Titre : La Dépêche coloniale illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-04-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327559237
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 avril 1911 30 avril 1911
Description : 1911/04/30 (A11,N8). 1911/04/30 (A11,N8).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743209z
Source : CIRAD, 2016-191284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
La Dépêche Coloniale
ILLUSTRÉE -
30 Avril 1911 (11* Année, N° 8).
Adresse télégraphique : Deponiale-Paris
Codp Français : AZ
1
Directeur : J.-PAUI, TROUIIJXJET
Bureaux :
19, Rue Saint-Georges, Paris
Téléphone : 157-47
SAINT-PIERRE et 1V1IQUEI10N
1
Introduction
[texte_manquant]
ET hiver, le Parlement a eu à s'occu-
per longuement de cet Le vieille, mais
précieuse, quoique minuscule colo-
nie. Les lecteurs cle notre édition
quotidienne n'ont pas encore oublié avec
quelle ardeur nous avons combattu pour ob-
tenir que la deca.de.nce de ces îles à morues ne
soit pas irrémédiable. Si nous n'avons pais
remporté le succès que méritaient la légiti-
mité de la cause "défendue et le caractère
essentiellement démocratique des mesures
qu'il nous paraissait de toute justice de ré-
clamer en faveur des habitants de Saint-
Pierre et Miquelon, nous avons cependant au-
jourd'hui la modeste satisfaction de constater
que nos efforts
n'ont pas été com-
plètement faits en
pure perte.
En effet, le
27 mars dernier,
MM. les ministres
des Col.oni'es, des
Finances, du Com-
merce et de l'In-
dustrie ont déposé
sur le bureau de la
Chambre un projet
de loi dont nous re-
produisons plus
loin l'exposé des
motifs, portant mo-
dification à la loi
du " 11 janvier 1892,
en c.e qui concerne-
le régime douanier
de Saint-Pierre et
Miquelon. Sans ap-
précier, au fonel, ce projet de loi, nous som-
mes heureux de constater qu'il donnera de
précieuses facilités aux habitants .de ces îles
déshéritées pour leur approvisionnement et
ainsi, apportera, sans doute, un remède effi-
cace aux maux, qui ont, depuis quelques an-
nées, précipité la décadence de notre vieille
colonie.
Toutefois, avant d'enregistrer ces améliora-
tions, nous croyons utile de faire connaître,
et par la gravure, et. par un texte précis, ces
îles Saint-Pierre et Miquelon, et les conditions
présentes, de leur activité économique. Dans
la collection de La Dépêche Coloniale Illus-
trée, ces îles figurent déjà, il est vrai, par
deux numéros particuliers, mais comme ils
remontent à 1904 et à 1905 (15 septembre 1904
et 31 octobre 1905), à près de six ans de dis-
tance tant de changements se sont produits
à la suite de la terrible crise que l'on sait,
qu'il est vraiment opportun de revenir sur
ces régions dont l'importance pour la métro-
pole et ses possessions des Antilles, comme
par les souvenirs qu'elles éveillent, mérite,
ce nous semble, l'attention de nos fidèles lec-
teurs.
Rade de Saint-Pierre
Dans toute la colonie, il n'y a que Saint-
Pierre dont la rade puisse abriter les grands
navires venant d'Europe ou d'Amérique.
L'extrémité nord-ouest de l'île aux Chiens,
faisant face au cap Rouge de l'île Saint-
Pierre, est le commencement de la rade dans
laquelle on pénètre par trois passes : la passe
du nord-est,, la passe du sud-est et la passe
aux Flétans. La rade, longue de plus d'un
mille, s'arrondit à son extrémité sud, et prend
fin à. l'îLe aux Moules. C'est entre ceiÍte île et
la pointe aux Canons que commence lie port
de Saint-Pierre, dénommé par les habitants
le Barachois.
'Ce barachois est une espèce de cul-de-sac
qui, protégé par une digue, sert de refuge aux
200 goélettes de pêche qui hivernent- d'octobre
en avril. Autour de cette anse, s'espacent les
établissements de comme.rce (magasins, sali-
nes, etc.), lesquels sont séparés par des
champs de pierres R-rtifici'8Hemellts disposées,
*
Le vapeur postal (( Saint-Pierre-et-Miquelon »
appelés graves. C'est sur les graves que les
« graviers », jeunes Bretons de 16 à 18 ans,
font sécher la morue.
