Titre : La Dépêche coloniale illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-08-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327559237
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 août 1906 31 août 1906
Description : 1906/08/31 (A6,N16). 1906/08/31 (A6,N16).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743178v
Source : CIRAD, 2016-191284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
La Dépêche Coloniale
ILLUSTRÉE
31 Août, 1906 (68 Année) NI 16
Adresse télégraphique : Deponiale-Paris
Code : A Z français
Directeur: J.-PAUL TROUILLET
ureaux :
12, Rue Saint Georges, Paris
Téléphone :. .1'57-47
LA MARTINIQUE
Son. passé — Son présent — Son avenii
par M. Abel LAHILLE
Pharmacien aide-major de ire classe des troupes coloniales. — Ex-interne des hospices civils de Toulouse
INTRODUCTION
CE n'est pas sans une émotion profonde
que l'on songe à la contrée lointaine où
l'on a passé trois ans de l'époque la plus
belle Je l'existence !
Les rapports courtois et cordiaux qui faisaient
du corps de santé bien plus une famille qu'un
c,orps strictement militaire et hiérarchisé, les
relations empreintes de sympathie ou de vive
amitié que j'ai entretenues avec beaucoup de
personnes, sont la source d'autant de souvenirs
précieux et inaltérables !
Je n'ai pu quitter, l'esprit et le cœur vides, un
milieu où j'ai été pour ainsi dire choyé.
Sans prétention aucune, j'ai essayé de traiter
certaines questions d'ordre scientifique, écono-
M. BONHOURE
Gouverneur de la Martinique.
mique ou commercial concernant la Martinique.
Je me suis proposé d'insister — au risque d'en-
courir le reproche de maniaque — sur l'hygiène.
Je ne saurais mieux faire, pour justifier mes
insistances, que reproduire les paroles d'un
ancien ministre des Colonies àl'adresse des gou-
verneurs :
«Il faut. dit M. CLÉMENTEL, vulgariser les
principes d'hygiène, créer des institutions sani-
taires, et consolider celles..qui' existent déjà,
prendre des mesures pour augmenter le -bien-,
être des'sujéts et s'efforcer de 'coiiibattre-la mor-
talité. Il est nécessaire aussi de faire pénétrer
dans l'esprit des populations tout l'intérêt qui
s'attache à l'accroissement de la natalité... »
L'utilité de l'instruction- n'a pas été mécon-
nue.
L'agriculture a fait l'objet du plus long chapi-
tre. C'est dire que je lui accorde une impor-
tance capitale.
Il faudrait établir en sa faveur un courant
d'opinions. Les intelligences et lesénergies qui
se destinent à des fonctions publiques maigre-
ruent rétribuées et paralysatrices de toute grande
qualité devraient être canalisées vers l'agricul-
ture. Carie fonctionnarisme a fait le tour du
monde,, ou tout au moins des colonies françai-
ses ! En 1904, en voyait par exemple à la Marti-
nique 50 aspirants au brevet élémentaire pour
8 admissibilités; en 1905,12 places insignifiantes
de surnuméraire aux contributions indirectes
étaient briguées par 67 candidats, etc.
Les notes, les documents, les impressions
personnelles que je livre à la connaissance du
public sous le titre de « La Martinique » je les
dédie, s'ils veulent me faire l'honneur de les
accepter, à mes chefs, à mes amis et camarades
en témoignage de sincère reconnaissance !
Histoire de la Martinique.
La Martinique fut découverte par CHRISTOPHE
COLOMB, en 1493, le jour de la fête de Saint-
Martin .
L'île était alors habitée par les Caraïbes qui
en avaient chassé les Ygnéris, race primitive et.
autochtone, dontils conservèrent seulement les
femmes. Les Caraïbes ou Galibis appartenaient
très vraisemblablement à la peuplade des
Galibis que l'on voit aujourd'hui dans la
Guyane française. Quoi de plus naturel en effet
que des hommes hardis et habitués à la mer
aient envahi en pirogue les différentes îles éche-
lonnées des petites Antilles ?
Les poteries anciennes trouvées à Saint-
Pierre ou .dans les environs seraient identiques
à celles qui sont en usage chez les Galibis de
la Guyane (1). Les Caraïbes, à en croire le
R.P. LABAT (2)étaient de beaux hommes, indé-
pendants, paresseux même, et anthropophages.
Ils avaient pour habitude dè se badigeonner le
corps avec du rocou délayé dans de l'huile
(Peaux-Rouges).
