Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-06-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juin 1929 01 juin 1929
Description : 1929/06/01-1929/06/30. 1929/06/01-1929/06/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97431338
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Page 14
Les Annales Coloniales
cination antituberculeuse au B. C. G. Depuis
mai 1924, tous les nouveaux-nés, à Dakar,
sont vaccinés par la méthode du professeur
Calmette. Il n'y a jamais eu le moindre inci-
dent.
Pendant l'épidémie de fièvre jaune, l'acti-
vité des savants de l'Institut fut considérable,
et ses travaux remarquables. Comme à Pas-
toria, on peut seulement déplorer à Dakar la
médiocrité des crédits qui parfois gêne l'exten-
sion qu'on voudrait donner à ces travaux scien-
tifiques dont l'importance est capitale.
Toutes ces installations sanitaires de Cona-
kry, comme de Dakar, me laissent l'impres-
sion qu'un admirable effort a été fourni, effort
qui doit être développé par une organisation
systématique des services hospitaliers indigènes
sur l'ensemble du territoire de l'A.O.F. Œu-
vre de longue haleine, certes — il faut former
le personnel, créer les installations — mais
indispensable.
A midi, un grand banquet de 80 couverts
réunit la mission et les autorités administratives
de Conakry au « Grand Hôtel ». Des discours
éloquents sont prononcés...
L'embarquement à bord du Médie-II, qui
nous attend en rade depuis le matin, est fixé à
5 heures. Je dispose de deux heures, j'en
profite pour visiter les écoles de Conakry, de-
puis la classe maternelle, avec ses bambins de
4 à 5 ans, de l'école urbaine, jusqu'à celles
de l'école primaire supérieure et de l'école
professionnelle, où de grands jeunes gens de
16 à 17 ans se préparent à devenir les « écri-
vains » et les ouvriers qualifiés de demain.
Locaux, personnel, matériel, tout est au
point, et une fois de plus, je suis frappé de
l'intelligence ouverte et vive de ces petits noirs
.que l'on se représente, trop souvent, comme
de petits sauvages.
A l'heure prévue, nous retrouvons le Médie-
II et son excellent capitaine, le commandant
Mattei..
Après un séjour nouveau de quelques heures
à Dakar, où notre ami Diegne nous reçoit à
la mairie et offre à la mission un vin d'hon-
neur « arrosé » d'un éloquent discours, où il
déclare finement qu *ll « annexe » la mission,
au nom de l'A.O.F., une gracieuse réception
par Mme Carde et un exquis déjeuner pu Pa-
lais du Gouvernement général, nous disons
adieu à l'A.O.F.
Et le Médie-Il reprend le chemin de la
France. Après des escales brèves, mais ins-
tructives à Las Palmas, Casablanca, Tanger,
qui nous permettent de faire de très utiles
La route de Conakry à Forécaria (kilomètre 42).
Au loin, le mont Honbotongo, près de Manéah (Cercle de Conakry)
comparaisons et après une dure tempête dans
le golfe du Lion, où notre bon commandant
Mattei doit faire preuve d'une énergie surhu-
maine pour garder le commandement malgré
un genou luxé et une figure toute contusionnée,
nous revoyons au soir du 1er mars le spectacle
féerique de la rade de Marseille, illuminée
de ses mille feux.
De ce court, trop court voyage en A.O.F.,
je garde une impression émerveillée.
Oui, j'ai le sentiment que je commettrais
la plus lourde, la plus grossière des injustices
si, au moment dl: clore ce récit de voyage, je
n'insistais sur ce sentiment qui domine en moi
tous les autres.
Quand on veut bien songer que, dans cet
immense pays, huit fois grand comme la
France, habité par une population de race
totalement différente de la nôtre et de civili-
sation figée dans des formes primitives et misé-
rables depuis des siècles, où les difficultés du
climat s'ajoutent aux dangers des maladies tro-
picales pour rendre la tâche de l'Européen plus
pénible et plus difficile, on ne pouvait péné-
trer, il y a seulement 50 ans, sans risquer
d'être exterminé, on doit être frappé de res-
pect et d'admiration pour la grande œuvre de
pacification et de civilisation réaiisée
Ah ! certes, il est facile de se refuser sys-
tématiquement à voir ce qui a été fait pour ne
retenir que ce qui reste à faire.