Ville de Saint-Pierre
Elle est ramassée sur un étroit espace entre
le littoral et la ligne des collines ou mornes
qui la sùrplombent. On y compte — non com-
pris la banlieue — environ 1.200 maisons, la
plupart bâties en bois, précédées ou suivies
d'un j'ardinet. Les édifices sont rares. L'église,
le palais ' de Justioe, l'hôtel du Gouverneur,
les écoles commruna1es sont à peu près les
seuls qui méritent d'être signalés.
Saint-Pierre est avant tout une ville com-
merçante. Les' magasins y sont nombreux,
quelques-uns de belle apparence. En dehors
du quartier commerçant, les cases habitées
par les pêcheurs sont pauvres et dénuées de
confortable.
Les rues sont larges, et leur largeur s'ex-
plique par la crainte dÈs incendies. La ville a
failli être brûlée trois fois. Elles sont non pa-
vées et non pourvues de trottoirs, en sorte que
le sol s'y m-ontre raboteux et bosselé, -par en-
droits, d'aspérités rocheuses.
D'ailleurs, l'aspect de Saint-Pierre varie sui-
vant qu'on l'envisage pendant la belle ou la
mauvaise saison. En hiver. c'est un gros tas
de neige ; celle-ci nivelle tout sous une cou-
che uniforme. Les amas - de neige sont parfois
si considérables que, pour se 'frayer un che-
min, on est obligé de creuser des tranchées
dans lesquelles on circule comme dans une
ville assiégée.
Quand vient le printemps, la neige fond, et
c'est pendant plusieurs jours un patoui11is-
épouvantable. Puis l,a vie commerciale re-
prend. Les quais présentent une animation
extraordinaire. C'est un échange continuel
entre la mer et la terre.
Malgré l'état rudimentaire de la voirie,
Saint-Pierre s'est donné le luxe des derniers-
perfectionnements modernes. Les rues sont.
éclairées à la lumière électrique et un réseau
téléphonique entremêle ses fils au-dessus du
toit des maisons.
Ajoutons enfin que des travaux importants
de canalisation permettent à là ville d'être
a b o n d a m m e n t
pourvue d'eau. Des
bornes- fontaines
sont placées à tous
les carrefours.
Saint-Pierre a le
train-de vie peu fo-
lâtre .qu'on mène
dans toute petite
ville. Les gens sont
cancaniers, et1 en
vérité, on ne sau-
rait leur en faire un
reproche. Enfermés
dans une île où
l'espace est forcé-
ment circonscrit, ils
sont les uns sur les
autres, comme à
bord d'un bateau.
Faute d'idées géné-
ral,es, les personna-
lités, les travers, les
froissements, sont les sujets communs de la
conversation,. et, quand la. médisance vient
brocher sur le tout, les relations s'en ressen-
tent, et'il y a des brouilles dont la futilité des
causes n'exclut pas la vivacité.
Pendant l'hiver,, c'est le désœuvrement
complet, mais qu'on ne croie pas pour cela
que-chacun se confine au coin de son feu. Il
n2y a pas une petibe ville de province où on
soit plus noctambule qu'à Saint-Pierre^ Mal-
gré la neige, le verglas, on ne voit, le soir,
que des gens emmitouflés et encapuchonnés,
se rendant à quelque rendez-vous. A 10 heu-
res, un tambour ba.t la- retraite, mais ce n'est
pas l'heure du couvre-feu ; il y a toujours des
portes hospitalières qui s'ouvrent clandesti-
nement, pour que la petite fête continue.
Si les plaisirs intellectuels sont rares, la
vulgarité des distractions n'empêche pas que
ces distractions ne soient fort courues. Les
bals, par exemple, se succèdent dans. toutes
les classes de la société, depuis le bal par co-
tisations qui se donne -à l'Hôtel Joinville, jus-
qu'aux bals plus modestes où l'on danse au
son d'un violon ou d'un accordéon, en tapant
du pied pour marquer la mesure. L'aube se
lève qu'on danse encore.
