Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-08-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 août 1929 01 août 1929
Description : 1929/08/01-1929/08/31. 1929/08/01-1929/08/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743131f
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Les Annales Coloniales
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LES ©IITOIMÊES DE IOOR/AINIDIE
Le Département d'Oran, si l'on en ju-
geait sur les apparences, était, à l'origine,
dans toute l'Algérie, le moins favorisé par
la nature.
Les pluies, sur le littoral au moins, abon-
dantes l'hiver, y sont, la plupart du temps,
insuffisantes au printemps.
On y rencontre beaucoup de terres salées
ou rocailleuses, impropres à toute culture.
Les richesses minières même, exception
faite des mines de fer de Bcni-Saf, y sont
bien moindres que dans le reste de l'Algérie.
Sa population, si l'on consulte les chiffres
globaux, est moins dense que celle des au-
tres départements : 1.380.801 habitants
contre 1.866.714 dans celui d'Alger et 2 mil-
lions 279.756 dans celui de Constantine
(recensement de 1926). Mais cette popula-
tion comprend 350.841 Européens, tandis
que le département d'Alger n'en compte que
307.195 et le département de Constantine
170.544.
C'est le travail acharné de ses colons qui
a fait la richesse actuelle de l'Oranie, bien
Vue d'Oran.
supérieure à celle de toutes les autres ré-
gions algériennes.
Et cette puissance de travail se manifeste
d'une façon continue et toujours progressive.
Grâce à elle la colonisation européenne a
gagné encore, au cours des dix dernières
années, 105.000 hectares de culture, tandis
qu'elle était en régression partout ailleurs,
que le Département d'Alger perdait 12.000
hectares et celui de Constantine 58.000
hectares.
Cette colonisation s'est étendue jusque
dans l'extrême-sud. Elle a livré à l'exploi-
tation presque la totalité de « la mer d'al-
fa ».
Ce sont les colons Oranais, de plus, qui
ont mis en valeur la majeure partie des
terres cultivées dans le Maroc Oriental,
et nombreux sont aussi ceux qui se sont
établis dans le Maroc Occidental.
D'autre part, le port d Oran qui est à la
fois la résultante, le centre et l'animateur
de toute cette activité, est placé dans une
situation particulièrement privilégiée par
rapport à tous autres de l'Afrique du Nord.
Sans doute les falaises abruptes au pied
desquelles il est creusé sont d'un aspect sé-
vère. Elles sont loin de présenter l'aspect
enchanteur de la ravissante baie d'Alger,
l'une des plus jolies qui soient au monde.
La ville divisée en deux parties, l'une au
bas de ces falaises et dans une vallée étroite
qui s'ouvre entre elles, l'autre sur le pla-
teau qui surplombe cette vallée, est d'ail-
leurs inachevée. Elle offre des lacunes
étranges, est trouée de ravins. Elle n'est
point faite pour séduire, à première vue,
le touriste par son élégance et sa beauté.
Mais elle a d'autres attraits.
Le visiteur qui la voit pour la première
fois, est, dès le premier instant, fortement
impressionné par la vie intense qui s'en
dégage. Il est au milieu d'une fourmilière
perpétuellement en action, où chacun ap-
porte comme une fièvre de travail, une acti-
vité dévorante qui jamais ne se lasse, pour
laquelle une enceinte de murailles, si vaste
soit-elle, est trop étroite et qui déborde de
toutes parts jusque dans des pays déjà loin-
tains.
Oran a naturellement sous sa dépendance
tout l'hinterland du Tell et des Hauta Pla-
teaux, qui le sépare du désert.
Le Maroc Oriental est inéluctablement
dans son rayon d'action. Une partie du Ma-
roc Occidental, y tombera fatalement quand
la voie large entre Oudjda et Fez sera ter-
minée.
Cela suffirait pour expliquer un accrois-
sement constant de trafic.
Mais la position de ce Port lui vaut un
avantage inappréciable. C'est un lieu d'es-
cale particulièrement bien placé pour tout
le commerce maritime entre l'Amérique,
l'Angleterre, l'Europe non méditerranéenne
et l'Orient. Aussi les relâcheurs se font-ils
de plus en plus nombreux.
La raison véritable en est : non pas la
supériorité d'un outillage encore imparfait,
ni une facilité plus grande donnée aux na-
vires pour leurs approvisionnements en vi-
vies ou en eau (avantages qui pourraient
n'être que passagers), mais une situation géo-
graphique que nul ne peut changer. La re-
lâche à Oran permet de supprimer un arrêt,
qui paraissait obligatoire autrefois, à l'en-
trée du détroit de Gibraltar, et qui en im-
posait un autre à Alger.
Aussi depuis 2 ans, ce port l'emporte-t-il
sans contexte sur son rival le port d'Alger :
En 1928, 11.073 navires sont entrés dans
le port d'Oran, d'un tonnage de 19..747.000
tonneaux, représentant un trafic de 3.755.000
tonnes — tandis qu'Alger n'a reçu que
8.591 navires, d'ensemble 15.460.000 ton-
neaux, avec un trafic de 2.333.000 tonnes.
