Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-02-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 février 1929 01 février 1929
Description : 1929/02/01-1929/02/28. 1929/02/01-1929/02/28.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743137x
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Page 16
Les Annales Coloniales
En Afrique, l'arsenic est vainqueur
Elle s'éloigne de plus en plus de nous,
l'époque chère aux feuilletonistes sentimen-
taux et même à d'illustres auteurs : témoin
le suicide de Mme Bovary, où l'arsenic était
cette poudre blanche, si toxique qu'à peine
osait-on la toucher, serrée avec soin, dans
le « capharnaüm » de M. Homais. Terrible
« poudre à successions », dont le plus clair
emploi était celui de « mort aux rats ».
L'arsenic s'est humanisé depuis Armand
Gautier qui l'introduisit sous forme de caco-
dylate dans le traitement des états pré-tuber-
culeux. Mais elle est terne, l'histoire des ca-
codylates, quand on la compare à celle de
l'anilarsinate de sodium. Ce corps, décou-
vert en France par Béchamp, défini chimi-
quement par E. Fourneau, annexé par l'Al-
lemagne sous le nom d'Atoxyl, est connu en
France sous celui de Trypoxyl. C'est avec
l'apparition de l'anilarsinate de sodium que
s'ouvre l'ère si féconde en résultats, de la
thérapeutique chimique des affections à pro-
tozoaires. Les syphilitiques furent les pre-
miers à bénéficier de son efficacité. Sur le
terrain spécial de la syphilis, l'anilarsinate
de sodium fut rapidement dépassé. Par con-
tre, dans le traitement des maladies à try-
panosomes, il reste longtemps au premier
plan. Encore aujourd'hui, il continue à ren-
dre de signalés services, soit dans la maladie
humaine, soit dans les maladies des animaux
domestiques.
Avec l'anilarsinate de sodium, il est prou-
vé que la maladie du sommeil peut être vic-
torieusement combattue. Aujourd'hui, nous
pouvons affirmer que la disparition de ce
fléau est seulement une question de temps,
d'organisation, de budget. L'organisation qui
consiste, en bref, à dépister tous les trypa-
nosomés, elle existe déjà. Missions françaises
du Cameroun, missions belges du Congo,
missions portugaises du Mozambique, con-
courent vers ce but : soumettre les indi-
gènes à un examen régulier et les traiter dès
qu'ils sont reconnus porteurs de germes.
Sans doute, le plus sûr moyen de supprimer
la maladie du sommeil serait peut-être
l'anéantissement des mouches (Glossina pal-
palis et Glossina morsitans), qui transportent
les trypanosomes et les
inoculent à l'homme. Mais
quoi, on ne va pas incen-
dier la forêt tropicale, ni
assécher les fleuves pour
assurer l'éviction des gîtes
à glossines et les glossines
elles-mêmes. Tout au plus.
peut-on débroussailler
quelques kilomètres carrés
autour des camps de tra-
vailleurs. Il faut donc se
résoudre à une thérapeu-
tique curative, jusqu'au
jour, qui n'est peut-être
pas très éloigné, où la thé-
rapeutique préventive, chi-
mique, aura le succès as-
suré. En attendant, il faut
agir avec les moyens dont on dispose.
Il y a quelques années, Miss Pearce, Mr
Brown, travaillant à l'Institut Rockefeller,
ont fait connaître l'action trypanocide d'un
dérivé de l'anilarsinate de sodium. Ce com-
posé qui est le sel sodique de l'acide phényl-
glycinamide arsinique a été baptisé du nom
de Tryparsamide par les Américains.
Le produit de l'Institut Rockefeller fut
d'abord expérimenté en 1922 à l'Institut de
Brazzaville par MM. Ouzilleau et Lefrou.
Ces premières tentatives ne furent pas pour-
suivies, faute de Tryparsamide. Deux ans
après, en 1924, Miss Pearce, les DrB Van den
Branden et Van Hoof, expérimentent le nou-
vel arsenic organique au Congo Belge. De
leur côté, MM. Letonturier, De Marqueissac
et Jamot, conduisent la même expérimenta-
tion au Cameroun. De ces premiers travaux
il ressort que l'action stérilisante du médica-
Un aspect des gites de « GLOSSINA PALPALIS » au bord du lac Victoria : forêts
épaisses arrivant jusqu'à l'eau ou séparées du lac par une rangée de papyrus que l'on
- voit entre les arbres et l'eau ...
