Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-08-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 août 1929 01 août 1929
Description : 1929/08/01 (A7,N72)-1929/08/31. 1929/08/01 (A7,N72)-1929/08/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9745728n
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/09/2016
214 LE MONDE COLONIAL ILLUSTRE N° 72. — AOUT 1929
LES COLONIES JAPONAISES. — FOR M OSE
L'Ile Formose, située en face de la province chinoise de Fokien. et
traversée par le Tropique du Cancer, fait partie de cette pléiade
d'îles plus ou moins importantes, plus ou moins
déchiquetées, qui bordent le continent asiatique
et en sont séparées par des mers intérieures.
Ces îles sont : Formose, les Riou-Kiou, le Japon
proprement dit, et enfin les Kouriles qui abou-
tissent au Kamtchatka.
[texte_manquant]
A grande île qui avoisine la
province chinoise du Foukien
était nommée par ses voi-
sins immédiats Pokkan ou
Pekiande, puis Taiwan.
Quand, au xvie siècle, les
navigateurs portugais découvrirent cette
terre verdoyante et fleurie, saisis d'admi-
ration, ils s'écrièrent: « Ile de beauté !
Ile Formose ! » Presque à la même époque,
des corsaires japonais exprimèrent le
même émerveillement en donnant à l'île
le nom de Takasago, nom d'une embou-
chure de rivière, près de Kobé, chantée
par les poètes.
Formose, suivant l'appellation euro-
péenne, ou Taiwan, suivant la désigna-
tion asiatique, située entre les 20°-56°
de latitude Nord et les 1200-1 22 ° longitude
Est, longue de 400 kilomètres, large de
100 à 120, d'une superficie de 34974 kilo-
mètres carrés, est partagée par une
chaîne de montagnes qui court du nord
au sud et dont la plus élevée atteint
4 000 mètres. Du côté ouest, s'étend une
ni aine d'alluvions de 200 à 300 kilo-
mètres, facile à cultiveret très fertile. Du côté Est,
le terrain dévale en pente rapide, et sur plusieurs
points la montagne tombe à pic dans la mer. Le
climat est chaud, humide dans la partie méridionale ;
il est tempéré dans les régions septentrionales.
La population est au nombre, suivant les dernières
statistiques, de 3 976 098 individus (3 679 371 For-
mosans, 181 847 Japonais, 84 117 (?) aborigènes.
30 703 étrangers).
Formose connut plusieurs maîtres avant d'écho
définitivement au Japon. Les Chinois des provinces
maritimes du sud colonisèrent la côte occidentale
dès le vue siècle, en évitant toutefois d'empiéter
sur le domaine des sauvages aborigènes de race malaise
qui occupaient les vallées et les montagnes. Ces colons
chinois sont les ancêtres des Formosans actuels.
En 1624, les Hollandais, repoussés de Macao, s'ins-
tallèrent sur la même côte ouest, avec le consentement
des Japonais qui s'y étaient fixés ; ils contruisirent,
près d'Amping, trois forts dans lesquels ils placèrent
une garnison. Deux ans plus tard, les Espagnols
débarquent à Keelung et y fondent une colonie ;
les Hollandais les en délogent. Mais, en 1660, Coxinga,
métis d'un riche Chinois, défenseur de la dynastie
Ming, et d'une Japonaise, nettoie Formose de ses
occupants européens. Il gouverne en souverain indé-
pendant. En 1683, son petit-fils se rend à un corps
expéditionnaire mandchou, et l'île devient posses-
sion chinoise. Au XVIIe siècle, le Hongrois Benyowski
défait, avec l'aide des tribus sauvages, l'armée tar-
tare de Formose. Une rébellion d'aborigènes, qui
se prolongea durant plus de trente années, laissa l'île
couverte de ruines. En 1874, le Japon y envoie une
expédition pour punir les insulaires du massacre de
quelques pêcheurs nippons naufragés. En 1885, l'état-
major de l'amiral Courbet s'installe à Keelung. Enfin,
Types d'aborigènes de l 'île Formose, ancêtres des Formosans actuel
à la suite de la guerre sino-japonaise de 1894, Formose
devient possession nippone.
