers... Mais le pro-
grès est implacable, il a pris les apparences du gou-
verneur général, et .la Ville du papier devient, un
peu contre son gré, une ville d'action. -
Brazzaville, destinée à aspirer tout le trafic des-
cendu de l'intérieur pour le refouler sur Pointe-
Noire, doit devenir, non seulement un grand entre-
pôt, mais encore un grahd port fluvial.
CONCLUSION.
Je me suis efforcé de démontrer l'importance du
Brazzaville-Océan, non seulement dans l'économie
de l'Afrique centrale, mais encore dans l'économie
mondiale, surtout ajors que l'activité des races
blanches s'exercera intensivement dans le bassin
de l'Atlantique.
On conçoit que la construction d'un rail de cette
importance ne laisse pas que de- .contrarier cer-
tains intérêts économiques et politiques. Il suffit,
pour s'en rendre compte, d'observer que les bruits
malveillants, de nature à retarder les travaux, en
jetant l'inquiétude dans notre opinion publique,
sensible, instable, mal renseignée, mais puissante
dans l'État, proviennent toujours des mêmes
sources. Nul doute que, si les intérêts généraux du
Congo belge s'accordent avec les nôtres, il n'en est
pas de même de certains intérêts privés, fort consi-
dérables d'ailleurs par le rôle qu'ils ont joué dans
le développement des deux colonies.
D'autre part, une certaine presse italienne té-
moigne d'une hâte excessive,. en déclarant ouverte
la succession d'un de cujiis en parfaite santé...
Qu'elle en reçoive ici l'assurance.
Que notre opinion publique se rassure. Par excès
de zèle, par généreuse impatience, par méconnais-
sance d'obstacles mal repérés, par manque de moyens
matériels, on a pu commettre des erreurs — qui
n'en commet? -— mais c'est le passé. Aujourd'hui,
avec le renfort de la main-d'œuvre jaune, mise si
opportunément à la disposition de l'A. E. F. par
M. Maginot, on enlèvera rondement les derniers
60 kilomètres du Mayombe, pour déboucher, enfin,
dans les plaines peu "accidentées qui s'étendent
jusqu'à Brazzaville.
Julien MAIGRET.
M. Julien Maigret, l'auteur de cet article, dans son jardin à Brazzaville. -...
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