Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-07-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1929 01 juillet 1929
Description : 1929/07/01-1929/07/31. 1929/07/01-1929/07/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743132v
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Page G :
.es Annales Coloniales '
à nouveau rassemblée sur ces terres fertiles
qu'ils aiment d'un égal amour. Venus de
France ou d'Italie, ils se retrouvent aux
côtés des Tunisiens pour féconder le sol et
lui arracher ses richesses. De leur colla-
boration, de leur bonne entente dépend la
prospérité de la Tunisie et la leur.
Jamais comme ce soir-là, devant cette
foule silencieuse, mi-orientale, mi-euro-
péenne, où mes paroles devaient être tra-
duites en dialecte, puis en italien, je n'ai
senti la complexité de la question tunisienne.
Si les sentiments que j'exprimais ce soir-là
ont pu toucher le cœur des paysans de
kief, c'est à la politique de sagesse et de
prudence de M. Saint que nous le devons
et en évoquent ces souvenirs je ne puis m'em-
pêcher de me féliciter de le voir appelé à
continuer au Maroc une œuvre si bien com-
mercée au pays de Saint Augustin.
Pierre TAITTINGER,
Député de Paris, Président de la
Commission de l'Algérie, des
Colonies et des Protectorats.
Maurice ROBERT
Mon voyage en Tunisie fut pour moi une
agréable révélation. Ce qui m'a frappé ?
C est la collaboration loyale et franche, l'en-
tente cordiale, — c'est le cas de le l'écrire —
entre l'élément indigène et l'élément de sou-
che française. L'indigène estime à sa juste
valeur, les qualités nombreuses, le cœur gé-
néreux, l'esprit libéral de nos frères de
France fixés sur le sol tunisien.
Ce qui m'a frappé? C'est l'attrait pour
l'indigène de nos procédés et de nos métho-
des de colonisation : les routes — dont cer-
taines admirables — les chemins de fer, les
hôpitaux, les écoles, l'office agricole tunisien
en pleine prospérité, et disons même l'auto-
mobile... Rien n'est plus plaisant, lorsqu'on
parcourt la Tunisie, de la mer au désert,
que de rencontrer, croisant les caravanes mi-
gratrices, des camions où s'entassent pêle-
mêle des indigènes dont les yeux noirs sou-
rient à la vitesse.
L'ordre et la sécurité règnent dans le pays,
des impôts infimes sont prélevés régulière-
ment, les récoltes se vendent convenable-
ment, un certain bien-être se répand de plus
en plus dans la masse indigène, des com-
munications faciles relient le désert au litto-
ral et à l'intérieur, un respect absolu des
coutumes locales et de la religion musul-
mane permet de gagner de plus en plus la
confiance des sujets du protectorat, un essor
constant de l'agriculture et de l'industrie
enrichit le pays. Je n'exagère pas. Voilà
l'œuvre de la France en Tunisie, accomplie
depuis six lustres. Voilà l'œuvre que notre
pays poursuit d'ailleurs dans toutes ses pos.
sessions d'outre-mer !
Il n'y a pas cinquante ans que le traité
du Bardo a été signé et déjà la Tunisie est
en pleine prospérité, en plein travail, en
pleine transformation !
J'ai parcouru la côte, j'ai visité le sud
et l'intérieur. J'ai vécu de bonnes heures
à Tunis aux Souks originaux et curieux.
J'ai vu Sousse la sombre — c'est vrai qu'il
pleuvait quand j'y suis arrivé — Sfax, la
ville champignon, merveilleuse cité aux lar-
ges artères bordées d'immeubles neufs, à
l'architecture mi-musulmane, mi-européenne,
(Jabès à l'oasis faite de verdure, d'eau rt
de soleil, lieu de rêverie et d'amour...
J'ai vu Kairouan, la ville sainte, et son
bassin des Aghlabites, ses murs blancs,
ses mosquées si empreintes de la poésie
intime de l'Islam, ses échopes, débor-
dant de légumes, de fruits, et où s'entas-
sent pêle-mêle cuirs et cuivres repoussés,
broderies multicolores, enfin ses cafés maures
et leurs habitués enveloppés d'un burnous et
nonchalamment allongés sur des nattes. J'ai
vu Kairouan et sa foire aux tapis, dans un
cadre merveilleux du plus pur orientalisme.
