Titre : Le Monde colonial illustré : revue mensuelle, commerciale, économique, financière et de défense des intérêts coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-06-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34459430v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juin 1929 01 juin 1929
Description : 1929/06/01 (A7,N70)-1929/06/30. 1929/06/01 (A7,N70)-1929/06/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9745730q
Source : CIRAD, 2016-192274
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/10/2016
154 LE MONDE COLONIAL ILLUSTRE
N° 70. — JUIN 1929
UN HYMNE AU FRUIT COLONIAL
Dans le verger où sont les arbres de lumière,
La pulpe des fruits lourds pleure ses larmes d'or.
Francis JAMMES.
Ne serait-il pas bon de faire un peu de propagande
en faveur des fruits de nos colonies et de les amener
sur nos tables françaises au moment du dessert?
Nous avons demandé son avis à un de nos excel-
lents collaborateurs, M. Kopp, et nos lecteurs parcour-
ront avec intérêt l'article ci-dessous.
Mais, d'abord, quels sont les fruits coloniaux?
On peut en distinguer trois sortes :
1° Les grands fruits tropicaux qui tiennent la place
de la poire, de la pêche, etc., dans les pays tempérés.
Ce sont : banane, ananas, mangue, pamplemousse,
mangoustan, letchi, sapotille, pomme-liane, corossol,
pomme-rose, goyave.
Parmi ces fruits, quelques-uns nous sont déjà fami-
liers. Les ananas frais nous viennent des Antilles, des
Açores et du Brésil. Quant aux ananas conservés, ils
sont expédiés des îles Hawaii. Les bananes sont envoyées
par les Canaries, Madère, les Antilles et la Guinée.
2° Les fruits de second ordre, de la valeur de la merise,
par exemple. Ce sont: papaye, avocat, pomme-cannelle,
anacarde, barbadine, pomme Cythère, tomate en arbre,
abricot de Saint-Domingue, chérimole, noix de coco,
mombin, quenette, icaque.
3° Enfin, les fruits nettement subtropicaux: kaki,
bibacier, dattier, grenade, orange, cédrat, limon, man-
darine, figue, figue de Barbarie, caroubier.
Les photos illustrant cet article nous ont été fournies
obligeamment par M. le professeur Lecomte, du Muséum.
[texte_manquant]
ISONS de Candolle pour apprendre que le
prunier vient du Caucase et de la Perse,
que l'abricotier vient de Chine, la pêche,
le coing et la grenade aussi, que la cerise
est originaire de l'Asie mineure et que
l'Inde nous offrit le melon avec le citron et le
cédrat. D e Chine furent apportées l'orange et la mandari-
ne, mais la vigne, notre vigne elle-même, nous l'avons
prise en Arménie. Et, parmi les fruits que nos climats
ne mûrissent pas, la datte, la banane, l'ananas n'ont-
ils pas aujourd'hui perdu tout mystère et sont-ils
désormais à nos yeux plus que des fruits de chez nous
dont notre enfance s'est délectée et qui, sans autre
soin qu'un peu d'or... papier, poussent bénévolement
chez l'épicier du coin ?
Bananier cultivé. — La banane pourrait nous être fournie en
quantités considérables par la Guinée. Il s'agit là surtout d'une
question de transport, qu'on étudie d'ailleurs sérieusement en ce
moment.
Où donc se réfugient les fruits qui porteront sans
injustice ce nom charmant d'exotiques, évocateur
de délices inconnues et de parfums rares? Hélas! bien-
tôt il ne sera plus besoin d'affronter les typhons et
les cannibales pour les connaître, et même les gens
qui, sans trouble et sans nostalgie, traînent leur vie
entière derrière un comptoir ou un bureau pourront
discourir de la mangue et du letchi.