Le patinage procure également un plaisir
à bon marché. Comme les étangs, bien que
glacés, sont recouverts de neige, on a eu
l'idée de construire un bâtiment couvert, le
Skating-Rink, où, moyennant un abonne-
ILLUSTRÉE -
30 Avril 1911 (11* Année, N° 8).
Adresse télégraphique : Deponiale-Paris
Codp Français : AZ
1
Directeur : J.-PAUI, TROUIIJXJET
Bureaux :
19, Rue Saint-Georges, Paris
Téléphone : 157-47
SAINT-PIERRE et 1V1IQUEI10N
1
Introduction
[texte_manquant]
ET hiver, le Parlement a eu à s'occu-
per longuement de cet Le vieille, mais
précieuse, quoique minuscule colo-
nie. Les lecteurs cle notre édition
quotidienne n'ont pas encore oublié avec
quelle ardeur nous avons combattu pour ob-
tenir que la deca.de.nce de ces îles à morues ne
soit pas irrémédiable. Si nous n'avons pais
remporté le succès que méritaient la légiti-
mité de la cause "défendue et le caractère
essentiellement démocratique des mesures
qu'il nous paraissait de toute justice de ré-
clamer en faveur des habitants de Saint-
Pierre et Miquelon, nous avons cependant au-
jourd'hui la modeste satisfaction de constater
que nos efforts
n'ont pas été com-
plètement faits en
pure perte.
En effet, le
27 mars dernier,
MM. les ministres
des Col.oni'es, des
Finances, du Com-
merce et de l'In-
dustrie ont déposé
sur le bureau de la
Chambre un projet
de loi dont nous re-
produisons plus
loin l'exposé des
motifs, portant mo-
dification à la loi
du " 11 janvier 1892,
en c.e qui concerne-
le régime douanier
de Saint-Pierre et
Miquelon. Sans ap-
précier, au fonel, ce projet de loi, nous som-
mes heureux de constater qu'il donnera de
précieuses facilités aux habitants .de ces îles
déshéritées pour leur approvisionnement et
ainsi, apportera, sans doute, un remède effi-
cace aux maux, qui ont, depuis quelques an-
nées, précipité la décadence de notre vieille
colonie.
Toutefois, avant d'enregistrer ces améliora-
tions, nous croyons utile de faire connaître,
et par la gravure, et. par un texte précis, ces
îles Saint-Pierre et Miquelon, et les conditions
présentes, de leur activité économique. Dans
la collection de La Dépêche Coloniale Illus-
trée, ces îles figurent déjà, il est vrai, par
deux numéros particuliers, mais comme ils
remontent à 1904 et à 1905 (15 septembre 1904
et 31 octobre 1905), à près de six ans de dis-
tance tant de changements se sont produits
à la suite de la terrible crise que l'on sait,
qu'il est vraiment opportun de revenir sur
ces régions dont l'importance pour la métro-
pole et ses possessions des Antilles, comme
par les souvenirs qu'elles éveillent, mérite,
ce nous semble, l'attention de nos fidèles lec-
teurs.
Rade de Saint-Pierre
Dans toute la colonie, il n'y a que Saint-
Pierre dont la rade puisse abriter les grands
navires venant d'Europe ou d'Amérique.
L'extrémité nord-ouest de l'île aux Chiens,
faisant face au cap Rouge de l'île Saint-
Pierre, est le commencement de la rade dans
laquelle on pénètre par trois passes : la passe
du nord-est,, la passe du sud-est et la passe
aux Flétans. La rade, longue de plus d'un
mille, s'arrondit à son extrémité sud, et prend
fin à. l'îLe aux Moules. C'est entre ceiÍte île et
la pointe aux Canons que commence lie port
de Saint-Pierre, dénommé par les habitants
le Barachois.
'Ce barachois est une espèce de cul-de-sac
qui, protégé par une digue, sert de refuge aux
200 goélettes de pêche qui hivernent- d'octobre
en avril. Autour de cette anse, s'espacent les
établissements de comme.rce (magasins, sali-
nes, etc.), lesquels sont séparés par des
champs de pierres R-rtifici'8Hemellts disposées,
*
Le vapeur postal (( Saint-Pierre-et-Miquelon »
appelés graves. C'est sur les graves que les
« graviers », jeunes Bretons de 16 à 18 ans,
font sécher la morue.
