Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-06-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juin 1929 01 juin 1929
Description : 1929/06/01-1929/06/30. 1929/06/01-1929/06/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97431338
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Page 18
Les Annales Coloniale»
L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
ET LES FLEAUX SOCIAUX
L'A.O.F. n'est pas une colonie, c'est un
bloc colonial. Au centre de l'empire colonial
français qui s'étend de la Méditerranée au
Congo, elle- est partiellement enclavée dans
les boucles des fleuves Sénégal et Niger, dé-
bordées par le Soudan français et la Mauri-
tanie. Elle comprend huit gouvernements.
Cinq d'entre eux : Mauritanie, Sénégal, Gui-
née française, Côte d'Ivoire, Dahomey, possè-
dent des débouchés maritimes. Le à trois au-
tres: Soudan français, Haute-Volta et Niger,
sont intérieurs. Sur une surface égale à huit
fois celle de la France, vivent de 13 à 14
millions d'habitants, dont seulement quinze
mille Européens.
Cet immense territoire n'est malheureuse-
ment pas continu. La République de Libéria,
une enclave portugaise, (Guinée portugaise),
la Gambie, la.'Sierra Leone et la Gold Coast,
possessions britanniques, en rompent l'homo-
généité.
Exceptions faites de la conquête du Daho-
mey (1892-93), de celle du Niger (1897), de
l'occupation du Togo (1914), l'A.O.F.' a été
créée en majeure partie par le travail des
explorateurs.
Parmi les colonies du groupe atlantique,
le Sénégal, la Côte d'Ivoire et la Guinée
sont les plus importantes. Nous retiendrons
seulement les deux premières.
Dès le XIVe siècle, la France installe des
comptoirs sur la côte du Sénégal et sur le
littoral nord du golfe de Guinée. Ce sont les
embryons de nos possessions de l'Afrique
occidentale.
Les comptoirs du littoral guinéen restent,
pendant longtemps, de simples escales. Mais
là France possède l'embouchure du fleuve
Sénégal et gràce à cette position favorable,
elle peut s'infiltrer dans l'intérieur des terres.
A la fin du xvne siècle, nous approchons du
royaume de Galam et des chutes du Felou.
Kayes (Haut-Sénégal), est aujourd'hui le cen-
tre de cette région. La France a donc étendu
son emprise sur le sol africain. Ce 'n'est
toutefois qu'en 1815 que le traité de Paris
nous reconnaissait la possession du Sénégal.
^ Les grands gouverneurs qui se succèdent :
Faidherbe (1864), Borgnis-Desbordes (1881),
Galliéni, font progresser notre influence jus-
qu'à Kita (situé entre Kayes et Bamako),
c'est-à-dire à 940 km. de la côte atlantique.
De ce point de départ, pénétrer par l'Ouest
au cœur du Soudan, ne sera plus qu'une
question de volonté.
En 1926, le Sénégal comptait 1.350.583
habitants. Cette colonie est à l'ouest africain,
la terre française par excellence. Chacun sait
que les habitants indigènes de Dakar, Saint-
Louis, Rufisque et Gorée ont la qualité du
citoyens français et droit de vote. Inutile de
rappeler les services rendus pendant la
guerre de 1914, par les merveilleux régiments
sénégalais, entraînés par les Toucouleurs et
les Bambaras, soldats d'élite.
A côté du Sénégal, il convient de placei
la Côte d'Ivoire. Limitrophe de la Gold Coast
et du Libéria, la Côte d'Ivoire est peuplée
de 1. 722.91 1 habitants. La densité de sa po-
pulation, au kilomètre carré est faible: 5,33.
De ce point de vue, elle se place après la
Haute-Volta (10,82), la Guinée française
(8,35), et Sénégal (avec Dakar, 6,72).
Si l'on envisage le nombre total de ses ha-
bitants et non plus la densité de leur nom-
bre au kilomètre carré, elle est loin derrière
la Haute-Volta (3.172.414 habitants), le Sou-
dan français (2.634.982) et la Guinée fran-
çaise (2.092.988). Peu peuplée, le sol de cette
magnifique colonie ne peut pioduire tout ce
qu'on en peut attendre. Ses deux zones végé-
tatives : au sud la zone forestière (12 mil-
lions d'hectares), au nord la zone des sava-
nes, fournissent les huiles, les amandes de
palme, le cacao, la noix de kola, le caout-
chouc, l'arachide, la karité, les textiles, etc...