Pendant que des marchands obstinés s'appliquent
à trouver au sein de quelle fraîcheur ces produits
peuvent traverser les mers, en Algérie ou sur la Côte
d'Azur, des jardiniers passionnés, amoureux d'espa-
liers et de greffes, tentent inlassablement de résigner
à nos bénins étés ces fruits des tropiques ardents.
Il semble, quand on y rêve, que gourmandise et
civilisation soient synonymes. Quel rance théolo-
gien a fait péché capital le premier des raffinements
par lequel l'homme s'évade de la brute, par lequel
la faim rassasiée devient jouissance et action de grâces?
Et c'est peut-être là une des raisons qui expliquent
pourquoi presque tous les fruits des tropiques viennent
de l'Inde millénaire, du Sud de la Chine éternelle
et, plus encore, des mystérieux empires précolombiens;
pourquoi les Isles que fécondèrent nos pères aventureux
sont des vergers à l'ancre au sein de la mer étincelante.
L'anone ou Chirimoyas des Antilles, est un fruit de couleur vert
tendre. Il se mange à la cuiller, comme une crème, dont il a d'ailleurs
l'aspect. Il renferme un assez grand nombre de pépins noirs.
Deux faits cependant sont étonnants pour nous.
Sauf peut-être pour la mangue et l'avocat, il n'existe
guère de variétés classées de ces arbres. On trouvera
côte à côte un sujet à fruit exquis, un autre à fruit
médiocre. A cela, peut-être, deux raisons : d'abord,
la gourmandise insuffisamment affinée des indi-
gènes, qui ne font guère de distinction entre deux
saveurs voisines ; ensuite, la rareté de la greffe qui,
seule, permettrait de multiplier indéfiniment un plant
exceptionnel. Et là nous touchons la vraie seconde
raison, peut-être la plus profonde. Pour le primitif,
l'arbre fruitier qui croît sans son aide, qui n'est la
récompense d'aucun effort, est la propriété de la col-
lectivité, et ses fruits sont à qui les ramasse. Dès lors,
pourquoi en faire des vergers dont le produit n'aurait
point de valeur marchande payant la peine ; pourquoi
les greffer, puisque le passant en emporterait les fruits?
Au reste, à son goût, mieux vaut un fruit médiocre
n'ayant coûté nulle peine qu'un bon ayant exigé
un labeur. Et puis, à qui plante un noyau, combien
faudra-t-il de temps pour voir les fruits qui en des-
cendront ?
Dans l'état actuel de l'horticulture tropicale, il
faut convenir que beaucoup de produits ne sont pas
dignes de soutenir la comparaison avec l'œuvre de
nos dynasties d'amateurs de jardins. Beaucoup pour-
tant cachent dans leur chair des voluptés pareilles
à celle que dispense un abricot que le soleil a nourri
de parfums, ou une poire gonflée de la saveur de l'au-
tomne. Pourtant, la comparaison exacte est presque
impossible. Sauf le letchi, presque tous les fruits des
tropiques parlent à notre palais un langage si nouveau
et si différent de celui auquel il est accoutumé qu'il
en est, au début, plus surpris que charmé. Peu à peu
seulement se révèle leur douceur étrange et parfu-
mée ; on n'aime pas tout de suite la mangue ou la
sapotille, mais, quand on les a comprises, on en oublie
parfois les autres. Chaque peuple a ses mets. Pour
nous, il semble qu'on puisse juger dignes de nos tables
les plus délicates la banane, l'ananas, la mangue,
le mangoustan, la pamplemousse, le letchi,la sapotille,
l'avocat, la chérimole et la goyave.
Il existe d'autres fruits, parfois exquis, mais dont
on se lasse vite ou qui ne sont qu'amusettes d'enfants
analogues à nos merises ou nos prunelles. Ce sont la
pomme-rose, la pomme-liane, la pomme Cythère, la
barbadine, la pomme cannelle, l'abricot de Saint-Do-
mingue, le monbin, la quenette,l'icaque, le corossol, etc.
