Titre : Les Annales coloniales : revue mensuelle illustrée / directeur-fondateur Marcel Ruedel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-11-01
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Contributeur : Monmarson, Raoul (1895-1976). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326934111
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 novembre 1929 01 novembre 1929
Description : 1929/11/01-1929/11/30. 1929/11/01-1929/11/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9743128z
Source : CIRAD, 2016-191112
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2016
Page 10
Les Annales Coloniales
dont près de 14.000 km. sont empierrés et
entretenus comme nos routes d'Europe.
L'activité des ports m'avait surpris, les
chiffres expliquent mon étonnement. Saïgon,
en 1900, voyait entrer dans son port 1.198
navires représentant 1. 500.000 tonneaux; en
1928, 1.900 bateaux viennent à Saïgon et
représentent 2.500.000 tonnes.
Haïphong, en 1900, totalisait en entrées
et sorties, 700.000 tonneaux, aujourdhui ce
chiffre dépasse 1 million de tonneaux.
Les richesses latentes de l'Indochine
n'étaient pas encore dénombrées ni invento-
riées il y a trente ans, seul Hongay produi-
sait 300.000 tonnes de charbon, aujourd'hui
les mines occupent une population ouvrière
de 60.000 individus et sortent 1.700.000 ton-
nes de combustibles ou de minerais divers.
Il y a trente ans, l'industrie cherchait à
naître; les exploitations agricoles, européen-
nes, représentaient quelques rares et méri-
toires efforts. Aujourd'hui les chiffres vous
étourdissent par leur importance. 15° usines
travaillent en Indochine au traitement des
produits minéraux ou agricoles. La main-
d'œuvre indigène industrielle et commerciale
atteint le chiffre de 86.000 individus dépas-
sant de peu la main-d'œuvre agricole em-
ployée sur des plantations : 81.000.
Les parcs d'hévéas vus en Cochinchine et
au Cambodge représentent déjà 75.000 hec-
tares complantés ; le café, qui était une
plante de jardin, un essai amusant, couvre
de vastes plantations, et l'activité des co-
lons cherche, poursuit son effort sur le sucre,
les textiles..Une véritable fièvre minière
anime de nombreux prospecteurs.
Que l'on regarde, que l'on réfléchisse, l'es-
prit et le raisonnement, les yeux et leur im-
pression, tout montre que l'Indochine d'au-
jourd'hui vit sous le signe d'une intense acti-
vité et d'un travail fécond.
Français et indigènes mettent un acharne-
ment passionné à exploiter et à faire naître
les richesses de ce grand pays. Il serait in-
juste de caractériser cet effort par son résul-
tat et de dire que l'Indochine vit sous le si-
gne de la piastre. L'équité veut que l'on songe
d'abord à l'effort commun qui, faisant la
somme des tentatives heureuses et des essais
malheureux, des succès et des insuccès, laisse
un résultat positif qui se traduit, en effet,
par une création de richesse, le plus souvent
réemployée sur place.
Celui qui songe à l'Indochine d'hier de-
vant celle d'aujourd'hui, pensant aux heures
difficiles et incertaines d'une époque où se
maintenir était encore la préoccupation domi-
nante, peut se montrer surpris de ce que le
côté affaires absorbe et concentre toute l'acti-
vité de l'homme d'affaires français. Il sem-
ble que, suivant l'expression à la mode, le
Français d'Indochine n'est plus « attentif »
comme autrefois à la vie indigène. Le plus
misérable colon, le plus humble employé
cherchait alors à comprendre le milieu dans
lequel il vivait. Aujourd'hui, la sécurité, cette
sorte de patriotisme indochinois qui anime
aussi bien Français qu'Indigènes dans la
vaste Indochine et le désir de produire, de
mettre en valeur toutes les richesses exploi-
tables, font négliger la question indigène
par l'homme d'affaires. Pour lui, c'est là
chose de Gouvernement et il laisse au Gou-
vernement général et à son administration
le soin d'être attentif. Cette théorie est tout
à l'honneur des dirigeants de l'Indochine et
la personnalité et l'autorité de l'actuel Gou-
verneur général, M. Pierre Pasquier, se-
raient la meilleure justification de cette aveu-
gle confiance. Néanmoins, il ne faut pas
aller trop vite et ne pas tomber dans l'erreur
facile, en raison des apparences, que sous
toutes les latitudes le travail est le même.
