Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-05-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mai 1929 01 mai 1929
Description : 1929/05/01-1929/05/31. 1929/05/01-1929/05/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743134p
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Les Annales Coloniales
Page Il
L'hiver y est, à proprement parler, plus
prolongé que rigoureux, et si, dans cette pé-
riode, le thermomètre desçend parfois à 20°
C. et même au-dessous, les températures
hivernales habituelles oscillent généralement
entre 140 et 16°.
Ce sont les mois de décembre, janvier,
février et mars, qui constituent l'hiver pro-
prement dit. La mer, parfois, entre Saint-
Pierre et les îlots voisins, n'est plus qu'une
banquise, et, dans la rade même, les gla-
çons, reliés par une neige crémeuse (appelée
crémi), sont assez rapprochés pour empêcher
l'entrée des bateaux.
S'il arrive que le Barachois (le port) se
prenne en entier et que le « crémi » se res-
serre, la croûte qui se forme entre Saint-
Pierre et l'île aux Chiens est assez résistante
pour permettre le passage des piétons.
Pendant ces mois particulièrement rigou-
reux, la neige tombe en abondance, et les
vents la soulèvent en tourbillons. C'est le
poudrin, qui obscurcit l'air et rend malaisée
la respiration.
La couche de neige, en cette période, peut
atteindre et même dépasser cinq mètres. Les
chutes deviennent moins fréquentes en mars
et avril; le froid diminue, mais les dégels
partiels rendent la circulation difficile et en-
tretiennent l'humidité. Le dégel complet ne
se produit guère que vers le 15 mai. L'hu-
midité persiste néanmoins, du fait de bru-
mes épaisses qui durent jusqu'en juillet.
C'est le moment où croissent les herbages.
Cette croissance est si rapide que le foin
sort de terre, pousse et est engrangé en moins
de trois mois. Il peut encore, d'ailleurs, se
produire des chutes de neige en juin et au
début de juillet.
En août et en septembre, le soleil réap-
paraît. Le thermomètre indique jusqu'à 24°
et 250, en moyenne 220. Les nuits cepen-
dant restent froides. Les orages, peu fré-
quents, n'ont généralement aucune violence.
La grêle est totalement inconnue.
Par contre, le spectacle n'est pas rare de
magnifiques aurores boréales, qu'on peut
observer particulièrement pendant les mois
de mars, avril, mai, septembre et octobre.
En octobre ou novembre, reviennent la
neige et le froid.
Saint-Pierre et Miquelon sont pourtant
sous la même latitude que la Normandie.
Mais alors que les côtes de cette région sont
réchauffées par le Gulf-Stream, notre archi-
pel, qui en est trop éloigné pour bénéficier
de sa tiédeur, recoit constamment les souf-
fles glacés du pôle et est baigné par les
courants venus du Labrador. Sans doute.
serait-il complètement inhabité, s'il n'était
au voisinage d'une richesse inépuisable,
celle Que fournissent les bancs, dits de
Terre-Neuve.
Le port et la ville
de Saint-Pierre
Miquelon fut jadis le chef-lieu de nos éta-
blissements; son étendue paraissait d'ailleurs
devoir justifier ce choix, mais par la suite.
la sécurité des abris qu'elle offrait aux navi-
res fut estimée insuffisante et sa rade fut
abandonnée pour celle de Saint-Pierre qui.
en outre, est en mesure de recevoir les
grands paquebots venant d'Europe ou
d'Amérique. Cette rade commence à hauteur
de l'extrémité Nord-Ouest de l'Ile aux
Chiens, elle est longue de plus 'd'un mille,
son extrémité s'arrondit au sud et elle se
termine au niveau de l'île aux Moules; on v
pénètre par trois passes: la passe du Nord-
Ouest, la passe du Sud-Est et la passe aux
Flétans.
Le port de Saint-Pierre appelé par les ha-
bitants « le Barachois » est situé entre l'île
aux Moules et la pointe au Canon et il
L'entrée du Barachois (port de Saint-Pierre).
groupe, dans une sorte de cul de sac, tous
les établissements de commerce de l'île.
Saint-Pierre est avant tout une ville com-
merçante. Les magasins sont nombreux. Les
rues, non pavées et dépourvues de trottoirs,
sont larges et leur largeur s'explique par la
crainte des incendies, les maisons étant cons-
truites en bois. A trois reprises, la ville a
failli être brûlée.
Saint-Pierre est munie de l'éclairage élec-
trique, d'un réseau téléphonique et de nom-
breuses canalisations d'eau.
En hiver, la ville offre l'aspect d'une col-
line de neige. Celle-ci forme un amas si
considérable que les habitants doivent creu-
ser des tranchées profondes pour circuler.
