Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-07-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1929 01 juillet 1929
Description : 1929/07/01 (A7,N71)-1929/07/31. 1929/07/01 (A7,N71)-1929/07/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97457292
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/09/2016
182 LE MONDE COLONIAL ILLUSTRÉ ' N° 71. — JUILLET 1929
LA RÉUNION. — LA PERLE DE LA MER DES INDES
M. Repiquet, gouverneur de 111e ae ia Réunion.
(Photo A.-J. de Cordemoy.)
LES VICISSITUDES D'UNE VIEILLE PROVINCE
FRANÇAISE
[texte_manquant]
A Réunion ! Cette petite île située dans
l'océan Indien, vieille terre française, a
exercé de tout temps une étrange fascina-
tion : les surnoms d'Éden, Perle de la mer
des Indes, Ile des Poètes, traduisent l'im-
pression ineffaçable et le charme puissant
qu'ont ressentis depuis plusieurs siècles tous ceux qui
la connurent.
Visitée peut-être dès le moyen âge par des naviga-
teurs arabes, quoiqu'il ne subsiste aucune trace authen-
tique de leur passage, la Réunion a été découverte
par les Portugais au début du xvie siècle, à une date
qu'il est difficile de fixer exactement, mais certaine-
ment antérieure à 1527. Elle porte successivement les
noms de Santa Apollonia, de Mascareigne, en l'hon-
neur du Portugais Mascarenhas, à qui on a souvent
attribué sa découverte.
En 1638, a lieu la première prise de possession de
l'île par les Français, au nom du roi Louis XIII.
Flacourt, en 1649, lui donne le nom de Bourbon. Sur
l'initiative de Colbert, la Compagnie des Indes orien-
tales, réorganisée, songe à la coloniser. La culture du
café, introduite en 1719, se développe et donne d'ex-
cellents résultats : la qualité produite à Bourbon est
particulièrement appréciée. Des concessions de terre
sont faites ; de nombreux cadets de famille s'établis-
sent à llouroon.
Saint-Denis, capitale de l'île de la Réunion. Belle ville de 24 000 habitants, percée de rues régulières. Le square du Trésor, Statue
de Leconte de Lisle.
Ce brillant développement est l'oeuvre des hommes
remarquables qui se succédèrent au gouvernement
de l'île, notamment Dumas et surtout La Bourdon-
nais. Celui-ci conçoit de grands projets et en commence
l'exécution : routes, ponts, encouragement des cul-
tures nouvelles, canne à sucre, manioc, coton. Bour-
bon était, à cette époque, le grenier de la mer des
Indes : c'est à Bourbon que La Bourdonnais fit cons-
truire la flotte qui s'empara
de Madras, en 1746.
L'île subit les fluctua-
tions de la métropole. La
Convention lui donne le
nom d'île de la Réunion.
Elle devient île Bonaparte
en 1806, redevient île Bour-
bon en 1815, pour reprendre
définitivement le nom d'île
de la Réunion en 1848.
La prospérité de l'île aug-
mente ensuite et, vers 1858,
sous le gouvernement d'un
de ses fils les plus éminents,
Hubert Delisle, elle atteint
son point maximum.
Cette île lointaine des mers
australes a le droit d'être
fière des hommes illustres
qu'elle a vus naître ; elle
mérite bien le surnom d'île
des Poètes, la patrie de
Parny, de Bertin, de La-
caussade, de Léon Dierx,
d'Eugène Dayot et surtout
de Leconte de Lisle. Elle a
fourni encore Joseph Bédier,
continuateur de Gaston
Paris dans l'étude critique
des littératures du moyen
âge, Marius et Ary Leblond
dans le roman, des généraux
tels que Roland, Lambert
ou Bonnier, des amiraux
tels que Bouvet et Lacaze ;
Juliette Dodu, l'héroïne de
Pithiviers ; enfin, l'un des
plus magnifiques héros de
notre aviation, Roland Gar-
ros.
APERÇU GÉOGRAPHIQUE
La Réunion est une île de l'océan Indien, située dans
l'hémisphère austral, aux abords du vingt et unième
parallèle, à une trentaine d'heures de navigation de
Madagascar et à 10 000 kilomètres de la France par
la route maritime de Suez.