Cacaoyers, caféiers, cocotiers, kolatiers,
palmiers à huile ont un champ merveilleux
de développement en Côte d'Ivoire. Mais
hors de "la forêt, l'arbre demande l'homme...
et les travailleurs font défaut. Par ail leurs,
le voisinage de la Gold Coast qui, par poli-
tique, attire et retient nos indigènes, ne favo-
lise pas l'expansion normale des productions
à tirer de ce terrain exceptionnel. En dehors
des produits ci-dessus désignés, il peut don-
ner entore en abondance, et dans toute son
étendue : mil, riz, maïs, bananes, manioc,
ignames, sans parler de l'exploitation fores-
tière, qui attend toujours une direction.
Des trois colonies intérieures Soudan fran-
çais, Haute-Volta, Niger, deux d'entre elles :
la -Haute-Volta et le Niger sont de fonda-
tion administrative récente. En effet, c'est
un décret du itr mars 1919, qui a créé en
Afrique Occidentale, la Haute-Volta. Elle
comprend : les cercles du Lobi, de Bobo-
Dioulasso, de Dedougou, de Ouagadougou.
Trois millions d'habitants, cultivateurs et
éleveurs l'occupent.
Prisonnière de sa situation géographique, la
colonie ne peut écouler ses produits ni par
le Niger, navigable partiellement, ni par les
cours d'eau secondaires qui ne sont pas na-
vigables. Ici les voies ferrées, les routes
automobiles, sont,à la base du développement
de la colonie.
Dernière née, la colonie du Niger date de
1922. Les débuts de sa conquête, ceux de
son occupation sont de 1897. Conquête et
occupation du Niger n'ont été que des épi-
sodes de la course vers le Tchad. D'abord
sous la tutelle militaire (territoire militaire
du Zinder), la jeune colonie fut rattachée
plus tard à son aînée du Haut-Sénégal-Niger.
Augmentée le 22 juin 1910 du cercle de Gao,
elle devient territoire militaire du Nigei.
Peu après, elle cède le cercle du Gao à la
région de Tombouctou. Le dëcrel du 4 clé.
cembre 1920 la transforme en territoire. ci-
vil; Le décret du 13 octobre 1922 l'élève enfin
au rang de colonie et la baptise du nom de
« Colonie du Niger ». Elle; a pour voisine la
Nigéria anglaise.
Le Niger doit nourrit lin million d'habi-
tants. Sur son sol, dont le climat est inter-
médiaire entre la zone tropicale aux pluies
abondantes et la zone saharienne, où il ne
pleut presque jamais, on trouve la gamme
entière des végétations africaines. La grosse
production du Niger est celle du coton
Mais la culture de ce dernier est entravée
par le manque de main-d'œuvre. Certains
estiment, que pour organiser la culture du
coton sur les 500.000 à 800.000 hectares que
l'on pourrait lui affecter, il faudrait intro-
duire au Niger, deux millions d'habitants..
le paradoxe est de tous les âges et de tous
les continents.
Pour schématisées qu'elles soient, les don-
nées que nous venons de rappeler sur quatre
des colonies, qui constituent l'A.O.F. mon-
trent que là, comme partout ailleurs en
Afrique, le développement de la colonie est
une question de main-d'œuvre. Il est certain
qu'une densité approximative de 3 habitant?
au kilomètre carré, est absolument insuffisan-
te pour tirer de ce sol admirable, tout le
parti possible. L'essor de la colonie est donc
fonction de la conservation de la population.
Cette population se trouve malheureusement
en proie à des fléaux redoutables, encore
que, dans son ensemble, l'état sanitaire ac-
tuel du groupe des colonies de l'A.O.F. soit
satisfaisant.
Les maladies à redouter sont: la peste, la
fièvre jaune, la lèpre, le paludisme, le pian,
la fièvre récurrente, la pneumonie épidémi-
que, la variole, la méningite cérébro-spinale
et bien entendu la syphilis et le paludisme.
Ce dernier reste et restera la grande endé-
mie, dont souffriront européens et indigènes,
tant que ne seront pas entrepris, en A.O.F.,
des travaux indispensables, si coûteux qu'ils
soient, permettant l'assainissement réel de
ces territoires. Notre intention n'est pas
d'étudier, l'une après l'autre, chacune des
affections particulièrement cruelles en A.
