Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-11-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 novembre 1929 01 novembre 1929
Description : 1929/11/01-1929/11/30. 1929/11/01-1929/11/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743128z
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Les Annales Coloniales
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autrefois, mais parmi eux se mêlent, en
confiance, un grand nombre d'indigènes.
Souvent indigènes et Européens forment un
même groupe. Dès ce premier contact, j'ai
l'impression du rapprochement qui s'est fait
entre Européens et indigènes et de la pro-
fonde modification intervenue dans les rap-
ports entre les deux races.
Du port à l'hôtel, je trouve une transfor-
mation radicale du souvenir que j'avais gardé
de cette ville. Les pousses sont devenus plus
nombreux, mais partout des autos et sur les
trottoirs un grouillement de population.
Dans la rue Catinat, des étalages aussi
luxueux que dans les grandes villes de
1* rance ont remplacé les petites boutiques
des Malabars et des Chinois. J'ai l'im-
pression d'une ville d'eau chic qui se paie-
rait le luxe de la couleur locale que lui
donne la foule indigène qui circule dans les
rues.
Les conversations, les voyages que je de-
vais faire dans l'Indochine n'ont fait que
confirmer cette impression du premier con-
tact. Les gens parlent vraiment comme des
hommes d'affaires et dans ce pays l'on fait
de grandes affaires. Les indigènes se mê-
lent à ce mouvement généralisé d'activité,
s'orientant vers l'agriculture, le commerce et
l'industrie.
Le mouvement d'affaires et les affaires
en général ,nt pris en Indochine un déve-
loppemer » considérable. Ce n'est plus la
même place. C'est le petit marché local qui
est devenu un marché mondial. A cet accrois-
sement du marché indochinois a correspondu
un changement total de l'existence que l'on
y mène. Fonctionnaires dignement payés,
colons travaillant et réussissant, indigènes
qui ressentent tous un mieux-être et un enri-
chissement, quel que soit l'échelon social au-
quel ils appartiennent, telles sont les causes
premières de cette transformation.
Certes, autour de la place du Théâtre, à
Saigon, l'Hôtel Continental voit encore de
nombreuses personnes à la terrasse de son
café, mais l'on sent que c'est devenu un lieu
de réunion où l'on parle de ses affaires. Les
cafés ne sont plus, comme au temps du café
de la musique et de Pancrazi, l'endroit où
l'on demeurait pour tuer le temps faute de
pouvoir aller ailleurs.
La dominante caractéristique de l'Indo,
chine nouvelle est le mouvement et le goût
du déplacement; le merveilleux réseau rou-
tier qui sillonne tous les pays, le dévelop-
Cochinchine (province de Kach-Gia) : un pont en béton armé de 64 m. de long avec travée centrale métallique, sur le Kach Cai à Sang Lon.
pement de l'industrie automobile, tout porte
à circuler. Le charme même des pays tra-
versés, l'agrément de la fraîcheur que donne
la vitesse incitent encore plus à bouger. Les
gens que l'on rencontre ne sont plus comme
autrefois des vieux coloniaux, qui souvent ne
connaissaient que le lieu où ils vivaient. La
presque unanimité d'entre eux a circulé à
travers toute l'Indochine. L'on parle d'aller
au Cambodge, de monter à Hué, d'aller
même au Tonkin avec la même facilité que
I on envisage en France d'aller en automo-
bile à Deauville ou au Touquet.
L'aspect même du pays s'est considéra-
blement modifié. L'on se fait très vite au
confort d'une bonne route et d'une voiture
bien suspendue, mais l'on est surpris lors.
qu'on circule dans l'Est de traverser des ré-
gions couvertes de plantations qui ont l'al-
lure de parcs là où, autrefois, l'on se ris-
quait à une partie de chasse en forêt.
Les gens ont bonne mine et n'ont plus
cette physionomie pâle et émaciée « du mon-
sieur qui revient de Madagascar »; un week-
end à Dalat, une randonnée en auto redonne
de la couleur aux visages cochinchinois.
L'Ouest a gardé son allure attrayante avec
ses villages fleuris, mais les routes semblent
de vastes jetées traversant une mer sans fin
de rizières. Là encore, l'activité a transformé
l'aspect général du pays en étendant à l'in-
fini les richesses de la rizière en gagnant à
la fois sur les marais et les terres dessé-
chées.
Au point de vue indigène, tant dans les
villes que dans l'intérieur, l'on a, en Cochin-
chine, l'impression d une évolution complète.
L'aspect extérieur de l'indigène s'est modifié,
beaucoup sont habillés à la française, d'au-
tres ont adopté un costume mixte qui, en
écourtant encore la robe annamite, a adopté
le pantalon français et les souliers.
Le changement du Cochinchinois n'est
point seulement extérieur, il y a très certai-
nement une profonde modification de l'esprit
indigène. L'instruction a fait sa route, elle
s'est largement développée et, si l'on peut re-
lever encore chez les indigènes, même de
l'élite, certaines puérilités, l'on est heureux
de voir que, néanmoins, sous notre influence,
les Cochinchinois ont acquis une aptitude
aux idées générales et à la compréhension des
intérêts de leur pays. Si malheureusement
parfois le progrès s'est traduit par un goût
un peu jeune pour la politique, il n'en reste
pas meins dans l'esprit indigène un goût
marqué pour l'activité intellectuelle et le tra-
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autrefois, mais parmi eux se mêlent, en
confiance, un grand nombre d'indigènes.
