Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-06-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juin 1929 01 juin 1929
Description : 1929/06/01-1929/06/30. 1929/06/01-1929/06/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k97431338
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Page 12
Les Annales Coloniales
En Guinée Française. — Les chutes du Samou.
instituteur en Guinée depuis plusieurs années,
et qui m'offre la plus aimable et la plus cor-
diale hospitalité. Nous passons la soirée à ba-
varder des choses et des gens d'Annecy,
d'Annemasse et de Gaillard.
Vendredi 15 février.
Nous partons le matin, vers 8 heures, pour
Pita, où M. l'administrateur Durand nous ré-
serve la surprise d'une magnifique réception
dans une résidence délicieusement décorée par
les mains de Mme Durand, qui nous donne
une nouvelle preuve de ce que peut le goût
sûr et l'ingéniosité d'une femme française, mê-
me en un pays comme Pita, perdu dans les
montagnes du F outa-Djallon à 800 kilomètres
de la côte et à 1.200 mètres d'altitude.
Le spectacle touristique, tout le long de \a
route, est merveilleux. De loin, nous aperce-
vons la riche plantation indigène de Dalaba
où s'affirme, dans toute sa portée et sa va-
leur, la « méthode guinéenne ».
Samedi 16 février.
Partis le matin de Mamou, nous arrivons ÎÃ
Kindia, à Il heures.
Au pays des bananes
En route. nous faisons connaissance avec la
question des bananes de Guinée sous la forme
très agréable d'une longue conversation avec un
jeune colon, M. Pezon, qui, monté à la sta-
tion de Konkoure nous accompagne jusqu'à
Kindia. M. Pezon est un jeune homme, avia-
teur de guerre, possesseur d'une grosse for-
tune, qui a pensé qu'il avait mieux à faire que
de promener ses « citations » dans les bars de
nuit de Paris et qui est venu en Guinée instal-
ler, suivant les méthodes les plus modernes,
une grande exploitation de bananes. Esprit
clair, vision large, on ne se perd pas avec lui
dans les questions de personnes, les rivalités de
syndicat, les parti-pris de vieux colons. Le pro-
blème de la banane en Guinée lui paraît sim-
ple : c'est un problème de régularité de trans-
port. Tout le reste est secondaire. Et ce pro-
blème n'est compliqué que par la mauvaise
volonté des uns et les combinaisons cachées des
autres.
A Kindia, MM. G. Beynis et Chambaud
nous exposèrent les doléances du petit syndicat
des planteurs — car il y a deux syndicats pour
53 concessionnaires, 1.800 hectares concédés à
titre définitif et 284 hectares complantés —
En Guinée française. — Les nouvelles méthodes :
Culture à la charrue dans. une ferme indigène de Fouta-Djallon.
puis nous entendîmes M. Rousseau, le très
sympathique représentant des compagnies de
navigation et enfin M. Poiret lui-même.
Quelle conclusion peut-on tirer de cette étude
contradictoire ?
Je donnerai franchement la mienne, tout en
mesurant exactement la fragilité de ses bases.
Le problème de la banane de Guinée m'ap-
paraît sous la forme d'une bataille confuse
d 'intérêts, qui ne savent encore que s'opposer
sans parvenir à trouver le terrain de concilia-
tion et de coordination des efforts.
Les Compagnies de navigation ont dit, pen-
dant longtemps : « Quand vous nous garan-
tirez plusieurs milliers de tonnes, nous nous in-
téresserons à elles ». Les plantéurs répli-
quaient : « Nous ne pouvons étendre et inten-
sifier notre production tant que nous ne serons
pas assurés d'avoir des bateaux réguliers et con-
venablement aménagés ».
C est ce qu'on dit. La réalité est peut-être
plus complexe encore et les intérêts plus enche-
vêtrés.
Certaines manœuvres ont peut-être tendu, on
me l'a dit, à la ruine des petits et moyens plan-
teurs, pour préparer des rachats fructueux. Par
ailleurs, des campagnes ont été menées qui
avaient surtout pour but d'exercer une pression
politique sur telle ou telle personnalité, dans
des litiges d'ordre contentieux.