Quant aux kaki, bibaces, arbouses, dattes, gre-
nades, figues, jujubes, oranges, cédrats, limons, etc.,
ce sont là fruits de climats méditerrannéens et
qui n'ont point à voir avec nos véritables colonies. Nous
ne parlerons non plus ici de l'ananas et de la banane,
qui furent traités précédemment dans cette revue,
et nous nous bornerons à évoquer parmi les produits
des vergers des Isles ceux qui pourront un jour, quand
on voudra sérieusement s'en occuper, s'amonceler
en pyramides odorantes sur les blanches nappes de
nos maisons.
LA MANGUE
La mangue, qui est cultivée depuis 4 000 ans et que
l'Inde nous donna, est chantée par les poètes orien-
taux et tient une grande place dans la légende.
Etoilée de beaux fruits dorés, l'ombre fraîche de ce
bel arbre majestueux abrita un jour Bouddha.
La mangue est un cœur doré, à peau lisse parfois
maculée de noir dans certaines sortes, dont la grosseur
va d'une prune à quatre ou cinq livres. Le noyau est
très gros et de grandes fibres qui traversent en biais
la pulpe s'y rattachent. Quant au parfum, il est bien
malaisé de le décrire avec des adjectifs. Au reste, il y
a un abîme entre les bonnes mangues greffées, complè-
tement dépourvues de ces fibres, à la chair fondante,
au parfum doux et délicat qui, s'il tient en effet un
peu de l'abricot blet et de l'ananas, d'après certains
gourmets, conserve néanmoins une originalité puissante
grâce à son goût toujours quelque peu térébinthé, et
d'autre part le grossier mango qui laisse pendant toute
une journée d'irritants filaments logés entre les dents,
dont le parfum propre se soude étroitement à l'âpre
saveur de térébenthine et qui, par ses défauts mêmes,
garde des partisans acharnés pour lesquels l'autre
mangue n'est plus qu'un fruit affadi.
La mangue n'est pas inconnue sur nos marchés.
Des Antilles, où elle pullule, quelques chargements
parviennent jusqu'aux fastueux importateurs des
grands boulevards. Mais nous sommes loin de la vulga-
risation que permettrait la surabondance de ce fruit.
Il faut en voir la raison dans les difficultés de trans-
port. Elle demande à être cueillie à un degré exact
de maturité; sinon, elle se flétrit et se blettit. Elle
craint les chocs et les meurtrissures. Dans l'Inde, on
réussit à la mûrir artificiellement en l'emballant avec
soin dans la paille, mais le goût, paraît-il, n'est plus
tout à fait le même. Au reste, les différentes sortes
se comportent assez différemment à ce point de vue,
les unes pouvant se conserver deux mois et plus,
d'autres seulement huit jours. L'acclimatation du
manguier aux limites des tropiques a tenté nombre
de jardiniers. En Californie du Sud, on a pu l'intro-
duire, ainsi qu'en quelques points de la Floride, mais
le rendement est très variable et très inégal suivant
les variétés, qui montrent chacune une adaptation
L'avocat, par sa forme, rappelle assez bien la poire; sa chair butv-
reuse et fondante révèle le plus délicat arome de noisette et de pis-
tache mélangés. Il est à souhaiter qu 'il paraisse un jour sur nos tables.
très nette à un climat bien défini. Vers nos longitudes,
l'arbre ne prospère plus au nord de Madère. D'une
manière générale, il n'est très prolifique que dans
les régions où il y a une longue saison sèche.
La mangue contient beaucoup de sucre, un peu plus
d'azote que la pomme, mais, avant sa maturité, elle
est assez fortement acide.
