Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-02-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 février 1929 01 février 1929
Description : 1929/02/01-1929/02/28. 1929/02/01-1929/02/28.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743137x
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Taye G
Les Annales Coloniales
L'exemple a été rapidement suivi : 14 villa-
ges nouveaux sont construits. Bien mieux,
en juin 1927, un canton entier comprenant
20.000 âmes a demandé l'autorisation d'émis
grer dans les mêmes conditions.
Les conséquences de cette mesure ne se
sont pas fait attendre. Accroissement de la
production et, par suite, du pouvoir de con-
sommation, meilleure hygiène, accroissement
de la population.
La mise en valeur par l'habitant
Le Togo doit être ainsi rangé dans la ca-
tégorie des pays tropicaux, dits d'exploita-
tion, par opposition aux colonies de peuple-
ment où l'Européen s'installe et fait souche.
L'Administration, consciente de cette si-
tuation, s'est donc proposé pour but, en l'ab-
sence d'une colonisation européenne impos-
sible, la mise en valeur du pays par ses ha-
bitants eux-mêmes.
Tout d'abord, des plantations et des pépi-
nières administratives ont. été créées de tous
côtés dans le but de fournir des plants ou
des graines aux indigènes. Il a pu être dis-
tribué, en 1926, 150.000 pieds de caféiers et
100.000 pieds de cacaoyers, sans parler de
plusieurs centaines de milliers de kapokiers
dans le Haut-Togo.
Durant la même année, les distributions
de graines de coton ont atteint le chiffre de
826 tonnes pour l'ensemble du territoire. Les
indigènes montrent un empressement géné-
ral à venir aux postes chercher graines et
plants.
En outre, le Commissaire de la Républi-
que a jugé indispensable à la réalisation du
programme projeté d'adjoindre aux adminis-
trateurs, trop souvent absorbés par leur fonc-
tion administrative, un personnel spécialisé
en matière d'agriculture. Un service d'agri-
culture a été ainsi créé en 1923. Un cadre de
moniteurs agricoles, auxiliaires et élèves des
agents européens, a été d'autre part institué.
Deux importantes stations agricoles ont
été rapidement aménagées par les soins du
Service d'Agriculture, l'une à Nuatja, dans
le cercle d'Atakpamé, l'autre à Tové, près
de Palimé.
La station de Nuatja, spécialisée dans la
sélection du coton,voit maintenant ses efforts
aboutir à la pleine réalisation du but qui lui
était assigné. Les opérations de sélection, en-
treprises depuis quatre ans sur le Gossyfium
BarbacLense, ont en effet donné des résultats
particulièrement appréciables et cette station
a produit cette année une quantité suffisante
de cette variété pour en distribuer dans toute
la subdivision de Nuatja.
A la station de Tové, située dans une des
régions du Togo les plus riches et les plus
favorables au. développement du cacaoyer et
du caféier, ont été fixés deux objectifs princi-
paux qui sont la distribution de plants sélec-
tionnés et la formation de moniteurs agri-
coles. Les pépinières de cacaoyers et ca-
Roi Cabré et sa suite
féiers, en constant accroissement, lui permet-
tent de délivrer chaque année un nombre
considérable de plants. Son école de moni-
teurs a fourni cette année sept nouveaux
agents.
Quelques chiffres montreront, du reste, les
progrès réalisés depuis 1922.
1922 J926 1927
kilos kilos kilos
Cacao 3-5°5-349 5.225.889 6.314.000
Café 400 3.346 500
Amandes
de Palme 6.16S.650 9.952.280 9.35°.000
Huile de
Palme... 950.719 2.622.100 2.080.000
Coprah.... 740.339 879.863 1.513.000
Coton égr. 678.622 1.230.910 1.661.000
Kapok néant 23-395 79.000
Les résultats acquis sont encourageants ; 11
est apparu cependant, au cours de l'année
qui s'achève, qu'il était dans le pouvoir de
l'administration d'accentuer l'essor qui se
dessine en créant elle-même de grandes en-
treprises agricoles.
A Lomé, une cocoteraie dont la superficie
atteindra 300 hectares est déjà entamée. Dans
le cercle de Sokodé où un immense emplace-
ment a été délimité pour y recevoir une plan-
tation et une ferme-école, et où 340 hectares
sont plantés, les bâtiments de l'école sont en
construction et 6.000 jeunes kapokiers sont
maintenant en terre. Dans le cercle de Lomé,
une plantation de palmiers à huile s'éten-
Nord-Togo. — Cotocoli.
dra sur 1.000 hectares dont 150 hectares sont
débroussés.
Ce ne sont pas là, d'ailleurs, et l'on doit
y insister, des entreprises d'Etat susceptibles
de se substituer à des initiatives privées. On
compte bien au contraire que, dans quelques
années, des pàrticuliers instruits par l'expé-
rience de l'administration n'hésiteront pas à
imiter son exemple et à fonder des exploita-
tions agricoles.
