Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-05-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 mai 1929 01 mai 1929
Description : 1929/05/01-1929/05/31. 1929/05/01-1929/05/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743134p
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
MAI 1929
Les Annales Coloniales
REVUE MENSUELLE ILLUSTRÉE
Téléphone LOUVRE 19.37
— RICHELIEU 87-54
Directeurs :
Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
RÉDACTION et ADMINISTRATION :
34, Rue du Mont-Thabor. PARIS-1er
LES DILIES SJA\DINIT=IPDIERRIE ET MIQUELOIM
ir4 JE~ eÈe Ir IR IÉ~,~ e~ 0 ]le ee ]D)]E> IL, A le Fe
L'admirable effort
de nos pêcheurs français
L'examen de la balance commerciale d'un
pays est le thermomètre qui permet d'appré-
cier, de façon certaine, son degré de prospé-
rité. Cet examen fait-il ressortir un déficit
des exportations, qu'il en résulte sûrement
un malaise économique. Les exportations
viennent-elles, au contraire, à surpasser les
importations, que des indices favorables se
manifestent aussitôt dans tous les domaines
de l'activité nationale, se traduisant par un
afflux de capitaux étrangers, c'est-à-dire pai
plus de bien-être général.
Après la guerre, et la formidable consom-
mation de richesses qui en est résultée, nos
exportations ont fléchi dans une énorme pro-
portion. Grâce à l'énergie de nos produc-
teurs industriels et agricoles, et à celle de
nos commerçants, un léger dépassement de
nos exportations s'est produit l'année der-
nière. C'est par l'offre de produits de mieux
en mieux présentés, et à des conditions de
prix de plus en plus tentantes, par l'activité
de nos agents à l'étranger, par l'organisation
perfectionnée de notre propagande et de no-
tre publicité, par l'utilisation de l'outillage
le plus moderne, et par une solution ration-
nelle du problème de la main-d'œuvre, que
nous parviendrons à accroître notre clientèle
étrangère.
Or, parmi les domaines dans lesquels doil
s'exercer notre activité, une source inépuisa
ble de richesses naturelles, sans cesse et gra-
tuitement renouvelées, s'offre à nous sui
toute la surface du globe. A l'exploiter, nous
nous sommes montrés de tout temps les plus
experts, les plus hardis et les plus entrepre-
nants : c'est la mer. « Celui qui exploite
le champ mouvant des vagues, récolte tou
jours sans avoir jamais à semer. Les champs
de l'Océan sont superbes et libres, il n'y a
pas de fermage à payer sur la mer », dit une
vieille chanson populaire anglaise.
La pêche est une industrie très importante
dont il ne dépend que de nous de développei
le rendement. Une statistique officielle, pu-
bliée à Copenhague par le « Conseil perma.
nent international pour l'exploration de la
mer », fait ressortir l'extension prise en
France par cette industrie, depuis la guerre.
D'après les chiffres extraits du volume XI
du Bulletin de cette organisation internatio-
nale, les produits de notre pêche maritime,
qui étaient, en 1910, de 4.705.000 livres ster-
ling (117.625.000 francs-or), se sont élevés,
en 1919, à 12.401.200 livres sterling
(310.o30.QOO francs-or). En neuf années, ils
avaient, en dépit de la guerre, presque tri-
plé. Le chiffre aujourd'hui s'élève à plus d'un
milliard et demi de francs.
La petite pêche, qui se pratique près des
ports ou des anses d'échouage, fournit le
poisson frais, servant à la consommation
dans un rayon que des dispositions spéciales
d'emballage et la rapidité des transports par
chemin de fer peuvent étendre, mais qui de-
meure fatalement restreint.
La grande pêche est celle de la baleine,
du cachalot, du marsoui^ de la tortue, de la
morue, du hareng et du maquereau. La pêche
de la baleine, du cachalot et du marsouin a
été abandonnée par les Français. Il en est de
même de la pêche à la tortue, qui n'a jamais
été importante. Seuls, la morue; le hareng
et le maquereau retiennent l'activité de nos
voiliers et de nos chalutiers.
La pêche à la morue
Les pays qui, comme le nôtre, se livrent
à la pêche à la morue, sont, d'après le ton-
nage de leurs chargements, la Norvège, la
Grande-Bretagne, le Canada, l'Islande, Terre-
Neuve, les Iles Feroë, la Hollande, l'Alle-
magne, le Danemark. La production de la
France représente 5 % environ de la produc-
tion mondiale. Nous pouvons augmenter con-
sidérablement cette proportion, à la condi-
tion que les capitaux nécessaires se groupent,
et que l'Etat stimule les initiatives par tous
les moyens en son pouvoir.