L'on ne fait pas de l'argent dans les usines
du Tonkin, les plantations de Cochinchine
ou les marchés de Saïgon et Haïphong,
Cambodge (province de Kampot). — La construction d'un pont en béton armé sur
le Prek Tuot à Takman.
comme l'on en fait dans les usines de Cour-
bevoie, les plaines de la Beauce ou les mar-
chés aux graines de Marseille ou du Havre.
Pendant longtemps encore il faudra à l'In-
dochine une coordination absolue et com-
plète entre l'effort officiel et les efforts pri-
vés. L'un comme les autres sont d'une na-
ture toute spéciale et exigent une qualité par-
ticulière. Il ne faut point que l'homme d'af-
faires oublie que dans tous ses raisonne-
ments, dans toutes les affaires qu'il traite, il
a un tiers dont il doit toujours se préoccuper,
l'indigène. Il ne faut point se laisser abuser
par la formidable et rapide évolution que
les indigènes ont parcourue. Ils ne sont
point encore parvenus au terme de cette lon-
gue course. Ils réclament encore l'attention
de tous pour éviter les erreurs de direction,
les incompréhensions et les froissements d'où
peuvent naître les malentendus qui pour-
raient fausser le résultat final.
L'Indochine d'aujourd'hui vibre d'activité,
éclate d'une saine agitation de travail, elle
entre très certainement dans l'une (les phases
évolutives les plus importantes de son exis-
tence. Aussi est-il réconfortant de voir
quelle main avertie et sûre, quelle autorité
persuasive et raisonnée assurent en ce mo-
ment la direction de ce splendide pays. A la
période délicate de réajustement, d'adapta.
tions constantes que nécessitent les événe-
ments, il est heureux de songer que le Gou-
verneur Général Pierre Pasquier saura
faire face aux exigences multiples de situa-
tions nouvelles sans cesse renouvelées. La
parfaite et si fine connaissance qu'il possède
(les choses et des gens d'Indochine, son auto-
rité bienveillante et férme, sauront grouper
en un faisceau cohérent les efforts de tous,
Français et indigènes, qui doivent compren-
dre l'utile et l'agréable devoir qui s'impose à
eux d'apporter au Gouverneur Général Pas-
quier une collaboration et un dévouement qui
seuls lui permettront d'assurer à l'Indocnine
d'aujourd'hui un avenir digne de son passe.
Gabriel ANGOULVANT,
Gouverneur Général Honoraire des Colonies.
Cambodge. — La construction des nouveaux ateliers de l'Ecole pratique d'industrie à
Pnom-Penh.
Les Annales Coloniales
dont près de 14.000 km. sont empierrés et
entretenus comme nos routes d'Europe.
L'activité des ports m'avait surpris, les
chiffres expliquent mon étonnement. Saïgon,
en 1900, voyait entrer dans son port 1.198
navires représentant 1. 500.000 tonneaux; en
1928, 1.900 bateaux viennent à Saïgon et
représentent 2.500.000 tonnes.
Haïphong, en 1900, totalisait en entrées
et sorties, 700.000 tonneaux, aujourdhui ce
chiffre dépasse 1 million de tonneaux.
Les richesses latentes de l'Indochine
n'étaient pas encore dénombrées ni invento-
riées il y a trente ans, seul Hongay produi-
sait 300.000 tonnes de charbon, aujourd'hui
les mines occupent une population ouvrière
de 60.000 individus et sortent 1.700.000 ton-
nes de combustibles ou de minerais divers.
Il y a trente ans, l'industrie cherchait à
naître; les exploitations agricoles, européen-
nes, représentaient quelques rares et méri-
toires efforts. Aujourd'hui les chiffres vous
étourdissent par leur importance. 15° usines
travaillent en Indochine au traitement des
produits minéraux ou agricoles. La main-
d'œuvre indigène industrielle et commerciale
atteint le chiffre de 86.000 individus dépas-
sant de peu la main-d'œuvre agricole em-
ployée sur des plantations : 81.000.
Les parcs d'hévéas vus en Cochinchine et
au Cambodge représentent déjà 75.000 hec-
tares complantés ; le café, qui était une
plante de jardin, un essai amusant, couvre
de vastes plantations, et l'activité des co-
lons cherche, poursuit son effort sur le sucre,
les textiles..Une véritable fièvre minière
anime de nombreux prospecteurs.