Le Formose. — La grande rue de Taishoku. La ville, siège du gouvernement central, a grand air, dans sa partie moderne, avec son
palais gouvernemental, ses nombreux édifices publics d'allure monumentale, ses parcs, son musée, etc. Sous la direction éclairée des
-, Japonais, l'île s'outille et se développe chaque jour.
L'Ile de Formose, 34 974 kilomètres carrés, 3 976 098 habitants,
600 kilomètres de voies ferrées.
Aux termes du traité de paix de Shimonoseki
(17 avril 1895), la Chine « abandonne a
perpétuité au Japon sa souveraineté sur
Formosè et les Pescadores ».
Un bureau chargé de l'administration
de Formose fut organisé à Tokio et
placé sous l'autorité du premier ministre.
Mais, en fait, cette administration fut
entièrement entre les mains du pouvoir
militaire. Sous cette influence, une con-
ception étatiste de la colonisation se
formula, imprégnée de l'esprit de domi-
nation. Grâce à une politique autoritaire,
l'île fut pacifiée, et l'on put, sans délai,
vaincre les premières difficultés de mise
en valeur.
ORGANISATION-ADMINISTRATION
Après la guerre européenne, sous
un gouvernement libéral moins inféodé
aux bureaux militaires, l'administration
coloniale se préoccupa des besoins et
des aspirations de la population indi-
gène. Pour la première fois, le gouver-
nement général fut confié à un civil.
En 1920, on remania l'organisation
administrative de Formose, et, comme
si la colonie était partie intégrante de
la nation, on divisa le territoire en sept
départements, suivant le modèle offert
par la métropole. Ces départements
portent le nom des chefs-lieux de pré-
fecture : Taishoku, Shinshiku, Taishu,
Tainan, Takao, Taito, Karenko. Chacune
de ces sept unités administratives eut a sa tête un
préfet civil.
Le préfet administre le département avec le con-
cours d'un conseil, dont la moitié des membres sont
indigènes et nommés par le gouverneur général. On
accorde aux communes une relative autonomie admi-
nistrative et financière. Tous les deux ans, elles pro-
posent au choix du préfet les notables devant cons-
tituer les conseils municipaux.
Plusieurs de ces départements comprenant des
agglomérations d'aborigènes, il fut nécessaire de modi-
fier la politique suivie vis-à-vis de ces peuplades.
On n'eut plus recours à l'action militaire et, depuis
dix ans, l'administration s'efforce d'éduquer et d'ins-
truire les tribus soumises. De nombreuses écoles ont
été ouvertes sur leur territoire.
L'octroi des premières libertés communales fit
naître des espérances de libération parmi les jeunes
intellectuels formosans. Un parti réclama la consti-
tution d'un parlement colonial. Un autre demanda
le droit d'élire des députés à la Diète nationale. Le
gouvernement général pensa qu'une réforme sco-
laire était le complément nécessaire de la réforme
politique ; il multiplia les centres d'enseignement.
On compte aujourd'hui 720 écoles publiques, dix
écoles secondaires, onze écoles supérieures de filles,
trois écoles normales, deux écoles commerciales élé-
mentaires, deux écoles supérieures de commerce,
une école d'agriculture primaire, une école supé-
rieure d'agriculture, une école industrielle, une école
de médecine, des écoles destinées aux seuls enfants
japonais et plus de cent établissements où ne pro-
fessent que des indigènes.
Malgré l'inquiétude causée par l'agitation persis-
tante des étudiants, l'exécution du programme sco-
laire n'a cessé d'être poursuivie. Et, si l'esprit d'indé-
pendance des conseils communaux inspira parfois
quelque crainte, aucune modification essentielle n'a
été apportée au système politique et administratif
de 1920.