Ses dimensions sont relativement restreintes : sa
superficie est d'environ 2 512 kilomètres carrés.
La Réunion fait partie de l'archipel des Masca-
reignes, qui comprend encore Maurice et Rodrigue.
Cet archipel repose sur un socle sous-marin faiblement
immergé, qui se prolonge vers le nord-ouest et sup-
porte aussi l'archipel des Seychelles.
La Réunion est une île exclusivement volcanique,
formée d'abord par des éruptions sous-marines qui
ont épanché leurs produits sur le socle des Masca-
reignes, puis par des volcans terrestres.
L'activité interne s'est déplacée au cours des âges :
elle s'est manifestée d'abord dans la partie nord-ouest
de l'île,où il se trouvait un système volcanique com-
plexe où alternaient les cônes de débris et les plateaux
de laves : elles s'est dirigée ensuite vers le sud-est,
comme l'atteste la présence de nombreux appareils
volcaniques de petites dimensions dans les plaines des
Palmistes et des Cafres ; elle se trouve aujourd'hui
concentrée à l'extrémité sud-est de l'île.
L'î!e de la Réunion.
Les cirques sont une des particularités les plus
curieuses du relief réunionnais. Ils diffèrent profon-
dément des cirques glaciaires pyrénéens par leurs
grandes dimensions et leur relief tourmenté.
Leur origine peut être discutée, mais ils ne pa-
raissent pas dus uniquement à l'action de l'érosion ;
on distingue dans les petits plateaux ou filets répan-
dus à leur surface plusieurs niveaux qui attestent
des affaissements successifs ; trois sont nettement
visibles dans le cirque de Cilaos.
Les plaines littorales les plus importantes se
trouvent aux débouchés des cirques : plaine du Champ
Borne pour Salazie, plaine des Galets pour Mafatte,
plaine du Gol et de Saint-Louis pour Cilaos et le
Grand Bassin.
Les sommets des parois abruptes ou remparts
entourant les cirques sont les points culminants du
relief réunionnais : les plus hautes cimes se trouvent
aux points de contact des cirques ; les principales
sont le piton des Neiges (3 069 mètres), le Grand
Bénard (2 895 mètres), le Gros Morne, la Roche Ecrite.
Le massif récent porte la trace de grandes explo-
sions qui ont fait sauter la partie supérieure de la
grande montagne volcanique en formant un rempart
semi-circulaire et une dépression ; un nouveau cône
s'est constitué chaque fois au milieu de cette dépres-
sion. A l'heure actuelle, on y distingue : une zone
extérieure, où l'activité volcanique a disparu, ou du
moins ne se manifeste que très rarement, et une
zone intérieure, où l'activité volcanique est concentrée.
Celle-ci, entourée de remparts verticaux, est ouverte
vers l'est du côté de l'océan ; aussi, les laves s'épan-
chent toujours dans cette direction ; les coulées suc-
cessives y sont facilement reconnaissables, certaines
arrivent jusqu'à la mer ; on nomme cette région
« le Grand Brûlé j'.
Le grand cône volcanique, qui porte les trois princi-
paux cratères et de petits cratères adventifs, est le
« piton de la Fournaise ». Ses éruptions sont en général
de type hawaïen, c'est-à-dire réduites à un embrase-
ment du ciel et à de puissantes coulées, qui se dirigent
vers le Grand Brûlé. Aussi, le volcan n'est nullement
dangereux pour les habitants de l'île ; les éruptions
ont été très fréquentes durant les dernières années;
à l'heure actuelle, le volcan semble en repos.
La Réunion a un climat tropical, avec alternance
de deux saisons, l'une sèche, l'autre humide. La faible
étendue de l'île facilite la pénétration des influences
océaniques : la partie exposée aux vents alizés du
.sud-est, ou « Partie du Vent », a une température
moins élevée et reçoit beaucoup plus de pluie que la
partie c( Sous le Vent ». D'autre part, l'île étant un
ensemble de hautes terres, des zones climatiques s'éta-
gent en hauteur, suivant l'altitude. Au-dessus de
500 mètres environ, le caractère tropical s'atténue ;
au-dessus de 1 000 mètres, on retrouve presque le
climat des régions tempérées ; enfin, au-dessus de
2 000 mètres, règne un climat froid. La végétation,
comme il est naturel, se modifie également ; à partir
de 1 000 mètres, les cultures et les fruits d'Europe
réussissent parfaitement ; les hauts sommets ont une
LA RÉUNION. — LA PERLE DE LA MER DES INDES
M. Repiquet, gouverneur de 111e ae ia Réunion.
(Photo A.-J. de Cordemoy.)