La morue est le premier poisson pour le-
quel on ait organisé la grande pêche et la\sa-
laison à bord. Elle habite toutes les mers.
On la trouve aussi bien dans les océans po-
laires que dans les fonds de la zone équato-
riale. Elle se tient d'habitude dans les eaux
profondes, d'où elle remonte périodiquement,
soit pour déposer ses (rufs le long de cert.:i-
nes côtes ou sur ( ci tains bancs sous-marins,
soit pour suivre des caravanes de poissons
migrateurs, tels que le hareng, la sardine, le
capelan, ou certains mollusques, dont elle
fait sa nourriture préférée, tels l'encornet ou
le bulot. Il suffit de connaître la date d'appa-
rition de ces mets de choix, pour avoir l'as.
surance de trouver, à portée de la ligne ou
du chalut, la morue affamée... à moins
qu'elle n'ait décidé de porter ailleurs ses
coups de nageoires, ce qui arrive parfois.
La disparition
des pêcheries de la Manche
Pendant près de six siècles, la pêche à la
morue dans la Manche alimenta seule la
France. Ce poisson se montrait là en bandes
aussi nombreuses que celles que l'on trouve
à Terre-Neuve. Il disparut complètement au
XVIe siècle, en raison de bouleversements géo-
logiques qui transformèrent les fonds, et de
causes climatologiques qui changèrent les
conditions générales de la vie aquatique,
comme ils transformèrent la nature des es-
pèces végétales croissant sur les côtes. Le
bras du Gulf Stream, qui s'y engouffrait ja-
dis, s'était détourné de la Manche. Les an.
ciens documents font ressortir qu'il y a quel-
ques siècles, cette mer était l'une des plus
poissonneuses, et qu'elle ne le cédait à au-
cune autre sous le rapport de la qualité ni
de la variété. C'est en raison de ces malen-
contreuses modifications que nous avons été
obligés d'aller chercher la morue loin de nos
côtes.
Parmi les ports français, Fécamp occupe le
premier rang pour la pêche à la morue. Sa
production représente le quart de leur pro-
duction totale. On peut dire que de tout
temps les Fécampois se sont livrés à cette
pêche, et les renseignements les plus pré-
cieux à cet égard ont été réunis dans un re-
marquable ouvrage de M. Adolphe Bellet,
l'éminent et très regretté président de la
Chambre de Commerce de Fécamp. Il y a
dix siècles, les marins Fécampois et ceux des
autres ports du littoral normand et breton
pratiquaient dans la Manche une pêche ac-
A Saint-Pierre : la place du Gouvernement le 14 juillet 1928
Les Annales Coloniales
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Marcel RUEDEL et L.-G. THÉBAULT
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34, Rue du Mont-Thabor. PARIS-1er
LES DILIES SJA\DINIT=IPDIERRIE ET MIQUELOIM
ir4 JE~ eÈe Ir IR IÉ~,~ e~ 0 ]le ee ]D)]E> IL, A le Fe
L'admirable effort
de nos pêcheurs français
L'examen de la balance commerciale d'un
pays est le thermomètre qui permet d'appré-
cier, de façon certaine, son degré de prospé-
rité. Cet examen fait-il ressortir un déficit
des exportations, qu'il en résulte sûrement
un malaise économique. Les exportations
viennent-elles, au contraire, à surpasser les
importations, que des indices favorables se
manifestent aussitôt dans tous les domaines
de l'activité nationale, se traduisant par un
afflux de capitaux étrangers, c'est-à-dire pai
plus de bien-être général.
Après la guerre, et la formidable consom-
mation de richesses qui en est résultée, nos
exportations ont fléchi dans une énorme pro-
portion. Grâce à l'énergie de nos produc-
teurs industriels et agricoles, et à celle de
nos commerçants, un léger dépassement de
nos exportations s'est produit l'année der-
nière. C'est par l'offre de produits de mieux
en mieux présentés, et à des conditions de
prix de plus en plus tentantes, par l'activité
de nos agents à l'étranger, par l'organisation
perfectionnée de notre propagande et de no-
tre publicité, par l'utilisation de l'outillage
le plus moderne, et par une solution ration-
nelle du problème de la main-d'œuvre, que
nous parviendrons à accroître notre clientèle
étrangère.
Or, parmi les domaines dans lesquels doil
s'exercer notre activité, une source inépuisa
ble de richesses naturelles, sans cesse et gra-
tuitement renouvelées, s'offre à nous sui
toute la surface du globe. A l'exploiter, nous
nous sommes montrés de tout temps les plus
experts, les plus hardis et les plus entrepre-
nants : c'est la mer. « Celui qui exploite
le champ mouvant des vagues, récolte tou
jours sans avoir jamais à semer. Les champs
de l'Océan sont superbes et libres, il n'y a
pas de fermage à payer sur la mer », dit une
vieille chanson populaire anglaise.