J'ai touché les alloucha, les zerbia et les
margoum, tous, chefs-d'œuvre de tissage...
j'ai vu, au milieu des fumées de l'encens,
au son d'une mélodie bizarre, des Aissaouas
mystiques avaler des scorpions, du verre, se
transpercer de dagues ; j'ai vu des char-
meurs de serpents venimeux se faire des
colliers de vipères à cornes tandis qu'ils
étaient menacés de redoutables najas... J'ai
vu des femmes du peuple, jeunes, au visage
voilé, fuir devant le regard de l'Européen
tandis que j'entendais des terrasses, les
« hou, hou » de bienvenue lancés par d'au-
tres femmes plus âgées. J'ai goüté à la bri-
que tunisienne, au loup de mer, au couscous
traditionnel, j'ai bu du lait de palmier, vu
des danses, des fantasias échevelées, respiré
des parfums orientaux enivrants... J'ai vu
des villages berbères dont la propreté était
irréprochable, des villages européens actifs,
des gourbis où, sous un plafond de feuilla-
ges, près d'un feu de bois, une femme ta-
touée, aux bras brûlés par le soleil, écrasait
avec un pilon dans un plat de pierre, le
grain nourricier... J'ai rencontré partout une
population indigène enthousiaste sortant les
etendards des mosquées pour fêter religieu-
sement l'arrivée des représentants de la
France... J'ai vu d'anciens combattants, coif-
fés de la chéchia, se presser dans les mai-
ries pour apporter l'hommage ému qu'ils
adressaient à la mère patrie. Et j'ai
vu encore la belle forêt d'oliviers de Sfax,
symbole vivant de la paix qui règne au pays
des Beys, les ruines romaines si imposantes
d'El-Djem et que viennent visiter chaque
année quantité de touristes, puis le musée de
Carthage, aux pièces réputées, disputées par
les Pères Blancs, au sol comme au fond de
la mer où reposent les galères romaines nau-
fragées de Caligula.
J'ai vu enfin, en revenant à Tunis, par
la fin d'un bel après-midi, au lointain des
plaines florissantes, le soleil disparaître en
usant des couleurs d'une palette d'or et de
feu pour orner de mille tons le sommet des
monts !
Au souvenir inoubliable de ce film vivant
et merveilleux que m'off rit la Tunisie, je
sens, mieux que je ne l'ai jamais senti jus-
qu'à ce jour, ce qu'est le génie colonisateur
de notre race, j'apprécie mieux encore les
résultats obtenus, grâce à l'effort lent et pa-
tient de notre colonisation pacifique et si
essentiellement humaine.
Le pays de Tunisie est prospère et riche,
d'immenses terrains attendent encore le colon
laborieux qui, poussant la charrue dans le
sillon de terre rougeâtre, rêve à la fortune
qui lui viendra. L'avenir de la Tunisie est
riche de promesses !
Et quels sont les auxiliaires d'une telle
prospérité? La valeur de la population euro-
péenne et indigène, l'ardent désir du colon
de réussir, la sage politique de la Régence
et l'administration tout à la fois bienveil-
lante et sévère des fonctionnaires admira-
bles que sont les contrôleurs civils dont les
attributions sont en constante évolution et je
n'aurais garde d'oublier ici leurs précieux
collaborateurs, les caïds, gens cultivés et ga-
gnés à la cause française.
La Tunisie s'est développée plus rapide-
ment que l'Algérie, grâce surtout à son ré-
gime administratif, à l'étendue de ses ter-
res exploitables et à sa situation entre les
deux bassins de la Méditerranée, grâce aussi
à une bourgeoisie urbaine indigène, rompue
au commerce avec les Juifs livournais, les
Grecs, les Levantins et dont les intérêts pou-
vaient trouver satisfaction sous notre domi-
nation.
Je ne rappellerai pas ici les statistiques
commerciales concernant notre Protectorat,
je dirai simplement que le pays « plie litté-
ralement sous le poids de sa fortune » et
qu'il est « débordé par les besoins nouveaux,
inattendus, impérieux et énormes que cette
fortune lui a créés ».
La Tunisie qui fut dans l'antiquité le
grenier à blé et le réservoir d'huile de Rome
est avant tout le pays de l'huile et des céréa-
les.
La vigne y prospère et certains crus sont
fameux comme les muscats de Carthage. Il
serait, à notre sens, de bonne politique, de
faire produire à la Tunisie les vins spéciaux
que nous achetons en Espagne et en Italie.
Pays agricole, le Protectorat peut devenir
un pays industriel de grande valeur avec ses
mines de fer et ses gisements de phosphates
des environs de Gafsa, avec ses huileries qui
doivent être perfectionnées et modernisées,
avec son artisanat local, ces industries d'art
indigènes, auxquelles un enseignement pro-
fessionnel réfléchi a déjà donné un regain de
vie.