Il est facile de recueillir et, au besoin,
d'imaginer les éléments de tableaux anecdoti-
oues, amusants ou scandaleux sur la vie de
la brousse, qui existe encore, bien sûr, de re-
cueillir toutes les critiques qui pèsent — là
comme ailleurs, là plus qu'ailleurs — sur tous
les hommes qui agissent et qui, en agissant,
peuvent se tromper, de faire un imposant bou-
quet de ces critiques, de ces tâtonnements, de
ces erreurs, de ces fautes.
Il est mieux, à mon sens, de s élever au-
dessus de tout cela pour embrasser du regard,
dans son ensemble, dans sa portée, l'œuvre
civilisatrice admirable entreprise par la France
dans l'Afrique noire, et qu'il s'agit aujour-
d'hui non de décrier, mais de développer.
Il est mieux, mais plus difficile de se mon-
trer, plutôt que brillant ou scandaleux, clair-
voyant et juste.
Sans vile flagornerie, sans naïf aveuglement,
j'a; essayé de l'être.
Etienne ANTONELLI,
Député de la Haute-Savoie,
Rapporteur du Budget de
l'Algérie et des Protec-
torats.
Ir-4n CANAL ]Cœ SOTUBA
A la vue de Bamako, M. Maginot, minis-
tre des Colonies, traduisant l'impression gé-
nérale, eut cette phrase :
« Nous sommes émerveilles et stupéfaits.
Sans tomber dans le chauvinisme, on peut
dire, en examinant cet ensemble de faits,
qu'on a le droit d'ètre fier de l'œuvre accom-
plie, qui donne matière sérieuse à ré-
flexion. »
Dakar, Id. glande ville tropicale déjà im-
posante, et riche, par son port, d'un formida-
ble avenir; un rail de 1.200 kilomètres sur
lequel venait de rouler le train « officiel »
aussi confortable qu'un grand express euro-
péen, à travers une région que l'on parcou-
rait, il y a quarante ans, à dos de mulet ou
en hamac ; Bamako, occupée seulement en
1 883, et devenue, à l'égard de mainte vifie
de France, un modèle d'urbanisme ; un pro-
gramme, en pleine exécution, d'enrichisse-
ment et de civilisation par l'eau domptée...
tels étaient, entre autres, les motifs d'en-
thousiasme.
Mais nous ne parlerons ici que du canal
de Sotuba. Le programme d'ensemble dont
fait partie cet ouvrage, élaboré par 1\1. le
Gouverneur général Carde, comprenait deux
groupes de travaux :
1° La construction d'un barrage à Sotuba,
sur le seuil des Aigrettes, et d'un canal ap-
pelé canal de Ségou ;
20 L'endiguement du Macina sur la rive
gauche du fleuve, pour préserver les terrains
en contre-bas des inondations annuelles ; la
construction d'un barrage sur le Niger aux
environs de Sansanding et de deux canaux
d'irrigation dits « du Macina » et « du
Sahel ».
A l'heure actuelle, l'endiguement du Ma-
cina avance rapidement ; la digue et le ca-
nal de Sotuba sont terminés.
L'ouvrage de Sotuba comporte :
a) Un barrage de dérivation établi en tra-
vers du Niger, à 3 kilomètres à l'aval de
Bamako. En ce point, le fleuve, que l'île
Flatters divise en deux bras, a une très
grande largeur. L'ouvrage comprend donc
en fait deux barrages : l'un établi sur le
bras septentrional de Damanda, l'autre fer-
mant le bras sud des Aigrettes.
b) Des pertuis, au nombre de quatre, de
10 mètres d'ouverture, destinés à l'évacua-
tion des sables accumulés devant l'ouvrage
de prise d'eau ; une passerelle métallique,
dont le tablier se trouve à 5 mètres au-des-
sus des plus hautes eaux connues, porte les
appareils de manœuvre de ces ouvrages.
c) Un ouvrage de prise d'eau à quatre ou-
vertures de 5 mètres s'appuyant en amont
sur une puissante digue de défense; à l'aval,
sur une levée insubmersible, isolant du fleu-
Les Annales Coloniales
cination antituberculeuse au B. C. G. Depuis
mai 1924, tous les nouveaux-nés, à Dakar,
sont vaccinés par la méthode du professeur
Calmette. Il n'y a jamais eu le moindre inci-
dent.