Leurs armes consistaient surtout en flèches
empoisonnées. De nos jours, il. resterait à la
Dominique un village de Caraïbes, mais de
Caraïbes civilisés ou de race mélangée.
La quiétude de ces possesseurs de l'île fut
seulement menacée dès 1625. A cette époque,
en effet, PIERRE BELAIN, sieur d'EsNAM;BUC, gen-
tilhomme f normand, en. quête d'aventures,
(1) .»D?àbrèi-lès" affirmations 'de M !'Saint-Yves, de Fo'rt-de-
France. :
(2) Histoire des îles d'Amérique habitées par les Fran-
çais.
essuyait un échec avec les Espagnols dans le
golfe du Mexique et s'arrêlait à l'Me Saint-Chris-
tophe,pour réparer les avaries de sa flotte. Emer-
veillé par les richesses naturelles de cette île et
se doutant aisément de celles des îles voisines,
il songea à en faire bénéficier son pays. Il revint,
en France, intéressa par ses récits et provoqua
de la part de RICHELIEU la création d'une « Com-
pagnie des Iles d'Amérique avec privilège d'ex-
ploiter les terres et les mines pendant vingt ans
à charge de tenir ces îles sous l'autorité du roi
et de lui rendre le dixième du produit ».
D'EsNAMBuc revenait à Saint-Christophe -en,
1635 et le 1er septembre de la même année il des-.
cendait. à la Martinique avec des hommes armés,
pour la défense et épuipés pour.un commence-'
ment de colonisation. Il -prit solennellement'
M. ABEL LAHILLE
Pharmacien aide-major de Ire classe des troupes coloniales
possession de l'île au nom de la Compagnie des
Iles d'Amérique.
Lés difficultés qui marquèrent les premiers
temps de la colonisation sous différents gou-
verneurs : JEAN DUPONT, lieutenant d'EsNAMBuc
(1635-1637), DUPARQUET, neveu d'EsNAMBuc
(1637-1658), -etc., furent , on le devine, l'hostilité
des indigènes et l'inexpérience des colonsjointe
aux rigueurs du climat et aux surprises d'une
vie,nouvé,lle.. , ,..
En présence de ce,tte situation, la. Compagnie,
bien qu'elle, eût étendu,ses droits de conquête à
Sainte-Lucie et à Grenade, ne retirant pas de
ILLUSTRÉE
31 Août, 1906 (68 Année) NI 16
Adresse télégraphique : Deponiale-Paris
Code : A Z français
Directeur: J.-PAUL TROUILLET
ureaux :
12, Rue Saint Georges, Paris
Téléphone :. .1'57-47
LA MARTINIQUE
Son. passé — Son présent — Son avenii
par M. Abel LAHILLE
Pharmacien aide-major de ire classe des troupes coloniales. — Ex-interne des hospices civils de Toulouse
INTRODUCTION
CE n'est pas sans une émotion profonde
que l'on songe à la contrée lointaine où
l'on a passé trois ans de l'époque la plus
belle Je l'existence !
Les rapports courtois et cordiaux qui faisaient
du corps de santé bien plus une famille qu'un
c,orps strictement militaire et hiérarchisé, les
relations empreintes de sympathie ou de vive
amitié que j'ai entretenues avec beaucoup de
personnes, sont la source d'autant de souvenirs
précieux et inaltérables !
Je n'ai pu quitter, l'esprit et le cœur vides, un
milieu où j'ai été pour ainsi dire choyé.
Sans prétention aucune, j'ai essayé de traiter
certaines questions d'ordre scientifique, écono-
M. BONHOURE
Gouverneur de la Martinique.
mique ou commercial concernant la Martinique.
Je me suis proposé d'insister — au risque d'en-
courir le reproche de maniaque — sur l'hygiène.
Je ne saurais mieux faire, pour justifier mes
insistances, que reproduire les paroles d'un
ancien ministre des Colonies àl'adresse des gou-
verneurs :
«Il faut. dit M. CLÉMENTEL, vulgariser les
principes d'hygiène, créer des institutions sani-
taires, et consolider celles..qui' existent déjà,
prendre des mesures pour augmenter le -bien-,
être des'sujéts et s'efforcer de 'coiiibattre-la mor-
talité. Il est nécessaire aussi de faire pénétrer
dans l'esprit des populations tout l'intérêt qui
s'attache à l'accroissement de la natalité... »
L'utilité de l'instruction- n'a pas été mécon-
nue.