La population indigène, grâce au dévelop-
pement de l'instruction et des œuvres post-
scolaires, a fait de rapides progrès, aidés,
bien que cela puisse paraître bizarre, par la
guerre, qui mêla la Tunisie aux Français!
Une élite indigène se constitue, s'imprègne
d'idées libérales tout en restant fermement
attachée à la religion musulmane.
La femme indigène des classes aisées tend
à s'émanciper et dès qu'elle a mis le pied
sur un steamer français, elle se présente le
visage dévoilé aux passagers. Cette et Jeune
Tunisie » fournit une collaboration précieuse
à l'œuvre de la renaissance tunisienne en-
treprise par la France. Et cette œuvre de
renaissance doit se poursuivre également
dans le champ d'action du tourisme !
J'ai emporté de la Tunisie un souvenir
inoubliable, je servirai de mon mieux ce
beau pays au Parlement. Ma pensée et mon
cœur ne se sépareront jamais de cette admi-
rable contrée de la terre d'Afrique.
Maurice ROBERT.
Député de l'Aube.
Auguste SABATIER
J'ai eu l'occasion de visiter la charmante
ville de Tunis et c'est pour moi un vif plai-
sir de venir conter ici mes impressions sur
le pays admirable qu'est la Tunisie.
C'est, avec le Maroc et l'Algérie, une autre
France dont la possession doit nous être par-
ticulièrement chère.
Au point de vue du climat, la Tunisie
appartient au système méditerranéen. C'est
assez dire qu'on y retrouve toutes les ca-
ractéristiques qui font le charme de notre
Côte d'Azur.
Lorsqu'on arrive de France après avoir
franchi la pointe de Carthage et le Cap
Bon, on aperçoit, s'épanouissant au soleil,
au fond du vaste golfe qui porte son nom, la
magnifique ville de Tunis.
Tunis qui, de tout temps, fut la capitale
de prédilection des beys husséinistes, aujour-
d'hui résidence du Résident Général de
France, — plus ancienne encore que l'anti-
que Carthage, est depuis le xiie siècle la ca-
pitale de la Tunisie.
Comme toutes les villes qui ont derrière
elles un long passé d'histoire, Tunis est
divisée en deux parties, d'un côté la cité
indigène et ancienne et de l'autre le quar-
tier moderne et européen.
C'est vraiment un ensemble étonnant que
la vue de ses minarets, de ses mosquées et
de ses rues en forme de voûte, et pour l'Eu-
ropéen qui s'aventure dans ce quartier in-
.es Annales Coloniales '
à nouveau rassemblée sur ces terres fertiles
qu'ils aiment d'un égal amour. Venus de
France ou d'Italie, ils se retrouvent aux
côtés des Tunisiens pour féconder le sol et
lui arracher ses richesses. De leur colla-
boration, de leur bonne entente dépend la
prospérité de la Tunisie et la leur.
Jamais comme ce soir-là, devant cette
foule silencieuse, mi-orientale, mi-euro-
péenne, où mes paroles devaient être tra-
duites en dialecte, puis en italien, je n'ai
senti la complexité de la question tunisienne.
Si les sentiments que j'exprimais ce soir-là
ont pu toucher le cœur des paysans de
kief, c'est à la politique de sagesse et de
prudence de M. Saint que nous le devons
et en évoquent ces souvenirs je ne puis m'em-
pêcher de me féliciter de le voir appelé à
continuer au Maroc une œuvre si bien com-
mercée au pays de Saint Augustin.
Pierre TAITTINGER,
Député de Paris, Président de la
Commission de l'Algérie, des
Colonies et des Protectorats.
Maurice ROBERT
Mon voyage en Tunisie fut pour moi une
agréable révélation. Ce qui m'a frappé ?
C est la collaboration loyale et franche, l'en-
tente cordiale, — c'est le cas de le l'écrire —
entre l'élément indigène et l'élément de sou-
che française. L'indigène estime à sa juste
valeur, les qualités nombreuses, le cœur gé-
néreux, l'esprit libéral de nos frères de
France fixés sur le sol tunisien.
Ce qui m'a frappé? C'est l'attrait pour
l'indigène de nos procédés et de nos métho-
des de colonisation : les routes — dont cer-
taines admirables — les chemins de fer, les
hôpitaux, les écoles, l'office agricole tunisien
en pleine prospérité, et disons même l'auto-
mobile... Rien n'est plus plaisant, lorsqu'on
parcourt la Tunisie, de la mer au désert,
que de rencontrer, croisant les caravanes mi-
gratrices, des camions où s'entassent pêle-
mêle des indigènes dont les yeux noirs sou-
rient à la vitesse.