Aussi bien, ce libéralisme a été dicté par la pensée
d'intéresser, d'associer l'indigène à la politique d'exploi-
LES COLONIES JAPONAISES. — FOR M OSE
L'Ile Formose, située en face de la province chinoise de Fokien. et
traversée par le Tropique du Cancer, fait partie de cette pléiade
d'îles plus ou moins importantes, plus ou moins
déchiquetées, qui bordent le continent asiatique
et en sont séparées par des mers intérieures.
Ces îles sont : Formose, les Riou-Kiou, le Japon
proprement dit, et enfin les Kouriles qui abou-
tissent au Kamtchatka.
[texte_manquant]
A grande île qui avoisine la
province chinoise du Foukien
était nommée par ses voi-
sins immédiats Pokkan ou
Pekiande, puis Taiwan.
Quand, au xvie siècle, les
navigateurs portugais découvrirent cette
terre verdoyante et fleurie, saisis d'admi-
ration, ils s'écrièrent: « Ile de beauté !
Ile Formose ! » Presque à la même époque,
des corsaires japonais exprimèrent le
même émerveillement en donnant à l'île
le nom de Takasago, nom d'une embou-
chure de rivière, près de Kobé, chantée
par les poètes.
Formose, suivant l'appellation euro-
péenne, ou Taiwan, suivant la désigna-
tion asiatique, située entre les 20°-56°
de latitude Nord et les 1200-1 22 ° longitude
Est, longue de 400 kilomètres, large de
100 à 120, d'une superficie de 34974 kilo-
mètres carrés, est partagée par une
chaîne de montagnes qui court du nord
au sud et dont la plus élevée atteint
4 000 mètres. Du côté ouest, s'étend une
ni aine d'alluvions de 200 à 300 kilo-
mètres, facile à cultiveret très fertile. Du côté Est,
le terrain dévale en pente rapide, et sur plusieurs
points la montagne tombe à pic dans la mer. Le
climat est chaud, humide dans la partie méridionale ;
il est tempéré dans les régions septentrionales.
La population est au nombre, suivant les dernières
statistiques, de 3 976 098 individus (3 679 371 For-
mosans, 181 847 Japonais, 84 117 (?) aborigènes.
30 703 étrangers).
Formose connut plusieurs maîtres avant d'écho
définitivement au Japon. Les Chinois des provinces
maritimes du sud colonisèrent la côte occidentale
dès le vue siècle, en évitant toutefois d'empiéter
sur le domaine des sauvages aborigènes de race malaise
qui occupaient les vallées et les montagnes. Ces colons
chinois sont les ancêtres des Formosans actuels.
En 1624, les Hollandais, repoussés de Macao, s'ins-
tallèrent sur la même côte ouest, avec le consentement
des Japonais qui s'y étaient fixés ; ils contruisirent,
près d'Amping, trois forts dans lesquels ils placèrent
une garnison. Deux ans plus tard, les Espagnols
débarquent à Keelung et y fondent une colonie ;
les Hollandais les en délogent. Mais, en 1660, Coxinga,
métis d'un riche Chinois, défenseur de la dynastie
Ming, et d'une Japonaise, nettoie Formose de ses
occupants européens. Il gouverne en souverain indé-
pendant. En 1683, son petit-fils se rend à un corps
expéditionnaire mandchou, et l'île devient posses-
sion chinoise. Au XVIIe siècle, le Hongrois Benyowski
défait, avec l'aide des tribus sauvages, l'armée tar-
tare de Formose. Une rébellion d'aborigènes, qui
se prolongea durant plus de trente années, laissa l'île
couverte de ruines. En 1874, le Japon y envoie une
expédition pour punir les insulaires du massacre de
quelques pêcheurs nippons naufragés. En 1885, l'état-
major de l'amiral Courbet s'installe à Keelung. Enfin,
Types d'aborigènes de l 'île Formose, ancêtres des Formosans actuel
à la suite de la guerre sino-japonaise de 1894, Formose
devient possession nippone.
