Presse et revues
20 pages
Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-08-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 août 1929 01 août 1929
Description : 1929/08/01-1929/08/31. 1929/08/01-1929/08/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743131f
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
AOUT 1929
Les Annales Coloniales
REVUE MENSUELLE ILLUSTRÉE
Téléphone M..DT-T'VI:P.:M 19-37
— RICHELIEU 87-54
Directeur-fondateur :
Mai'oel RUEJDEÎL,
RÉDACTION et ADMINISTRATION :
34, Rue du Mont-Thabor. PARIS-1111
IO&\I
La colonisation est œuvre de foi. Et c'est
pourquoi les rêveurs, les visionnaires, les
poètes, la servent souvent mieux que les
hommes sages, prudents et réalistes.
On va, l'an prochain, célébrer le centenaire
de l'occupation d'Alger et l'installation de
la France en Afrique mineure.
On vantera l'œuvre accomplie, la richesse
et la santé de la « Nouvelle France ».
Peut-être oubliera-t-on de dire que si cette
« Nouvelle France » a pu naître, grandir et
prospérer, ce n'est pas de la faute des
« hommes sages ». Ceux-ci furent les mau-
vais génies, réunis autour de son berceau
pour lui prédire les pires destinées, et il
ne se trouva alors que quelques fous, des
rêveurs, un poète qui « siégeait au pla-
fond » comme Lamartine ou un autre comme
Victor Hugo, des réformateurs utopistes
comme Constantin Pecqueur ou Enfantin,
des romantiques attardés comme Prévost-
Paradol, pour prévoir et comprendre.
Rappelons seulement ce fameux débat de
1834, devant la Chambre des Députés, où
se heurtèrent, au cours de plusieurs longues
séances, partisans et adversaires de l'occu-
pation.
Une commission d'enquête sur l'occupa-
tion d'Alger avait été nommée en juillet
1833. Elle était composée de MM. le lieu-
tenant général Bonnet, d'Haubersaërt, de
la Pinsonnière, Piscatory, Renard et Lau-
rence, députés.
Elle se montra fort peu enthousiaste,
condamna les doctrines coloniales de Sa-
vary, duc de Rovigo, mais décida, après
beaucoup de réserves, que « l'honneur et
l'intérêt de la France lui commandaient de
conserver ses possessions sur la côte sep-
tentrionale de l'Afrique. »
Mais avant même que fussent connues les
conclusions de l'enquête, M. Hippolyte-
Philibert Passy, grave économiste, qui était
alors rapporteur général du budget, avait
présenté, à propos du budget de la guerre,
le 9 avril 1834, un rapport où l'on pouvait
lire des phrases comme celles-ci :
« A l'époque où Alger passa dans nos
mains, furent conçues de vastes et magni-
fiques espérances. C'était la suprématie de
la Méditerranée qui venait de nous échoir...
« Ces espérances, les faits accomplis ne
les ont point justifiés...
« Ainsi, Messieurs, tout nous fait craindre
qu'il ne faille attendre ni du succès des
projets de civilisation intérieure, ni de la
transplantation des colons tirés de l'Eu-
rope, aucun des avantages dont nous avons
besoin pour compenser les charges de l'oc-
cupation d'Afrique ..
« Dans cette œuvre, ne consultons que les.
intérêts vrais, directs, permanents de la
France; n'allons pas surtout nous croire en-
Place et mosquée à Tolga (Chemins de fer Algériens de l'Etat.)
gages à réaliser Vimpossible, à poursuivre
à grands frais lill système de conquête et
11, colonisation auquel manque toute garan-
tie. toute certitude de succès... »
Là-dessus, une grande discussion s'engage
le 28 avril.
M. de Sade, qui prend le premier la
pan)k'. prononce un violent réquisitoire con-
tre l'occupation et conclut :
« ... Nous laissons au gouvernement le
suin de décider le moment de l'abandon dé-
finitif... s
Les Annales Coloniales
REVUE MENSUELLE ILLUSTRÉE
Téléphone M..DT-T'VI:P.:M 19-37
— RICHELIEU 87-54
Directeur-fondateur :
Mai'oel RUEJDEÎL,
RÉDACTION et ADMINISTRATION :
34, Rue du Mont-Thabor. PARIS-1111
IO&\I
La colonisation est œuvre de foi. Et c'est
pourquoi les rêveurs, les visionnaires, les
poètes, la servent souvent mieux que les
hommes sages, prudents et réalistes.
On va, l'an prochain, célébrer le centenaire
de l'occupation d'Alger et l'installation de
la France en Afrique mineure.
On vantera l'œuvre accomplie, la richesse
et la santé de la « Nouvelle France ».
Peut-être oubliera-t-on de dire que si cette
« Nouvelle France » a pu naître, grandir et
prospérer, ce n'est pas de la faute des
« hommes sages ». Ceux-ci furent les mau-
vais génies, réunis autour de son berceau
pour lui prédire les pires destinées, et il
ne se trouva alors que quelques fous, des
rêveurs, un poète qui « siégeait au pla-
fond » comme Lamartine ou un autre comme
Victor Hugo, des réformateurs utopistes
comme Constantin Pecqueur ou Enfantin,
des romantiques attardés comme Prévost-
Paradol, pour prévoir et comprendre.
Rappelons seulement ce fameux débat de
1834, devant la Chambre des Députés, où
se heurtèrent, au cours de plusieurs longues
séances, partisans et adversaires de l'occu-
pation.
Une commission d'enquête sur l'occupa-
tion d'Alger avait été nommée en juillet
1833. Elle était composée de MM. le lieu-
tenant général Bonnet, d'Haubersaërt, de
la Pinsonnière, Piscatory, Renard et Lau-
rence, députés.
Elle se montra fort peu enthousiaste,
condamna les doctrines coloniales de Sa-
vary, duc de Rovigo, mais décida, après
beaucoup de réserves, que « l'honneur et
l'intérêt de la France lui commandaient de
conserver ses possessions sur la côte sep-
tentrionale de l'Afrique. »
Mais avant même que fussent connues les
conclusions de l'enquête, M. Hippolyte-
Philibert Passy, grave économiste, qui était
alors rapporteur général du budget, avait
présenté, à propos du budget de la guerre,
le 9 avril 1834, un rapport où l'on pouvait
lire des phrases comme celles-ci :
« A l'époque où Alger passa dans nos
mains, furent conçues de vastes et magni-
fiques espérances. C'était la suprématie de
la Méditerranée qui venait de nous échoir...
« Ces espérances, les faits accomplis ne
les ont point justifiés...
« Ainsi, Messieurs, tout nous fait craindre
qu'il ne faille attendre ni du succès des
projets de civilisation intérieure, ni de la
transplantation des colons tirés de l'Eu-
rope, aucun des avantages dont nous avons
besoin pour compenser les charges de l'oc-
cupation d'Afrique ..
« Dans cette œuvre, ne consultons que les.
intérêts vrais, directs, permanents de la
France; n'allons pas surtout nous croire en-
Place et mosquée à Tolga (Chemins de fer Algériens de l'Etat.)
gages à réaliser Vimpossible, à poursuivre
à grands frais lill système de conquête et
11, colonisation auquel manque toute garan-
tie. toute certitude de succès... »
Là-dessus, une grande discussion s'engage
le 28 avril.
M. de Sade, qui prend le premier la
pan)k'. prononce un violent réquisitoire con-
tre l'occupation et conclut :
« ... Nous laissons au gouvernement le
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