L'ordre et la sécurité règnent dans le pays,
des impôts infimes sont prélevés régulière-
ment, les récoltes se vendent convenable-
ment, un certain bien-être se répand de plus
en plus dans la masse indigène, des com-
munications faciles relient le désert au litto-
ral et à l'intérieur, un respect absolu des
coutumes locales et de la religion musul-
mane permet de gagner de plus en plus la
confiance des sujets du protectorat, un essor
constant de l'agriculture et de l'industrie
enrichit le pays. Je n'exagère pas. Voilà
l'œuvre de la France en Tunisie, accomplie
depuis six lustres. Voilà l'œuvre que notre
pays poursuit d'ailleurs dans toutes ses pos.
sessions d'outre-mer !
Il n'y a pas cinquante ans que le traité
du Bardo a été signé et déjà la Tunisie est
en pleine prospérité, en plein travail, en
pleine transformation !
J'ai parcouru la côte, j'ai visité le sud
et l'intérieur. J'ai vécu de bonnes heures
à Tunis aux Souks originaux et curieux.
J'ai vu Sousse la sombre — c'est vrai qu'il
pleuvait quand j'y suis arrivé — Sfax, la
ville champignon, merveilleuse cité aux lar-
ges artères bordées d'immeubles neufs, à
l'architecture mi-musulmane, mi-européenne,
(Jabès à l'oasis faite de verdure, d'eau rt
de soleil, lieu de rêverie et d'amour...
J'ai vu Kairouan, la ville sainte, et son
bassin des Aghlabites, ses murs blancs,
ses mosquées si empreintes de la poésie
intime de l'Islam, ses échopes, débor-
dant de légumes, de fruits, et où s'entas-
sent pêle-mêle cuirs et cuivres repoussés,
broderies multicolores, enfin ses cafés maures
et leurs habitués enveloppés d'un burnous et
nonchalamment allongés sur des nattes. J'ai
vu Kairouan et sa foire aux tapis, dans un
cadre merveilleux du plus pur orientalisme.
J'ai touché les alloucha, les zerbia et les
margoum, tous, chefs-d'œuvre de tissage...
j'ai vu, au milieu des fumées de l'encens,
au son d'une mélodie bizarre, des Aissaouas
mystiques avaler des scorpions, du verre, se
transpercer de dagues ; j'ai vu des char-
meurs de serpents venimeux se faire des
colliers de vipères à cornes tandis qu'ils
étaient menacés de redoutables najas... J'ai
vu des femmes du peuple, jeunes, au visage
voilé, fuir devant le regard de l'Européen
tandis que j'entendais des terrasses, les
« hou, hou » de bienvenue lancés par d'au-
tres femmes plus âgées. J'ai goüté à la bri-
que tunisienne, au loup de mer, au couscous
traditionnel, j'ai bu du lait de palmier, vu
des danses, des fantasias échevelées, respiré
des parfums orientaux enivrants... J'ai vu
des villages berbères dont la propreté était
irréprochable, des villages européens actifs,
des gourbis où, sous un plafond de feuilla-
ges, près d'un feu de bois, une femme ta-
touée, aux bras brûlés par le soleil, écrasait
avec un pilon dans un plat de pierre, le
grain nourricier... J'ai rencontré partout une
population indigène enthousiaste sortant les
etendards des mosquées pour fêter religieu-
sement l'arrivée des représentants de la
France... J'ai vu d'anciens combattants, coif-
fés de la chéchia, se presser dans les mai-
ries pour apporter l'hommage ému qu'ils
adressaient à la mère patrie. Et j'ai
vu encore la belle forêt d'oliviers de Sfax,
symbole vivant de la paix qui règne au pays
des Beys, les ruines romaines si imposantes
d'El-Djem et que viennent visiter chaque
année quantité de touristes, puis le musée de
Carthage, aux pièces réputées, disputées par
les Pères Blancs, au sol comme au fond de
la mer où reposent les galères romaines nau-
fragées de Caligula.
J'ai vu enfin, en revenant à Tunis, par
la fin d'un bel après-midi, au lointain des
plaines florissantes, le soleil disparaître en
usant des couleurs d'une palette d'or et de
feu pour orner de mille tons le sommet des
monts !
Au souvenir inoubliable de ce film vivant
et merveilleux que m'off rit la Tunisie, je
sens, mieux que je ne l'ai jamais senti jus-
qu'à ce jour, ce qu'est le génie colonisateur
de notre race, j'apprécie mieux encore les
résultats obtenus, grâce à l'effort lent et pa-
tient de notre colonisation pacifique et si
essentiellement humaine.