Mais Saint-Pierre est le centre, le point
d'appui de tout notre système de pêche. C'est
là que nos marins vont faire leurs provisions
d'appâts, renouveler leurs vivres, réparer
leurs avaries. La rade peut contenir de trente
à quarante grands bâtiments. Dans le port '
mouillent à l'aise plus de cent navires de
commerce et, au fort de l'été, jusqu'à trois
cents bateaux s'y entassent.
La ville de Saint-Pierre est le siège de
l'administration. En dehors des fonction-
naires, il existe deux classes principales d'ha-
bitants: les pêcheurs et les négociants. Pen-
dant la période de chômage, la ville est
comme inerte. Mais, aux approches du prin-
temps, les pêcheurs locaux commencent leurs
préparatifs et les commerçants leurs approvi-
sionnements. L'apparition des premières voi-
les françaises à l'horizon provoque une joie
générale. Peu à peu, l'animation renaît, jour
après jour, les rues, les cabarets se peu-
plent, le commerce s'ingénie à attirer les cha-
lands et, par moments, l'on compte dans la
ville 10.000 matelots et plus, bruyants, dé-
pensiers, grands buveurs...
Il convient néanmoins d'ajouter qu'à côté
de la pêche, d'autres industries paraissent
devoir se développer, à commencer par cel-
les que l'on trouve dans tous les ports de
mer: construction de navires, chantiers de
réparations et entreprises de calfatage, ate-
liers de voilures, fabriques de poulies, etc.
La mise en fût des produits de la pêche
a fait naître aussi des tonnelleries.
Une manufacture de vêtements cirés s'est
également établie à Saint-Pierre. En 1897,
une fonderie s'est ouverte, puis, un an après,
une fabrique de biscuits. Une fabrique de
peinture sous-marine pour les coques de ba-
teaux s'est installée et, enfin, l'industrie fri-
gorifique paraît promise au plus bel avenir.
Les routes
Deux routes principales mènent de Saint-
Pierre aux deux pointes extrêmes de l'île.
La route de Gueydon, qui conduit au cap
à l'Aigle, est la promenade favorite des ha-
bitants, elle domine toute la rade et em-
brasse l'horizon jusqu'à la côte méridionale
de Terre-Neuve.
Une autre route conduit au Savoyard ; on
l'appelle route de l'Iphigénie jusqu'au rond-
point et route de Cléopâtre à partir de cet
endroit, du nom des navires dont les équi-
pages établirent jadis ces voies de commu-
nication.
^ Cette route, longue de 5 kilomètres, est très
bien entretenue ; bordée de belles proprié-
L'entrée de la rade, vue du rivage.
Page Il
L'hiver y est, à proprement parler, plus
prolongé que rigoureux, et si, dans cette pé-
riode, le thermomètre desçend parfois à 20°
C. et même au-dessous, les températures
hivernales habituelles oscillent généralement
entre 140 et 16°.
Ce sont les mois de décembre, janvier,
février et mars, qui constituent l'hiver pro-
prement dit. La mer, parfois, entre Saint-
Pierre et les îlots voisins, n'est plus qu'une
banquise, et, dans la rade même, les gla-
çons, reliés par une neige crémeuse (appelée
crémi), sont assez rapprochés pour empêcher
l'entrée des bateaux.
S'il arrive que le Barachois (le port) se
prenne en entier et que le « crémi » se res-
serre, la croûte qui se forme entre Saint-
Pierre et l'île aux Chiens est assez résistante
pour permettre le passage des piétons.
Pendant ces mois particulièrement rigou-
reux, la neige tombe en abondance, et les
vents la soulèvent en tourbillons. C'est le
poudrin, qui obscurcit l'air et rend malaisée
la respiration.
La couche de neige, en cette période, peut
atteindre et même dépasser cinq mètres. Les
chutes deviennent moins fréquentes en mars
et avril; le froid diminue, mais les dégels
partiels rendent la circulation difficile et en-
tretiennent l'humidité. Le dégel complet ne
se produit guère que vers le 15 mai. L'hu-
midité persiste néanmoins, du fait de bru-
mes épaisses qui durent jusqu'en juillet.
C'est le moment où croissent les herbages.
Cette croissance est si rapide que le foin
sort de terre, pousse et est engrangé en moins
de trois mois. Il peut encore, d'ailleurs, se
produire des chutes de neige en juin et au
début de juillet.
En août et en septembre, le soleil réap-
paraît. Le thermomètre indique jusqu'à 24°
et 250, en moyenne 220. Les nuits cepen-
dant restent froides. Les orages, peu fré-
quents, n'ont généralement aucune violence.
La grêle est totalement inconnue.
Par contre, le spectacle n'est pas rare de
magnifiques aurores boréales, qu'on peut
observer particulièrement pendant les mois
de mars, avril, mai, septembre et octobre.