LES VICISSITUDES D'UNE VIEILLE PROVINCE
FRANÇAISE
[texte_manquant]
A Réunion ! Cette petite île située dans
l'océan Indien, vieille terre française, a
exercé de tout temps une étrange fascina-
tion : les surnoms d'Éden, Perle de la mer
des Indes, Ile des Poètes, traduisent l'im-
pression ineffaçable et le charme puissant
qu'ont ressentis depuis plusieurs siècles tous ceux qui
la connurent.
Visitée peut-être dès le moyen âge par des naviga-
teurs arabes, quoiqu'il ne subsiste aucune trace authen-
tique de leur passage, la Réunion a été découverte
par les Portugais au début du xvie siècle, à une date
qu'il est difficile de fixer exactement, mais certaine-
ment antérieure à 1527. Elle porte successivement les
noms de Santa Apollonia, de Mascareigne, en l'hon-
neur du Portugais Mascarenhas, à qui on a souvent
attribué sa découverte.
En 1638, a lieu la première prise de possession de
l'île par les Français, au nom du roi Louis XIII.
Flacourt, en 1649, lui donne le nom de Bourbon. Sur
l'initiative de Colbert, la Compagnie des Indes orien-
tales, réorganisée, songe à la coloniser. La culture du
café, introduite en 1719, se développe et donne d'ex-
cellents résultats : la qualité produite à Bourbon est
particulièrement appréciée. Des concessions de terre
sont faites ; de nombreux cadets de famille s'établis-
sent à llouroon.
Saint-Denis, capitale de l'île de la Réunion. Belle ville de 24 000 habitants, percée de rues régulières. Le square du Trésor, Statue
de Leconte de Lisle.
Ce brillant développement est l'oeuvre des hommes
remarquables qui se succédèrent au gouvernement
de l'île, notamment Dumas et surtout La Bourdon-
nais. Celui-ci conçoit de grands projets et en commence
l'exécution : routes, ponts, encouragement des cul-
tures nouvelles, canne à sucre, manioc, coton. Bour-
bon était, à cette époque, le grenier de la mer des
Indes : c'est à Bourbon que La Bourdonnais fit cons-
truire la flotte qui s'empara
de Madras, en 1746.
L'île subit les fluctua-
tions de la métropole. La
Convention lui donne le
nom d'île de la Réunion.
Elle devient île Bonaparte
en 1806, redevient île Bour-
bon en 1815, pour reprendre
définitivement le nom d'île
de la Réunion en 1848.
La prospérité de l'île aug-
mente ensuite et, vers 1858,
sous le gouvernement d'un
de ses fils les plus éminents,
Hubert Delisle, elle atteint
son point maximum.
Cette île lointaine des mers
australes a le droit d'être
fière des hommes illustres
qu'elle a vus naître ; elle
mérite bien le surnom d'île
des Poètes, la patrie de
Parny, de Bertin, de La-
caussade, de Léon Dierx,
d'Eugène Dayot et surtout
de Leconte de Lisle. Elle a
fourni encore Joseph Bédier,
continuateur de Gaston
Paris dans l'étude critique
des littératures du moyen
âge, Marius et Ary Leblond
dans le roman, des généraux
tels que Roland, Lambert
ou Bonnier, des amiraux
tels que Bouvet et Lacaze ;
Juliette Dodu, l'héroïne de
Pithiviers ; enfin, l'un des
plus magnifiques héros de
notre aviation, Roland Gar-
ros.
APERÇU GÉOGRAPHIQUE
La Réunion est une île de l'océan Indien, située dans
l'hémisphère austral, aux abords du vingt et unième
parallèle, à une trentaine d'heures de navigation de
Madagascar et à 10 000 kilomètres de la France par
la route maritime de Suez.
Ses dimensions sont relativement restreintes : sa
superficie est d'environ 2 512 kilomètres carrés.
La Réunion fait partie de l'archipel des Masca-
reignes, qui comprend encore Maurice et Rodrigue.