Quoiqu 'il en soit, M. le Gouverneur Poiret
ayant pris, après de longs pourparlers sans ré-
sultat avec les Compagnies de navigation, une
mesure énergique, en décidant la construction
d'un frigorifique — dont nous avons vu les pre-
miers travaux de substructure sur le wharf de
Conakry — et l'octroi à une Compagnie spé-
ciale de navigation d'une concession, avec une
sorte de monopole de fait par l'obligation im-
posée aux planteurs qui voudront utiliser le fri-
gorifique de charger leurs fruits sur les navires
de cette Compagnie, on assiste à une véritable
levée de boucliers où l'on retrouve les Compa-
gnies de navigation qui s'émeuvent enfin et cer-
tains planteurs mécontents, qui voudraient bien
pêcher en eau trouble et qui soutiennent main-
tenant que le frigorifique et les installations à
bord sont inutiles et que ce qui importe seule-
ment, c'est la régularité des services de trans-
ports.
Questions de boutiques et d'intérêts. Atten-
dons pour juger que les solutions en cours aient
reçu un commencement d'application.
Visite à Pastoria
Après avoir entendu les doléances des plan-
teurs de bananes, nous entendons celles, plus
émouvantes, du docteur Delorme, sous-direc-
teur de l'Institut Pasteur de Kindia, appelé
couramment « Pastoria ».
Pastoria se trouve à un kilomètre environ
de Kindia, établi sur une belle concession de
35 hectares, dont 18 ont été mis en culture
et produisent les fruits et plantes nécessaires à
l'alimentation des singes et animaux de labora-
toire.
Le personnel est composé de deux savants
de premier ordre, M. le Vétérinaire-major de
lre classe Wilbert et M. le Vétérinaire-major
de 2e classe Delorme, d'un mécanicien euro-
péen et d'une cinquantaine d'indigènes, prépa-
rateurs, soigneurs, bergers, manoeuvres, etc...
L'activité du laboratoire s'exerce dans la
préparation et la délivrance de vaccins et sé-
rums thérapeutiques humains et vétérinaires et
surtout dans les travaux de recherches.'"^*v
Ceux-ci ont un champ immense : vaccinîK^
tion préventive de la tuberculose par le B.C.G.
(bacille Calmette-Guérin), cancer expérimen-
tal, spirochétoses, rage, paludisme, pneumococ-
cies, encéphalite, etc....
Nulle part ces études de biologie expéri-
mentale sur les anthropoïdes, qui présentent un
si haut intérêt scientifique et social, ne trou-
vent un cadre mieux approprié.
Les Annales Coloniales
En Guinée Française. — Les chutes du Samou.
instituteur en Guinée depuis plusieurs années,
et qui m'offre la plus aimable et la plus cor-
diale hospitalité. Nous passons la soirée à ba-
varder des choses et des gens d'Annecy,
d'Annemasse et de Gaillard.
Vendredi 15 février.
Nous partons le matin, vers 8 heures, pour
Pita, où M. l'administrateur Durand nous ré-
serve la surprise d'une magnifique réception
dans une résidence délicieusement décorée par
les mains de Mme Durand, qui nous donne
une nouvelle preuve de ce que peut le goût
sûr et l'ingéniosité d'une femme française, mê-
me en un pays comme Pita, perdu dans les
montagnes du F outa-Djallon à 800 kilomètres
de la côte et à 1.200 mètres d'altitude.
Le spectacle touristique, tout le long de \a
route, est merveilleux. De loin, nous aperce-
vons la riche plantation indigène de Dalaba
où s'affirme, dans toute sa portée et sa va-
leur, la « méthode guinéenne ».
Samedi 16 février.
Partis le matin de Mamou, nous arrivons ÎÃ
Kindia, à Il heures.
Au pays des bananes
En route. nous faisons connaissance avec la
question des bananes de Guinée sous la forme
très agréable d'une longue conversation avec un
jeune colon, M. Pezon, qui, monté à la sta-
tion de Konkoure nous accompagne jusqu'à
Kindia. M. Pezon est un jeune homme, avia-
teur de guerre, possesseur d'une grosse for-
tune, qui a pensé qu'il avait mieux à faire que
de promener ses « citations » dans les bars de
nuit de Paris et qui est venu en Guinée instal-
ler, suivant les méthodes les plus modernes,
une grande exploitation de bananes. Esprit
clair, vision large, on ne se perd pas avec lui
dans les questions de personnes, les rivalités de
syndicat, les parti-pris de vieux colons. Le pro-
blème de la banane en Guinée lui paraît sim-
ple : c'est un problème de régularité de trans-
port. Tout le reste est secondaire. Et ce pro-
blème n'est compliqué que par la mauvaise
volonté des uns et les combinaisons cachées des
autres.