ment est nette sur 100 % des sommeilleux
traités en première période par le Dr Van
den Branden. En 1926, le Dr Laigret publie
le résultat de 95 observations presque toutes
relatives à des sommeilleux en seconde pé-
VARAN, grand lézard africain sur lequel
se nourrit la « Clossina palpalis » et qui sert peut-être
de réservoir au virus de la maladie du sommeil
riode. Pour ces malades, la guérison n'est
déjà plus possible avec le seul Trypoxyl. De
ses recherches, le Dr Laigret conclut que la
Tryparsamide est le médicament de choix
de la trypanosomiase humaine. Depuis 1926,
des campagnes contre la maladie du som-
meil poursuivies au Congo Belge, au Came-
roun, dans l'Ouganda, ont confirmé l'asser-
tion du Dr Laigret. C'est maintenant par
milliers et milliers que des trypanosés ont
été injectés. C'est par milliers et milliers que
des trypanosés ont été sauvés.
La Tryparsamide restera-t-elle le médica-
ment de 1 *avenir? A cette question il est ac-
tuellement impossible de répondre. Il va sans
dire que les chimistes ne tiennent pas pour
définitifs les travaux de l'Institut Rockefel-
ler. La chimiothérapie a devant elle, sur ce
domaine, comme sur tant d'autres, un bel
avenir. IsTul doute que nous verrons mieux
que la Tryparsamide. Mais d'ores et déjà,
on peut à nouveau prétendre, devant les beaux
résultats obtenus par nos médecins coloniaux,
que la ;disparition de la maladie du sommeil
est une question de temps relativement court.
Sans avoir jamais cessé d'être utilisé,
sous diverses formes, l'arsenic a connu en
thérapeutique des fortunes variées, comme
l'écrit justement le Professeur Marchoux.
Est-il actuellement, avec la Tryparsamide,
a l'apogée de sa gloire ? Peut-être !... Toutes
réserves faites sur ce que nous donnera l'ave-
nir, on peut dire qu'aucun métal ne compte
à son actif tant de brillants succès thérapeu-
tiques. L'arsenic a détrôné le mercure dans
le traitement de la syphilis. Il est en passe
de s'imposer pour la thérapeutique de toutes
les maladies à protozoaires : paludisme,
fièvre récurrente, pian.
Oui, vraiment, en Afrique, le grand vain-
queur, c'est l'arsenic. -
C.-R. Douef.
Les Annales Coloniales
En Afrique, l'arsenic est vainqueur
Elle s'éloigne de plus en plus de nous,
l'époque chère aux feuilletonistes sentimen-
taux et même à d'illustres auteurs : témoin
le suicide de Mme Bovary, où l'arsenic était
cette poudre blanche, si toxique qu'à peine
osait-on la toucher, serrée avec soin, dans
le « capharnaüm » de M. Homais. Terrible
« poudre à successions », dont le plus clair
emploi était celui de « mort aux rats ».
L'arsenic s'est humanisé depuis Armand
Gautier qui l'introduisit sous forme de caco-
dylate dans le traitement des états pré-tuber-
culeux. Mais elle est terne, l'histoire des ca-
codylates, quand on la compare à celle de
l'anilarsinate de sodium. Ce corps, décou-
vert en France par Béchamp, défini chimi-
quement par E. Fourneau, annexé par l'Al-
lemagne sous le nom d'Atoxyl, est connu en
France sous celui de Trypoxyl. C'est avec
l'apparition de l'anilarsinate de sodium que
s'ouvre l'ère si féconde en résultats, de la
thérapeutique chimique des affections à pro-
tozoaires. Les syphilitiques furent les pre-
miers à bénéficier de son efficacité. Sur le
terrain spécial de la syphilis, l'anilarsinate
de sodium fut rapidement dépassé. Par con-
tre, dans le traitement des maladies à try-
panosomes, il reste longtemps au premier
plan. Encore aujourd'hui, il continue à ren-
dre de signalés services, soit dans la maladie
humaine, soit dans les maladies des animaux
domestiques.
Avec l'anilarsinate de sodium, il est prou-
vé que la maladie du sommeil peut être vic-
torieusement combattue. Aujourd'hui, nous
pouvons affirmer que la disparition de ce
fléau est seulement une question de temps,
d'organisation, de budget. L'organisation qui
consiste, en bref, à dépister tous les trypa-
nosomés, elle existe déjà. Missions françaises
du Cameroun, missions belges du Congo,
missions portugaises du Mozambique, con-
courent vers ce but : soumettre les indi-
gènes à un examen régulier et les traiter dès
qu'ils sont reconnus porteurs de germes.