Cet archipel repose sur un socle sous-marin faiblement
immergé, qui se prolonge vers le nord-ouest et sup-
porte aussi l'archipel des Seychelles.
La Réunion est une île exclusivement volcanique,
formée d'abord par des éruptions sous-marines qui
ont épanché leurs produits sur le socle des Masca-
reignes, puis par des volcans terrestres.
L'activité interne s'est déplacée au cours des âges :
elle s'est manifestée d'abord dans la partie nord-ouest
de l'île,où il se trouvait un système volcanique com-
plexe où alternaient les cônes de débris et les plateaux
de laves : elles s'est dirigée ensuite vers le sud-est,
comme l'atteste la présence de nombreux appareils
volcaniques de petites dimensions dans les plaines des
Palmistes et des Cafres ; elle se trouve aujourd'hui
concentrée à l'extrémité sud-est de l'île.
L'î!e de la Réunion.
Les cirques sont une des particularités les plus
curieuses du relief réunionnais. Ils diffèrent profon-
dément des cirques glaciaires pyrénéens par leurs
grandes dimensions et leur relief tourmenté.
Leur origine peut être discutée, mais ils ne pa-
raissent pas dus uniquement à l'action de l'érosion ;
on distingue dans les petits plateaux ou filets répan-
dus à leur surface plusieurs niveaux qui attestent
des affaissements successifs ; trois sont nettement
visibles dans le cirque de Cilaos.
Les plaines littorales les plus importantes se
trouvent aux débouchés des cirques : plaine du Champ
Borne pour Salazie, plaine des Galets pour Mafatte,
plaine du Gol et de Saint-Louis pour Cilaos et le
Grand Bassin.
Les sommets des parois abruptes ou remparts
entourant les cirques sont les points culminants du
relief réunionnais : les plus hautes cimes se trouvent
aux points de contact des cirques ; les principales
sont le piton des Neiges (3 069 mètres), le Grand
Bénard (2 895 mètres), le Gros Morne, la Roche Ecrite.
Le massif récent porte la trace de grandes explo-
sions qui ont fait sauter la partie supérieure de la
grande montagne volcanique en formant un rempart
semi-circulaire et une dépression ; un nouveau cône
s'est constitué chaque fois au milieu de cette dépres-
sion. A l'heure actuelle, on y distingue : une zone
extérieure, où l'activité volcanique a disparu, ou du
moins ne se manifeste que très rarement, et une
zone intérieure, où l'activité volcanique est concentrée.
Celle-ci, entourée de remparts verticaux, est ouverte
vers l'est du côté de l'océan ; aussi, les laves s'épan-
chent toujours dans cette direction ; les coulées suc-
cessives y sont facilement reconnaissables, certaines
arrivent jusqu'à la mer ; on nomme cette région
« le Grand Brûlé j'.
Le grand cône volcanique, qui porte les trois princi-
paux cratères et de petits cratères adventifs, est le
« piton de la Fournaise ». Ses éruptions sont en général
de type hawaïen, c'est-à-dire réduites à un embrase-
ment du ciel et à de puissantes coulées, qui se dirigent
vers le Grand Brûlé. Aussi, le volcan n'est nullement
dangereux pour les habitants de l'île ; les éruptions
ont été très fréquentes durant les dernières années;
à l'heure actuelle, le volcan semble en repos.
La Réunion a un climat tropical, avec alternance
de deux saisons, l'une sèche, l'autre humide. La faible
étendue de l'île facilite la pénétration des influences
océaniques : la partie exposée aux vents alizés du
.sud-est, ou « Partie du Vent », a une température
moins élevée et reçoit beaucoup plus de pluie que la
partie c( Sous le Vent ». D'autre part, l'île étant un
ensemble de hautes terres, des zones climatiques s'éta-
gent en hauteur, suivant l'altitude. Au-dessus de
500 mètres environ, le caractère tropical s'atténue ;
au-dessus de 1 000 mètres, on retrouve presque le
climat des régions tempérées ; enfin, au-dessus de
2 000 mètres, règne un climat froid. La végétation,
comme il est naturel, se modifie également ; à partir
de 1 000 mètres, les cultures et les fruits d'Europe
réussissent parfaitement ; les hauts sommets ont une
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