Le régime foncier
Mais la mise en valeur d'un territoire sup-
pose un régime foncier judicieusement
adapté. Or, l'Afrique française vit sous le ré-
gime de la propriété collective. Le droit cou-
tumier accorde la propriété, tantôt au chef,
tantôt réserve celle-ci à la famille au sens
large du mot.
Pourtant, une tendance très nette se mani-
feste vers la propriété individuelle, plus par-
ticulièrement dans le sud. La législation lo-
cale se montre avant tout soucieuse de res-
pecter les coutumes locales ; cependant, pour
faciliter l'évolution du régime des terres pa-
rallèlement à l'évolution de la société indi-
gène, l'immatriculation, d'ailleurs faculta-
tive, a été introduite dès 1922. Mais le systè-
me de l'immatriculation rebute les indigènes
à cause même de sa procédure complexe et
coûteuse, aussi a-t-il été complété par le dé-
cret du 24 août 1926 qui institue un mode de
constatation des droits fonciers indigènes.
Le commerce
La prospérité agricole du Territoire a tout
naturellement entraîné une forte hausse du
mouvement commercial : ce dernier, qui at-
teignait le chiffre de 27.350.546 francs avec
25.700 tonnes en 1922, s'est élevé en 1926 à
178.425.000 francs et 53.600 tonnes, en 1927 à
185 millions et 59.000 tonnes, soit en tonnage
une augmentation de plus de 140 % en cinq
ans. A titre de comparaison, le commerce
général s'était élevé en 1912, sous le régime
allemand, à 21.386.734 marks, pour le Terri-
toire tout entier dont actuellement plus du
tiers nous échappe et a été rattaché à la
Gold-Coast.
Dans le domaine commercial, comme en
matière agricole, l'administration s'est effor-
cée d'encourager l'activité économique du
Territoire, par exemple par les détaxes doua-
nières ou partielles accordées aux différents
produits du Togo à l'entrée en France, tels
le cacao, le café qui bénéficient de détaxes
partielles, le coton égrené, les graines de co-
ton, les palmistes qui jouissent de la détaxe
totale.
Le port de Lomé bénéficie d'autre part, de-
puis 1924, du régime de l'entrepôt fictif qui
évite aux maisons de commerce l'immobili-
sation de capitaux représentant le montant
des droits de douane.
La Chambre de Commerce enfin, organisée
Les Annales Coloniales
L'exemple a été rapidement suivi : 14 villa-
ges nouveaux sont construits. Bien mieux,
en juin 1927, un canton entier comprenant
20.000 âmes a demandé l'autorisation d'émis
grer dans les mêmes conditions.
Les conséquences de cette mesure ne se
sont pas fait attendre. Accroissement de la
production et, par suite, du pouvoir de con-
sommation, meilleure hygiène, accroissement
de la population.
La mise en valeur par l'habitant
Le Togo doit être ainsi rangé dans la ca-
tégorie des pays tropicaux, dits d'exploita-
tion, par opposition aux colonies de peuple-
ment où l'Européen s'installe et fait souche.
L'Administration, consciente de cette si-
tuation, s'est donc proposé pour but, en l'ab-
sence d'une colonisation européenne impos-
sible, la mise en valeur du pays par ses ha-
bitants eux-mêmes.
Tout d'abord, des plantations et des pépi-
nières administratives ont. été créées de tous
côtés dans le but de fournir des plants ou
des graines aux indigènes. Il a pu être dis-
tribué, en 1926, 150.000 pieds de caféiers et
100.000 pieds de cacaoyers, sans parler de
plusieurs centaines de milliers de kapokiers
dans le Haut-Togo.
Durant la même année, les distributions
de graines de coton ont atteint le chiffre de
826 tonnes pour l'ensemble du territoire. Les
indigènes montrent un empressement géné-
ral à venir aux postes chercher graines et
plants.
En outre, le Commissaire de la Républi-
que a jugé indispensable à la réalisation du
programme projeté d'adjoindre aux adminis-
trateurs, trop souvent absorbés par leur fonc-
tion administrative, un personnel spécialisé
en matière d'agriculture. Un service d'agri-
culture a été ainsi créé en 1923. Un cadre de
moniteurs agricoles, auxiliaires et élèves des
agents européens, a été d'autre part institué.
Deux importantes stations agricoles ont
été rapidement aménagées par les soins du
Service d'Agriculture, l'une à Nuatja, dans
le cercle d'Atakpamé, l'autre à Tové, près
de Palimé.
