Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-01-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1929 01 janvier 1929
Description : 1929/01/01-1929/01/31. 1929/01/01-1929/01/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743138b
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
MiWIEH 1029
Les Annales Coloniales
REVUE MENSUELLE ILLUSTRÉE
Téléphone LOUVRE 19-37
EICHELIEU 87-64
Directeurs :
Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
RÉDACTION et ADMINISTRATION :
34. Rue du Monl-Thabor, PAR
L"Inauguration du Chemin de fer
de Casablanca à - Marrakë<çhtf
IMPRESSIONS ET RÉFLEXIONS
7 novembre 1928, date importante dans
l'histoire de l'Afrique du Nord ; la Compagnie
des Chemins de Fer Marocains achève la pre-
mière partie de son programme : Marrakech la
mystérieuse n'est plus qu'à sept heures de Ca-
sablanca. De la fenêtre de notre wagon nous
apercevons. d'instants en instants, parmi les
ondulations rougeâtres d u
plateau, la large route où
glissent les automobiles, la
locomotive essouflée de la
voie de 0,60, la piste où
s'échelonnent comme autre-
fois les bourricots surchargés
et les chameaux mélancoli-
ques. Nous sommes au pays
des brusques progrès ; tout
le passé proche et lointain
défile sous nos yeux.
Mais le présent, surtout,
nous retient. Casablanca,
que nous quittons, nous a
laissés sous la surprise de
son prodigieux essor. Extra-
ordinaire croissance d'une
ville où montent en hâte les
immeubles dans les avenues
à peine tracées. Magnifique
réussite de l'audace fran-
çalse.
Il y a vingt ans, il n'y
avait là qu'une médiocre
cité indigène, la medina aux
ruelles étroites enserrées de
hautes murailles. La rade,
redoutée des marins, était
surtout célèbre par la barre
qui en rendait 1 accès hasar.
deux ; les rares navires qui la visitaient jetaient
1 ancre à deux kilomètres de la côte, prêts à re-
prendre hâtivement le large en cas de gros
temps. Nous avons visité la petite cagna où
Drude avait établi, en 1907, son poste de com-
mandement ; les cavaliers berbères, fanatisés,
se ruaient jusque sur la plage. M. Clemenceau
était président du conseil. Aucun de nos chefs
de gouvernement ne fut plus hostile aux expé-
ditions coloniales. On attendait l'occasion de
repartir après un succès qui sauvât l'honneur.
Mais il y a en histoire des forces qui dominent
la volonté des hommes. Bien au delà du petit
gourbi du général, la ville neuve étale aujour-
d'hui la splendeur de ses jardins et de ses ave-
nues. La rade, la triste
rade au mauvais renom
a fait place à un vaste
port bien outil lé, où une
jetée de plus de deux
kilomètres protège un
bassin de 150 ha, avec
des fonds de 7 mètres
et davantage. Les navi-
res affluent de tous les
points du monde. On
embarque annuellement
plus d'un million de
tonnes, sans compter les
phosphates, qui ont leur
quai spécial, où 1.200
mille tonnes furent char-
gées l'an dernier. Casa-
blanca est aujourd'hui
1 un des grands ports
africains, l'un des
-grands ports français.
Les Indigènes attendent les Invités sur la route de Kasbah-Goundafa
Photo Flandrin (Casablanca).
El Glaoui et son oncle Si HamotA
au col de Telouet (Atlas)
Photo Flandrin (Casablanca).
Mais nous approchons de Marrakech.
Par ce bel après-midi d'automne marocain,
comme d'un été de France, le spectacle est
féerique : par delà les orangers et les palmiers
qui font, au pied des coteaux arides, une
grande île de verdure dominée par la haute
silhouette de la Koutoubia, les sommets nei-
geux du grand Atlas s'étagent dans la lumière.
Tout à l'heure, en traversant les Djebilet,
le marquis de Segonzac, savant compagnon au-
quel le Maroc a dit tous ses secrets, toute son
histoire, toutes les légendes
de ses tribus et de ses races,
nous a montré, non sans
émotion, ce marabout de Sidi
bou Othman auprès duque l
Mangin culbuta, en 1912.
les hordes d'El Hiba. Sei-
ze ans !... Quand nous en-
trerons dans la grande ville,
dans un instant, tout un peu-
ple joyeux se rangera sur no-
tre passage, les cavaliers
dressés sur leurs étriers, les
femmes présentant leurs
poupées, leurs écharpes mul-
ticolores, et poussant leurs
youyous stridents, les musi-
ciens accompagnant de leurs
tambourins leurs chants mo-
notones ; et nous aimerons
ce geste gracieux et digne du
salut marocain, le bras levé,
la main largement ouverte ;
salut du bon accueil, de
l'amitié confiante : la paix
française !... Demain nous
irons flaner parmi la foule.
sur la place Djemaa el Fna.
autour des conteurs intaris-
sables, des sorciers char-
meurs de serpents, des dan-
seurs chleus, des marchands accroupis devant
leur éventaire de dattes et de grenades ; nous
Fêtes indigènes au col de Telouet
en l'honneur des invités du train d'inauguration
Photo Flandrin (Casablanca).