Ville de Saint-Pierre
Elle est ramassée sur un étroit espace entre
le littoral et la ligne des collines ou mornes
qui la sùrplombent. On y compte — non com-
pris la banlieue — environ 1.200 maisons, la
plupart bâties en bois, précédées ou suivies
d'un j'ardinet. Les édifices sont rares. L'église,
le palais ' de Justioe, l'hôtel du Gouverneur,
les écoles commruna1es sont à peu près les
seuls qui méritent d'être signalés.
Saint-Pierre est avant tout une ville com-
merçante. Les' magasins y sont nombreux,
quelques-uns de belle apparence. En dehors
du quartier commerçant, les cases habitées
par les pêcheurs sont pauvres et dénuées de
confortable.
Les rues sont larges, et leur largeur s'ex-
plique par la crainte dÈs incendies. La ville a
failli être brûlée trois fois. Elles sont non pa-
vées et non pourvues de trottoirs, en sorte que
le sol s'y m-ontre raboteux et bosselé, -par en-
droits, d'aspérités rocheuses.
D'ailleurs, l'aspect de Saint-Pierre varie sui-
vant qu'on l'envisage pendant la belle ou la
mauvaise saison. En hiver. c'est un gros tas
de neige ; celle-ci nivelle tout sous une cou-
che uniforme. Les amas - de neige sont parfois
si considérables que, pour se 'frayer un che-
min, on est obligé de creuser des tranchées
dans lesquelles on circule comme dans une
ville assiégée.
Quand vient le printemps, la neige fond, et
c'est pendant plusieurs jours un patoui11is-
épouvantable. Puis l,a vie commerciale re-
prend. Les quais présentent une animation
extraordinaire. C'est un échange continuel
entre la mer et la terre.
Malgré l'état rudimentaire de la voirie,
Saint-Pierre s'est donné le luxe des derniers-
perfectionnements modernes. Les rues sont.
éclairées à la lumière électrique et un réseau
téléphonique entremêle ses fils au-dessus du
toit des maisons.
Ajoutons enfin que des travaux importants
de canalisation permettent à là ville d'être
a b o n d a m m e n t
pourvue d'eau. Des
bornes- fontaines
sont placées à tous
les carrefours.
Saint-Pierre a le
train-de vie peu fo-
lâtre .qu'on mène
dans toute petite
ville. Les gens sont
cancaniers, et1 en
vérité, on ne sau-
rait leur en faire un
reproche. Enfermés
dans une île où
l'espace est forcé-
ment circonscrit, ils
sont les uns sur les
autres, comme à
bord d'un bateau.
Faute d'idées géné-
ral,es, les personna-
lités, les travers, les
froissements, sont les sujets communs de la
conversation,. et, quand la. médisance vient
brocher sur le tout, les relations s'en ressen-
tent, et'il y a des brouilles dont la futilité des
causes n'exclut pas la vivacité.
Pendant l'hiver,, c'est le désœuvrement
complet, mais qu'on ne croie pas pour cela
que-chacun se confine au coin de son feu. Il
n2y a pas une petibe ville de province où on
soit plus noctambule qu'à Saint-Pierre^ Mal-
gré la neige, le verglas, on ne voit, le soir,
que des gens emmitouflés et encapuchonnés,
se rendant à quelque rendez-vous. A 10 heu-
res, un tambour ba.t la- retraite, mais ce n'est
pas l'heure du couvre-feu ; il y a toujours des
portes hospitalières qui s'ouvrent clandesti-
nement, pour que la petite fête continue.
Si les plaisirs intellectuels sont rares, la
vulgarité des distractions n'empêche pas que
ces distractions ne soient fort courues. Les
bals, par exemple, se succèdent dans. toutes
les classes de la société, depuis le bal par co-
tisations qui se donne -à l'Hôtel Joinville, jus-
qu'aux bals plus modestes où l'on danse au
son d'un violon ou d'un accordéon, en tapant
du pied pour marquer la mesure. L'aube se
lève qu'on danse encore.
Le patinage procure également un plaisir
à bon marché. Comme les étangs, bien que
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