O.F. Envisageons seulement quelques-unes
d'entre elles.
En 1926, on compte pour la variole, 250
cas environ. On fit dans cette même année
1.817.349 vaccinations. Le nombre de vacci-
nés eut été plus grand encore, si les indigè-
nes ne fuyaient pas le vaccinateur, et s'ils
ne cachaient pas les cas de variole pour
échapper à la vaccination.
En 1927, la variole lait de ^ombreuses vic-
times. On compte, en effet, les cas suivants:
Sénégal 216 cas 38 décès
Haute-Volta ... 297 » 35 »
Niger 1.70 7 » 349 »
Guinée 64 » ? »
Soudan ......... 201 » 9 »
Le virus variolique africain est donc, com-
me on le voit, très virulent. A cet égard, il
se rapproche de celui des Indes anglaises.
En 1927, ont été effectuées: 1.692.370 vacci-
nations.
Ces vaccinations massives sont permises,
grâce à l'activité de centres vaccinogènes:
laboratoire de Sor (Saint-Louis) qui appro-
visionne de vaccin jennérien la Mauritanie,
le Sénégal, le territoire de Dakar, centres
vaccinogènes de Bamako, MoptÎi. Tombouc-
tou, Nioro, Sikasso pour le SoucÈam, Institut
Pasteur de Kindia pour la Guinée centre de
Bovaké, pour la Côte d' [voir, ;';tres vacci-
nogènes de Porto-Novo, Abo ay, Candie,
pour le Dahomey.
L'A.O.F., est bien protégeg joritre la va-
riole. La population européenÇeïl'est-elle au-
tant contre la fièvre jaune? Eh içfcô, la fièvre
jaune sévit dans le Bas-Sénégal, 1c Dahomey,
la Haute-Volta et le Soudan. Les victimes
sont des Européens ou des Syriens, ces der-
niers débarqués du vapeur M adoizna, venant
de Marseille. La fièvre jaune toucbe 43 in-
dividus. Il en résulte 37 décès. La région la
plus atteinte est le Bas-Sénégal (34 cas — 29
morts), où l'on a trouvé trois foyers dans les
régions de Diourbel, Rufisque, Saloum. En
1927, nous assistons à une épidémie plus im-
portante : à Dakar (82 cas et 58 décès), au
Sénégal (108 cas avec 77 décès), au Dahomey:
trois cas, trois décès. Nous le répétons, ces
victimes sont des Européens ou des Sy-
riens. Le noir paraissait insensible au virus
amaryl, mais cette notion ne tient plus devant
les travaux récents de la mission américaine
de la fièvre jaune.
Les lecteurs des Annales Coloniales, savent
q-ue la fièvre jaune est propagée par un
moustique du genre Stegomyia. A la base de
la lutte contre la fièvre jaune sont, d'une
part, les mesures de prophylaxie édictées
pour défendre les individus contre la piqûre
de ces insectes, d'autre part, la mise en ac-
tion de tous les moyens propres à découvrir
et à détruire les gîtes à larves. Il va sans
dire qu'à ces dernieis moyens, je les quali-
fierai de « dynamiques », il faut joindre la
méthode « statique », c'est-à-dire le contrôle
minutieux, des provenances de tous endroits
suspects et contaminés. Les travaux d'assai-
nissement en cours, à Rufisque, Diourbel,
Kaolack et dans tous les centres contaminés,
doivent être poussés avec vigueur. C'est
d'ailleurs ce que les autorités sanitaires du
Sénégal proposent. On ne saurait également
trop appuyer l'institution à Dakar d'une école
élémentaire de prophylaxie, rattachée au Ser-
vice d'Hygiène de la ville. Ouverte à tous
les fonctionnaires, commerçants, indigènes,
cette école dont l'enseignement pratique sera
complété par l'organisation de conférences,
avec films cinématographiques dans tous les
grands centres, doit éclairer la population et
faire de chaque habitant un collaborateur sa-
nitaire.
Bien entendu, ne comptons pas que la fiîr-
vre jaune disparaisse incessamment de l'A.