A Kindia, MM. G. Beynis et Chambaud
nous exposèrent les doléances du petit syndicat
des planteurs — car il y a deux syndicats pour
53 concessionnaires, 1.800 hectares concédés à
titre définitif et 284 hectares complantés —
En Guinée française. — Les nouvelles méthodes :
Culture à la charrue dans. une ferme indigène de Fouta-Djallon.
puis nous entendîmes M. Rousseau, le très
sympathique représentant des compagnies de
navigation et enfin M. Poiret lui-même.
Quelle conclusion peut-on tirer de cette étude
contradictoire ?
Je donnerai franchement la mienne, tout en
mesurant exactement la fragilité de ses bases.
Le problème de la banane de Guinée m'ap-
paraît sous la forme d'une bataille confuse
d 'intérêts, qui ne savent encore que s'opposer
sans parvenir à trouver le terrain de concilia-
tion et de coordination des efforts.
Les Compagnies de navigation ont dit, pen-
dant longtemps : « Quand vous nous garan-
tirez plusieurs milliers de tonnes, nous nous in-
téresserons à elles ». Les plantéurs répli-
quaient : « Nous ne pouvons étendre et inten-
sifier notre production tant que nous ne serons
pas assurés d'avoir des bateaux réguliers et con-
venablement aménagés ».
C est ce qu'on dit. La réalité est peut-être
plus complexe encore et les intérêts plus enche-
vêtrés.
Certaines manœuvres ont peut-être tendu, on
me l'a dit, à la ruine des petits et moyens plan-
teurs, pour préparer des rachats fructueux. Par
ailleurs, des campagnes ont été menées qui
avaient surtout pour but d'exercer une pression
politique sur telle ou telle personnalité, dans
des litiges d'ordre contentieux.
Quoiqu 'il en soit, M. le Gouverneur Poiret
ayant pris, après de longs pourparlers sans ré-
sultat avec les Compagnies de navigation, une
mesure énergique, en décidant la construction
d'un frigorifique — dont nous avons vu les pre-
miers travaux de substructure sur le wharf de
Conakry — et l'octroi à une Compagnie spé-
ciale de navigation d'une concession, avec une
sorte de monopole de fait par l'obligation im-
posée aux planteurs qui voudront utiliser le fri-
gorifique de charger leurs fruits sur les navires
de cette Compagnie, on assiste à une véritable
levée de boucliers où l'on retrouve les Compa-
gnies de navigation qui s'émeuvent enfin et cer-
tains planteurs mécontents, qui voudraient bien
pêcher en eau trouble et qui soutiennent main-
tenant que le frigorifique et les installations à
bord sont inutiles et que ce qui importe seule-
ment, c'est la régularité des services de trans-
ports.
Questions de boutiques et d'intérêts. Atten-
dons pour juger que les solutions en cours aient
reçu un commencement d'application.
Visite à Pastoria
Après avoir entendu les doléances des plan-
teurs de bananes, nous entendons celles, plus
émouvantes, du docteur Delorme, sous-direc-
teur de l'Institut Pasteur de Kindia, appelé
couramment « Pastoria ».
Pastoria se trouve à un kilomètre environ
de Kindia, établi sur une belle concession de
35 hectares, dont 18 ont été mis en culture
et produisent les fruits et plantes nécessaires à
l'alimentation des singes et animaux de labora-
toire.
Le personnel est composé de deux savants
de premier ordre, M. le Vétérinaire-major de
lre classe Wilbert et M. le Vétérinaire-major
de 2e classe Delorme, d'un mécanicien euro-
péen et d'une cinquantaine d'indigènes, prépa-
rateurs, soigneurs, bergers, manoeuvres, etc...
L'activité du laboratoire s'exerce dans la
préparation et la délivrance de vaccins et sé-
rums thérapeutiques humains et vétérinaires et
surtout dans les travaux de recherches.'"^*v
Ceux-ci ont un champ immense : vaccinîK^
tion préventive de la tuberculose par le B.C.G.
(bacille Calmette-Guérin), cancer expérimen-
tal, spirochétoses, rage, paludisme, pneumococ-
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