LA PAMPLEMOUSSE
Le mot de pamplemousse évoque obligatoirement
dans notre esprit la navrante histoire de Paul et Vir-
ginie. Ce fruit, qui est le shadek de nos Antilles, le
pommelo des américains, le grape-fruit des Anglais,
est une sorte d'énorme orange de la grosseur d'une
tête d'enfant, avec une écorce très épaisse, une pulpe
peu abondante, à suc acide, plus ou moins amer. On
le mange comme entrée ou comme dessert, après
N° 70. — JUIN 1929
UN HYMNE AU FRUIT COLONIAL
Dans le verger où sont les arbres de lumière,
La pulpe des fruits lourds pleure ses larmes d'or.
Francis JAMMES.
Ne serait-il pas bon de faire un peu de propagande
en faveur des fruits de nos colonies et de les amener
sur nos tables françaises au moment du dessert?
Nous avons demandé son avis à un de nos excel-
lents collaborateurs, M. Kopp, et nos lecteurs parcour-
ront avec intérêt l'article ci-dessous.
Mais, d'abord, quels sont les fruits coloniaux?
On peut en distinguer trois sortes :
1° Les grands fruits tropicaux qui tiennent la place
de la poire, de la pêche, etc., dans les pays tempérés.
Ce sont : banane, ananas, mangue, pamplemousse,
mangoustan, letchi, sapotille, pomme-liane, corossol,
pomme-rose, goyave.
Parmi ces fruits, quelques-uns nous sont déjà fami-
liers. Les ananas frais nous viennent des Antilles, des
Açores et du Brésil. Quant aux ananas conservés, ils
sont expédiés des îles Hawaii. Les bananes sont envoyées
par les Canaries, Madère, les Antilles et la Guinée.
2° Les fruits de second ordre, de la valeur de la merise,
par exemple. Ce sont: papaye, avocat, pomme-cannelle,
anacarde, barbadine, pomme Cythère, tomate en arbre,
abricot de Saint-Domingue, chérimole, noix de coco,
mombin, quenette, icaque.
3° Enfin, les fruits nettement subtropicaux: kaki,
bibacier, dattier, grenade, orange, cédrat, limon, man-
darine, figue, figue de Barbarie, caroubier.
Les photos illustrant cet article nous ont été fournies
obligeamment par M. le professeur Lecomte, du Muséum.
[texte_manquant]
ISONS de Candolle pour apprendre que le
prunier vient du Caucase et de la Perse,
que l'abricotier vient de Chine, la pêche,
le coing et la grenade aussi, que la cerise
est originaire de l'Asie mineure et que
l'Inde nous offrit le melon avec le citron et le
cédrat. D e Chine furent apportées l'orange et la mandari-
ne, mais la vigne, notre vigne elle-même, nous l'avons
prise en Arménie. Et, parmi les fruits que nos climats
ne mûrissent pas, la datte, la banane, l'ananas n'ont-
ils pas aujourd'hui perdu tout mystère et sont-ils
désormais à nos yeux plus que des fruits de chez nous
dont notre enfance s'est délectée et qui, sans autre
soin qu'un peu d'or... papier, poussent bénévolement
chez l'épicier du coin ?
Bananier cultivé. — La banane pourrait nous être fournie en
quantités considérables par la Guinée. Il s'agit là surtout d'une
question de transport, qu'on étudie d'ailleurs sérieusement en ce
moment.
Où donc se réfugient les fruits qui porteront sans
injustice ce nom charmant d'exotiques, évocateur
de délices inconnues et de parfums rares? Hélas! bien-
tôt il ne sera plus besoin d'affronter les typhons et
les cannibales pour les connaître, et même les gens
qui, sans trouble et sans nostalgie, traînent leur vie
entière derrière un comptoir ou un bureau pourront
discourir de la mangue et du letchi.
Pendant que des marchands obstinés s'appliquent
à trouver au sein de quelle fraîcheur ces produits
peuvent traverser les mers, en Algérie ou sur la Côte
d'Azur, des jardiniers passionnés, amoureux d'espa-
liers et de greffes, tentent inlassablement de résigner
à nos bénins étés ces fruits des tropiques ardents.