O.F. En effet, à la difficulté d'obtenir, avant
de longues années, l'assainissement complet
de la colonie, ainsi que la disparition totale
des Stegomyia, se joint l'existence de plus en
plus probable, d'un réservoir indigène de
virus amaryl. Ces conditions imposent, pen-
dant longtemps encore au Service de Santé,
Les Annales Coloniale»
L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
ET LES FLEAUX SOCIAUX
L'A.O.F. n'est pas une colonie, c'est un
bloc colonial. Au centre de l'empire colonial
français qui s'étend de la Méditerranée au
Congo, elle- est partiellement enclavée dans
les boucles des fleuves Sénégal et Niger, dé-
bordées par le Soudan français et la Mauri-
tanie. Elle comprend huit gouvernements.
Cinq d'entre eux : Mauritanie, Sénégal, Gui-
née française, Côte d'Ivoire, Dahomey, possè-
dent des débouchés maritimes. Le à trois au-
tres: Soudan français, Haute-Volta et Niger,
sont intérieurs. Sur une surface égale à huit
fois celle de la France, vivent de 13 à 14
millions d'habitants, dont seulement quinze
mille Européens.
Cet immense territoire n'est malheureuse-
ment pas continu. La République de Libéria,
une enclave portugaise, (Guinée portugaise),
la Gambie, la.'Sierra Leone et la Gold Coast,
possessions britanniques, en rompent l'homo-
généité.
Exceptions faites de la conquête du Daho-
mey (1892-93), de celle du Niger (1897), de
l'occupation du Togo (1914), l'A.O.F.' a été
créée en majeure partie par le travail des
explorateurs.
Parmi les colonies du groupe atlantique,
le Sénégal, la Côte d'Ivoire et la Guinée
sont les plus importantes. Nous retiendrons
seulement les deux premières.
Dès le XIVe siècle, la France installe des
comptoirs sur la côte du Sénégal et sur le
littoral nord du golfe de Guinée. Ce sont les
embryons de nos possessions de l'Afrique
occidentale.
Les comptoirs du littoral guinéen restent,
pendant longtemps, de simples escales. Mais
là France possède l'embouchure du fleuve
Sénégal et gràce à cette position favorable,
elle peut s'infiltrer dans l'intérieur des terres.
A la fin du xvne siècle, nous approchons du
royaume de Galam et des chutes du Felou.
Kayes (Haut-Sénégal), est aujourd'hui le cen-
tre de cette région. La France a donc étendu
son emprise sur le sol africain. Ce 'n'est
toutefois qu'en 1815 que le traité de Paris
nous reconnaissait la possession du Sénégal.
^ Les grands gouverneurs qui se succèdent :
Faidherbe (1864), Borgnis-Desbordes (1881),
Galliéni, font progresser notre influence jus-
qu'à Kita (situé entre Kayes et Bamako),
c'est-à-dire à 940 km. de la côte atlantique.
De ce point de départ, pénétrer par l'Ouest
au cœur du Soudan, ne sera plus qu'une
question de volonté.
En 1926, le Sénégal comptait 1.350.583
habitants. Cette colonie est à l'ouest africain,
la terre française par excellence. Chacun sait
que les habitants indigènes de Dakar, Saint-
Louis, Rufisque et Gorée ont la qualité du
citoyens français et droit de vote. Inutile de
rappeler les services rendus pendant la
guerre de 1914, par les merveilleux régiments
sénégalais, entraînés par les Toucouleurs et
les Bambaras, soldats d'élite.
A côté du Sénégal, il convient de placei
la Côte d'Ivoire. Limitrophe de la Gold Coast
et du Libéria, la Côte d'Ivoire est peuplée
de 1. 722.91 1 habitants. La densité de sa po-
pulation, au kilomètre carré est faible: 5,33.
De ce point de vue, elle se place après la
Haute-Volta (10,82), la Guinée française
(8,35), et Sénégal (avec Dakar, 6,72).
Si l'on envisage le nombre total de ses ha-
bitants et non plus la densité de leur nom-
bre au kilomètre carré, elle est loin derrière
la Haute-Volta (3.172.414 habitants), le Sou-
dan français (2.634.982) et la Guinée fran-
çaise (2.092.988). Peu peuplée, le sol de cette
magnifique colonie ne peut pioduire tout ce
qu'on en peut attendre. Ses deux zones végé-
tatives : au sud la zone forestière (12 mil-
lions d'hectares), au nord la zone des sava-
nes, fournissent les huiles, les amandes de
palme, le cacao, la noix de kola, le caout-
chouc, l'arachide, la karité, les textiles, etc...