L'agriculture a fait l'objet du plus long chapi-
tre. C'est dire que je lui accorde une impor-
tance capitale.
Il faudrait établir en sa faveur un courant
d'opinions. Les intelligences et lesénergies qui
se destinent à des fonctions publiques maigre-
ruent rétribuées et paralysatrices de toute grande
qualité devraient être canalisées vers l'agricul-
ture. Carie fonctionnarisme a fait le tour du
monde,, ou tout au moins des colonies françai-
ses ! En 1904, en voyait par exemple à la Marti-
nique 50 aspirants au brevet élémentaire pour
8 admissibilités; en 1905,12 places insignifiantes
de surnuméraire aux contributions indirectes
étaient briguées par 67 candidats, etc.
Les notes, les documents, les impressions
personnelles que je livre à la connaissance du
public sous le titre de « La Martinique » je les
dédie, s'ils veulent me faire l'honneur de les
accepter, à mes chefs, à mes amis et camarades
en témoignage de sincère reconnaissance !
Histoire de la Martinique.
La Martinique fut découverte par CHRISTOPHE
COLOMB, en 1493, le jour de la fête de Saint-
Martin .
L'île était alors habitée par les Caraïbes qui
en avaient chassé les Ygnéris, race primitive et.
autochtone, dontils conservèrent seulement les
femmes. Les Caraïbes ou Galibis appartenaient
très vraisemblablement à la peuplade des
Galibis que l'on voit aujourd'hui dans la
Guyane française. Quoi de plus naturel en effet
que des hommes hardis et habitués à la mer
aient envahi en pirogue les différentes îles éche-
lonnées des petites Antilles ?
Les poteries anciennes trouvées à Saint-
Pierre ou .dans les environs seraient identiques
à celles qui sont en usage chez les Galibis de
la Guyane (1). Les Caraïbes, à en croire le
R.P. LABAT (2)étaient de beaux hommes, indé-
pendants, paresseux même, et anthropophages.
Ils avaient pour habitude dè se badigeonner le
corps avec du rocou délayé dans de l'huile
(Peaux-Rouges).
Leurs armes consistaient surtout en flèches
empoisonnées. De nos jours, il. resterait à la
Dominique un village de Caraïbes, mais de
Caraïbes civilisés ou de race mélangée.
La quiétude de ces possesseurs de l'île fut
seulement menacée dès 1625. A cette époque,
en effet, PIERRE BELAIN, sieur d'EsNAM;BUC, gen-
tilhomme f normand, en. quête d'aventures,
(1) .»D?àbrèi-lès" affirmations 'de M !'Saint-Yves, de Fo'rt-de-
France. :
(2) Histoire des îles d'Amérique habitées par les Fran-
çais.
essuyait un échec avec les Espagnols dans le
golfe du Mexique et s'arrêlait à l'Me Saint-Chris-
tophe,pour réparer les avaries de sa flotte. Emer-
veillé par les richesses naturelles de cette île et
se doutant aisément de celles des îles voisines,
il songea à en faire bénéficier son pays. Il revint,
en France, intéressa par ses récits et provoqua
de la part de RICHELIEU la création d'une « Com-
pagnie des Iles d'Amérique avec privilège d'ex-
ploiter les terres et les mines pendant vingt ans
à charge de tenir ces îles sous l'autorité du roi
et de lui rendre le dixième du produit ».
D'EsNAMBuc revenait à Saint-Christophe -en,
1635 et le 1er septembre de la même année il des-.
cendait. à la Martinique avec des hommes armés,
pour la défense et épuipés pour.un commence-'
ment de colonisation. Il -prit solennellement'
M. ABEL LAHILLE
Pharmacien aide-major de Ire classe des troupes coloniales
possession de l'île au nom de la Compagnie des
Iles d'Amérique.
Lés difficultés qui marquèrent les premiers
temps de la colonisation sous différents gou-
verneurs : JEAN DUPONT, lieutenant d'EsNAMBuc
(1635-1637), DUPARQUET, neveu d'EsNAMBuc
(1637-1658), -etc., furent , on le devine, l'hostilité
des indigènes et l'inexpérience des colonsjointe
aux rigueurs du climat et aux surprises d'une
vie,nouvé,lle.. , ,..
En présence de ce,tte situation, la. Compagnie,
bien qu'elle, eût étendu,ses droits de conquête à
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