Le pays de Tunisie est prospère et riche,
d'immenses terrains attendent encore le colon
laborieux qui, poussant la charrue dans le
sillon de terre rougeâtre, rêve à la fortune
qui lui viendra. L'avenir de la Tunisie est
riche de promesses !
Et quels sont les auxiliaires d'une telle
prospérité? La valeur de la population euro-
péenne et indigène, l'ardent désir du colon
de réussir, la sage politique de la Régence
et l'administration tout à la fois bienveil-
lante et sévère des fonctionnaires admira-
bles que sont les contrôleurs civils dont les
attributions sont en constante évolution et je
n'aurais garde d'oublier ici leurs précieux
collaborateurs, les caïds, gens cultivés et ga-
gnés à la cause française.
La Tunisie s'est développée plus rapide-
ment que l'Algérie, grâce surtout à son ré-
gime administratif, à l'étendue de ses ter-
res exploitables et à sa situation entre les
deux bassins de la Méditerranée, grâce aussi
à une bourgeoisie urbaine indigène, rompue
au commerce avec les Juifs livournais, les
Grecs, les Levantins et dont les intérêts pou-
vaient trouver satisfaction sous notre domi-
nation.
Je ne rappellerai pas ici les statistiques
commerciales concernant notre Protectorat,
je dirai simplement que le pays « plie litté-
ralement sous le poids de sa fortune » et
qu'il est « débordé par les besoins nouveaux,
inattendus, impérieux et énormes que cette
fortune lui a créés ».
La Tunisie qui fut dans l'antiquité le
grenier à blé et le réservoir d'huile de Rome
est avant tout le pays de l'huile et des céréa-
les.
La vigne y prospère et certains crus sont
fameux comme les muscats de Carthage. Il
serait, à notre sens, de bonne politique, de
faire produire à la Tunisie les vins spéciaux
que nous achetons en Espagne et en Italie.
Pays agricole, le Protectorat peut devenir
un pays industriel de grande valeur avec ses
mines de fer et ses gisements de phosphates
des environs de Gafsa, avec ses huileries qui
doivent être perfectionnées et modernisées,
avec son artisanat local, ces industries d'art
indigènes, auxquelles un enseignement pro-
fessionnel réfléchi a déjà donné un regain de
vie.
La population indigène, grâce au dévelop-
pement de l'instruction et des œuvres post-
scolaires, a fait de rapides progrès, aidés,
bien que cela puisse paraître bizarre, par la
guerre, qui mêla la Tunisie aux Français!
Une élite indigène se constitue, s'imprègne
d'idées libérales tout en restant fermement
attachée à la religion musulmane.
La femme indigène des classes aisées tend
à s'émanciper et dès qu'elle a mis le pied
sur un steamer français, elle se présente le
visage dévoilé aux passagers. Cette et Jeune
Tunisie » fournit une collaboration précieuse
à l'œuvre de la renaissance tunisienne en-
treprise par la France. Et cette œuvre de
renaissance doit se poursuivre également
dans le champ d'action du tourisme !
J'ai emporté de la Tunisie un souvenir
inoubliable, je servirai de mon mieux ce
beau pays au Parlement. Ma pensée et mon
cœur ne se sépareront jamais de cette admi-
rable contrée de la terre d'Afrique.
Maurice ROBERT.
Député de l'Aube.
Auguste SABATIER
J'ai eu l'occasion de visiter la charmante
ville de Tunis et c'est pour moi un vif plai-
sir de venir conter ici mes impressions sur
le pays admirable qu'est la Tunisie.
C'est, avec le Maroc et l'Algérie, une autre
France dont la possession doit nous être par-
ticulièrement chère.
Au point de vue du climat, la Tunisie
appartient au système méditerranéen. C'est
assez dire qu'on y retrouve toutes les ca-
ractéristiques qui font le charme de notre
Côte d'Azur.
Lorsqu'on arrive de France après avoir
franchi la pointe de Carthage et le Cap
Bon, on aperçoit, s'épanouissant au soleil,
au fond du vaste golfe qui porte son nom, la
magnifique ville de Tunis.
Tunis qui, de tout temps, fut la capitale
de prédilection des beys husséinistes, aujour-
d'hui résidence du Résident Général de
France, — plus ancienne encore que l'anti-
que Carthage, est depuis le xiie siècle la ca-
pitale de la Tunisie.
Comme toutes les villes qui ont derrière
elles un long passé d'histoire, Tunis est
divisée en deux parties, d'un côté la cité
indigène et ancienne et de l'autre le quar-
tier moderne et européen.
C'est vraiment un ensemble étonnant que
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