Pendant l'épidémie de fièvre jaune, l'acti-
vité des savants de l'Institut fut considérable,
et ses travaux remarquables. Comme à Pas-
toria, on peut seulement déplorer à Dakar la
médiocrité des crédits qui parfois gêne l'exten-
sion qu'on voudrait donner à ces travaux scien-
tifiques dont l'importance est capitale.
Toutes ces installations sanitaires de Cona-
kry, comme de Dakar, me laissent l'impres-
sion qu'un admirable effort a été fourni, effort
qui doit être développé par une organisation
systématique des services hospitaliers indigènes
sur l'ensemble du territoire de l'A.O.F. Œu-
vre de longue haleine, certes — il faut former
le personnel, créer les installations — mais
indispensable.
A midi, un grand banquet de 80 couverts
réunit la mission et les autorités administratives
de Conakry au « Grand Hôtel ». Des discours
éloquents sont prononcés...
L'embarquement à bord du Médie-II, qui
nous attend en rade depuis le matin, est fixé à
5 heures. Je dispose de deux heures, j'en
profite pour visiter les écoles de Conakry, de-
puis la classe maternelle, avec ses bambins de
4 à 5 ans, de l'école urbaine, jusqu'à celles
de l'école primaire supérieure et de l'école
professionnelle, où de grands jeunes gens de
16 à 17 ans se préparent à devenir les « écri-
vains » et les ouvriers qualifiés de demain.
Locaux, personnel, matériel, tout est au
point, et une fois de plus, je suis frappé de
l'intelligence ouverte et vive de ces petits noirs
.que l'on se représente, trop souvent, comme
de petits sauvages.
A l'heure prévue, nous retrouvons le Médie-
II et son excellent capitaine, le commandant
Mattei..
Après un séjour nouveau de quelques heures
à Dakar, où notre ami Diegne nous reçoit à
la mairie et offre à la mission un vin d'hon-
neur « arrosé » d'un éloquent discours, où il
déclare finement qu *ll « annexe » la mission,
au nom de l'A.O.F., une gracieuse réception
par Mme Carde et un exquis déjeuner pu Pa-
lais du Gouvernement général, nous disons
adieu à l'A.O.F.
Et le Médie-Il reprend le chemin de la
France. Après des escales brèves, mais ins-
tructives à Las Palmas, Casablanca, Tanger,
qui nous permettent de faire de très utiles
La route de Conakry à Forécaria (kilomètre 42).
Au loin, le mont Honbotongo, près de Manéah (Cercle de Conakry)
comparaisons et après une dure tempête dans
le golfe du Lion, où notre bon commandant
Mattei doit faire preuve d'une énergie surhu-
maine pour garder le commandement malgré
un genou luxé et une figure toute contusionnée,
nous revoyons au soir du 1er mars le spectacle
féerique de la rade de Marseille, illuminée
de ses mille feux.
De ce court, trop court voyage en A.O.F.,
je garde une impression émerveillée.
Oui, j'ai le sentiment que je commettrais
la plus lourde, la plus grossière des injustices
si, au moment dl: clore ce récit de voyage, je
n'insistais sur ce sentiment qui domine en moi
tous les autres.
Quand on veut bien songer que, dans cet
immense pays, huit fois grand comme la
France, habité par une population de race
totalement différente de la nôtre et de civili-
sation figée dans des formes primitives et misé-
rables depuis des siècles, où les difficultés du
climat s'ajoutent aux dangers des maladies tro-
picales pour rendre la tâche de l'Européen plus
pénible et plus difficile, on ne pouvait péné-
trer, il y a seulement 50 ans, sans risquer
d'être exterminé, on doit être frappé de res-
pect et d'admiration pour la grande œuvre de
pacification et de civilisation réaiisée
Ah ! certes, il est facile de se refuser sys-
tématiquement à voir ce qui a été fait pour ne
retenir que ce qui reste à faire.