Il semble, quand on y rêve, que gourmandise et
civilisation soient synonymes. Quel rance théolo-
gien a fait péché capital le premier des raffinements
par lequel l'homme s'évade de la brute, par lequel
la faim rassasiée devient jouissance et action de grâces?
Et c'est peut-être là une des raisons qui expliquent
pourquoi presque tous les fruits des tropiques viennent
de l'Inde millénaire, du Sud de la Chine éternelle
et, plus encore, des mystérieux empires précolombiens;
pourquoi les Isles que fécondèrent nos pères aventureux
sont des vergers à l'ancre au sein de la mer étincelante.
L'anone ou Chirimoyas des Antilles, est un fruit de couleur vert
tendre. Il se mange à la cuiller, comme une crème, dont il a d'ailleurs
l'aspect. Il renferme un assez grand nombre de pépins noirs.
Deux faits cependant sont étonnants pour nous.
Sauf peut-être pour la mangue et l'avocat, il n'existe
guère de variétés classées de ces arbres. On trouvera
côte à côte un sujet à fruit exquis, un autre à fruit
médiocre. A cela, peut-être, deux raisons : d'abord,
la gourmandise insuffisamment affinée des indi-
gènes, qui ne font guère de distinction entre deux
saveurs voisines ; ensuite, la rareté de la greffe qui,
seule, permettrait de multiplier indéfiniment un plant
exceptionnel. Et là nous touchons la vraie seconde
raison, peut-être la plus profonde. Pour le primitif,
l'arbre fruitier qui croît sans son aide, qui n'est la
récompense d'aucun effort, est la propriété de la col-
lectivité, et ses fruits sont à qui les ramasse. Dès lors,
pourquoi en faire des vergers dont le produit n'aurait
point de valeur marchande payant la peine ; pourquoi
les greffer, puisque le passant en emporterait les fruits?
Au reste, à son goût, mieux vaut un fruit médiocre
n'ayant coûté nulle peine qu'un bon ayant exigé
un labeur. Et puis, à qui plante un noyau, combien
faudra-t-il de temps pour voir les fruits qui en des-
cendront ?
Dans l'état actuel de l'horticulture tropicale, il
faut convenir que beaucoup de produits ne sont pas
dignes de soutenir la comparaison avec l'œuvre de
nos dynasties d'amateurs de jardins. Beaucoup pour-
tant cachent dans leur chair des voluptés pareilles
à celle que dispense un abricot que le soleil a nourri
de parfums, ou une poire gonflée de la saveur de l'au-
tomne. Pourtant, la comparaison exacte est presque
impossible. Sauf le letchi, presque tous les fruits des
tropiques parlent à notre palais un langage si nouveau
et si différent de celui auquel il est accoutumé qu'il
en est, au début, plus surpris que charmé. Peu à peu
seulement se révèle leur douceur étrange et parfu-
mée ; on n'aime pas tout de suite la mangue ou la
sapotille, mais, quand on les a comprises, on en oublie
parfois les autres. Chaque peuple a ses mets. Pour
nous, il semble qu'on puisse juger dignes de nos tables
les plus délicates la banane, l'ananas, la mangue,
le mangoustan, la pamplemousse, le letchi,la sapotille,
l'avocat, la chérimole et la goyave.
Il existe d'autres fruits, parfois exquis, mais dont
on se lasse vite ou qui ne sont qu'amusettes d'enfants
analogues à nos merises ou nos prunelles. Ce sont la
pomme-rose, la pomme-liane, la pomme Cythère, la
barbadine, la pomme cannelle, l'abricot de Saint-Do-
mingue, le monbin, la quenette,l'icaque, le corossol, etc.