Cacaoyers, caféiers, cocotiers, kolatiers,
palmiers à huile ont un champ merveilleux
de développement en Côte d'Ivoire. Mais
hors de "la forêt, l'arbre demande l'homme...
et les travailleurs font défaut. Par ail leurs,
le voisinage de la Gold Coast qui, par poli-
tique, attire et retient nos indigènes, ne favo-
lise pas l'expansion normale des productions
à tirer de ce terrain exceptionnel. En dehors
des produits ci-dessus désignés, il peut don-
ner entore en abondance, et dans toute son
étendue : mil, riz, maïs, bananes, manioc,
ignames, sans parler de l'exploitation fores-
tière, qui attend toujours une direction.
Des trois colonies intérieures Soudan fran-
çais, Haute-Volta, Niger, deux d'entre elles :
la -Haute-Volta et le Niger sont de fonda-
tion administrative récente. En effet, c'est
un décret du itr mars 1919, qui a créé en
Afrique Occidentale, la Haute-Volta. Elle
comprend : les cercles du Lobi, de Bobo-
Dioulasso, de Dedougou, de Ouagadougou.
Trois millions d'habitants, cultivateurs et
éleveurs l'occupent.
Prisonnière de sa situation géographique, la
colonie ne peut écouler ses produits ni par
le Niger, navigable partiellement, ni par les
cours d'eau secondaires qui ne sont pas na-
vigables. Ici les voies ferrées, les routes
automobiles, sont,à la base du développement
de la colonie.
Dernière née, la colonie du Niger date de
1922. Les débuts de sa conquête, ceux de
son occupation sont de 1897. Conquête et
occupation du Niger n'ont été que des épi-
sodes de la course vers le Tchad. D'abord
sous la tutelle militaire (territoire militaire
du Zinder), la jeune colonie fut rattachée
plus tard à son aînée du Haut-Sénégal-Niger.
Augmentée le 22 juin 1910 du cercle de Gao,
elle devient territoire militaire du Nigei.
Peu après, elle cède le cercle du Gao à la
région de Tombouctou. Le dëcrel du 4 clé.
cembre 1920 la transforme en territoire. ci-
vil; Le décret du 13 octobre 1922 l'élève enfin
au rang de colonie et la baptise du nom de
« Colonie du Niger ». Elle; a pour voisine la
Nigéria anglaise.
Le Niger doit nourrit lin million d'habi-
tants. Sur son sol, dont le climat est inter-
médiaire entre la zone tropicale aux pluies
abondantes et la zone saharienne, où il ne
pleut presque jamais, on trouve la gamme
entière des végétations africaines. La grosse
production du Niger est celle du coton
Mais la culture de ce dernier est entravée
par le manque de main-d'œuvre. Certains
estiment, que pour organiser la culture du
coton sur les 500.000 à 800.000 hectares que
l'on pourrait lui affecter, il faudrait intro-
duire au Niger, deux millions d'habitants..
le paradoxe est de tous les âges et de tous
les continents.
Pour schématisées qu'elles soient, les don-
nées que nous venons de rappeler sur quatre
des colonies, qui constituent l'A.O.F. mon-
trent que là, comme partout ailleurs en
Afrique, le développement de la colonie est
une question de main-d'œuvre. Il est certain
qu'une densité approximative de 3 habitant?
au kilomètre carré, est absolument insuffisan-
te pour tirer de ce sol admirable, tout le
parti possible. L'essor de la colonie est donc
fonction de la conservation de la population.
Cette population se trouve malheureusement
en proie à des fléaux redoutables, encore
que, dans son ensemble, l'état sanitaire ac-
tuel du groupe des colonies de l'A.O.F. soit
satisfaisant.
Les maladies à redouter sont: la peste, la
fièvre jaune, la lèpre, le paludisme, le pian,
la fièvre récurrente, la pneumonie épidémi-
que, la variole, la méningite cérébro-spinale
et bien entendu la syphilis et le paludisme.
Ce dernier reste et restera la grande endé-
mie, dont souffriront européens et indigènes,
tant que ne seront pas entrepris, en A.O.F.,
des travaux indispensables, si coûteux qu'ils
soient, permettant l'assainissement réel de
ces territoires. Notre intention n'est pas
d'étudier, l'une après l'autre, chacune des
affections particulièrement cruelles en A.