Les Annales Coloniales
REVUE MENSUELLE ILLUSTRÉE
Téléphone LOUVRE 19-37
EICHELIEU 87-64
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34. Rue du Monl-Thabor, PAR
L"Inauguration du Chemin de fer
de Casablanca à - Marrakë<çhtf
IMPRESSIONS ET RÉFLEXIONS
7 novembre 1928, date importante dans
l'histoire de l'Afrique du Nord ; la Compagnie
des Chemins de Fer Marocains achève la pre-
mière partie de son programme : Marrakech la
mystérieuse n'est plus qu'à sept heures de Ca-
sablanca. De la fenêtre de notre wagon nous
apercevons. d'instants en instants, parmi les
ondulations rougeâtres d u
plateau, la large route où
glissent les automobiles, la
locomotive essouflée de la
voie de 0,60, la piste où
s'échelonnent comme autre-
fois les bourricots surchargés
et les chameaux mélancoli-
ques. Nous sommes au pays
des brusques progrès ; tout
le passé proche et lointain
défile sous nos yeux.
Mais le présent, surtout,
nous retient. Casablanca,
que nous quittons, nous a
laissés sous la surprise de
son prodigieux essor. Extra-
ordinaire croissance d'une
ville où montent en hâte les
immeubles dans les avenues
à peine tracées. Magnifique
réussite de l'audace fran-
çalse.
Il y a vingt ans, il n'y
avait là qu'une médiocre
cité indigène, la medina aux
ruelles étroites enserrées de
hautes murailles. La rade,
redoutée des marins, était
surtout célèbre par la barre
qui en rendait 1 accès hasar.
deux ; les rares navires qui la visitaient jetaient
1 ancre à deux kilomètres de la côte, prêts à re-
prendre hâtivement le large en cas de gros
temps. Nous avons visité la petite cagna où
Drude avait établi, en 1907, son poste de com-
mandement ; les cavaliers berbères, fanatisés,
se ruaient jusque sur la plage. M. Clemenceau
était président du conseil. Aucun de nos chefs
de gouvernement ne fut plus hostile aux expé-
ditions coloniales. On attendait l'occasion de
repartir après un succès qui sauvât l'honneur.
Mais il y a en histoire des forces qui dominent
la volonté des hommes. Bien au delà du petit
gourbi du général, la ville neuve étale aujour-
d'hui la splendeur de ses jardins et de ses ave-
nues. La rade, la triste
rade au mauvais renom
a fait place à un vaste
port bien outil lé, où une
jetée de plus de deux
kilomètres protège un
bassin de 150 ha, avec
des fonds de 7 mètres
et davantage. Les navi-
res affluent de tous les
points du monde. On
embarque annuellement
plus d'un million de
tonnes, sans compter les
phosphates, qui ont leur
quai spécial, où 1.200
mille tonnes furent char-
gées l'an dernier. Casa-
blanca est aujourd'hui
1 un des grands ports
africains, l'un des
-grands ports français.
Les Indigènes attendent les Invités sur la route de Kasbah-Goundafa
Photo Flandrin (Casablanca).
El Glaoui et son oncle Si HamotA
au col de Telouet (Atlas)
Photo Flandrin (Casablanca).
Mais nous approchons de Marrakech.
Par ce bel après-midi d'automne marocain,
comme d'un été de France, le spectacle est
féerique : par delà les orangers et les palmiers
qui font, au pied des coteaux arides, une
grande île de verdure dominée par la haute
silhouette de la Koutoubia, les sommets nei-
geux du grand Atlas s'étagent dans la lumière.
Tout à l'heure, en traversant les Djebilet,
le marquis de Segonzac, savant compagnon au-
quel le Maroc a dit tous ses secrets, toute son
histoire, toutes les légendes
de ses tribus et de ses races,
nous a montré, non sans
émotion, ce marabout de Sidi
bou Othman auprès duque l
Mangin culbuta, en 1912.
les hordes d'El Hiba. Sei-
ze ans !... Quand nous en-
trerons dans la grande ville,
dans un instant, tout un peu-
ple joyeux se rangera sur no-
tre passage, les cavaliers
dressés sur leurs étriers, les
femmes présentant leurs
poupées, leurs écharpes mul-
ticolores, et poussant leurs
youyous stridents, les musi-
ciens accompagnant de leurs
tambourins leurs chants mo-
notones ; et nous aimerons
ce geste gracieux et digne du
salut marocain, le bras levé,
la main largement ouverte ;
salut du bon accueil, de
l'amitié confiante : la paix
française !... Demain nous
irons flaner parmi la foule.
sur la place Djemaa el Fna.
autour des conteurs intaris-
sables, des sorciers char-
meurs de serpents, des dan-
seurs chleus, des marchands accroupis devant
leur éventaire de dattes et de grenades ; nous
Fêtes indigènes au col de Telouet
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