Quant aux kaki, bibaces, arbouses, dattes, gre-
nades, figues, jujubes, oranges, cédrats, limons, etc.,
ce sont là fruits de climats méditerrannéens et
qui n'ont point à voir avec nos véritables colonies. Nous
ne parlerons non plus ici de l'ananas et de la banane,
qui furent traités précédemment dans cette revue,
et nous nous bornerons à évoquer parmi les produits
des vergers des Isles ceux qui pourront un jour, quand
on voudra sérieusement s'en occuper, s'amonceler
en pyramides odorantes sur les blanches nappes de
nos maisons.
LA MANGUE
La mangue, qui est cultivée depuis 4 000 ans et que
l'Inde nous donna, est chantée par les poètes orien-
taux et tient une grande place dans la légende.
Etoilée de beaux fruits dorés, l'ombre fraîche de ce
bel arbre majestueux abrita un jour Bouddha.
La mangue est un cœur doré, à peau lisse parfois
maculée de noir dans certaines sortes, dont la grosseur
va d'une prune à quatre ou cinq livres. Le noyau est
très gros et de grandes fibres qui traversent en biais
la pulpe s'y rattachent. Quant au parfum, il est bien
malaisé de le décrire avec des adjectifs. Au reste, il y
a un abîme entre les bonnes mangues greffées, complè-
tement dépourvues de ces fibres, à la chair fondante,
au parfum doux et délicat qui, s'il tient en effet un
peu de l'abricot blet et de l'ananas, d'après certains
gourmets, conserve néanmoins une originalité puissante
grâce à son goût toujours quelque peu térébinthé, et
d'autre part le grossier mango qui laisse pendant toute
une journée d'irritants filaments logés entre les dents,
dont le parfum propre se soude étroitement à l'âpre
saveur de térébenthine et qui, par ses défauts mêmes,
garde des partisans acharnés pour lesquels l'autre
mangue n'est plus qu'un fruit affadi.
La mangue n'est pas inconnue sur nos marchés.
Des Antilles, où elle pullule, quelques chargements
parviennent jusqu'aux fastueux importateurs des
grands boulevards. Mais nous sommes loin de la vulga-
risation que permettrait la surabondance de ce fruit.
Il faut en voir la raison dans les difficultés de trans-
port. Elle demande à être cueillie à un degré exact
de maturité; sinon, elle se flétrit et se blettit. Elle
craint les chocs et les meurtrissures. Dans l'Inde, on
réussit à la mûrir artificiellement en l'emballant avec
soin dans la paille, mais le goût, paraît-il, n'est plus
tout à fait le même. Au reste, les différentes sortes
se comportent assez différemment à ce point de vue,
les unes pouvant se conserver deux mois et plus,
d'autres seulement huit jours. L'acclimatation du
manguier aux limites des tropiques a tenté nombre
de jardiniers. En Californie du Sud, on a pu l'intro-
duire, ainsi qu'en quelques points de la Floride, mais
le rendement est très variable et très inégal suivant
les variétés, qui montrent chacune une adaptation
L'avocat, par sa forme, rappelle assez bien la poire; sa chair butv-
reuse et fondante révèle le plus délicat arome de noisette et de pis-
tache mélangés. Il est à souhaiter qu 'il paraisse un jour sur nos tables.
très nette à un climat bien défini. Vers nos longitudes,
l'arbre ne prospère plus au nord de Madère. D'une
manière générale, il n'est très prolifique que dans
les régions où il y a une longue saison sèche.
La mangue contient beaucoup de sucre, un peu plus
d'azote que la pomme, mais, avant sa maturité, elle
est assez fortement acide.
LA PAMPLEMOUSSE
Le mot de pamplemousse évoque obligatoirement
dans notre esprit la navrante histoire de Paul et Vir-
ginie. Ce fruit, qui est le shadek de nos Antilles, le
pommelo des américains, le grape-fruit des Anglais,
est une sorte d'énorme orange de la grosseur d'une
tête d'enfant, avec une écorce très épaisse, une pulpe
peu abondante, à suc acide, plus ou moins amer. On
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