O.F. Envisageons seulement quelques-unes
d'entre elles.
En 1926, on compte pour la variole, 250
cas environ. On fit dans cette même année
1.817.349 vaccinations. Le nombre de vacci-
nés eut été plus grand encore, si les indigè-
nes ne fuyaient pas le vaccinateur, et s'ils
ne cachaient pas les cas de variole pour
échapper à la vaccination.
En 1927, la variole lait de ^ombreuses vic-
times. On compte, en effet, les cas suivants:
Sénégal 216 cas 38 décès
Haute-Volta ... 297 » 35 »
Niger 1.70 7 » 349 »
Guinée 64 » ? »
Soudan ......... 201 » 9 »
Le virus variolique africain est donc, com-
me on le voit, très virulent. A cet égard, il
se rapproche de celui des Indes anglaises.
En 1927, ont été effectuées: 1.692.370 vacci-
nations.
Ces vaccinations massives sont permises,
grâce à l'activité de centres vaccinogènes:
laboratoire de Sor (Saint-Louis) qui appro-
visionne de vaccin jennérien la Mauritanie,
le Sénégal, le territoire de Dakar, centres
vaccinogènes de Bamako, MoptÎi. Tombouc-
tou, Nioro, Sikasso pour le SoucÈam, Institut
Pasteur de Kindia pour la Guinée centre de
Bovaké, pour la Côte d' [voir, ;';tres vacci-
nogènes de Porto-Novo, Abo ay, Candie,
pour le Dahomey.
L'A.O.F., est bien protégeg joritre la va-
riole. La population européenÇeïl'est-elle au-
tant contre la fièvre jaune? Eh içfcô, la fièvre
jaune sévit dans le Bas-Sénégal, 1c Dahomey,
la Haute-Volta et le Soudan. Les victimes
sont des Européens ou des Syriens, ces der-
niers débarqués du vapeur M adoizna, venant
de Marseille. La fièvre jaune toucbe 43 in-
dividus. Il en résulte 37 décès. La région la
plus atteinte est le Bas-Sénégal (34 cas — 29
morts), où l'on a trouvé trois foyers dans les
régions de Diourbel, Rufisque, Saloum. En
1927, nous assistons à une épidémie plus im-
portante : à Dakar (82 cas et 58 décès), au
Sénégal (108 cas avec 77 décès), au Dahomey:
trois cas, trois décès. Nous le répétons, ces
victimes sont des Européens ou des Sy-
riens. Le noir paraissait insensible au virus
amaryl, mais cette notion ne tient plus devant
les travaux récents de la mission américaine
de la fièvre jaune.
Les lecteurs des Annales Coloniales, savent
q-ue la fièvre jaune est propagée par un
moustique du genre Stegomyia. A la base de
la lutte contre la fièvre jaune sont, d'une
part, les mesures de prophylaxie édictées
pour défendre les individus contre la piqûre
de ces insectes, d'autre part, la mise en ac-
tion de tous les moyens propres à découvrir
et à détruire les gîtes à larves. Il va sans
dire qu'à ces dernieis moyens, je les quali-
fierai de « dynamiques », il faut joindre la
méthode « statique », c'est-à-dire le contrôle
minutieux, des provenances de tous endroits
suspects et contaminés. Les travaux d'assai-
nissement en cours, à Rufisque, Diourbel,
Kaolack et dans tous les centres contaminés,
doivent être poussés avec vigueur. C'est
d'ailleurs ce que les autorités sanitaires du
Sénégal proposent. On ne saurait également
trop appuyer l'institution à Dakar d'une école
élémentaire de prophylaxie, rattachée au Ser-
vice d'Hygiène de la ville. Ouverte à tous
les fonctionnaires, commerçants, indigènes,
cette école dont l'enseignement pratique sera
complété par l'organisation de conférences,
avec films cinématographiques dans tous les
grands centres, doit éclairer la population et
faire de chaque habitant un collaborateur sa-
nitaire.
Bien entendu, ne comptons pas que la fiîr-
vre jaune disparaisse incessamment de l'A.
O.F. En effet, à la difficulté d'obtenir, avant
de longues années, l'assainissement complet
de la colonie, ainsi que la disparition totale
des Stegomyia, se joint l'existence de plus en
plus probable, d'un réservoir indigène de
virus amaryl. Ces conditions imposent, pen-
dant longtemps encore au Service de Santé,
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