Le port d'Oran est heureusement complété
par ceux d'Arzew, de Mostaganem, à l'Est
— de Beni-Saf et de Nemours à l'Ouest.
Aucun d'eux, d'ailleurs, ne lui fait et ne
peut lui faire une véritable concurrence. Il
demeure le grand port, dans une grande
ville, métropole commerciale de la province,
avec un outillage toujours plus puissant, où
se centraliseront presque tout le mouvement
des voyageurs et, par la force des choses, la
très grosse partie du mouvement des mar-
chandises.
Mais les ports secondaires répondent à
des besoins spéciaux auxquels satisferait
mal le port central. Ils constituent pour l'en-
semble de l'Oranie un supplément d'outil-
lage économique extrêmement précieux.
Le port d'Arzew
Presque dans la banlieue d'Oran 0--- à
40 kilomètres seulement — il est le premier
aboutissement sur la mer de la ligne du
Sud qu'il peut donc desservir entièrement.
On y embarque surtout les alfas — et le
sel de la saline voisine. Il est admirable-
ment situé pour devenir un centre industriel,
pouvant recevoir directement les matières
premières et expédier directement aussi à
l'extérieur les produits fabriqués.
Le port de Mostaganem
Créé par la volonté tenace des habitants
sur une côte inhospitalière, il a dû subir les
assauts plusieurs fois dévastateurs de la
mer, en ce point de la côte très hostile. Il
a résisté. Les brèches ont été réparées. Il
est aujourd'hui en pleine prospérité.
Le sixième de tous les ports algériens, il
tient cependant la première place après
Oran quant au tonnage des navires. De
1018 à 1927, ce tonnage est passé à 1.107.000 tonneaux ; celui des marchan-
dises de 63.000 à 280.000 tonnes.
C'est l'exutoire naturel d'une vaste ré-
gion, dans sa plus grande étendue extrême-
ment fertile, qui se prolonge jusqu'au dé-
sert, en passant par Relizane, Tiaret et le
Sersou — et qui est totalement desservie par
la voie ferrée.
Le développement toujours croissant des
C'xoloitations agricoles eu minières fait pré-
voir pour Mostaganem de très beaux lende-
mains. Déjà céréales, vins, moutons et kie-
selguhr y affluent. Son trafic prendra une
bien autre intensité après l'achèvement des
travaux d'amélioration et d'organisation ac-
tuellement entrepris — et qui sont indispen-
sables — et après l'installation d'un outil-
lage qui fait actuellement à peu près com-
plètement défaut.
Le port de Beni Saf
Son but essentiel est le service de la mine
de Mokta el Hadid. Il prend de l'exten-
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LES ©IITOIMÊES DE IOOR/AINIDIE
Le Département d'Oran, si l'on en ju-
geait sur les apparences, était, à l'origine,
dans toute l'Algérie, le moins favorisé par
la nature.
Les pluies, sur le littoral au moins, abon-
dantes l'hiver, y sont, la plupart du temps,
insuffisantes au printemps.
On y rencontre beaucoup de terres salées
ou rocailleuses, impropres à toute culture.
Les richesses minières même, exception
faite des mines de fer de Bcni-Saf, y sont
bien moindres que dans le reste de l'Algérie.
Sa population, si l'on consulte les chiffres
globaux, est moins dense que celle des au-
tres départements : 1.380.801 habitants
contre 1.866.714 dans celui d'Alger et 2 mil-
lions 279.756 dans celui de Constantine
(recensement de 1926). Mais cette popula-
tion comprend 350.841 Européens, tandis
que le département d'Alger n'en compte que
307.195 et le département de Constantine
170.544.
C'est le travail acharné de ses colons qui
a fait la richesse actuelle de l'Oranie, bien
Vue d'Oran.
supérieure à celle de toutes les autres ré-
gions algériennes.
Et cette puissance de travail se manifeste
d'une façon continue et toujours progressive.
Grâce à elle la colonisation européenne a
gagné encore, au cours des dix dernières
années, 105.000 hectares de culture, tandis
qu'elle était en régression partout ailleurs,
que le Département d'Alger perdait 12.000
hectares et celui de Constantine 58.000
hectares.
Cette colonisation s'est étendue jusque
dans l'extrême-sud. Elle a livré à l'exploi-
tation presque la totalité de « la mer d'al-
fa ».
Ce sont les colons Oranais, de plus, qui
ont mis en valeur la majeure partie des
terres cultivées dans le Maroc Oriental,
et nombreux sont aussi ceux qui se sont
établis dans le Maroc Occidental.
D'autre part, le port d Oran qui est à la
fois la résultante, le centre et l'animateur
de toute cette activité, est placé dans une
situation particulièrement privilégiée par
rapport à tous autres de l'Afrique du Nord.
Sans doute les falaises abruptes au pied
desquelles il est creusé sont d'un aspect sé-
vère. Elles sont loin de présenter l'aspect
enchanteur de la ravissante baie d'Alger,
l'une des plus jolies qui soient au monde.