Souvent indigènes et Européens forment un
même groupe. Dès ce premier contact, j'ai
l'impression du rapprochement qui s'est fait
entre Européens et indigènes et de la pro-
fonde modification intervenue dans les rap-
ports entre les deux races.
Du port à l'hôtel, je trouve une transfor-
mation radicale du souvenir que j'avais gardé
de cette ville. Les pousses sont devenus plus
nombreux, mais partout des autos et sur les
trottoirs un grouillement de population.
Dans la rue Catinat, des étalages aussi
luxueux que dans les grandes villes de
1* rance ont remplacé les petites boutiques
des Malabars et des Chinois. J'ai l'im-
pression d'une ville d'eau chic qui se paie-
rait le luxe de la couleur locale que lui
donne la foule indigène qui circule dans les
rues.
Les conversations, les voyages que je de-
vais faire dans l'Indochine n'ont fait que
confirmer cette impression du premier con-
tact. Les gens parlent vraiment comme des
hommes d'affaires et dans ce pays l'on fait
de grandes affaires. Les indigènes se mê-
lent à ce mouvement généralisé d'activité,
s'orientant vers l'agriculture, le commerce et
l'industrie.
Le mouvement d'affaires et les affaires
en général ,nt pris en Indochine un déve-
loppemer » considérable. Ce n'est plus la
même place. C'est le petit marché local qui
est devenu un marché mondial. A cet accrois-
sement du marché indochinois a correspondu
un changement total de l'existence que l'on
y mène. Fonctionnaires dignement payés,
colons travaillant et réussissant, indigènes
qui ressentent tous un mieux-être et un enri-
chissement, quel que soit l'échelon social au-
quel ils appartiennent, telles sont les causes
premières de cette transformation.
Certes, autour de la place du Théâtre, à
Saigon, l'Hôtel Continental voit encore de
nombreuses personnes à la terrasse de son
café, mais l'on sent que c'est devenu un lieu
de réunion où l'on parle de ses affaires. Les
cafés ne sont plus, comme au temps du café
de la musique et de Pancrazi, l'endroit où
l'on demeurait pour tuer le temps faute de
pouvoir aller ailleurs.
La dominante caractéristique de l'Indo,
chine nouvelle est le mouvement et le goût
du déplacement; le merveilleux réseau rou-
tier qui sillonne tous les pays, le dévelop-
Cochinchine (province de Kach-Gia) : un pont en béton armé de 64 m. de long avec travée centrale métallique, sur le Kach Cai à Sang Lon.
pement de l'industrie automobile, tout porte
à circuler. Le charme même des pays tra-
versés, l'agrément de la fraîcheur que donne
la vitesse incitent encore plus à bouger. Les
gens que l'on rencontre ne sont plus comme
autrefois des vieux coloniaux, qui souvent ne
connaissaient que le lieu où ils vivaient. La
presque unanimité d'entre eux a circulé à
travers toute l'Indochine. L'on parle d'aller
au Cambodge, de monter à Hué, d'aller
même au Tonkin avec la même facilité que
I on envisage en France d'aller en automo-
bile à Deauville ou au Touquet.
L'aspect même du pays s'est considéra-
blement modifié. L'on se fait très vite au
confort d'une bonne route et d'une voiture
bien suspendue, mais l'on est surpris lors.
qu'on circule dans l'Est de traverser des ré-
gions couvertes de plantations qui ont l'al-
lure de parcs là où, autrefois, l'on se ris-
quait à une partie de chasse en forêt.
Les gens ont bonne mine et n'ont plus
cette physionomie pâle et émaciée « du mon-
sieur qui revient de Madagascar »; un week-
end à Dalat, une randonnée en auto redonne
de la couleur aux visages cochinchinois.
L'Ouest a gardé son allure attrayante avec
ses villages fleuris, mais les routes semblent
de vastes jetées traversant une mer sans fin
de rizières. Là encore, l'activité a transformé
l'aspect général du pays en étendant à l'in-
fini les richesses de la rizière en gagnant à
la fois sur les marais et les terres dessé-
chées.
Au point de vue indigène, tant dans les
villes que dans l'intérieur, l'on a, en Cochin-
chine, l'impression d une évolution complète.
L'aspect extérieur de l'indigène s'est modifié,
beaucoup sont habillés à la française, d'au-
tres ont adopté un costume mixte qui, en
écourtant encore la robe annamite, a adopté
le pantalon français et les souliers.
Le changement du Cochinchinois n'est
point seulement extérieur, il y a très certai-
nement une profonde modification de l'esprit
indigène. L'instruction a fait sa route, elle
s'est largement développée et, si l'on peut re-
lever encore chez les indigènes, même de
l'élite, certaines puérilités, l'on est heureux
de voir que, néanmoins, sous notre influence,
les Cochinchinois ont acquis une aptitude
aux idées générales et à la compréhension des
intérêts de leur pays. Si malheureusement
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