Il est facile de recueillir et, au besoin,
d'imaginer les éléments de tableaux anecdoti-
oues, amusants ou scandaleux sur la vie de
la brousse, qui existe encore, bien sûr, de re-
cueillir toutes les critiques qui pèsent — là
comme ailleurs, là plus qu'ailleurs — sur tous
les hommes qui agissent et qui, en agissant,
peuvent se tromper, de faire un imposant bou-
quet de ces critiques, de ces tâtonnements, de
ces erreurs, de ces fautes.
Il est mieux, à mon sens, de s élever au-
dessus de tout cela pour embrasser du regard,
dans son ensemble, dans sa portée, l'œuvre
civilisatrice admirable entreprise par la France
dans l'Afrique noire, et qu'il s'agit aujour-
d'hui non de décrier, mais de développer.
Il est mieux, mais plus difficile de se mon-
trer, plutôt que brillant ou scandaleux, clair-
voyant et juste.
Sans vile flagornerie, sans naïf aveuglement,
j'a; essayé de l'être.
Etienne ANTONELLI,
Député de la Haute-Savoie,
Rapporteur du Budget de
l'Algérie et des Protec-
torats.
Ir-4n CANAL ]Cœ SOTUBA
A la vue de Bamako, M. Maginot, minis-
tre des Colonies, traduisant l'impression gé-
nérale, eut cette phrase :
« Nous sommes émerveilles et stupéfaits.
Sans tomber dans le chauvinisme, on peut
dire, en examinant cet ensemble de faits,
qu'on a le droit d'ètre fier de l'œuvre accom-
plie, qui donne matière sérieuse à ré-
flexion. »
Dakar, Id. glande ville tropicale déjà im-
posante, et riche, par son port, d'un formida-
ble avenir; un rail de 1.200 kilomètres sur
lequel venait de rouler le train « officiel »
aussi confortable qu'un grand express euro-
péen, à travers une région que l'on parcou-
rait, il y a quarante ans, à dos de mulet ou
en hamac ; Bamako, occupée seulement en
1 883, et devenue, à l'égard de mainte vifie
de France, un modèle d'urbanisme ; un pro-
gramme, en pleine exécution, d'enrichisse-
ment et de civilisation par l'eau domptée...
tels étaient, entre autres, les motifs d'en-
thousiasme.
Mais nous ne parlerons ici que du canal
de Sotuba. Le programme d'ensemble dont
fait partie cet ouvrage, élaboré par 1\1. le
Gouverneur général Carde, comprenait deux
groupes de travaux :
1° La construction d'un barrage à Sotuba,
sur le seuil des Aigrettes, et d'un canal ap-
pelé canal de Ségou ;
20 L'endiguement du Macina sur la rive
gauche du fleuve, pour préserver les terrains
en contre-bas des inondations annuelles ; la
construction d'un barrage sur le Niger aux
environs de Sansanding et de deux canaux
d'irrigation dits « du Macina » et « du
Sahel ».
A l'heure actuelle, l'endiguement du Ma-
cina avance rapidement ; la digue et le ca-
nal de Sotuba sont terminés.
L'ouvrage de Sotuba comporte :
a) Un barrage de dérivation établi en tra-
vers du Niger, à 3 kilomètres à l'aval de
Bamako. En ce point, le fleuve, que l'île
Flatters divise en deux bras, a une très
grande largeur. L'ouvrage comprend donc
en fait deux barrages : l'un établi sur le
bras septentrional de Damanda, l'autre fer-
mant le bras sud des Aigrettes.
b) Des pertuis, au nombre de quatre, de
10 mètres d'ouverture, destinés à l'évacua-
tion des sables accumulés devant l'ouvrage
de prise d'eau ; une passerelle métallique,
dont le tablier se trouve à 5 mètres au-des-
sus des plus hautes eaux connues, porte les
appareils de manœuvre de ces ouvrages.
c) Un ouvrage de prise d'eau à quatre ou-
vertures de 5 mètres s'appuyant en amont
sur une puissante digue de défense; à l'aval,
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