En octobre ou novembre, reviennent la
neige et le froid.
Saint-Pierre et Miquelon sont pourtant
sous la même latitude que la Normandie.
Mais alors que les côtes de cette région sont
réchauffées par le Gulf-Stream, notre archi-
pel, qui en est trop éloigné pour bénéficier
de sa tiédeur, recoit constamment les souf-
fles glacés du pôle et est baigné par les
courants venus du Labrador. Sans doute.
serait-il complètement inhabité, s'il n'était
au voisinage d'une richesse inépuisable,
celle Que fournissent les bancs, dits de
Terre-Neuve.
Le port et la ville
de Saint-Pierre
Miquelon fut jadis le chef-lieu de nos éta-
blissements; son étendue paraissait d'ailleurs
devoir justifier ce choix, mais par la suite.
la sécurité des abris qu'elle offrait aux navi-
res fut estimée insuffisante et sa rade fut
abandonnée pour celle de Saint-Pierre qui.
en outre, est en mesure de recevoir les
grands paquebots venant d'Europe ou
d'Amérique. Cette rade commence à hauteur
de l'extrémité Nord-Ouest de l'Ile aux
Chiens, elle est longue de plus 'd'un mille,
son extrémité s'arrondit au sud et elle se
termine au niveau de l'île aux Moules; on v
pénètre par trois passes: la passe du Nord-
Ouest, la passe du Sud-Est et la passe aux
Flétans.
Le port de Saint-Pierre appelé par les ha-
bitants « le Barachois » est situé entre l'île
aux Moules et la pointe au Canon et il
L'entrée du Barachois (port de Saint-Pierre).
groupe, dans une sorte de cul de sac, tous
les établissements de commerce de l'île.
Saint-Pierre est avant tout une ville com-
merçante. Les magasins sont nombreux. Les
rues, non pavées et dépourvues de trottoirs,
sont larges et leur largeur s'explique par la
crainte des incendies, les maisons étant cons-
truites en bois. A trois reprises, la ville a
failli être brûlée.
Saint-Pierre est munie de l'éclairage élec-
trique, d'un réseau téléphonique et de nom-
breuses canalisations d'eau.
En hiver, la ville offre l'aspect d'une col-
line de neige. Celle-ci forme un amas si
considérable que les habitants doivent creu-
ser des tranchées profondes pour circuler.
Mais Saint-Pierre est le centre, le point
d'appui de tout notre système de pêche. C'est
là que nos marins vont faire leurs provisions
d'appâts, renouveler leurs vivres, réparer
leurs avaries. La rade peut contenir de trente
à quarante grands bâtiments. Dans le port '
mouillent à l'aise plus de cent navires de
commerce et, au fort de l'été, jusqu'à trois
cents bateaux s'y entassent.
La ville de Saint-Pierre est le siège de
l'administration. En dehors des fonction-
naires, il existe deux classes principales d'ha-
bitants: les pêcheurs et les négociants. Pen-
dant la période de chômage, la ville est
comme inerte. Mais, aux approches du prin-
temps, les pêcheurs locaux commencent leurs
préparatifs et les commerçants leurs approvi-
sionnements. L'apparition des premières voi-
les françaises à l'horizon provoque une joie
générale. Peu à peu, l'animation renaît, jour
après jour, les rues, les cabarets se peu-
plent, le commerce s'ingénie à attirer les cha-
lands et, par moments, l'on compte dans la
ville 10.000 matelots et plus, bruyants, dé-
pensiers, grands buveurs...
Il convient néanmoins d'ajouter qu'à côté
de la pêche, d'autres industries paraissent
devoir se développer, à commencer par cel-
les que l'on trouve dans tous les ports de
mer: construction de navires, chantiers de
réparations et entreprises de calfatage, ate-
liers de voilures, fabriques de poulies, etc.
La mise en fût des produits de la pêche
a fait naître aussi des tonnelleries.
Une manufacture de vêtements cirés s'est
également établie à Saint-Pierre. En 1897,
une fonderie s'est ouverte, puis, un an après,
une fabrique de biscuits. Une fabrique de
peinture sous-marine pour les coques de ba-
teaux s'est installée et, enfin, l'industrie fri-
gorifique paraît promise au plus bel avenir.
Les routes
Deux routes principales mènent de Saint-
Pierre aux deux pointes extrêmes de l'île.
La route de Gueydon, qui conduit au cap
à l'Aigle, est la promenade favorite des ha-
bitants, elle domine toute la rade et em-
brasse l'horizon jusqu'à la côte méridionale
de Terre-Neuve.
Une autre route conduit au Savoyard ; on
l'appelle route de l'Iphigénie jusqu'au rond-
point et route de Cléopâtre à partir de cet
endroit, du nom des navires dont les équi-
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^ Cette route, longue de 5 kilomètres, est très
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