La pêche est une industrie très importante
dont il ne dépend que de nous de développei
le rendement. Une statistique officielle, pu-
bliée à Copenhague par le « Conseil perma.
nent international pour l'exploration de la
mer », fait ressortir l'extension prise en
France par cette industrie, depuis la guerre.
D'après les chiffres extraits du volume XI
du Bulletin de cette organisation internatio-
nale, les produits de notre pêche maritime,
qui étaient, en 1910, de 4.705.000 livres ster-
ling (117.625.000 francs-or), se sont élevés,
en 1919, à 12.401.200 livres sterling
(310.o30.QOO francs-or). En neuf années, ils
avaient, en dépit de la guerre, presque tri-
plé. Le chiffre aujourd'hui s'élève à plus d'un
milliard et demi de francs.
La petite pêche, qui se pratique près des
ports ou des anses d'échouage, fournit le
poisson frais, servant à la consommation
dans un rayon que des dispositions spéciales
d'emballage et la rapidité des transports par
chemin de fer peuvent étendre, mais qui de-
meure fatalement restreint.
La grande pêche est celle de la baleine,
du cachalot, du marsoui^ de la tortue, de la
morue, du hareng et du maquereau. La pêche
de la baleine, du cachalot et du marsouin a
été abandonnée par les Français. Il en est de
même de la pêche à la tortue, qui n'a jamais
été importante. Seuls, la morue; le hareng
et le maquereau retiennent l'activité de nos
voiliers et de nos chalutiers.
La pêche à la morue
Les pays qui, comme le nôtre, se livrent
à la pêche à la morue, sont, d'après le ton-
nage de leurs chargements, la Norvège, la
Grande-Bretagne, le Canada, l'Islande, Terre-
Neuve, les Iles Feroë, la Hollande, l'Alle-
magne, le Danemark. La production de la
France représente 5 % environ de la produc-
tion mondiale. Nous pouvons augmenter con-
sidérablement cette proportion, à la condi-
tion que les capitaux nécessaires se groupent,
et que l'Etat stimule les initiatives par tous
les moyens en son pouvoir.
La morue est le premier poisson pour le-
quel on ait organisé la grande pêche et la\sa-
laison à bord. Elle habite toutes les mers.
On la trouve aussi bien dans les océans po-
laires que dans les fonds de la zone équato-
riale. Elle se tient d'habitude dans les eaux
profondes, d'où elle remonte périodiquement,
soit pour déposer ses (rufs le long de cert.:i-
nes côtes ou sur ( ci tains bancs sous-marins,
soit pour suivre des caravanes de poissons
migrateurs, tels que le hareng, la sardine, le
capelan, ou certains mollusques, dont elle
fait sa nourriture préférée, tels l'encornet ou
le bulot. Il suffit de connaître la date d'appa-
rition de ces mets de choix, pour avoir l'as.
surance de trouver, à portée de la ligne ou
du chalut, la morue affamée... à moins
qu'elle n'ait décidé de porter ailleurs ses
coups de nageoires, ce qui arrive parfois.
La disparition
des pêcheries de la Manche
Pendant près de six siècles, la pêche à la
morue dans la Manche alimenta seule la
France. Ce poisson se montrait là en bandes
aussi nombreuses que celles que l'on trouve
à Terre-Neuve. Il disparut complètement au
XVIe siècle, en raison de bouleversements géo-
logiques qui transformèrent les fonds, et de
causes climatologiques qui changèrent les
conditions générales de la vie aquatique,
comme ils transformèrent la nature des es-
pèces végétales croissant sur les côtes. Le
bras du Gulf Stream, qui s'y engouffrait ja-
dis, s'était détourné de la Manche. Les an.
ciens documents font ressortir qu'il y a quel-
ques siècles, cette mer était l'une des plus
poissonneuses, et qu'elle ne le cédait à au-
cune autre sous le rapport de la qualité ni
de la variété. C'est en raison de ces malen-
contreuses modifications que nous avons été
obligés d'aller chercher la morue loin de nos
côtes.
Parmi les ports français, Fécamp occupe le
premier rang pour la pêche à la morue. Sa
production représente le quart de leur pro-
duction totale. On peut dire que de tout
temps les Fécampois se sont livrés à cette
pêche, et les renseignements les plus pré-
cieux à cet égard ont été réunis dans un re-
marquable ouvrage de M. Adolphe Bellet,
l'éminent et très regretté président de la
Chambre de Commerce de Fécamp. Il y a
dix siècles, les marins Fécampois et ceux des
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