La station de Nuatja, spécialisée dans la
sélection du coton,voit maintenant ses efforts
aboutir à la pleine réalisation du but qui lui
était assigné. Les opérations de sélection, en-
treprises depuis quatre ans sur le Gossyfium
BarbacLense, ont en effet donné des résultats
particulièrement appréciables et cette station
a produit cette année une quantité suffisante
de cette variété pour en distribuer dans toute
la subdivision de Nuatja.
A la station de Tové, située dans une des
régions du Togo les plus riches et les plus
favorables au. développement du cacaoyer et
du caféier, ont été fixés deux objectifs princi-
paux qui sont la distribution de plants sélec-
tionnés et la formation de moniteurs agri-
coles. Les pépinières de cacaoyers et ca-
Roi Cabré et sa suite
féiers, en constant accroissement, lui permet-
tent de délivrer chaque année un nombre
considérable de plants. Son école de moni-
teurs a fourni cette année sept nouveaux
agents.
Quelques chiffres montreront, du reste, les
progrès réalisés depuis 1922.
1922 J926 1927
kilos kilos kilos
Cacao 3-5°5-349 5.225.889 6.314.000
Café 400 3.346 500
Amandes
de Palme 6.16S.650 9.952.280 9.35°.000
Huile de
Palme... 950.719 2.622.100 2.080.000
Coprah.... 740.339 879.863 1.513.000
Coton égr. 678.622 1.230.910 1.661.000
Kapok néant 23-395 79.000
Les résultats acquis sont encourageants ; 11
est apparu cependant, au cours de l'année
qui s'achève, qu'il était dans le pouvoir de
l'administration d'accentuer l'essor qui se
dessine en créant elle-même de grandes en-
treprises agricoles.
A Lomé, une cocoteraie dont la superficie
atteindra 300 hectares est déjà entamée. Dans
le cercle de Sokodé où un immense emplace-
ment a été délimité pour y recevoir une plan-
tation et une ferme-école, et où 340 hectares
sont plantés, les bâtiments de l'école sont en
construction et 6.000 jeunes kapokiers sont
maintenant en terre. Dans le cercle de Lomé,
une plantation de palmiers à huile s'éten-
Nord-Togo. — Cotocoli.
dra sur 1.000 hectares dont 150 hectares sont
débroussés.
Ce ne sont pas là, d'ailleurs, et l'on doit
y insister, des entreprises d'Etat susceptibles
de se substituer à des initiatives privées. On
compte bien au contraire que, dans quelques
années, des pàrticuliers instruits par l'expé-
rience de l'administration n'hésiteront pas à
imiter son exemple et à fonder des exploita-
tions agricoles.
Le régime foncier
Mais la mise en valeur d'un territoire sup-
pose un régime foncier judicieusement
adapté. Or, l'Afrique française vit sous le ré-
gime de la propriété collective. Le droit cou-
tumier accorde la propriété, tantôt au chef,
tantôt réserve celle-ci à la famille au sens
large du mot.
Pourtant, une tendance très nette se mani-
feste vers la propriété individuelle, plus par-
ticulièrement dans le sud. La législation lo-
cale se montre avant tout soucieuse de res-
pecter les coutumes locales ; cependant, pour
faciliter l'évolution du régime des terres pa-
rallèlement à l'évolution de la société indi-
gène, l'immatriculation, d'ailleurs faculta-
tive, a été introduite dès 1922. Mais le systè-
me de l'immatriculation rebute les indigènes
à cause même de sa procédure complexe et
coûteuse, aussi a-t-il été complété par le dé-
cret du 24 août 1926 qui institue un mode de
constatation des droits fonciers indigènes.
Le commerce
La prospérité agricole du Territoire a tout
naturellement entraîné une forte hausse du
mouvement commercial : ce dernier, qui at-
teignait le chiffre de 27.350.546 francs avec
25.700 tonnes en 1922, s'est élevé en 1926 à
178.425.000 francs et 53.600 tonnes, en 1927 à
185 millions et 59.000 tonnes, soit en tonnage
une augmentation de plus de 140 % en cinq
ans. A titre de comparaison, le commerce
général s'était élevé en 1912, sous le régime
allemand, à 21.386.734 marks, pour le Terri-
toire tout entier dont actuellement plus du
tiers nous échappe et a été rattaché à la
Gold-Coast.
Dans le domaine commercial, comme en
matière agricole, l'administration s'est effor-
cée d'encourager l'activité économique du
Territoire, par exemple par les détaxes doua-
nières ou partielles accordées aux différents
produits du Togo à l'entrée en France, tels
le cacao, le café qui bénéficient de détaxes
partielles, le coton égrené, les graines de co-
ton, les palmistes qui jouissent de la détaxe
totale.
Le port de Lomé bénéficie d'autre part, de-
puis 1924, du régime de l'entrepôt fictif qui
évite aux maisons de commerce l'immobili-
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