Le Formose. — La grande rue de Taishoku. La ville, siège du gouvernement central, a grand air, dans sa partie moderne, avec son
palais gouvernemental, ses nombreux édifices publics d'allure monumentale, ses parcs, son musée, etc. Sous la direction éclairée des
-, Japonais, l'île s'outille et se développe chaque jour.
L'Ile de Formose, 34 974 kilomètres carrés, 3 976 098 habitants,
600 kilomètres de voies ferrées.
Aux termes du traité de paix de Shimonoseki
(17 avril 1895), la Chine « abandonne a
perpétuité au Japon sa souveraineté sur
Formosè et les Pescadores ».
Un bureau chargé de l'administration
de Formose fut organisé à Tokio et
placé sous l'autorité du premier ministre.
Mais, en fait, cette administration fut
entièrement entre les mains du pouvoir
militaire. Sous cette influence, une con-
ception étatiste de la colonisation se
formula, imprégnée de l'esprit de domi-
nation. Grâce à une politique autoritaire,
l'île fut pacifiée, et l'on put, sans délai,
vaincre les premières difficultés de mise
en valeur.
ORGANISATION-ADMINISTRATION
Après la guerre européenne, sous
un gouvernement libéral moins inféodé
aux bureaux militaires, l'administration
coloniale se préoccupa des besoins et
des aspirations de la population indi-
gène. Pour la première fois, le gouver-
nement général fut confié à un civil.
En 1920, on remania l'organisation
administrative de Formose, et, comme
si la colonie était partie intégrante de
la nation, on divisa le territoire en sept
départements, suivant le modèle offert
par la métropole. Ces départements
portent le nom des chefs-lieux de pré-
fecture : Taishoku, Shinshiku, Taishu,
Tainan, Takao, Taito, Karenko. Chacune
de ces sept unités administratives eut a sa tête un
préfet civil.
Le préfet administre le département avec le con-
cours d'un conseil, dont la moitié des membres sont
indigènes et nommés par le gouverneur général. On
accorde aux communes une relative autonomie admi-
nistrative et financière. Tous les deux ans, elles pro-
posent au choix du préfet les notables devant cons-
tituer les conseils municipaux.
Plusieurs de ces départements comprenant des
agglomérations d'aborigènes, il fut nécessaire de modi-
fier la politique suivie vis-à-vis de ces peuplades.
On n'eut plus recours à l'action militaire et, depuis
dix ans, l'administration s'efforce d'éduquer et d'ins-
truire les tribus soumises. De nombreuses écoles ont
été ouvertes sur leur territoire.
L'octroi des premières libertés communales fit
naître des espérances de libération parmi les jeunes
intellectuels formosans. Un parti réclama la consti-
tution d'un parlement colonial. Un autre demanda
le droit d'élire des députés à la Diète nationale. Le
gouvernement général pensa qu'une réforme sco-
laire était le complément nécessaire de la réforme
politique ; il multiplia les centres d'enseignement.
On compte aujourd'hui 720 écoles publiques, dix
écoles secondaires, onze écoles supérieures de filles,
trois écoles normales, deux écoles commerciales élé-
mentaires, deux écoles supérieures de commerce,
une école d'agriculture primaire, une école supé-
rieure d'agriculture, une école industrielle, une école
de médecine, des écoles destinées aux seuls enfants
japonais et plus de cent établissements où ne pro-
fessent que des indigènes.
Malgré l'inquiétude causée par l'agitation persis-
tante des étudiants, l'exécution du programme sco-
laire n'a cessé d'être poursuivie. Et, si l'esprit d'indé-
pendance des conseils communaux inspira parfois
quelque crainte, aucune modification essentielle n'a
été apportée au système politique et administratif
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