Que l'on regarde, que l'on réfléchisse, l'es-
prit et le raisonnement, les yeux et leur im-
pression, tout montre que l'Indochine d'au-
jourd'hui vit sous le signe d'une intense acti-
vité et d'un travail fécond.
Français et indigènes mettent un acharne-
ment passionné à exploiter et à faire naître
les richesses de ce grand pays. Il serait in-
juste de caractériser cet effort par son résul-
tat et de dire que l'Indochine vit sous le si-
gne de la piastre. L'équité veut que l'on songe
d'abord à l'effort commun qui, faisant la
somme des tentatives heureuses et des essais
malheureux, des succès et des insuccès, laisse
un résultat positif qui se traduit, en effet,
par une création de richesse, le plus souvent
réemployée sur place.
Celui qui songe à l'Indochine d'hier de-
vant celle d'aujourd'hui, pensant aux heures
difficiles et incertaines d'une époque où se
maintenir était encore la préoccupation domi-
nante, peut se montrer surpris de ce que le
côté affaires absorbe et concentre toute l'acti-
vité de l'homme d'affaires français. Il sem-
ble que, suivant l'expression à la mode, le
Français d'Indochine n'est plus « attentif »
comme autrefois à la vie indigène. Le plus
misérable colon, le plus humble employé
cherchait alors à comprendre le milieu dans
lequel il vivait. Aujourd'hui, la sécurité, cette
sorte de patriotisme indochinois qui anime
aussi bien Français qu'Indigènes dans la
vaste Indochine et le désir de produire, de
mettre en valeur toutes les richesses exploi-
tables, font négliger la question indigène
par l'homme d'affaires. Pour lui, c'est là
chose de Gouvernement et il laisse au Gou-
vernement général et à son administration
le soin d'être attentif. Cette théorie est tout
à l'honneur des dirigeants de l'Indochine et
la personnalité et l'autorité de l'actuel Gou-
verneur général, M. Pierre Pasquier, se-
raient la meilleure justification de cette aveu-
gle confiance. Néanmoins, il ne faut pas
aller trop vite et ne pas tomber dans l'erreur
facile, en raison des apparences, que sous
toutes les latitudes le travail est le même.
L'on ne fait pas de l'argent dans les usines
du Tonkin, les plantations de Cochinchine
ou les marchés de Saïgon et Haïphong,
Cambodge (province de Kampot). — La construction d'un pont en béton armé sur
le Prek Tuot à Takman.
comme l'on en fait dans les usines de Cour-
bevoie, les plaines de la Beauce ou les mar-
chés aux graines de Marseille ou du Havre.
Pendant longtemps encore il faudra à l'In-
dochine une coordination absolue et com-
plète entre l'effort officiel et les efforts pri-
vés. L'un comme les autres sont d'une na-
ture toute spéciale et exigent une qualité par-
ticulière. Il ne faut point que l'homme d'af-
faires oublie que dans tous ses raisonne-
ments, dans toutes les affaires qu'il traite, il
a un tiers dont il doit toujours se préoccuper,
l'indigène. Il ne faut point se laisser abuser
par la formidable et rapide évolution que
les indigènes ont parcourue. Ils ne sont
point encore parvenus au terme de cette lon-
gue course. Ils réclament encore l'attention
de tous pour éviter les erreurs de direction,
les incompréhensions et les froissements d'où
peuvent naître les malentendus qui pour-
raient fausser le résultat final.
L'Indochine d'aujourd'hui vibre d'activité,
éclate d'une saine agitation de travail, elle
entre très certainement dans l'une (les phases
évolutives les plus importantes de son exis-
tence. Aussi est-il réconfortant de voir
quelle main avertie et sûre, quelle autorité
persuasive et raisonnée assurent en ce mo-
ment la direction de ce splendide pays. A la
période délicate de réajustement, d'adapta.
tions constantes que nécessitent les événe-
ments, il est heureux de songer que le Gou-
verneur Général Pierre Pasquier saura
faire face aux exigences multiples de situa-
tions nouvelles sans cesse renouvelées. La
parfaite et si fine connaissance qu'il possède
(les choses et des gens d'Indochine, son auto-
rité bienveillante et férme, sauront grouper
en un faisceau cohérent les efforts de tous,
Français et indigènes, qui doivent compren-
dre l'utile et l'agréable devoir qui s'impose à
eux d'apporter au Gouverneur Général Pas-
quier une collaboration et un dévouement qui
seuls lui permettront d'assurer à l'Indocnine
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