La ville divisée en deux parties, l'une au
bas de ces falaises et dans une vallée étroite
qui s'ouvre entre elles, l'autre sur le pla-
teau qui surplombe cette vallée, est d'ail-
leurs inachevée. Elle offre des lacunes
étranges, est trouée de ravins. Elle n'est
point faite pour séduire, à première vue,
le touriste par son élégance et sa beauté.
Mais elle a d'autres attraits.
Le visiteur qui la voit pour la première
fois, est, dès le premier instant, fortement
impressionné par la vie intense qui s'en
dégage. Il est au milieu d'une fourmilière
perpétuellement en action, où chacun ap-
porte comme une fièvre de travail, une acti-
vité dévorante qui jamais ne se lasse, pour
laquelle une enceinte de murailles, si vaste
soit-elle, est trop étroite et qui déborde de
toutes parts jusque dans des pays déjà loin-
tains.
Oran a naturellement sous sa dépendance
tout l'hinterland du Tell et des Hauta Pla-
teaux, qui le sépare du désert.
Le Maroc Oriental est inéluctablement
dans son rayon d'action. Une partie du Ma-
roc Occidental, y tombera fatalement quand
la voie large entre Oudjda et Fez sera ter-
minée.
Cela suffirait pour expliquer un accrois-
sement constant de trafic.
Mais la position de ce Port lui vaut un
avantage inappréciable. C'est un lieu d'es-
cale particulièrement bien placé pour tout
le commerce maritime entre l'Amérique,
l'Angleterre, l'Europe non méditerranéenne
et l'Orient. Aussi les relâcheurs se font-ils
de plus en plus nombreux.
La raison véritable en est : non pas la
supériorité d'un outillage encore imparfait,
ni une facilité plus grande donnée aux na-
vires pour leurs approvisionnements en vi-
vies ou en eau (avantages qui pourraient
n'être que passagers), mais une situation géo-
graphique que nul ne peut changer. La re-
lâche à Oran permet de supprimer un arrêt,
qui paraissait obligatoire autrefois, à l'en-
trée du détroit de Gibraltar, et qui en im-
posait un autre à Alger.
Aussi depuis 2 ans, ce port l'emporte-t-il
sans contexte sur son rival le port d'Alger :
En 1928, 11.073 navires sont entrés dans
le port d'Oran, d'un tonnage de 19..747.000
tonneaux, représentant un trafic de 3.755.000
tonnes — tandis qu'Alger n'a reçu que
8.591 navires, d'ensemble 15.460.000 ton-
neaux, avec un trafic de 2.333.000 tonnes.
Le port d'Oran est heureusement complété
par ceux d'Arzew, de Mostaganem, à l'Est
— de Beni-Saf et de Nemours à l'Ouest.
Aucun d'eux, d'ailleurs, ne lui fait et ne
peut lui faire une véritable concurrence. Il
demeure le grand port, dans une grande
ville, métropole commerciale de la province,
avec un outillage toujours plus puissant, où
se centraliseront presque tout le mouvement
des voyageurs et, par la force des choses, la
très grosse partie du mouvement des mar-
chandises.
Mais les ports secondaires répondent à
des besoins spéciaux auxquels satisferait
mal le port central. Ils constituent pour l'en-
semble de l'Oranie un supplément d'outil-
lage économique extrêmement précieux.
Le port d'Arzew
Presque dans la banlieue d'Oran 0--- à
40 kilomètres seulement — il est le premier
aboutissement sur la mer de la ligne du
Sud qu'il peut donc desservir entièrement.
On y embarque surtout les alfas — et le
sel de la saline voisine. Il est admirable-
ment situé pour devenir un centre industriel,
pouvant recevoir directement les matières
premières et expédier directement aussi à
l'extérieur les produits fabriqués.
Le port de Mostaganem
Créé par la volonté tenace des habitants
sur une côte inhospitalière, il a dû subir les
assauts plusieurs fois dévastateurs de la
mer, en ce point de la côte très hostile. Il
a résisté. Les brèches ont été réparées. Il
est aujourd'hui en pleine prospérité.
Le sixième de tous les ports algériens, il
tient cependant la première place après
Oran quant au tonnage des navires. De
1018 à 1927, ce tonnage est passé à 1.107.000 tonneaux ; celui des marchan-
dises de 63.000 à 280.000 tonnes.
C'est l'exutoire naturel d'une vaste ré-
gion, dans sa plus grande étendue extrême-
ment fertile, qui se prolonge jusqu'au dé-
sert, en passant par Relizane, Tiaret et le
Sersou — et qui est totalement desservie par
la voie ferrée.
Le développement toujours croissant des
C'xoloitations agricoles eu minières fait pré-
voir pour Mostaganem de très beaux lende-
mains. Déjà céréales, vins, moutons et kie-
selguhr y affluent. Son trafic prendra une
bien autre intensité après l'achèvement des
travaux d'amélioration et d'organisation ac-
tuellement entrepris — et qui sont indispen-
sables — et après l'installation d'un outil-
lage qui fait actuellement à peu près com-
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Le port de Beni Saf
Son but essentiel est le service de la mine
de Mokta el Hadid. Il prend de l'exten-
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