Sans doute, le plus sûr moyen de supprimer
la maladie du sommeil serait peut-être
l'anéantissement des mouches (Glossina pal-
palis et Glossina morsitans), qui transportent
les trypanosomes et les
inoculent à l'homme. Mais
quoi, on ne va pas incen-
dier la forêt tropicale, ni
assécher les fleuves pour
assurer l'éviction des gîtes
à glossines et les glossines
elles-mêmes. Tout au plus.
peut-on débroussailler
quelques kilomètres carrés
autour des camps de tra-
vailleurs. Il faut donc se
résoudre à une thérapeu-
tique curative, jusqu'au
jour, qui n'est peut-être
pas très éloigné, où la thé-
rapeutique préventive, chi-
mique, aura le succès as-
suré. En attendant, il faut
agir avec les moyens dont on dispose.
Il y a quelques années, Miss Pearce, Mr
Brown, travaillant à l'Institut Rockefeller,
ont fait connaître l'action trypanocide d'un
dérivé de l'anilarsinate de sodium. Ce com-
posé qui est le sel sodique de l'acide phényl-
glycinamide arsinique a été baptisé du nom
de Tryparsamide par les Américains.
Le produit de l'Institut Rockefeller fut
d'abord expérimenté en 1922 à l'Institut de
Brazzaville par MM. Ouzilleau et Lefrou.
Ces premières tentatives ne furent pas pour-
suivies, faute de Tryparsamide. Deux ans
après, en 1924, Miss Pearce, les DrB Van den
Branden et Van Hoof, expérimentent le nou-
vel arsenic organique au Congo Belge. De
leur côté, MM. Letonturier, De Marqueissac
et Jamot, conduisent la même expérimenta-
tion au Cameroun. De ces premiers travaux
il ressort que l'action stérilisante du médica-
Un aspect des gites de « GLOSSINA PALPALIS » au bord du lac Victoria : forêts
épaisses arrivant jusqu'à l'eau ou séparées du lac par une rangée de papyrus que l'on
- voit entre les arbres et l'eau ...
ment est nette sur 100 % des sommeilleux
traités en première période par le Dr Van
den Branden. En 1926, le Dr Laigret publie
le résultat de 95 observations presque toutes
relatives à des sommeilleux en seconde pé-
VARAN, grand lézard africain sur lequel
se nourrit la « Clossina palpalis » et qui sert peut-être
de réservoir au virus de la maladie du sommeil
riode. Pour ces malades, la guérison n'est
déjà plus possible avec le seul Trypoxyl. De
ses recherches, le Dr Laigret conclut que la
Tryparsamide est le médicament de choix
de la trypanosomiase humaine. Depuis 1926,
des campagnes contre la maladie du som-
meil poursuivies au Congo Belge, au Came-
roun, dans l'Ouganda, ont confirmé l'asser-
tion du Dr Laigret. C'est maintenant par
milliers et milliers que des trypanosés ont
été injectés. C'est par milliers et milliers que
des trypanosés ont été sauvés.
La Tryparsamide restera-t-elle le médica-
ment de 1 *avenir? A cette question il est ac-
tuellement impossible de répondre. Il va sans
dire que les chimistes ne tiennent pas pour
définitifs les travaux de l'Institut Rockefel-
ler. La chimiothérapie a devant elle, sur ce
domaine, comme sur tant d'autres, un bel
avenir. IsTul doute que nous verrons mieux
que la Tryparsamide. Mais d'ores et déjà,
on peut à nouveau prétendre, devant les beaux
résultats obtenus par nos médecins coloniaux,
que la ;disparition de la maladie du sommeil
est une question de temps relativement court.
Sans avoir jamais cessé d'être utilisé,
sous diverses formes, l'arsenic a connu en
thérapeutique des fortunes variées, comme
l'écrit justement le Professeur Marchoux.
Est-il actuellement, avec la Tryparsamide,
a l'apogée de sa gloire ? Peut-être !... Toutes
réserves faites sur ce que nous donnera l'ave-
nir, on peut dire qu'aucun métal ne compte
à son actif tant de brillants succès thérapeu-
tiques. L'arsenic a détrôné le mercure dans
le traitement de la syphilis. Il est en passe
de s'imposer pour la thérapeutique de toutes
les maladies à protozoaires : paludisme,
fièvre récurrente, pian.
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queur, c'est l'arsenic. -
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